Les plus attentifs d’entre vous auront certainement remarqué que de nouvelles têtes se chargent de vous distiller de petites doses de plaisir bédéphilique sur nos réseaux sociaux.
Les voici ici relayés afin de leur proposer un nouvel écrin.
Voici donc les dernières recommandations de Sarah.
Happy Endings / L.Bryon / Sarbacane
Pourquoi n’avoir qu’un seul bonbon quand on peut en avoir trois ?
Dans cette nouvelle BD, Lucie Bryon nous offre un trio d’histoires tendrement déjantées : dessin de nu au nouvel an, voyage spatio-temporel vers un salon de coiffure et jardinage au milieu des fantômes ! Des récits teintés de couleurs douces et acidulées, parcourus de personnages attachants, où l’amour naissant et la découverte de soi et de l’autre sont au centre.
Un shot sucré de tendresse réconfortante !
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Petits Dieux / M.Salvia & Krystel / Dargaud
Un mal mystérieux envahit la forêt, prenant l’apparence d’une créature féroce qui engloutit tout sur son passage… même la réalité ! Alors que le petit peuple qui y habite est en fuite, trois d’entre eux sont retenus par une force énigmatique. Une seule solution: aller questionner la déesse de la forêt.
Ce récit semblant au premier abord narrer la classique quête épique de héros sauvant leur peuple opère un tournant inattendu qui vous rappellera le roman Cœur d’Encre de Cornelia Funke. Soulignée par un graphisme dynamique flirtant aux influences du film d’animation et du jeu vidéo, cette nouvelle série saura éveiller l’intérêt des jeunes lecteurs !
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Quand j’ai froid / V.Choquet / La Gouttière
Les plus belles histoires peuvent se passer de mots.
La BD Quand j’ai froid réalise cette prouesse avec brio. Dans cette œuvre où le texte est presque entièrement absent vous découvrirez la relation naissante de deux voisines. L’une, étudiante, est à l’aube de sa vie, tandis que l’autre a moultes expériences et souvenirs à partager.
Les dessins de Valentine Choquet dépeignent avec une grande justesse les émotions de ses personnages si attachants, construisant un récit magnifique, empli d’humanité, où l’âge et les mots n’ont pas d’importance.
Une amitié intergénérationnelle qui cueillera le cœur de tous ses lecteurs !
Ils sont beaux mes albums ! ils sont beaux ! Venez goûter les albums primeurs de cette nouvelle rentrée 2020 ! Vous allez vous en prendre plein les mirettes !
La production sera foisonnante et il va y en avoir pour tous les goûts comme d’habitude. Mais là, voici une sélection aux couleurs chatoyantes.
Celestia, Manuele Fior, éditions Atrabile. Cet album vous emportera dans un voyage extraordinaire dans cette cité prise dans les eaux, avec des personnages dont les noms pourront vous sembler familier, Pierrot, Arlequin… toute une symbolique enivrante portée aux nues par l’art graphique de Manuele Fior. Une pérégrination où un couple essaye de sortir du carcan qui les enserre. Ils ne sont pas « ensemble », mais ils partagent le poids de leur talent. La présence de la femme réveille autour d’elle des visions lourdes de sens pour celui ou celle qui se retrouve lié à elle , mais malgré cela, Pierrot surmonte les images qui ravivent un souvenir douloureux pour conduire Dora hors du monde qu’ils connaissent, cette petite Venise où les habitants se sentent privilégiés, pour découvrirent le vaste monde. Eh oui, Dora l’exploratrice. Outre une ambiance graphique de toute beauté, la force du mot a sa part belle également, donc voici une oeuvre qui vous invite à vous laisser portés à l’onirisme et la douce rêverie.
Après le monde, Timothée Leman, éditions Sarbacane.
Ce n’est pas le premier album ou la première histoire à parler d’un phénomène mondial où après une apparition étrange, une partie de l’humanité à disparue, laissant une minorité d’êtres livrés à eux-même. Pour le coup, on pourrait rapidement dire que c’est un mix entre Seuls et Trees, mais très rapidement alors.
Des énormes colonnes font leur apparition au milieu des cités, entraînant la disparition d’une partie de la population de façon spontanée, sans en laisser une seule trace. Un jeune garçon, décide après un certain temps de sortir de chez lui et affronter le monde extérieur afin de se rendre au pied de la plus grande tour apparue récemment. En chemin il croisera certains individus semblant bloqués hors le temps dans leur dernière activité lors de l’apparition du phénomène. Un très bel album laissant libre court au lecteur sur l’interprétation.
Le scénariste de Blacksadrevient pour une collaboration sur une histoire en deux parties, qui se déroule dans le direct après-guerre à New-York avec la destinée d’une jeune femme, après avoir été l’amante d’un multi milliardaire, elle se retrouve héritière d’une partie de son patrimoine, non sans déboires avec les membres légitimes de la famille, et notamment à la tête d’un magazine qui végète dans la surproduction de choix en kiosque. Grâce à l’aide d’un avocat qui l’aura aidée lors de la succession, elle va repartir à zéro dans la ligne éditoriale de ce magazine, avec en trame de fond, une volonté de changer la condition de la femme ainsi que l’exploitation de son image.
Non ! il, n’est pas encore paru, mais il arrive très vite, le Bablet nouveau va pouvoir se déguster sans modération.
Toujours aussi généreux dans ses illustrations, nous soutenons cet auteur depuis ses débuts qui nous avait séduits avec La belle mort, enchantés avec Adrastée(mon préféré), titillés avec Changrila, et ben voilà qu’il nous ravit avec Carbone & Silicium. Une revisite de la recherche d’identité d’intelligence artificielle avec ces deux androïdes créés dans une concurrence effrénée entre deux grands trusts. Dotés d’une particularité d’évolution émotionnelle et d’apprentissage, ils souhaitent découvrir le monde mais ne sont pas libres de leurs mouvements. Avec la continuité de toujours vouloir partager son regard sur le monde et les idées qui le taraude, Mathieu Bablet risque fortement de continué son ascension du succès et de la reconnaissance du public chevronné ou néophyte.
Un peu d’amour, Une nouvelle aventure de Lapinot, Lewis Trondheim, éditions L’Association.
Et oui ! Cette année nous avons le droit à deux albums de Lapinot, en plus de la très agréable surprise du retour de Donjon, et avec Un peu d’amour, Lewis Trondheim se surpasse en humour. Une succession de gags avec toutefois une histoire en trame de fond, j’ai tellement ri que j’en ai réveillé ma voisine du dessus, et à deux heures du matin cela permet de tisser des liens cordiaux je peux vous l’assurer. Trondheim tu es mon dieu, après Desprosges bien évidemment.
On continue le rattrapage avec toujours autant de diversité: Mes ruptures avec Laura Dean de Mariko Tamaki et Rosemary Valero-O’Connell aux éditons Rue de Sèvres.
Mariko Tamaki a déjà été publiée par Rue de Sèvres avec Cet été là, et cela fait partie des choix éditoriaux de publier des romans graphiques, souvent anglo-saxons accessibles pour un jeune lectorat, mais la qualité est souvent telle, que le public adulte peut s’y retrouver également. Contrairement au premier titre paru, celui bénéficie de couleurs qui peut en faciliter la lecture pour ceux qui ont encore du mal avec le noir & blanc.
Une histoire sentimentale de lycéennes, qui aborde aussi l’homosexualité, mais la question de fond est universelle et aurait pu affecter le personnage principal même si son coeur s’était épris d’un garçon. Freddy Riley a 17 ans, et éprouve le besoin de se confier a une chroniqueuse, via internet, ce qui est très certainement plus facile pour elle de s’épancher vers une inconnue qu’elle ne voit pas. Son problème: elle est amoureuse et vie une relation avec Laura Dean, personnage très charismatique de son lycée mais qui va jouer avec les sentiments de Freddy, changeant régulièrement de relations et délaissant sa compagne pour mieux la reconquérir de part sa dépendance sentimentale. Un jeu qui n’est pas sans conséquences.
Le chanteur perdu de Didier Tronchet aux éditions Dupuis dans la collection Aire-Libre.
Didier Tronchet est là depuis un sacré bail maintenant, sur des projets solo ou en collaboration, variant les plaisirs et les sujets de la narration, nous avions d’ailleurs reçu Nicoby avec qui il avait réalisé Tête de gondole et précédemment Le meilleur ami de l’homme. Pour cette fois, Tronchet en solo propose une histoire qui m’a touché, déjà parce que le début commence à Morlaix, sans pour autant être chauvin cela m’amuse toujours quand on m’évoque le pays, mais surtout parce qu’il va parler du genre de chanteur que mes parents m’emmenaient écouter, parfois au fin fond de la Bretagne, artistes « dégagés » comme ils l’évoquaient parfois, anarchistes souvent, et dont chaque concert avaient des airs de rencontre secrète. Notre personnage principal est bibliothécaire à Paris, suite à un burn-out, il se retrouve dans l’incapacité de poursuivre son boulot, et décide de faire un point sur sa vie en faisant un grand vide dans son appartement, ce qui lui donne l’occasion de remettre la main sur une vieille cassette audio, et oui on est de l’ancienne génération ou on l’est pas, d’un chanteur qu’il découvrit lorsqu’il était étudiant. C’est avec le souvenir de la pochette de l’album, le chanteur devant le viaduc de Morlaix, et avec cette seule piste, qu’il décide de retrouver sa trace, un voyage rocambolesque va s’offrir à lui avec des rencontres des plus inattendues. Le petit plus, le chanteur existe bel et bien, et Didier Tronchet a agrémenté son album d’un dossier avec quelques photos à la fin de l’histoire.
Akiléos un jour, Akiléos toujours !
Nous n’avons jamais caché notre intérêt pour cette maison d’éditions, et ce depuis ses débuts, avec pêle-mêle: Queen & Country, Stand Still Stay Silent, Herakles, La valise, Le Roy des Ribauds… La nouveauté, c’est Ombranede Bastien Lextrait & Julien Hanoteaux.
Nous avons déjà eu de nombreuses histoires qui se déroulent dans les vestiges de notre société, mais les lendemains qui chantent se laissent toujours désirer. Ce soir est un soir particulier, un rite initiatique va avoir lieu: un cheminement qui va remonter les strates de cette société. La vie est déjà dure, mais la remontée annonce un combat des plus âpres face au froid mordant. Pendant ce temps, une soirée s’annonce au coin du feu. Un conteur va nous remémorer l’histoire de Ombrane, cette créature née de la pénombre. Issue des ténèbres, elle arpente le monde, naïve de toute expérience, curieuse et fragile, elle croise en chemin les habitants, tous pauvres et harassés par leur condition de vie misérable. Tous ne voient en elle qu’un signe de bienfaisance et de chance qui s’offre à eux, répondant à leurs prières. Un titre accessible pour un jeune public, et qui offre différentes lectures.
On attend des années. On espère encore et encore. Et puis un jour on se résigne. On se fait à l’idée et on passe à autre chose… Huit ans plus tard: PAF ! Vous vous le prenez en pleine tronche, ou en pleine truffe plus précisément.
Si une suite tarde à paraître, certains titres que l’on a défendus et présentés de façon de plus en plus aléatoire, jusqu’au jour où vous vous faites une raison, et le renvoyer chez l’éditeur et faire la place pour un autre titre. C’est pourquoi, vous n’avez peut-être jamais eu l’occasion de voir en librairie, en tout cas par ces dernières années, Bêtes de somme, de Evan Dorkin & Jill Thompson. Le deuxième tome vient de paraître aux éditions Delcourt, qui est capable dans sa collection de titres Comics, quelques perles rares comme Birthright, Monstress, Tony Chu, Hellboy… Et pendant un temps, ils avaient au catalogue, les titres d’Alan Moore, mais aussi la série culte de Neil Gaiman, Sandman(roulement de tambour, sonnez trompettes…)
Pourquoi citer Sandmande Neil Gaiman ? Et bien dans l’univers mis en place par l’auteur, nous suivons le Maître des Rêves, mais également ses 6 frères et soeurs, dont une en particulier: Death. Personnage haut en couleur si je puis dire, puisque c’est La Mort et qu’elle s’habille exclusivement en noir. Death a bénéficier de ses propres aventures, et Jill Thompson avait pu se faire remarquer en y contribuant.
Avec Bêtes de somme Evan Dorkin et Jill Thompson nous racontent les aventures d’animaux de compagnie d’une banlieue des plus classiques et stéréotypées de l’Amérique moyenne et banlieusarde, avec des préoccupations de gamelles, de pantoufles et de facteur au fondement terriblement attrayant et confortables pour les crocs. Mais les intrus sont parfois du genre un peu plus coriaces, un peu plus surnaturels, et mortellement dangereux.
Quoi de moins étonnant que de commencer ce deuxième opus avec en guest star: Hellboy. Oui mesdames et messieurs, le démon aux questions existentielles et à l’humour ravageur s’invite parmi chiots et chatons.
Et juste pour le plaisir, en mot de la fin. Je reste dans le cinéma de « genre » avec un sacré clin d’oeil, mais comme il y a deux albums, cela fait que l’on se retrouve avec les yeux fermés, mais quoi de plus naturel lorsque l’on se retrouve avec une oeuvre cinématographique magistrale, pour ne pas dire monstrueuse, étant donné qu’il s’agit de Freaksde Tod Browning de 1932.
Deux histoires pour deux genres différents. La première, Freak Parade de Fabrice Colin et Joëlle Jolivet chez Denoël Graphic. Les dessous du tournage de ce film au casting des plus atypiques, qui suscite autant d’amusement que de crainte de la part des gens « ordinaires », face à celles et ceux qui sont exposés dans des cirques itinérant depuis près de cent ans sur les routes des Etats-Unis. On fait donc appel à un 4 ième assistant réalisateur, qui ne devra s’occuper exclusivement que des Freaks, de leur bien-être, de leurs addictions, et de leur bonne disposition lorsque vient pour eux le moment de passer devant la caméra.
L’autre titre évoquant ce film, c’est la biographie de l’un de ses acteurs, Schlitzie surnommé « Tête d’épingle« . Son histoire a été mise en image Par Bill Griffith et publié chez nous par les éditions Presque Lune. Et dans ce genre d’oeuvre, vous y trouver autant d’éléments sur la différence, que sur la société américaine, mais sur les rapports sociaux plus globalement. Le milieu du spectacle, d’Hollywood, des cirques de foire. Mais l’auteur se met également en scène afin d’expliquer comment a émergé cette histoire, la fascination et les questions avec son processus narratif.
Bonjour à vous chers lecteurs, cela devient si compliqué de trouver du temps pour vous pondre une chronique que voici une petite séance de rattrapage pour les titres parus au premiers semestre. A la librairie on a pu les mettre déjà en avant, voire dans les mains, certains sont déjà devenus tellement emblématique que l’on pourrait estimer qu’il n’est peut-être pas nécessaire de les remettre à l’honneur, mais qu’importe, il faut penser à celles et ceux qui seraient peut-être passés à côté.
Dans mes plus belles découvertes de cette année: Un travail comme un autre, de Alex W. Ihker aux éditions Sarbacane. Je dois reconnaître que la maison d’éditions ne cesse de me surprendre avec quelques perles ces derniers temps, avec entre autre l’année dernière le somptueux Le Dieu vagabond, et non content de nous présenter de chouettes ouvrages par leur contenu, ils font aussi de beaux objets.
Cette histoire se déroule au moment de la grande dépression aux Etats-Unis au début du XX ième siècle. Lui c’est Roscoe, électricien de formation, il rencontre Mary dans un petite ville du fin fond de l’Amérique, alors qu’il sillonne le pays afin d’installer l’électricité pour une grande compagnie et améliorer l’ordinaire des citoyens. Elle, elle a hérité de la ferme familiale, et comme bon nombre de fermiers dans cette situation économique, risque de se faire saisir ses biens. Il n’est pas fait pour la vie de ferme, a tendance d’abuser du petit coup de gnôle, mais va décider de facilité la condition de sa femme en faisant une dérivation pirate et électrifier la ferme, ce qui permet de sauver l’exploitation familiale en l’industrialisant un peu. Seulement son installation précaire va causer la mort d’un ouvrier de la compagnie d’électricité et Roscoe va se retrouver en prison pour meurtre, ainsi commence cette histoire qui va raconter sa détention. Le choix graphique copie volontairement les dessins de l’époque, ce qui vous immerge d’autant plus dans l’histoire.
Toajêne !
Le retour toujours aussi déjanté de Panaccione que l’on soutient depuis ses tout-débuts, avec Bozzetto au scénario et toujours chez Delcourt.
Une revisite très tarabiscotée de Tarzan, complètement allumée, où l’on découvre une créature insignifiante, née d’un bouillon de culture, et qui un jour, on ne sait comment voit, reflétée sur le bord de son bocal, le premier Tarzan avec Johnny Weissmuller, et cette phrase culte (genre Phrase Culte) « Moi Tarzan, toi Jane« . Ce petit être qui jusque là, ne jurait que par les tables de multiplications, n’aura à présent qu’une obsession: retrouver Toajêne. Mais une autre destinée l’attend également, les humains sont sujets à une maladie qui fait disparaître une partie de votre corps, un oeil par-ci, un nez par-là… Et il s’avère que c’est notre créature des bains de cultures qui sera en mesure de sauver l’humanité. Mais ce coeur transi cherche l’amour désespérément en sa Toajêne, et dans ces cas là, la dépression n’est jamais loin. Du burlesque et des éclats de rire à n’en pas douter pendant votre lecture.
Gost 111 de Mark eacersall, Henri Scala et Narion Mousse, aux éditions Glénat.
Pour moi qui ne suis pas féru de polars, voilà une histoire qui m’a radicalement accrochée. L’histoire de Goran, père célibataire, séparé car sa femme a de gros problèmes médicaux et ne peut se voir confier la garde de sa fille, même en alternance. Goran n’a pas de boulot, se retrouve dans le cas où le seul hébergement qu’il peut obtenir, c’est dans une cité HLM des moins recommandable, et où la plupart des connaissances que vous pouvez avoir peuvent vous basculer dans les plans foireux. Mais voilà, on a pas toujours le choix, et pour le bien être de sa fille, il va accepter le job qui va l’amener à se faire coincer par les flics. C’est l’engrenage, il n’a pas le choix, si il ne veut pas finir en taule, il va devoir faire l’indic pour la police, avec tous les risques encourus si cela se sait.
Un récit de vie des plus réalistes, co-scénarisé par un commissaire des services d’investigation, racontant non seulement la vie de Goran, la vie de banlieue, mais également comment tout se déroule au sein de la police, le choix de couvrir ses sources comme de les pressurisées afin qu’elles soient dans une situation inextricables. Pour l’anecdote, il s’avère qu’une des clientes de la Mystérieuse librairie nantaise est la soeur de l’un des auteurs et était enchantée que le libraire chevelu et moi-même l’ayons mis en coup de coeur dès sa sortie.
Peau d’homme de Hubert et Zanzim, aux éditons Glénat également, une publication posthume du scénariste des Ogres Dieux, de Mr Désire et de tant d’autres titres que nous avons aimés et chroniqués.
Pour cette dernière histoire, il nous prouvait une dernière fois son amour de la littérature et son talent pour lui rendre hommage sous la forme de la bande-Dessinée. Bien évidemment, sa disparition tragique a accentué l’intérêt des lecteurs, mais son talent de scénariste ne faisait qu’augmenter toujours un peu plus ceux qui voulait découvrir sa dernière création. La qualité de cette histoire est telle, que l’album ne cesse d’être en rupture chez l’éditeur.
L’histoire se déroule au Moyen-âge, Bianca est en âge de se marier. Mariage arranger comme de bien entendu, mariage d’intérêt mais pas celui de la mariée. Avant l’événement fatidique, sa tante va lui révéler un secret de famille, dont sa mère s’était bien passée de lui parler car elle voyait cela d’un mauvais oeil. Depuis des générations, les femmes de la famille ont à leur disposition, une peau d’homme, aussi étrange que cela puisse paraître. Et lorsque qu’elles sont en âge de se marier, elles peuvent la revêtir afin de découvrir les secrets de l’autre sexe, et voir le monde du point de vue masculin. Bianca, va profiter de cette opportunité pour découvrir plus intimement son futur époux, et pour le coup, bien plus que ce à quoi elle pouvait s’attendre. Un bijou.
The weather man, Jody Leheup, Nathan Fox, Dave Stewart, éditions Urban Indies.
Les éditions Urban continuent leur opération de prix de lancement pour le premier tome de leurs nouvelles séries de la collection Indies, et le dernier arrivé est The Weather Man.
Un monsieur météo comme les autres à ceci près qu’il bosse sur… Mars, pas une chaîne de télé, non, non, la planète. L’humanité a évolué et s’est bel et bien implantée sur la planète mythique. Une société ultra moderne, de consommation, d’exploitation de l’espace libre et de vie bien rythmée.
Nathan Bright est le parfait exemple de cette société moderne, mais avec un petit truc en plus: un ego surdimensionné qui en fait une personne imbuvable surtout pour ses collègues de boulot, mais adulée du grand public.
Après avoir une nouvelle fois jouer les divas, arriver à la bourre et fait son show, il reprend sa vie de débauche. il a rencard avec sa nouvelle copine du moment, et alors qu’ils sont à table, le voilà victime d’une tentative d’assassinat.
Nathan va découvrir très rapidement qu’il se retrouve accusé de l’éradication de l’humanité encore présente sur terre à ce moment là. Une organisation terroriste à lancé une attaque ayant coûté la vie de 18 milliards de personnes, une sacrée responsabilité à endosser, voire à ne pas assumer du tout, l’idée même est inconcevable pour l’esprit humain, d’autant plus si on en a aucun souvenir. Comment est-il possible de ne pas se remémorer une telle responsabilité ?
Toujours est-il que tous les humains encore en vie, en très grande partie en tout cas, va vouloir la mort de Nathan, et seule une agent du gouvernement, Amanda Cross pourra faire obstacle de son corps pour tenter de le maintenir en vie. Je dis bien « pourra » et non pas « voudra », car elle aussi aimerait bien voir le gars morfler, et pas qu’un peu.
Sharkey, le chasseur de primes, Mark Millar, Simone Bianchi, éditions Panini comics/Netflix.
Mark Millar le créateur de Kick Ass et de tant d’autres succès est de retour après 3 mois d’absence, ça a été long. Après Prodigy, l’homme exceptionnellement intelligent qui est devenu milliardaire et fait bénéficier l’humanité de toutes ses idées et ressources pour améliorer le monde, et passe le temps comme il peut, voici Sharkey, le chasseur de prime, un récit de Science-Fiction illustré par le talentueux Simone Bianchi.
Sharkey est, on peut le dire un hommage à Lobo et à ce type de récit déjanté de chasseurs de primes intergalactiques.
Déjà, d’où un chasseur de primes écumerait l’espace à bord d’un van de vendeur de glaces ? Non mais franchement, quelle idée ? Si Han Solo se ballade dans une poubelle, là on se poser des questions sur la santé mentale du type en question.
Sharkey, avant de faire ce merveilleux métier déjà conspuer du temps de la grande époque du Far-West, était membre du Corps Solaire, une espèce de ranger au grand coeur, droit dans ses bottes et d’une intégrité à toute épreuve. Entendez par là que lorsqu’il donne sa parole, il la tient. Et c’est comme ça qu’il va se retrouver avec un passager dont il se serait bien passé, le neveu du dernier malfrat qu’il vient de boucler. Sharkey a 2 autres particularités: c’est un looser, qui s’attire tout un tas d’emmerdes, à tel point qu’il est endetté jusqu’à l’os. Mais, il a un don. Celui de toujours trouver ce qu’il recherche, et dans le cas d’un chasseur de primes, cela peut toujours servir. Et v’là t’y pas qu’on lui propose le plan ultime: le coup du siècle qui lui permettra de sortir de la mouise définitivement. Bien évidemment d’autres confrères moins scrupuleux vont chercher à l’entuber. Oh et puis pendant qu’on y est, on peut pas rajouter son ex-femme dans l’équation ? S’te plaît !? S’te plaît !? Bouarf, c’est bien parce que t’as été gentil, mais on s’arrête là hein ! Quoique…
Bone Parish, Cullen Bunn, Jonas Scharf, Alex Guimaraes, éditions Delcourt.
Autre ambiance. Les enfants: la drogue c’est mal ! C’est pas bien ! C’est caca ! Cela peut vous faire faire n’importe quoi et tester des trucs pas croyables, genre sniffer des cadavres.
Et oui. Voici le nouveau produit à la mode qui circule à la Nouvelle-Orléans, c’est du macchabée en poudre, et c’est quasi le trip ultime, mais avec un sacré retour de manivelle si vous en abusez.
C’est un petite affaire familiale qui vous propose en sniffant les cendres d’une personne de revivre une partie de sa vie. Imaginez vous en prenant une petite trace de Johnny, vous retrouver sur scène à sa place lors de l’un de ses concerts mythiques. Prendre une petite pincée d’une ex-star du porno et réaliser l’un de vos fantasmes les plus fous. Si le produit devient la coqueluche des junkies, cela va attirer la convoitise des plus gros poissons et qui comptent bien faire main basse sur l’affaire et de manière exclusive.
Old Boy, Garon Tsuchiya, Nobuaki Minegishi, éditions Naban.
Avant d’être un film à succès réalisé par le Coréen Park Chan-Wook, Old Boy est un manga, donc Japonais. Que ce soit l’une ou l’autre version, ce sont deux tueries et qui se distinguent l’un de l’autre par le choix narratif mis en avant.
Le film choisissait le côté de l’ultra-violence ainsi que le choc psychologique qui allait toucher le personnage central, dans le manga, on va s’attarder plus sur le jeu de manipulation et d’enquête qui va lier les deux protagonistes principaux. Cela fait maintenant quelques années que la version papier n’était plus disponible en France, à tel point que je me posais la question assez souvent: comment une telle oeuvre majeur, au même titre que Monster, 20th century Boy, Coq de combat, vagabond… n’était toujours pas reprise par un éditeur, toujours est-il qu’elle est de retour, pour votre bénéfice, car elle fait bien évidemment parti de ma collection personnelle et que je relis régulièrement.
Qu’arrive t’il à notre homme ? Vous vous réveillez un jour dans une pièce close, un appartement transformé en prison, plutôt confortable, mais une prison quand même. On vous apporte à manger, on prend soin de vous, mais vous n’avez aucun souvenir de votre vie passée, y compris votre nom. Aucune communication ni explication de la part de vos geôliers. Et ceci va durer 10 ans, jusqu’à ce qu’on libère sans aucune autre raison, bien habillé, un minimum d’argent dans les poches et livré à vous même. Une errance de courte durée, car on reviendra vers vous pour un petit jeu, sous un délai donné: la possibilité de déduire d’après des indices qui vous étiez ? Qui vous a fait ça ? Et pourquoi ? Si vous échouez vous mourrez ? Sympathique non ? De quoi égayer vos longues soirées d’hiver.
2020 fait la part belle au dessin ! N’est-il pas vrai que c’est l’année de la BD ?
Dans tous les cas voici une des plus belles surprises de ce début d’année avec une production locale et le nouvel album de la maison d’éditions Vide Cocagne vient de frapper un grand coup avec une petite tuerie: Pestede Gauvain Manhattan.
C’est une prouesse graphique pour un récit très original, 250 pages de lecture vous plongeant dans un univers médiéval où la haute couture a une place prépondérante car comme chacun sait au royaume Bordevalinois: « Chez nous le style est d’une importance capitale si on veut se faire respecter ». Gauvain Manhattan a développé un monde d’une richesse magnifique, avec un dessin généreux, des personnages attachants au tempérament bien trempé pour certains, un bestiaire foisonnant de diversité et d’ingéniosité visuelle.
Je reste dans le médiéval avec une autre tuerie, à savoir que ma sélection va tenir du génocide tellement tous ces albums sont merveilleux.
Après La terre des fils, Gipi revient avec une autre histoire de fiction, et il s’associe pour l’occasion à un dessinateur que nous apprécions tous trois particulièrement: Luigi Critone, dessinateur entre autre de 7 missionnaires chez Delcourt et l’adaptation de Je François Villon de Jean Teulé, toujours chez Delcourt. Ce nouvel album s’intitule Aldobrando, sort aux éditions Casterman et est un récit complet.
Cette histoire aux accents burlesques est un récit initiatique pour ce jeune homme confié aux bons soins d’un sage, qui, estimant Aldobrando en âge de découvrir le monde, lui confie une chasse au dahu: Aldobrando est responsable des problèmes de santé de son père adoptif et doit trouver une plante médicinale lui permettant de se rétablir et ses temps sont comptés.
Enchaînant les rencontres et les quiproquos, Aldobrando se retrouve en prison, accusé de la mort du jeune prince et va vivre des aventures, croisé des personnages hauts en couleur et découvrir par lui-même qu’il ne faut jamais se fier aux apparences. Cette histoire est, à n’en pas douter, l’une de nos plus belles découvertes de ce début d’année.
Le grand retour d’un auteur culte à nos yeux, Miguelanxo Prado.
Cet auteur à fait les grandes heures de Casterman aux cours des années des romans(A SUIVRE), il revient tel Albator avec un oeuvre originale, Le Triskel volé, récit complet, et l’éditeur en profite pour remettre à disposition un album qui n’a pas pris une ride et qui reste toujours aussi exceptionnel, Trait de craie, agrémenté d’un supplément ? Non ! de deux suppléments mesdames & messieurs, rien que ça. A la fin de l’histoire vous bénéficiez dans un premier temps du récit en hommage à Hugo Pratt, un numéro spécial d’(A suivre) lui était consacré regroupant les témoignages de plusieurs auteurs, et dans un deuxième temps, pour le dernier numéro de ce magazine, Prado revenait avec un mini récit évoquant Trait de craie.
Le Triskel volé est une histoire abordant l’héritage du petit peuple qui s’est retrouvé confronté à un moment de son histoire à l’expansion de l’humanité, ce qui mettait leur existence en péril et une cohabitation périlleuse; mais l’heure du réveil est peut-être arrivé ?
Trait de craie: un homme fait une escale en voilier sur une île qui ne figure sur aucune carte marine. Peu de temps avant lui, une femme s’est arrêtée elle aussi, ses compagnons qui avaient leur propre bateau ont continué leur route et doivent repasser afin qu’ils reprennent la mer ensemble. Sur l’île, un phare abandonné et qui ne fonctionne plus. Une femme et son fils qui tiennent ce qui tient lieu d’auberge occasionnelle et de drugstore où le troc est parfois de rigueur. Une digue d’une longueur indécente laisse une trace au milieu de l’océan tel un trait de craie sur ce grand tableau bleu, où tout un chacun à laisser un message ou une trace de son passage. Un huis-clos toujours aussi haletant.
Et pour finir, deux auteurs que j’ai déjà mis à l’honneur, en premier une anthologie d’histoires courtes d’Inio Asano, auteur emblématique de Bonne nuit Pun Pun, Dead dead demon dededede destruction etc… la quasi totalité de ses titres sont disponibles aux éditions Kana. Ce recueil vous permettra de découvrir la diversité de ses histoires, des thématiques qu’il a l’habitude de développer et de savourer complètement la qualité de son dessin.
L’autre perle n’est autre que la nouvelle série de Naoki Urasawa, l’auteur de Monster, Billy Bat, 20th century boys, Plutoet tant d’autres récits qui auront marqué l’histoire du manga.
Asadora aux éditions Kana s’inspire d’une série télé japonaise qui a commencé dans les années 60 et qui perdure encore, met en avant une jeune fille qui n’a de cesse de s’engager pour le bien être d’autrui. A n’en pas douter connaissant l’auteur, cette nouvelle histoire risque de nous valoir plein de surprise et d’en déconcerter plus d’un.
Le vagabond des étoiles tome 1, Riff Reb’s d’après Jack London, éditions Soleil collection Noctambule.
C’est avec un plaisir immodéré que nous retrouvons l’auteur Riff Reb’s pour une nouvelle adaptation littéraire dans la collection Noctambule de chez Soleil. Il sévit précédemment avec des récits maritimes, Le loup des mers, A bord de l’Etoile Matutine et Hommes à la mer (recueil d’histoires courtes parsemé d’extraits des grands classiques illustrés sur une pleine page). A savoir que pour cette fin d’année, ces trois oeuvres bénéficient d’une publication en intégrale, grand format, mettant en valeur le travail graphique de l’auteur.
Ce nouvel album est une première partie d’un récit en deux tomes, qui m’a fait découvrir un texte de Jack London que je ne connaissais pas, pour un genre de récit qui m’était inconnu de sa part.
Darrel Standing interpelle le lecteur, c’est à dire vous, il se présente et vous explique quel événement l’a amener à se retrouver dans la prison de St Quentin, dans la baie de San Fransisco (rendue célèbre notamment grâce au concert que Johnny cash y a donné). Responsable d’un assassinat, il est condamné à perpétuité, mais l’ombre de la potence qui plane sur lui vient d’une toute autre affaire. Darrel est ce genre de personne qui croît à cette impression de « déjà-vu », lorsqu’une situation ou une discussion vous semble familière, vous avez l’impression de connaître la suite des événements avant même qu’ils s’enchaînent, vous anticipez la réaction ou les mots de votre interlocuteur.
Mais cela va plus loin, il évoque également les réminiscences de vies antérieures, lorsque l’on est persuadé que l’on a vécu à une époque passée, être contemporains de certains grands événements de l’Histoire. De plus on va s’intéressé à la vie d’incarcération pour les prisonniers enfermés à long terme, qui voient défiler leurs congénères les uns après les autres, les matons par la même occasion.
On prend un tel plaisir à lire ce premier tome, de retrouver un maître tel que Riff Reb’s avec ses personnages aux trognes truculentes, que l’on va devoir s’armer de patience, cela tombe bien j’en ai des tonnes à revendre, pour terminer cette histoire très prometteuse de surprises et rebondissements: un délice.
La ballade du soldat Odawa, Cédric Apikian & Christian Rossi, éditions Casterman.
Son dernier album en date, le coeur des amazones, était un chef-d’oeuvre d’une beauté inouïe, Rossi revient sur le devant de la scène avec une nouvelle histoire à l’atmosphère très particulière.
La ballade du soldat Odawa se passe pendant la première guerre mondiale, au coeur des batailles, avec parfois une ambiance oppressante. Parmi les belligérants de cette guerre, la plupart des nations étaient représentées. Les canadiens n’étaient pas en reste, et l’on retrouve chez ceux-ci des indiens, des hommes chargés d’opérations bien spéciales au coeur des tranchées, que ce soit au combat au corps à corps, où bien dans le cas du soldat Odawa en dehors d’un maniement expert du tomahawk, il est également un tireur d’élite hors pair.
L’histoire n’est pas sans rappeler le fameux duel de snipers du film Stalingrad, avec le combat de propagande qui allait avec, tout comme dans le film Unglorious bastard. Si il était courant d’entretenir la communication de par les médias afin de soutenir l’effort de guerre et le soutien populaire, il était d’usage de déstabiliser le moral de l’adversaire, et le genre de légende entretenue sur les prouesses d’un combattant hors norme et sans pitié suscitait la peur chez l’adversaire et était sensé le plongé dans l’effroi et faire baisser le moral des troupes.
Voici comment Rossi et Apikian nous dévoile un récit haletant, alliant une écriture captivante et une mise en images renforçant l’atmosphère pesante. Ils entretiennent la légende du soldat Odawa, tout le mystère qui l’entoure, les longs moments de patience qu’il faut à ce tireur embusqué d’attendre la bonne opportunité pour un maximum d’efficacité.
Ce récit complet en ravira plus d’un, et c’est toujours un réel plaisir de retrouver Christian Rossi au dessin, je citais plus haut Le coeur des Amazones publié chez Casterman, mais je vous conseille tout aussi bien Deadline aux éditions Glénat, que nous avions adoré, un one-shot des plus original qui se déroulait en grande partie pendant la guerre de sécession, la série en collaboration avec Fabien Nury, W.E.S.T. chez Dargaud, mixant avec subtilité, une Amérique sortant de la grande période du Far West avec une part de fantastique, ou encore vous pouvez toujours lire les extraordinaires collaborations Rossi – Le Tendre disponibles en intégrale reprenant l’histoire de Tirésiaset La gloire d’Héra aux éditions Dargaud.
Le boiseleur tome 1 – Les mains d’Illian, Hubert & Hersent, éditions Soleil collection Métamorphose.
Si vous avez aimé Les ogres dieux du scénariste Hubert, il y a fort à parier que vous soyez séduit par son nouvel univers développé encore un fois dans la collection Métamorphose qui n’a de cesse d’offrir des ouvrages étonnants.
Si c’est un premier tome, Les mains d’Illian est un récit complet. Ce qui vous laissera à loisir d’imaginer après lecture, si ce sont ses aventures que nous suivrons dans la suite de la série, ou bien comme dans Les ogres dieux, de découvrir les péripéties des autres résidents de Solidor, la ville où se déroule cette première histoire.
Solidor est une ville isolée géographiquement, une avancée dans la mer, qui lui donne tout de même l’opportunité d’avoir un commerce florissant avec les navires de passage, et qui a la particularité de s’être fait remarquer par sa spécialisation d’oiseaux exotiques.
Illian est un jeune apprenti sculpteur, en tant que tel, il est hébergé par son maître qui lui offre le couvert, il ne bénéficie pas d’un salaire qui lui permettrait comme tous les habitants de s’acheter un oiseau de compagnie. Il se cantonne donc à son travail, remarquable par ailleurs, qui consiste à réaliser les cages pour les nombreux clients de la boutique, mais toute la gloire et la reconnaissance sont attribuées à son patron.
Lors de ses rares moments de liberté, il aime à flâner dans les rues de Solidor qui lui offre en spectacle les merveilleux ramages de tous les oiseaux que l’on peut apercevoir ainsi que toute la diversité des chants qui emplissent l’air ambiant.
C’est alors que lui vient l’idée de réaliser avec une chute de bois vouée à être jeter au rebut, une sculpture d’oiseau. La fille de son maître est enchantée par son travail de sculpture, et son père ne manque pas l’occasion pour s’attribuer une nouvelle l’ingéniosité de son apprenti et offre à sa fille la nouvelle création.
S’en suivra alors une suite d’événements qui vont bouleverser la vie des habitants de Solidor et en particulier celle d’Illian. La qualité d’écriture d’Hubert reste sans appel, il sait développer des mondes oniriques, des personnages attachants, et il continue à ponctuer ses histoires par des questions de fond qui renforce tout l’intérêt que l’on peut lui porter. Quant au dessin et à la mise en page d’Hersent met en valeur l’univers que les auteurs vous incitent à découvrir, à n’en pas douter, cette nouvelle histoire va mettre votre patience à l’épreuve.
Un rêve de renard, Minna Sundberg éditions Akiléos.
L’une de mes agréables découvertes de cette année restera l’oeuvre de Minna Sundberg publiée par les éditions Akiléos: Stand Still Stay Silent; un projet de grande envergure dont les deux premiers tomes sont parus en 2019, un récit de Science-Fiction, mêlant la culture nordique et l’ésotérisme (le chamanisme plus précisément) au profit d’une histoire post bouleversement écologique.
Et bien pour cette fin d’année, si vous souhaitez vous offrir un gros pavé de lecture associant culture suédoise, rêverie et humour Akiléos récidive avec ce One-Shot de la même auteure: Un rêve de renard.
Hannu est un adolescent d’un petit village perdu dans les confins de la Suède. Alors qu’une soirée est en préparation et que tout le monde est invité à mettre la main à la patte, la vie en communauté nécessitant que chacun y mette du sien, lui a décidé d’aller flemmarder avec son chien au coeur de la forêt.
Pendant ce temps, certains des esprits de la forêt, les renards en l’occurrence, sont en grand conciliabule pour une de leur réunion qui se déroule comme chaque dans un désordre bien organisé, tant qu’il y a de quoi manger. Mais bébé renard n’est pas convié, trop turbulent et maladroit, ils lui ont tout de même confié la supervision des aurores boréales, histoire qu’il se sente important et en mesure d’assurer un tâche à responsabilités, et puis de toute manière, il n’y a rien à faire en particulier, les aurores boréales ça roule tout seul. Eh ben il a quand même trouvé le moyen de foirer le coup et de provoquer une nouvelle boulette.
Hannu s’étant absenté, il se trouvait hors du village lorsque celui-ci s’est retrouvé frappé par un éclair, et tous les habitants se retrouvent coincé dans un entre-deux monde. Ce qui lui met la puce à l’oreille que quelque chose ne va pas, c’est lorsque son chien se met à lui tenir conversation. Du coup, bébé renard voit en sort une opportunité de se déchargé de ses responsabilité, et il charge Hannu de réparer ses conneries. Le jeune homme va devoir enchaîné les missions afin de rétablir l’équilibre et ramener chacun chez soi, sous le péril de voir tout le monde disparaître dans les limbes. C’est une ode onirique, pleine de poésie et d’humour, avec des gags récurrents, permettant de découvrir des pans de la culture suédoise, mis en images d’une manière extraordinaire (rien que ça).
Bon c’est très certainement ma dernière chronique pour cette année 2019, bonne fêtes à vous et bonne lecture.
Nous continuons à recevoir plein de nouveaux titres et les surprises s’enchaînent, il y a de quoi s’en prendre plein les mirettes, de découvrir ou redécouvrir certains des sujets abordés, bref de passer de sacrés moments de lecture encore une fois.
Les temps retrouvés, Kei Fujii & Cocoro Hirai éditions Ki-oon collection Latitudes.
Un premier tome pour une histoire en 2 parties, de quoi faire vibrer votre petit coeur, une belle histoire d’amour entre deux retraités au pays du soleil levant.
Lui c’est Ippei, il est veuf, son fils aîné vit chez lui et tient une supérette de quartier avec sa femme, la situation n’est pas aussi florissante qu’ils l’espéraient ce qui entraîne quelques petites tentions au sein de la famille. Les enfants ne comprennent pas que le grand père ne veuille pas sacrifier son plan retraite pour les aider financièrement, lui de son côté trouve qu’il est déjà bien généreux de les héberger gracieusement, même si c’est une habitude courante au Japon que le fils aîné d’une famille s’installe dans la maison familiale ou bien reprenne l’activité paternelle.
Elle, c’est Kotoko, veuve également, elle vient d’arriver au centre Gin, un lieu d’activités et de rencontres pour personnes retraitées, pour y donner des cours de chants. Une idylle va naître entre les deux protagonistes, de façon malhabile, les sentiments seront mis à nus, mais leur âge avancé les laisse perplexes quant à se lancer dans une nouvelle vie amoureuse. Il s’en suit des rencontres et sorties variées qui vont leur permettre d’échanger leurs souvenirs de la vie de chacun, et pas seulement sur leur parcours personnel, mais leur vie amoureuse passée.
Là où le bas blesse, c’est que c’est de leur entourage que viendront les problèmes, n’y voyant là que les caprices de personnes âgées se comportant avec la désinvolture d’un enfant. Outre cette histoire touchante, on retrouve le duo Kei Fujii & Cocoro Hirai, les auteurs de Sous un ciel nouveau aux éditions Ki-oon également, mais le fait de le publier en couleurs et dans le sens de lecture occidental, permettra peut-être de lui trouver un nouveau lectorat.
Dracula, Bess adapte Bram Stoker aux éditions Glénat.
Une énième adaptation de l’un des plus grands classiques de la littérature et pas spécialement de la littérature Fantastique. Il y peu de temps les éditions Delcourt ont publié la version de Mike Mignola, l’auteur de Hellboy, à savoir que c’est à cette occasion qu’il développa son style graphique devenu une référence avec ses grands à-plats de noir. Mais pour l’heure Georges Bess est le maître aux commandes.
Georges Bess a déjà une belle carrière d’auteur, mais pour le grand public, ce sera sa collaboration ace Jodorowsky pour la série Le lama blanc qui risque fort de vous parler.
C’est avec une grande maîtrise du Noir & Blanc, des doubles pleines pages dès le début de l’album que vous vous en prenez plein les mirettes. L’adaptation est parfaite, respectant l’oeuvre originale et la mettant en valeur visuellement, le simple fait de jouer avec la polymorphie du comte Dracula renforce la terreur dans laquelle le personnage de Jonathan Harker va plonger.
Je ne vais pas vous faire l’affront de vous poser les bases de l’histoire tout de même, si ?! Un clerc de notaire, Jonathan est envoyé au coeur de l’un des territoires les plus isolés et les plus effrayants, la Pennsylvanie, (ah non ça c’est dans les Simpsons), la Transylvanie, les Carpates quoi. Sa tendre fiancée, Wilhelmina Murray, l’attend auprès de son amie Lucy, jeune fille de noble famille qui se trouve harcelée, et ce n’est pas pour lui déplaire par toute une ribambelle de prétendants.
Le client de Jonathan est un noble Slave, le comte Dracula, souhaitant venir s’installer en Angleterre et sur Londres en particulier. Nous sombrerons dans le milieu de l’aliénisme car l’on ne ressort pas indemne d’une telle rencontre, le prédécesseur de Jonathan Harker, le sombre Renfield en a subit les conséquences et est soigné par l’un des prétendants de Lucy.
Si après ça vous souhaitez continuer à lire du grand classique dans le genre de l’Horreur et du Fantastique, enchaînez avec Frankenstein de Mary Wollstonecraft Shelley illustré par Bernie Wrightson, un autre grand maître du Noir & Blanc édité en France aux éditions Soleil.
Miles et Juliette, Salva Rubio & Sagar, éditions Delcourt.
Même pour les néophytes Miles Davis est connu pour être une référence en matière de Jazz, on sait que c’est particulier et qu’on l’entend moins souvent que les autres grands noms.
Il les a côtoyés Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Billie Holiday, il leur doit ses premières armes, mais sa rigueur et sa droiture dans son approche de la musique ne va pas de paire avec le monde du Jazz où bien des musiciens sont tombés. Alors qu’il fait bande à part, à la recherche de son Son, une sonorité nouvelle, hors du commun, ne se rattachant à aucun des genres l’ayant précédé. On lui reproche de ne pas avoir su prendre soin de son mentor Charlie Bird Parker, trop défoncé pour assurer la tournée, ses sets sur scène, c’était trop pour le jeune Miles, il ne peut assumer d’être spectateur de la déchéance de son maître ainsi que son manque de rigueur professionnelle.
C’est dans ce contexte, alors qu’il regroupe atour de lui des musiciens capables de le suivre dans son génie créatif, qu’il prépare enregistrement et tournée, qu’il se voit proposé un séjour à Paris lors d’un festival de Jazz, et que les organisateurs se battent comme de beaux diables afin de l’avoir sur scène.
Tous les musiciens, noirs faut-il le préciser, noirs et américains, ayant connu, et aujourd’hui encore la ségrégation, tous tombent des nus de l’accueil qui leur est réservé, ils découvrent une liberté de mouvements qu’ils ne connaissaient pas, et ils n’ont pas à subir le poids du regard et du jugement des gens qu’ils croisent dans la rue.
Derrière cette frénésie musicale et artistique se cache une drôle de bande de zouaves, ou de zazous en particulier.
Miles Davis croise Boris Vian, le trublion l’entraîne jusqu’à St Germain-des-Près, là il croise Marguerite Duras, Jean Paul Sartre, Pablo Picasso… et tant d’autres, la liste n’en finit plus, mais une apparition change tout dans l’univers de Miles Davis, elle incarne sa Lady Bird, Elle, c’est Juliette Gréco.
C’est une rencontre intense de quelques jours à peine, des certitudes qui s’effondrent, des promesses échangées, une course à la vie d’une intensité folle, ce sont toutes possibilités qui s’offrent à ceux qui vivent leur amour comme si c’était le premier et le dernier. P***** c’est beau ce que j’écris, je me ferais chialer. Non, en revanche ce qui est beau c’est l’approche du dessin offrant une intensité visuelle à la musique, et se permettant également des scènes drôles comme celle du téléphone (et oui pour la connaître celle-là il faudra lire l’album).
Chaplin en Amérique, Laurent Seksik & David François, éditions Rue de Sèvres.
Un premier tome d’une trilogie consacrée à Charlot, à savoir qu’un autre album est paru chez chez Dupuis par Bruno Bazile et Bernard Swysen, en un seul tome.
Mon coeur penche tout de même pour celui de Selsik et François, car il offre au lecteur une mise en images qui sert proprement et admirablement une retranscription du cinéma muet pour la bande dessinée. Il y a des prouesses d’ingéniosité, un mouvement en action, en bref il est terrible.
De son arrivée aux Amériques, en passant par ses débuts à Hollywood, du choix de son costume à sa première prestation, tout y passe. Alternant le ton de l’humour avec le soucis professionnel de bien monter sa carrière, nous suivons Charlie Chaplin devenir le grand Charlot.
Je le disais plus haut, le dessin de David François (David le prénom et François le nom), sert magistralement le personnage de Charlot, comme au cinéma, il crève l’écran, il joue avec les cases, avec la planche, cinéma et bande-dessinée ne font qu’un et on en redemande. Le fait que cette histoire soit prévue en 3 tomes laisse présager de s’attarder sur des moments intéressants de la vie du grand petit homme.
The Kong Crew #1- Manhattan Jungle, Eric Hérenguel, éditions Ankama.
Alors là ! C’est la grande surprise pour nous trois. La couverture est chouette, c’est sûr. Elle envoie du lourd, on sent une ambiance cinématographique, un gorille badass, comme le disait Franck Cho, auteur de comics et créateur de la série Liberty Meadows, « de toute manière mettez un singe, ça marche toujours et cela fait toujours plaisir« .
Amateurs de Road Runners, de Pin Ups, de pilotes et leur chien mascotte, de gorille géant (ben oui il n’y en a qu’un) et de tas d’autres bestioles, soyez les bienvenus.
Imaginez un peu, c’est facile il faut faire appel à votre mémoire, et quelque soit la version du film que vous ayez pu voir, du moment que King Kong finissait par débarquer à New-York. Apparemment on nous a pas montré la bonne fin du film, ils lui ont pas la pâtée, il est pas tombé du haut de l’Empire State Building et la belle n’a pas pleuré dans le creux de sa mimine, pas du tout ma bonne dame.
C’est plutôt l’inverse, Kong est devenu le King, il s’habille en costard pattes-d’eph à paillettes, et chante Be bop a lula. King Kong domine Manhattan, il n’y a plus d’humains sur son territoire, les habitants ont fui l’île, et il est dorénavant interdit de s’y rendre.
La frontière est gardée par des pilotes émérites de l’armée américaine et leur virtuosité du pilotage n’a d’égale que leur indiscipline.
Un hydravion vient de braver l’interdit et s’est glisser aux abords de Manhattan, à son bord, un aventurier aguerri à l’exploration des territoires les plus hostiles, et affronter les plus grands prédateurs connus. L’autre passager est un scientifique qui tient à voir par lui-même l’évolution de la faune et de la flore de l’île depuis que Kong en a pris possession, il a une théorie et redoute d’avoir raison. Le tout sur un air de Rock & Roll, on lit à tombeau ouvert, la capote est relevée et on ne s’arrêtera qu’une fois en enfer.
Entrez dans la danse, les soucis n’ont pas de chances, la musique commence, ça c’est Fraggle Rock ! Que de souvenirs, mais que de souvenirs mes aïeux. Ah, il faut bien être quarantenaire pour avoir connu les Fraggle Rock, mais pour le coup, de puis que le dernier Richard Guérineau est arrivé en librairie, dès que je vois la couverture, je ne peux m’empêcher d’avoir cet air en tête.
Entrez dans la danse, Richard Guérineau d’après Jean Teulé, éditions Delcourt, collection Mirages.
Les éditions Delcourt présentent dans leur catalogue plusieurs adaptations des oeuvres de Jean Teulé: Le magasin des suicidés, Le Montespan, Je, François Villon, mais trois autres titres ont émergés sous les coups de crayons de Richard Guérineau, Charly 9, Henriquet et aujourd’hui… Entrez dans la danse.
Bien évidemment que l’on peut ne pas adhérer au style littéraire de Jean Teulé ou bien encore ne pas avoir de curiosité sur les sujets qu’il a abordé, mais pour ma part, après y avoir pis un oeil une première fois, j’y retourne allègrement.
Reprendre la destinée d’un personnage historique, un moment de sa vie, ou dans le cas qui nous intéresse, revenir sur des faits complètement improbable, voilà la démarche singulière de l’auteur. Dans Entrez dans la danse, grand nombre de lecteurs vont certainement découvrir, tout comme moi, ce phénomène qui toucha la ville de Strasbourg au début du XVI ème siècle. Cela vous est -il déjà arrivé, qu’au cours de votre journée, tout se déroule normalement, quand tout à coup… vous vous levez et vous mettez à chanter, à danser, vous êtes pris d’une inextinguible frénésie qui vous fait décrocher le contact avec votre entourage. Non ? Et bien que diriez vous si l’on vous apprenait que c’est ce qui est arrivé à plusieurs centaines de personnes en Juillet 1518 à Strasbourg, et qu’ils ne se sont pas lever comme ça, pour la déconne, qu’ils ont entamés une chenille, autour de la place de l’hôtel de ville et qu’au bout de 3 tours, tout le monde est rentré chez soi, non, non, pas du tout, cette danse frénétique à duré 2 mois.
Les dirigeants de la cité, les religieux, les médecins… comment tout ces braves gens ont-ils décidé de gérer la détresse de leur concitoyens ?
Richard Guérineau nous offre encore un très chouette livre, j’aimais ses variations graphiques présentent dans Charly 9 et Henriquetqui servaient l’histoire, effectivement ici, cela ne s’y prêtait guère, mais son style dynamique, avec les trognes qu’il a distribuées au casting et l’humour tant narratif que visuel vont donneront l’occasion de passer une nouvelle fois une très bon moment de lecture.
Prince of cats, Ronald Wimberly, éditions Dargaud.
Que vous en ayez lu ou non, je ne pense pas que vous soyez en mesure d’ignorer qui William Shakespeare, ne serait-ce que par l’adaptation cinématographique avec Léonardo Di Caprio, dit « le beau Léo ».
Prince of cats, ou Le prince des chats, n’est autre que le personnage de Tybalt issu de Roméo & Juliette, sur les bancs de l’église, Tybalt s’assoit du côté de la mariée. Dans cette adaptation, vous allez sentir le dépaysement au même titre que le film que je vous mentionnait à l’instant, Prince of cats vous propulse au coeur des années 80′.
Sortez les Ghettos Blasters !! Pas ces petites merdes hyper boostées qui, pas plus grosses qu’une trousse d’écolier débordent de puissance, vous savez bien, la plupart des livreurs à vélo se ballade avec. Non moi je vous parle du vrai Ghetto Blaster, celui de 20 kilos minimum, qui vous déboîte l’épaule, qui prend plus de place qu’un pilier de rugby quand vous le posez à côtés de vous, et qui, lorsque vous pousserez le volume à fond, fera sauter les plombages de mémé.
L’idée est vraiment bien sentie, remarquez plutôt, une ville comme New-York peut largement rivaliser avec la Vérone de Shakespeare. Entre la multiplicité d’ethnies, de mouvements identitaires, communautaires, artistiques et bien d’autres encore que recèle New-York en son sein, y projeter la rivalité qui uni les familles Capulet et Montagüe était des plus judicieuse, notamment dans un contexte de culture Hip Hop.
La défense de ses couleurs, de son gang ou de sa famille, les battles de break-danse ou les conquêtes de territoires via l’apposition de tags bien sentis, voilà le genre d’ambiance que Ronald Wimberly nous balance dans la gueule. Non seulement ses idées sont superbement mises en scène, mais son dessin est une tuerie, avec une dynamique… on a vraiment l’impression d’avoir Public Ennemy ou N.W.A. à fond à côté de soi. Le choix de couleurs pétantes en alternance avec ses à plats de noirs, tout dans cet album est là pour me plaire.
L’amirale des mers du Sud, Carlos Nine & Jorge Zentner, éditions de la Cerise, collection La cerise sur le gâteau.
Qui n’a jamais souhaité voir le soleil souverain guidé ses pas, au coeur du pays Inca, vers la richesse et l’histoire des Mystérieuses Cités d’Or… non je déconne. Si vous souhaitez du dépaysement, vous allez être servis, mais pas dans la recherche de l’Eldorado, on va laisser cela à Guarnido & Ayrolles. Carlos Nine & Jorge Zentner évoquent eux aussi des aventuriers avides de rêves, de richesses et d’aventure, mais qui, après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb vont aller par au-delà du continent pour partir à l’exploration de l’immensité de l’océan Pacifique.
Une mission d’exploration, les premiers contacts avec les autochtones, les promesses de fortunes à venir, nous allons suivre cette flottille parti après 20 de tractation afin de trouver les fonds nécessaires pour lancer cette aventure et tenter de retrouver un archipel sur lequel ils s’étaient arrêtés avant, et grâce à l’autorisation du roi, en revendiquer la possession, pour les « sauvages » qui vient sur place, on trouvera bien un arrangement.
Mais, même si cela se passait ce de nos jours avec toute la technologie à notre disposition, retrouver une île au coeur de la plus grande surface maritime du globe et qui peut être la plus hostile. Ce récit épique digne des plus grands romans d’aventures fut la première collaboration des deux auteurs et d’après la petite introduction du livre Carlos Nine qui était en pleine recherche créative graphique ne reconnait pas la paternité de L’amirale des mers du sud. Et pourtant il n’y a vraiment pas de quoi avoir honte tellement c’est Beau.
The red rat in Hollywood, Osamu Yamamoto, éditions Véga.
La maison d’éditions Véga continue d’agréablement me surprendre avec entre autre Peleliu, mais aujourd’hui je souhaite vous présenter une perle: The red rat in Hollywood, où la chasse aux sorcières pendant la période du Maccarthysme dans le milieu Hollywoodien.
A compter du tome 2, vous bénéficierez d’un dossier en fin de volume d’explications afin de déterminer quels sont les documents officiels sur lesquels l’auteur se base, quelles sont les parts de liberté qu’il prend.
Dans un contexte de Guerre Froide, l’histoire des Etats-Unis s’est auréolée d’une sacrée réputation avec sa chasse aux communistes. Avec l’hégémonie du monde du cinéma à cette époque (déjà) et d’Hollywood en particulier. le gouvernement avait bien mis en tête, de la même manière que l’on pouvait le constater de l’autre côté du mur de Berlin, la suspicion de l’autre et ce quel qu’il soit. Alors dans un cadre phobique, quoi de plus naturel de penser que si les communistes essayent de « laver » le cerveau des « honnêtes » citoyens, ils ont investi le milieu du cinéma, regroupant comme tout le monde le sait: des dépravés, des pervertis, des drogués… les raccourcis sont faciles.
La mise au ban du personnel d’Hollywood va commencer. Pour les idées subliminales qui seraient glissées dans les films, les premiers ciblés seront donc les scénaristes, puis les réalisateurs.
De cette première présentation devant la commission, la solidarité du milieu Hollywoodien afin de soutenir leur dix confrères entendus, le premiers des nombreux jalons qui vont constituer la chasse aux sorcières vient de se clore: s’exposer publiquement, c’est s’afficher politiquement, et qu’importe l’argumentaire de l’amendement de la constitution qui protège leur droit. Les délations vont suivre, les vies personnelles et professionnelles vont se briser, mais envers et contre tout, certains ne baisseront pas les bras et continueront de lutter. Une docu-fiction hyper/super/méga intéressante et très bien documentée, avec un dessin semi réaliste qui permet d’apprécier encore plus le casting Hollywoodien. La série est en cours de parution et le quatrième tome vient de sortir.
La fin du monde en trinquant, Krassinsky, éditions Casterman.
Un gros délire autour du phénomène qui frappa (et c’est peu de le dire) la région de Toungouska à la fin du dix-huitième siècle: une météorite.
Une histoire anthropomorphique, au casting, un cochon, savant de son état et astronome en particulier. Un chien jeune apprenti arrivé aux côtés du maître, par obligation, jeune noble mais totalement crétin. Le casting recèle encore nombre de protagonistes hauts en couleur.
On pourrait penser qu’astronome, c’est un boulot ou une activité pépère, le cul dans son fauteuil on observe les coins les plus reculés de l’univers, on spécule sur les origines de la création et on en discute autour du feu. Seulement quand dans son champ de vision apparaît un phénomène qui pourrait finir sa trajectoire en plein dans votre tronche, vous voilà bien obligé de vous extirper de votre cocon.
Dans le cas de notre astronome, il se soucie de son prochain et après maints calculs, arrive à déterminer quelle région risque de pâtir des conséquences, et il se rend au gouvernement afin que les moyens nécessaires soient déployés. La région en question n’est autre que l’endroit ou l’on envoie en goulag, les opposants au régime, les meurtriers, les voleurs… la lie de la société, donc quel intérêt de se préoccuper de leur sort, si cela lui tient tant à coeur, il n’y a qu’à aller tout seul les prévenir, les aider à s’organiser. Vous vous doutez bien que tout ne se déroulera pas exactement comme il l’espérait.
Je termine par la tuerie de la semaine, un album magistral, rien que ça. Originalité scénaristique! Dominance graphique ! Mister bombastic (ah tient, cela n’a rien à faire là).
Stéphane Levallois n’est pas un inconnu pour les lecteurs des éditions Futuropolis et il a déjà eu l’opportunité de mettre en avant le monde de la peinture avec Le modèle ainsi que Les disparues d’Orsay.
Léonard2Vinci.
Le partenariat entre les éditions du Louvre et Futuropolis a ceci de particulier de toujours faire appel à un auteur à l’approche graphique et narrative originale, lui offrant l’opportunité de s’approprier le thème abordé, en l’occurrence Léonard de Vinci, Stéphane Levallois décide donc de nous offrir une réalisation généreuse.
La générosité commence par le choix de son histoire: non content de pouvoir présenter une biographie de l’illustrissime peintre, celle-ci serait tellement dense que nous aurions un tout autre ouvrage entre les mains. Du coup, vous aurez en partie une biographie par morceaux choisis, dans un contexte particulier, un récit de Science-Fiction se met en place.
L’humanité a quasiment disparue, erre à travers l’univers à bord d’un navire conservant en son sein les vestiges de notre Histoire. Alors que « quelque chose » poursuit les hommes et tente d’éradiquer l’humanité, on décèle sur un tableau de Léonard, une empreinte de doigt avec une trace d’ADN du maître. L’idée qui émerge de leurs réflexions: cloner Léonard de Vinci, peintre de génie certes, mais également inventeur des plus avant-gardistes. Serait-il en mesure de trouver une arme permettant de les sauver et d’éliminer le péril qui les menace.
Si vous avez déjà l’eau à la bouche par les éléments que je vous ai dévoilés, sachez que la générosité de Stéphane Levallois ne s’arrête pas là, l’auteur dévoile également l’étendu de la palette de ses techniques de dessins, de peintures… C’en est presque une leçon. Dans tous les cas, il est présentement l’un des plus beaux albums de cette fin d’année 2019.
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