je mapel silence é je sui genti.

Une remise en avant pour ma pomme, le judicieux choix des éditions Casterman, celui de remettre en avant le travail de l’un de mes « dieux » en B.D. : COMES (Dieter Hermann de son prénom). Pourquoi un tel enthousiasme pour cet auteur, déjà ne serait-ce que pour cette phrase que je me suis permis de reprendre pour le titre de mon article, issue de Silence, cet album qui revient assurément dans toute sélection de bédéthèque idéale. Mais également pour tout le travail de cet auteur que j’ai lu et relu un incroyable nombre de fois depuis mon enfance au travers de feu (A SUIVRE), l’ancien magazine de Casterman qui n’a malheureusement jamais connu d’équivalent à mes yeux.

COMES est un auteur polyvalent, mais l’univers de la BD le connait surtout pour ses récits qui se situent dans la France profonde comme Silence. Ce récit commence avec cette présentation touchante: « je mapel silence é je sui genti ». C’est l’histoire de ce jeune homme, sourd et muet, le fermier qui le loge, Abel Mauvy, le rend corvéable à merci en le louant dans les fermes environnantes ce qui lui permet également de garder Silence dans son état de « simplet » en l’abrutissant de travail. Mais Silence est également un jeune homme contemplatif et proche de la nature, surtout des serpents à la grande frayeur de son entourage.

Nous sommes dans une époque où l’on croit encore à la sorcellerie et Abel en est sûr, quelqu’un lui veut du mal, et cet homme rustre voit juste, la sorcière, celle qui vit dans la forêt, a non seulement un compte à règler avec lui, mais elle souhaite également sortir Silence de son état végétatif.

Ce polar en noir & blanc, qui se termine magistralement sous la neige (d’où l’importance de ne pas passer cet album en couleur, comme Casterman l’a fait un temps), nous propose un panel de personnages ô combien charismatiques.

Deux albums sont réimprimés par la même occasion, La belette, un autre récit qui se situe dans nos campagnes profondes, et L’ombre du corbeau, l’histoire d’un soldat au cours de la première guerre mondiale, qui au coeur des tranchées, va tomber sur une maison, miraculeusement épargnée par les bombes alors que tout est dévasté alentours, des allures de « bienvenue dans la quatrième dimension ».

 Du coup laissez-moi espèrer que les éditions du même nom seront amenées à rééditer les aventures de Ergun l’errant, sa série (très courte) de sciences-fiction, un de ses rares travaux en couleurs, véritable dépaysement avec son univers très riche. Dans le premier tome, Ergun attérit sur une planète régit par un système féodal où hommes papillons et femmes fleurs (un petit rappel de comment on fait les bébés), subissent la tyranie d’un maître affublé d’un nain-sorcier, Ergun sera l’objet d’un tiraillement amoureux et du désir de reprendre sa route à travers les méandre de l’univers infini.

Et pour finir avec COMES, je ne saurais que trop vous conseiller Eva, un récit digne de Psychose de HITCHCOCK, où l’on voit une jeune femme tomber en panne d’essence et trouver refuge dans une maison isolée où demeurent un frère et sa soeur paralysée. un huis-clos destabilisant manipulant aussi bien notre héroïne que le lecteur.

Tous ces récits datent quelque peu mais restent néanmoins des chefs-d’oeuvres à mes yeux.

Deux autres sorties intéressantes, l’adaptation d’un des tout premiers romans de Edgar Rice BURROUGHS, le créateur de Tarzan, adapté par Roger Langridge et Filipe Andrade et publié en France par les éditions Panini.

C’est un one-shot, et soyez magnanime, il date quand même du début du vingtième siècle, une belle histoire de princesse qu’un humain, propulsé à l’autre bout de notre système solaire va vouloir délivrer.

C’est avec un trait assez atypique, avec des muscles saillants, des corps étirés, un bestiaire assez étoffé et des ambiances graphiques qui tentent de montrer le dépaysement martien, que Les aventures de John Carter prennent formes sous nos yeux.

Un humain qui tentait d’échapper à ses poursuivants sur notre bonne vieille planète, perd connaissance au mileu du désert pour reprendre ses esprits aux mains de créatures étranges qui l’intérrogent sur sa provenance et ses motivations. D’abord décontenancé (qui ne le serait pas), ses prouesses physiques vont lui permettrent de gagner une certaine considération de ses geoliers, et l’arrivée d’une belle princesse aux traits similaires aux siens vont le pousser à la révolte.

On y retrouve bien des points abordés dans ses oeuvres suivantes et surtout une forte insistance sur la gente simiesque, les rapports de force, l’exclusion et la méfiance. Un siècle d’écriture et autres médias plus tard, nous sommes rôdés en ce qui concerne la SF, mais aujourd’hui on joue plus avec la surenchère d’effets extraordinaires tandis que ces auteurs ne jouaient que sur la force de leur écriture et bien souvent contraint au format de « nouvelles », maintenant on vous pond des séries à rallonge qui bien souvent se complexifient au point de perdre en efficacité (attention, je n’essaie pas de vous dire une vérité, il y a bien des exceptions à mes propos).

Du coup voici un classique du genre qui permet un léger dépaysement momentané mais fort agréable.

Pour mon dernier coup de coeur, au moment où j’écris ces lignes, je suis dégoûté de découvrir que moins d’une semaine après sa sortie, l’ouvrage est déjà en rupture chez le fournisseur, tant mieux pour l’éditeur et l’auteur ainsi que ceux qui auront pu se le procurer au cours de la semaine écoulée, mais qu’elle frustration, entre le moment où j’ai commencé à écrire cet article et celui où je vais le mettre en ligne, je risque de ne pas pouvoir le présenter en magasin avant un moment. Mais si vous pouvez le trouver dans une autre librairie, autant en faire la promo quand même.

A nous deux, Paris! de J.P. NISHI aux éditions Picquier. Cet éditeur est une très bonne référence si vous souhaitez vous tournez notament vers la culture asiatique en générale et japonaise en particulier.

Mr NISHI est un jeune mangaka qui a eu l’opportunité de satisfaire son désir de venir en France à quelques reprises et c’est avec beaucoup d’humour et un ton très juste qu’il nous fait partager ses expériences. Cette succession de petits chapitres divers et variés abordent aussi bien sa découverte des soldes que les échanges avec ses rencontres, la difficulté pour un japonais de savoir s’adresser à la gente féminine par le biais de « Madame » ou « Mademoiselle » ou encore le choc de découvrir (c’est le cas de le dire) que les français peuvent dormir nu sans problème de pudeur.

Il se permet même de faire la morale à l’un de ces amoureux de la culture nippone, qui à ses yeux idéalisent trop son pays et sa culture, lui bien au contraire apprécie notre contrée tant pour ses qualités que par ses défauts.

Une version japonaise de Tokyo Sanpo et Manabé Shima de Florent CHAVOUET, parus chez le même éditeur, mais avec un traitement graphique complètement différent. Il existe également un ouvrage d’une japonaise vivant en Italie qui comparait les incongruités qui diffèrent entre nos cultures, j’avoue ne pas retrouver la référence au moment où j’écris cet article, et un petit rappel pour Tonoharu de Lars MARTINSON, au lézard noir, sur l’expérience d’un américain, assistant scolaire au Japon, une fiction inspirée de sa très longue expérience au pays du soleil levant.

Voilà, c’est tout pour cette fois! Librairement vôtre, le grand libraire.

 

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