Coups de coeur : Du grand libraire

Voici venues les heures sombres.

Une envie de lire une histoire haletante ? Un récit bien dense qui vous scotche dans votre fauteuil, saisi de frissons ou bien de crises de fou-rires ?… C’est possible !!

petrograd couvCette semaine je vous propose une sélection de trois titres seulement, ce n’est pas un regret mais quitte à faire le tri, autant le faire bien.

Il est de ces personnages que l’on ne connait pas bien mais qui parle inexorablement à chacun, son nom est connu, on sait le personnage énigmatique et on le retrouve dans différents évènements de l’histoire, et parfois même dans les histoires des autres.

raspoutine prattHugo Pratt en avait fait l’alter ego de Corto Maltese, son ennemi/ami intime: Raspoutine. Mike Mignola s’inspire également du personnage pour le premier adversaire de Hellboy, Grigory Rasputin, un russe défiant la mort, détenteur des secrets occultes les plus sombres, souhaitant le retour des dieux anciens sur la surface de la terre, provoquant ainsi sa destruction. L’inspiration ou la fascination que ce personnage historique provoque, tient au caractère singulier de cet homme ayant vécu fin XIXe, début XXe siècle.

Grigori Yefimovich Rasputin, les russes l’appelait le saint-homme, et pourtant ce proche conseiller de la Tsarine était connu pour ses frasques, prônant tous les excès. En tant que médecin, il s’occupait du bien être du fils du Tsar, un enfant gravement malade qui nécessite des soins et une attention toute particulière, cela attire sur Raspoutine la clémence royale sur ses agissements. Il enchaîne les aventures sexuelles aux yeux et au su de tous, cocufiant au grand jour mais prouvant par là-même son statut d’intouchable.

raspoutine mignoliaL’autre fait établi et qui rajoute à sa légende l’élément qui inspire ceux qui souhaitent utiliser ce personnage dans leurs œuvres: les multiples tentatives d’assassinat contre sa personne, et le fait que chaque fois il s’en soit remis, sauf bien évidemment la dernière, où il fut empoisonné, poignardé, on lui tira dessus, le roua de coups… et pour finir le bonhomme, on ne trouva rien de mieux que de le noyer dans une rivière gelée.

petrograd extrait1Philip Gelatt et Tyler Crook ont réalisé Petrograd, traduit et publié en France par Urban Comics dans sa collection Indies, une collection qui nous réserve jusqu’à présent de belles surprises comme: SagaCasanova, Severed ou encore le curieux Adventure Time.

Petrograd est l’histoire de l’assassinat de Grigori Raspoutine, nous commençons le récit en 1916 dans les tranchées, nous découvrons le front de l’Est et au travers d’une discussion de simples soldats, nous en apprenons en peu plus sur le contexte actuel de la Russie, comment elle est régie, que pense le peuple, qu’elles sont les idées émergeantes. Il est évident qu’il nous faut comprendre ou se remettre dans le contexte, savoir qu’elle est la situation certes mais surtout, comme les personnages de notre histoire, qu’elles seront les conséquences d’un tel attentat. C’est donc à travers le regard d’un homme des services secrets britanniques en poste en Russie, chargé d’infiltrer les différents milieux et classes sociales, et qui va se retrouver en plein cœur du complot. En même temps que vous découvrirez un récit historique, vous pourrez apprécier un récit policier ou plus précisément d’espionnage, quand on connait les grandes heures de la guerre froide, on voit que déjà du temps du Tsar, sa police secrète avait déjà bonne réputation.

tyler couvGardons cette ambiance un peu tendue et plongeons dans un polar noir comme mon café du matin, amer comme mon café du midi et brulant comme mon irish coffee du soir. Fabien Nury, faut-il vous présenter ce scénariste talentueux: West, Il était une fois en France, La mort de Staline, L’or et le sang, Silas Corey… Un des fils prodigue de la Bande dessinée actuelle vient de se remettre en couple avec son partenaire du remarqué Atar Gull, où le destin d’un esclave modèle, j’ai nommé Brüno.

tyler extrait1Les deux compères reviennent cette fois avec Tyler Cross, un one-shot paru chez Dargaud, un polar sombre qui tourne autour d’un personnage charismatique, un professionnel, un de ces hommes qui sait gérer n’importe qu’elle situation en sachant garder son calme, ou du moins c’est ce qu’il croit.

Monsieur Di Pietro est un vieil homme, quand on est un parrain du milieu, c’est une chose rare, et quand on a tout du retraité qui passe son temps près de la piscine, a profiter d’un repos bien « mérité », on en reste néanmoins un chef, un de ceux qui voit d’un mauvais œil les prétentions des petits morveux de la nouvelle génération qui vous poussent un peu trop vite dans le trou qui vous servira de lit jusqu’à ce que vous retourniez à la poussière. C’est ce qui va le pousser à engager Tyler Cross, afin qu’il élimine Tony, son filleul. Le plan ne va pas se dérouler comme prévu, et Tyler va se retrouver en cavale, partir au plus profond de l’Amérique, celle isolée au milieu du désert, et avec ses petits bourgs où la vie est régie par une petite poignée d’individus, voire même d’une seule et même famille. un sale quart d’heure attend Tyler, un de ceux qui vous laisse savourer le regret d’avoir fait les mauvais choix au mauvais moment.

C’est toujours un plaisir d’ouvrir un album de Fabien Nury et que dire du travail de Brüno, il garde son style mais continue de nous dévoiler ses progrès et on en redemande.

lincoln couvIl a traversé les dernières heures du Western, il a mis son grain de sable dans la révolution mexicaine, le bourreau des cœurs et des corps, mais surtout le faire valoir de dieu est de retour, Lincoln débarque, et ce n’est pas peu dire, avec les soldats américains en pleine première guerre mondiale dans les tranchées françaises. Olivier, Jérôme et Anne-Claire Jouvray reviennent avec une nouvelle aventure de Lincoln chez Paquet: Le démon des tranchées.

lincoln extraitil en a marre d’être le jouet de Dieu et du Diable, ce petit vieux et ce mexicain qui font de sa vie un calvaire, du coup Lincoln s’est engagé dans l’armée, direction la vieille Europe. Oh non, ce n’est pas dans un soucis de combattre les allemands, il espère bien trouver l’opportunité de filer en douce, trouver un coin bien peinard et se faire oublier des deux autres zigotos, de plus, dans un conflit pareil, il doit bien y avoir quelques veuves a consoler.

Pourtant, Lincoln est tout de même un peu ingrat, il faut bien le reconnaître. Si il ne veut plus avoir Dieu se le râble, il n’empêche qu’il profite bien des quelques avantages qu’il a hérité, de sa chance irraisonnée au jeu comme de sa faculté à ne pas mourir… Ce qui peut paraître un avantage pour vous, peut vite devenir une source de nervosité parmi votre entourage: un mec qui se prend un obus sur le coin de la gueu** et qui se relève peut sembler être un miracle de prime abord, quand il s’en mange une dizaine plus quelques balles dans la cafetière et que cela n’a que pour effet de le rendre cinglé, on a tendance à vouloir garder ses distances.

Voici déjà le huitième opus de la série et je ne m’en lasse toujours pas, j’adore les histoires, j’apprécie le dessin de Jérôme Jouvray comme au premier jour. Et maintenant en attendant de pouvoir lire une prochaine aventure de Lincoln, je vais déjà patienter calmement la suite de Johnny Jungle des mêmes auteurs qui devrait certainement arrivé en librairie au début de l’année prochaine, cette biographie loufoque de Tarzan et qui rend hommage à Johnny Weissmuller, celui qui incarna si souvent le personnage à l’écran.

Et voilà, c’est la fin de cette chronique et de cette sympathique sélection, je vous laisse au bon soin des mes collègues pour une petite semaine, bonne lecture à tous et bonne rentrée pour tous ceux qui retournent travailler.

 

 

 

les premiers coups de coeur de la rentrée 2013/2014

Première semaine de nouveautés pour cette rentrée et c’est parti sur les chapeaux de roue ! Et on peut dire que nous avons déjà de sérieux titres proposés temps sur le fond que sur la forme.

colone couvCommençons par le fond avec deux récits historiques et notamment avec un nouveau scénario de Christophe Dabitch aux éditions Futuropolis avec Nicolas Dumontheuil au dessin. Après Jéronimus qui relatait l’histoire de Jéronimus Cornelisz au début du XVIIe siècle et de son périble à bord du Batavia, l’histoire d’un naufrage; après Abdallahi (le serviteur de dieu), le récit du voyage de René Caillé au Début du XIXe siècle, au moment où l’on essayait de cartographier l’Afrique, le périple de 4500 kilomètres de cet homme qui se convertit à l’Islam afin de lui permettre d’être accepté au sein d’une tribu nomade et de réussir à traverser les régions désertiques qui réduisaient à néant les différentes tentatives des expéditions précédentes. Ces deux histoires étaient illustrées avec majestuosité par Jean-Denis Pendanx.

colone extraitCette fois, avec La colonne, un récit qui sera en deux parties, c’est un sujet épineux auquel les deux auteurs s’attaquent, mais ils nous en donnent une libre interprétation de l’histoire mais en respectant les faits historiques concernant la mission Voulet-Chanoine. Etant donné la liberté des auteurs, les noms ont été changés. En 1899 le capitaine Paul Boulet et le lieutenant Julien Lemoine se préparent à Paris pour leur départ vers l’Afrique centrale. Leur mission va être de recruter des hommes sur place et de participer à l’effort d’agrandissement de l’empire colonial Français.

Souley est l’un de ces soldats Africains, c’est lui que nous découvrons dès la première page de l’album, assis, silencieux et songeur. Les vautours qui l’entourent laissent présager la mort qui entoure l’homme adossé au mur, et effectivement le capitaine Boulet gît à ses cotés, mais c’est l’esprit qui s’adresse à lui qui nous intéresse. Cet esprit aux allures d’idoles Africaine n’est autre que l’esprit incarné de la colonne et c’est lui qui va nous raconter l’histoire de Souley, de Paul Boulet, Julien Lemoine et de tous ceux qui ont vécu l’aventure qui nous intéresse. Donc en alternant les discussions entre l’esprit et Souley et les flash-backs, Christophe Dabitch nous retranscrit ce pan de l’histoire méconnu, avec le dessin de Nicolas Dumontheuil qui permet de mettre une touche humoristique dans les faciès de ces colons à l’origine de ce drame.

guerres silencieuses couvContinuons avec cet autre récit, celui de Jaime Martin, qui revient sur une histoire qui le touche personnellement. Dans Les guerres silencieuses, publié dans la collection Aire Libre de Dupuis, l’auteur vient nous parler de sa famille d’origine espagnole, de ceux qui ont connu le Franquisme, et du choc des générations pour ceux qui ont suivi et pour qui cette époque reste encore un sujet difficile à aborder avec leurs ainés.

guerres silencieuses extraitC’est une histoire si proche de nous et pourtant il nous en aura fallu du temps avant que l’on en apprenne plus sur l’ingérence de la France en Algérie, ou bien dans le cas qui nous intéresse, de l’Espagne au Maroc. Je ne dis pas qu’il n’était pas possible d’avoir des informations, seulement que la tâche n’était pas aisée. En dehors d’une démarche personnelle de recherches et d’enquête, ce n’était pas à l’école que l’on pouvait aborder ces sujets, et en ce qui concerne les témoignages familiaux, il a fallu attendre parfois bien des années avant que ceux qui ont vécu ces moments historiques témoignent, y compris à leurs proches.

Dans Les guerres silencieuses, c’est à l’occasion d’une réunion de famille que Jaime va en apprendre un peu plus sur ses parents et son père en particulier. Alors qu’il est en panne d’inspiration pour son prochain récit, il profite d’une discussion à table avec sa famille pour en demander un peu plus sur ses parents, notamment savoir comment ils se sont rencontrer, c’est surtout l’occasion de détourner l’attention de son père qui s’appesantit une fois de plus sur l’époque de son service militaire. Mais ce que Jaime ne sait pas encore, c’est que ses questions sur la vie de famille sont intimement liées à celles de son pays: dans quel contexte ses parents ont grandi, l’histoire d’un pays qui a connu une guerre civile, une présence religieuse forte, un pays qui fait parti de ces anciennes nations qui colonisèrent une partie du reste du monde, ce qui en faisait une des nations les plus fortes du monde et dont l’histoire actuelle nous prouve la fragilité. Un récit qui nous permet de partager les réflexions de l’auteur sur sa vision de l’histoire, tant personnelle que dans un contexte mondial.

rabate extraitAvez vous lu 3 secondes de Marc-Antoine Matthieu? Ce livre, curieux, qui nécessitait une lecture minutieuse afin de suivre le récit sans paroles, d’une série d’évènements qui se succédaient et que l’on découvrait au gré des reflets qui s’enchainaient, et nous permettait d’avoir une vision d’ensemble au terme de notre lecture et d’ainsi pouvoir répondre aux questions que l’auteur nous avait posé avant de commencer notre lecture.

3 secondes couvEt bien c’est au tour de Pascal Rabaté de nous présenter une nouvelle œuvre originale, qui va donner au lecteur l’occasion de jouer avec le livre qu’il tient entre les mains: Fenêtres sur rue, chez Noctambule, une collection de Soleil.

C’est un livre « accordéon », entendez par là qu’il se déplie, donc attention à ne pas vous faire surprendre au risque de voir l’album vous échapper des mains. L’idée: une façade dans une rue quelconque, regroupant une laverie, un bar, un immeuble d’habitations… rien de plus classique de ce que vous trouvez dans n’importe qu’elle rue. A chaque fois que vous tournez la page, des changements sont survenus, il faut donc chercher à retrouver les « différences » (comme le jeu des 7 erreurs) d’une page à l’autre afin de retrouver où les personnages se trouvent à présent et aussi de comprendre l’histoire que Pascal Rabaté a inventé cette fois-ci: Une pièce sans paroles en dix tableaux et un décor.

Rabaté nous l’a déjà prouvé, que ce soit dans ses albums ou bien dans ses films, il aime jouer avec les effets visuels. En plus de l’histoire, vous pourrez également vous amuser à dénicher toutes les références glissées dans l’album.

ame couvAutre histoire sans paroles (ou presque), l’auteur de Toby mon ami revient avec une autre histoire publiée dans la collection Shampooing de Delcourt: Ame perdue de Gregory Panaccione.

ame extraitLa tempête fait rage, dans ce décor désolé, un petit être se réveil, il est allongé sur le sol, le nez dans l’eau, et le niveau monte, il est donc nécessaire de trouver un abri, et à défaut d’être au sec celui-ci sera au moins élevé. Ce qui permet à notre petit bonhomme de voir ce qui l’entoure, c’est à dire en dehors des cailloux… pas grand-chose.

Tiraillé par la faim, côté soif c’est pas l’eau qui manque, cet étrange énergumène va erré jusqu’à rencontrer les différentes formes de vie qui composent la faune alentour, si certains incitent à garder ses distances, une bande d’insectes quant à elle va peut-être donner une solution pour pouvoir se sustenter.

Point trop n’en faut, je me tairai donc pour vous laisser découvrir la suite de ses aventures, les charmes de l’histoire, du dessin et du personnage raviront les amateurs de récits poétiques et originaux.

Et oui, comme je vous le disais un peu plus haut, la mule était chargée pour cette première vague de nouveautés et il me reste encore deux titres à vous présenter.

le silence couvCà et Là n’a de cesse de faire du bon travail éditorial, cette fois c’est une œuvre indépendante d’origine Australienne qu’ils nous traduisent: Le silence de Bruce Mustard, un récit en noir & blanc qui me plait tant pour le dessin que pour l’histoire (je n’y peux rien si cela me fait toujours plaisir quand on titille le milieu artistique). Voici un couple immergé complètement dans le monde de l’art, Dmitri est artiste peintre, actuellement il n’est guère productif, non pas qu’il est en manque d’inspiration, seulement il se pose La question, quel est l’intérêt de peindre, quel est le rôle de la peinture et du peintre dans notre monde moderne, surtout dans l’univers artistique tel qu’il est définit dans notre société. Sa compagne, elle, n’a que faire des questions existentielles que se pose son conjoint. Choosy McBride travaille pour une galerie artistique d’art contemporain, donc pour elle le milieu artistique lui convient totalement, puisqu’elle fait partie de ceux qui le régissent et qui en vivent le mieux. C’est pourtant à l’occasion du montage de sa prochaine exposition qu’elle est amenée à se rendre dans la maison reculée de l’artiste exposé afin de la préparation de l’évènement. Elle décide d’y aller accompagnée de Dmitri, et c’est aussi l’occasion de trouver la trace d’un peintre dont elle a découvert une œuvre mais dont on ignore l’identité, seul l’endroit où la peinture a été acquise, qui se trouve à proximité de leur lieu de destination, est connu. Cela va être l’occasion de bouleverser les idées de chacun. Un bijou !

chpeau couvEt le meilleur pour la fin: Chapeau melon et bottes de cuir, une adaptation en Bande Dessinée de la série culte pour une histoire complète par Grant Morrison, Ian Gibson & Anne Caulfield. Publier par Soleil dans sa collection Comics qui présente également les raretés d’Alan Moore.

chpeau extraitVoici l’occasion de retrouver John Steed, Emma Peel et Tara King dans une histoire originale qui respecte l’humour british avec le flegme de rigueur. Une intrigue qui touche la sécurité du territoire, une série de meurtres mis en scène autour d’un club obnubilé par les jeux. Le dessin, l’histoire, les décors… respectent pour les plus puristes de la série tous les ingrédients qui pouvaient plaire au téléspectateurs.

Peut-être une des sorties les moins attendues mais une des plus incontournables pour les amateurs de l’humour britannique.

Et comme nous sommes joueurs, nous reviendrons en deuxième semaine !!!

 

 

 

 

 

 

 

Une lueur d’espoir

Perdu au milieu des flots, une source de lumière jaillit, le marin est toujours content de retrouver l’éclat de lumière que diffuse un phare dans la nuit. On se sent moins seul, et quand il y a encore un gardien dans cette tour de feu, ce qui se fait de plus en plus rare, on a toujours une pensée pour l’homme seul qui prend soin de nous indiquer le chemin, parfois même, on ressent une chaleur qui nous réchauffe le cœur.

3 eclats couvLe regretté Bruno Le Floc’h, qui nous a quitté en 2012 aimait le mer, et les quelques histoires qu’il a bien voulu nous faire partager débordait de cet amour, que ce soit de l’aventure avec sa dernière série, Chroniques Outremers aux éditions Dargaud, ou encore ses récits de vie en bord de mer, Au bord du monde, Une après-midi d’été, Saint-Germain puis rouler vers l’ouest

3 eclats extraitAvec trois éclats blancs, il s’est intéressé à ces forteresses solitaires qui émergent au cœur de la mer, et plus précisément au moment où l’une d’entre-elle s’ apprête à le faire.

Nous sommes en 1911, un jeune ingénieur débarque dans un petit port de pêche avec la mission de construire un phare. Si vous vous doutez bien que la tâche ne lui sera pas aisée, la passion qui se dégage de ce jeune homme l’aveugle et pour lui, la difficulté du labeur à venir sera une découverte. Ce n’est pas seulement les ennuis liés à l’ acheminement du matériel que la difficulté de la mise en œuvre des travaux auxquels il va être confronté. La rudesse des éléments, cette force incommensurable et infatigable de la mer, les tempêtes ravageuses qui pourraient saper le moral de plus d’un homme, les travaux qui s’éternisent… tout cela est s’en compter la difficulté qu’amène les autochtones quand ils accueillent l’idée du projet.

Voici une œuvre forte, humaine, brute… un récit bouleversant, paru aux éditions Delcourt dans la collection Mirages.

tout seul couvUn autre auteur est capable d’avoir des récits forts en aventure humaine, et parfois même avec un minimum de mots: Chabouté.

Lorsque est sorti en librairie son ouvrage Tout seul aux éditions Vents d’Ouest, la presse l’a encensé. Et pour cause…

Chabouté fait parti de ces maîtres du Noir & Blanc, nul besoin de couleur pour ce dessinateur pour vous captiver dans son récit.

tout seul extrait

Un homme sort de prison, et face à la difficulté que l’on peut imaginer à sa réinsertion sans avoir besoin de s’étendre sur cette douloureuse expérience, c’est un poste de main-d’œuvre sur un bateau de pêche qu’il vient de dénicher. Le patron est plutôt taciturne et peu expansif, si l’on ressent une légère tension entre les deux hommes, le fait de travailler en silence semble convenir aux deux hommes. C’est pourtant une bien étrange habitude qui va rompre le silence: Chaque semaine, le bateau fait escale auprès d’un phare et le patron charge le jeune homme de déposer une caisse de victuailles sur le quai avec défense absolue de monter jusqu’au bâtiment.

tout seul extrait2La curiosité étant plus fortes, il va observer de loin jusqu’à apercevoir un jour une personne sortir du phare pour venir chercher la caisse. Le marin va tout de même lui raconter que c’est le fils des anciens gardiens, qui réside depuis sa naissance, sur cet îlot isolé. Il n’a jamais mis le pied à terre et son père ayant été le dernier a quitter ce monde, a donné toutes ses économies au patron pêcheur en lui faisant promettre de subvenir aux besoins de son fils.

Nous découvrons donc un homme qui s’est construit de toutes pièces, avec ce que ses parents ont pu lui enseigner et qui ne connait du reste du monde que ce que la mer a rejeté sur le rocher. Une œuvre poétique.

terre neuvas couvL’auteur nous proposa par la suite un autre récit maritime, consacré à un jeune garçon issu du milieu agricole et qui s’engagea sur un bateau en partance pour une campagne de pêche, une des plus mythiques pour les bretons: Terre-Neuvas.

Si vous souhaitez découvrir d’autres récits sur ces navires immobiles, voici une petite sélection:

Le gardien du feu de Debois et Sandro aux éditions Soleil.

Le phare de Paco Roca chez 6 pieds sous terre.

Les gardiens des enfers de Alcante et Matteo aux éditions Glénat.

Et un des mes préférés: Mon frère le fou (de Bassan) de Séra aux éditions Futuropolis.

 

séra couv

Riff Reb's, ou l'art d'adapter des romans maritimes.

etoile matutine couvLa collection Noctambule de chez Soleil nous a présenté quelques adaptations de romans, souvent par des illustrateurs originaux, parmi eux Riff Reb’s est celui qui a été le mieux accueilli, et pour cause, ses adaptations de Jack London, Le loup des mers, et de Pierre Mac Orlan, A bord de l’Etoile Matutine, sont un ravissement pour les yeux.

riff rebs extraitA bord de l’Etoile Matutine, les histoires de pirate font toujours rêver, entre l’aventure, le danger et le mystère, les ingrédients sont toujours là pour séduire petits et grands. Nous sommes au XVIIIe siècle, un jeune garçon dans sa campagne profonde va avoir un geste malheureux, ce qui l’oblige à fuir son village et se réfugier dans l’anonymat de la grande ville portuaire de Brest. Il profite de l’ambiance chaleureuse des bars pour subvenir à ses besoins mais également pour bénéficier des récits aventureux des marins qui ravissent l’imaginaire du jeune garçon.

C’est au terme d’une soirée arrosée qu’il se retrouve embarqué sur le navire du capitaine Mac Graw, corsaire du roi, seul maître à bord de l’Etoile Matutine. Il va découvrir la rudesse de la vie à bord, les tempéraments qui s’enfièvrent rapidement, les corvées qui vous saignent jusqu’au sang et que l’air salin ravive incessamment. Le capitaine est un personnage haut en couleurs, il défie les éléments et sait se faire craindre de ses hommes, mais il sait également les contenir en leur faisant miroiter les trésors qu’ils pourront accumuler lors des abordages des ennemis de la couronne.

etoile matutine1Mais les trésors ne sont pas les seules prérogatives des ces hommes confrontés aux éléments, la solitude se fait sentir lorsque l’on évoque la compagne laissée au port, les aventures d’un soir lors d’une escale se font rares, ce qui fait que lorsqu’ils arraisonnent un navire et font une prisonnière, la tension à bord monte rapidement.

Dans l’œuvre de Pierre Mac Orlan, nous retrouvons tous les thèmes classiques que l’on connait déjà, que l’on ait lu du Stevenson ou d’autres auteurs du même genre, ou bien que l’on ait vu quelques films d’aventure comme Pirates de Polanski.

loups des mers couvJack London est l’un des auteurs les plus connus dès notre plus jeune âge, souvent conseillé aux garçons, on le découvre bien souvent par ses aventures de trappeurs isolés dans les pays de grands froids, au contact des loups. C’est également un homme qui a connu la guerre et d’autres expériences aventureuses, avec Le loup des mers, nous voici embarqués sur un navire en pleine campagne de pêche.

Tout commence dans la baie de San Fransisco pour Humphrey Van Weyden, critique littéraire, d’une traversée somme toute banale de la baie, le naufrage du steamer va l’entrainer dans une aventure bien plus périlleuse que sa petite vie tranquille l’a habitué.

Il fait parti de ces « chanceux » que l’on repêche et sauve d’une mort certaine par noyade, transit par le froid. C’es la goélette Le fantôme qui vient de le recueillir, mais à sa grande surprise, il est hors de question de le ramener à terre et il se retrouve membre d’équipage bien malgré lui. Le capitaine « Loup Larsen » n’a rien à envier au capitaine Achab, tout aussi « sympathique, il mène son équipage d’une poigne de fer, et seule la campagne de chasse aux phoques revêt de l’importance à ses yeux.

loups mers1Son tempérament créé bien des tensions au sein de l’équipage, et c’est avec son physique herculéen qu’il arrive à contenir les tentatives de mutinerie à son bord. Sa folie est mise en exergue dans son face à face avec son frère, capitaine lui aussi, et tous les coups les plus vils sont de rigueurs entre eux.

Là aussi, une histoire de femme recueillie à bord va dynamiser ce récit et bousculer le capitanat de « loup Larsen« .

loups des mers extraitsRiff Reb’s offre à ses lecteurs de magnifiques adaptations de romans déjà de très bonne qualité. Mais en plus d’avoir un dessin riche en détails, c’est également avec ses ambiances graphiques avec toujours une dominante de couleur pour chaque chapitre qu’il créé ses ambiances immersives. Il sait avec justesse nous dépeindre l’atmosphère qui règne à bord d’un navire au milieu des flots, au cœur des tempêtes comme dans les eaux les plus calmes.

Brigada tagada

brigada couvIl y aurait-il une exclusivité à la Mystérieuse Librairie ? Tout du moins comparé aux autres librairies Nantaises.

Il y a déjà un peu plus d’un an, Enrique Fernandez (Les contes de l’ère du cobra, Aurore, l’île sans sourire, le magicien d’Oz) lançait un nouveau projet de Bande Dessinée via le net et faisait appel à celles et ceux qui acceptaient de souscrire une précommande afin de pouvoir l’éditer. Comme beaucoup, nous aimions son travail, et nous avions décidé de participer à la réalisation, et si j’en crois la liste de remerciements que l’auteur adresse à tous ceux qui l’ont aidé, nous sommes la seule librairie Nantaise à y avoir cru.

brigada extrait1Et bien, ça ‘y est, l’album est réalisé, imprimé et vous pouvez venir le découvrir en magasin. L’attente fut longue, mais le résultat dépasse toutes nos espérances, le génie est au rendez-vous, tant pour une nouvelle prouesse graphique de l’auteur que pour une histoire riche en dynamisme et en aventure.

Le Voirandeer, être maléfique ou conquérant despotique, le mystère plane autour de son armée qui décime village après village, un brouillard est annonciateur de son arrivée et nul survivant pour témoigner de son attaque. Ceux qui ont tenté de l’affronter ne sont plus là, mais malgré cela, une nouvelle équipée se prépare: La Brigada. Ce sont des nains, féroces guerriers, mercenaires féroces mais dénués de toute organisation, au grand dam de celui qui vient de se mettre à leur tête. Chasseurs de monstres, ils nettoient les villages qui ont besoin de leurs services. Pour cette quête; ils bénéficient d’un sauf-conduit que les elfes, respectés par toutes les créatures, ont bien voulu leur attribuer, mais les subtilités des accords conclus pourraient leur réserver quelques désagréments…

brigada extrait2Cette nouvelle histoire n’est pas sans nous rappeler La légende des contrées oubliées, pour son subtil mélange d’aventure épique et d’humour, une nouvelle série pour laquelle il faudra être patient pour avoir la suite et qui espérons le, bénéficiera du soutien indéfectible de tous ceux qui ont aidé à la réalisation du projet que l’auteur n’a pas manqué de citer à la fin de son album, un gage de reconnaissance de sa part qui touchera certainement tous ceux qui croient en lui.

fashion couvun afficionado d’Alan Moore comme je suis, ne saurait manquer l’occasion de vous dévoiler son dernier album publié en France: Fashion Beast – La mode et la bête.

Ce projet fut monté avec Malcom Mc Laren dans l’optique d’un montage cinématographique, le projet n’ayant pas abouti, il fut dommage qu’il tombe aux oubliettes, et c’est quelques années plus tard qu’il ressurgit sous la forme de Bande Dessinée avec Antony Johnston en coscénariste et Facundo Percio au dessin.

fashion extrait2Une nouvelle fois, Alan Moore nous bluffe avec un projet étrange, un récit original, s’inspirant de La belle et la bête et de l’étrange parcours du couturier Christian Dior qui décida de vivre reclus, gardant sa part de mystère face à son génie créatif.

fashion extrait1Que de personnages étranges dans cette histoire qui semble se dérouler dans un mouchoir de poche, on a l’impression que tout se déroule dans le même quartier et que les personnages n’auront pas d’autre choix que d’être voués à se croiser. Déjà, les premiers protagonistes que l’on découvre habitent tous le même immeuble, dans les 4 appartements qui le composent, quatre groupe d’individus se préparent à sortir. Un couple d’hommes qui semblent être des policiers ou des membres d’un groupuscule extrémiste où l’ordre et la discipline sont de mise, ne faisant de place pour l’étrange ou la différence de genre. Ce qui contrebalance quelque peu avec le transformiste qui se prépare à partir à son travail, un poste de vestiaire dans une boîte de nuit, il se fait « belle », car dès lors que le nombre d’entrées est atteint et que nul ne sera plus accepté, il quitte son poste pour se donner en spectacle dernière la vitre qui domine la salle. Un autre résident de l’immeuble, Black Dandy, peaufine son style vestimentaire avant de se rendre en boîte afin d’en mettre plein les yeux à celles et ceux présents ce soir. La dernière locataire, elle, se verra refoulée au vestiaire, son humour décapant blessant son voisin, qui se venge avec subtilité en l’occupant pendant que la salle se rempli, lui refusant ainsi l’ accès à la soirée. La relation entre ces deux personnages n’en restera pas là, les déboires qui vont suivre les amènera à se retrouver dans d’autres occasions que je vous invite à découvrir.

green blood couvMasasumi Kakizaki, l’auteur de la génialissime série Rainbow, que mes deux collègues n’ont toujours pas lu, à croire que je les ai toujours déçus avec ms conseils (ignares va), ainsi que du one-shot, Hideout, manga d’horreur hommage à Stephen King, revient avec une nouvelle série toujours aussi décapante, et cette fois il nous livre un Western sombre se déroulant dans une New-York en pleine expansion: Green Blood.

Luke n’est pas né sur Tatouïne, non ! Il est d’origine irlandaise et lui et son grand frère Brad vivent à New-York à la fin du XIXe siècle, plus précisément sur l’île de Manhattan, l’endroit où s’accumule ces vagues d’immigrants venus chercher une vie nouvelle, pleins d’espoir. La désillusion est au rendez-vous, les conditions sont rudes et le jeune homme est obligé de travailler sur les docks à charrier de la marchandise comme n’importe quel adulte pour un salaire de misère. Il est pourtant obstiné et travaille courageusement et honnêtement, ce malgré les pressions des gangs qui gèrent le quartier et cherchent à agrandir leur main mise sur ce territoire hostile pour ceux qui sont sans le sou. Sa seule déception: son frère aîné, Brad passe son temps à faignanter toute la journée et ne les aide pas à subvenir à leur besoin, du moins en apparence car en fait, il est le tueur attitré des Grave Diggers, ce clan Irlandais que Luke cherche tant à éviter.

green blood extrait

The Grim Reapper, c’est le nom sous lequel il agit dans le plus grand anonymat, car nul ne ressort vivant d’une rencontre nocturne avec cet homme de main efficace. Que ce soit pour éliminer un membre d’une faction concurrente, ou un flic ripoux avide d’argent qui tenterait de les faire chanter, Brad effectue consciencieusement tous ses contrats.

green blood extrait2Masasumi Kakizaki rivalise de prouesse une nouvelle fois pour ce western, ses ambiances sombres sont un ravissement de détails, la richesse de ses cases ne souffrent absolument pas de la noirceur dominante de son trait, au contraire elle renchérit l’ atmosphère insalubre du contexte où se déroule l’histoire.

Ce nouveau western vient s’ajouter aux deux autres nouveautés du même genre que nous avions eu la chance de découvrir l’année dernière: The Arms Peddler et Peace Maker.

 

Les enfants de la mer

enfants de le mer couv Les enfants de la mer, un manga de Daisuke Igarashi publié par les éditions Sarbacane, une série en cours, 3 volumes de parus.

Ruka est une jeune adolescente pleine de vie qui vit au bord de la mer, les vacances d’été viennent de commencer et elle ne peut plus s’adonner à ses activités sportives, elle passe donc son temps entre ses ballades en bord de mer et ses visites à son père qui dirige l’aquarium marin de la ville. Alors qu’elle contemple une nouvelle fois la mer, elle aperçoit un jeune garçon qui plonge dans la baie, une phrase du jeune homme lâchée au hasard fait que Ruka décide de s’intéresser à lui.

enfants de la mer extrait1Umi (« mer » en Japonais), c’est son nom, n’a de cesse d’éveiller la curiosité de Ruka, il semble vouer une passion sans borne pour l’océan, est-ce du mysticisme de sa part, il semblerait que les poissons et la mer lui parlent, il n’en faut pas plus pour captiver la jeune fille. Umi lui raconte que lui et son frère Sora (« ciel ») ont été élevés par des Dugongs, des mammifères que l’on a souvent rapprochés des légendes liées aux sirènes et qui sont en voie d’extinction.

Les deux garçons entretiennent la même passion pour la mer et ne peuvent s’en passer, ils démontrent même des capacités de nageurs et de plongeurs qu’aucun être humain ne saurait rivaliser. Umi va également découvrir qu’ils sont accompagnés par des membres de l’institut océanographique où travaille son père, non sans certains problèmes, car si Umi a le contact facile, Sora quant à lui ne tolère que la présence de son frère et préfère s’échapper dès qu’il en a l’occasion pour passer son temps dans l’eau. Une belle histoire d’amitié voit le jour entre les trois jeunes gens.

enfants de la mer extrait2Une inquiétude nait tout de même au sein de l’équipe d’encadrement, un phénomène se propage aux quatre coins du globe, et pas seulement dans les eaux marines mais également dans différents aquariums, une étrange lueur devance la disparition des poissons et des mammifères sans aucune explication possible et affecte également Umi et Sora, une étrange aventure commence.

En se basant sur des légendes et certaines approches scientifiques, Daisuke Igarashi développe une histoire poétique, ses dessins de fonds marins sont un véritable ravissement pour les yeux et permet de démontrer la diversité littéraire et graphique que le Manga est capable de nous apporter, loin des stéréotypes des séries adaptées pour la télévision. Il nous invite au rêve, à la contemplation, et si son histoire parle facilement aux amoureux de la mer, elle peut également sensibiliser celles et ceux qui n’ont pas la chance de goûter aux bonheurs et aux mystères de l’océan et qui ignorent toutes les richesses que ceux-ci nous apportent.

 

L’eau, l’air, la v… enfin un peu de fraîcheur, quoi!

mermèreC’est l’été, et comme chaque année les éditeurs lèvent le pied et préfèrent le plonger dans la belle bleue, histoire de prendre la fraîcheur et surtout de reprendre des forces pour la rentrée. Du coup comme l’année dernière je vous propose quelques titres à découvrir en littérature, un roman étant plus pratique (en général) à glisser dans son sac de voyage.

Veuillez m’excuser, je ne suis pas du genre à me plaindre de la météo, je trouve satisfaction dans la diversité climatique, mais pour un breton des côtes du nord comme moi, l’été sur Nantes est un léger calvaire pour ma pomme côté température. Du coup je vous propose de vous plonger au fond des océans, de marcher sur les étendues glacées, de descendre goûter à la fraîcheur du métro puis de remonter vous faire cingler le visage par de grandes bourrasques de vent.

Il est méconnu du grand publique et pourtant son roman L’homme des vagues a été primé et fait parti des titres étudiés au collège, mais c’est surtout grâce à Mermère publié en 1978 que Hugo Verlomme a conquis un public de fidèles. Cette œuvre avant-gardiste est une magnifique anticipation pour l’époque sur la Terre de demain: suite à la surpopulation, la pollution et la surproduction de déchets, la montée des eaux…

Tout commence par le rêve de Horn, le jeune homme devine dans ses songes la majestuosité d’un arbre où le vent s’engouffre dans les branches qui montent haut dans le ciel, rien de bien exceptionnel pour quiconque excepté si comme Horn vous êtes né sous la surface de l’eau, et que vous ne vous êtes jamais approché de la moindre côte. De part la famille de son père, les Noé, font parti des premiers à avoir fuit les dictatures de la surface et à avoir combiné les recherches de différents savants qui ont trouvé: comment respirer sous l’eau, le moyen également de construire une habitation amphibie qui résiste à la pression des profondeurs et utiliser le magnétisme terrestre, communiquer avec les mammifères marins… Sa mère, elle, a grandi sur terre et comme certains, a rejoint bien plus tard ceux du monde aquatique; serait-ce au travers de sa mémoire génétique qu’elle aurait transmis l’image de l’arbre à son fils?

Toujours est-il que Horn souhaite être membre du prochain groupe qui aidera ceux qui souhaite quitter le monde terrestre, une exfiltration à haut risque mais qui lui permettrait très certainement de satisfaire sa curiosité. Une aventure riche en rencontres et en émotions fortes, un récit poétique et violent.

guide cargoImaginez la surprise et la joie de ses lecteurs lorsque en 2003, Hugo Verlomme propose une suite qui se déroule une ou deux générations plus tard dans le même univers: Sables. Il a écrit bien d’autres ouvrages entretemps et depuis également. Des romans, Larima Baie, Cowabunga ! surf saga, L’eau est là !… de la littérature aussi bien pour les grands que pour les petits. Mais il a écrit également Le guide de voyages en cargo qui est régulièrement mis à jour, véritable bible pour celles et ceux qui souhaitent voyager à travers le monde à moindre frais et de façon qui vous paraîtra peut-être originale mais qui reste une des formes les plus anciennes de traverser les océans du globe, il faut juste savoir être patient, pouvoir réagir rapidement lorsque l’occasion se présente et ne pas avoir envie de côtoyer ceux qui aiment le confort, les activités et jeux de bord et passer son temps le c** dans la piscine et les escales éclairs dans les lieux touristiques. Il a écrit également un livre orange avec Tigrane Hadengue et Michka qui retrace 2000 ans d’histoire, 150 auteurs, mais je laisserai les curieux trouver par eux-mêmes le sujet de cet ouvrage qui regroupe les différents avis, études et autres pamphlets pour ou contre le thème abordé.

metro 2033 couvAprès les fonds marins, passons si vous le voulez bien sous terre, pour ceux qui me diront que le métro n’est pas si frais que ça, dites vous qu’en 2033, après une catastrophe nucléaire, le métro ne circule plus et donc c’est bien plus vivable, non je déconne, il fait peut-être plus frais mais l’ambiance est bien plus chaleureuse qu’un été de canicule. Bienvenue dans Metro 2033 de Dmitry Glukhovsky « un p’tit russe qui n’en veut » publié chez nos amis des éditions L’Atalante.

Le saviez-vous: le métro russe a été développé en prenant compte la crainte d’une guerre nucléaire lors de la période de la guerre froide, où aussi bien les Russes que les Américains pensaient que cela allait péter d’un moment à l’autre. Il leur aura fallu attendre, mais effectivement ils avaient construit solide et lorsque les bombes se sont répandues sur Terre, ceux qui ont eu la chance de pouvoir se réfugier dans le métro survivent depuis bientôt 20 ans dans le méandre de ses stations.

metro jeuEn suivant les aventures d’Artyom, nous allons pouvoir traverser le métro et découvrir comment la vie s’est réorganisée: les méthodes de survie, les spécificités de certaines stations en fonction de ce qu’ils peuvent produire, transformer, négocier… Nous allons également découvrir que ce n’est pas seulement de eux-mêmes que les hommes doivent se défendre, la situation de survie créant des jalousies ou des envies de pouvoir, mais les retombées radioactives ont modifié la faune et la flore à la surface et certains accès laissent parfois des infiltrations mettre en danger la survie même de tout le réseau.

Artyom vit dans une station légèrement excentrée, comme tout homme valide et ce malgré son jeune âge, il est en charge de la sureté et doit faire ses tours de garde comme les autres et lorsque ce n’est pas le cas doit participer aux activités d’entretien, de production de nourriture… Mais pour l’heure, il est de faction avec ses partenaires et la tension est à son comble, une nouvelle forme d’envahisseurs est apparue aux portes de la stations, même pour ceux qui sont le plus aguerris, ce danger pourrait ne pas être contenu. L’arrivée de « Hunter« , un homme atypique, auquel le père adoptif d’Artyom ainsi que d’autres vétérans semblent lui porter un respect teinté de crainte, dont le jeune homme n’arrive pas à percer le mystère. Sa fascination pour cet homme va lui faire accepter une mission qui l’incitera à quitter sa station pour aller à la découverte du reste du métro dont il ignore tout en dehors des histoires que colportent les marchands itinérants, et se rendre compte qu’il y à bien plus de bizarreries qu’il ne pourrait l’imaginer. Son voyage l’amènera également à la surface et il pourra lui aussi être le témoin des vestiges de notre civilisations.

Cette œuvre est un phénomène mondial, Dmitry Glukhovsky a écrit d’autres histoires dans cet univers et a établi des bases permettant à d’autres auteurs de raconter de part le monde d’autres récits se déroulant dans les différents lieux où des survivants auraient pu se réfugier. L’auteur a instauré un cahier des charges que les auteurs doivent respecter pour l’homogénéité de l’œuvre complète et si des histoires se déroulent en même temps au même endroit, le lecteur doit pouvoir s’y retrouver s’en qu’il y ait d’  invraisemblance. A noter qu’il existe également des versions en jeux vidéos et que l’on parle d’une possible adaptation à l’écran.

hordePour avoir un petit peu d’air, quoi de mieux qu’une petite brise ?

Dans La horde du contrevent de Alain Damasio, vous allez être servis, bon il ne va peut-être pas trop falloir traîner dehors car là, ce sont de véritables bourrasques qui balayent l’univers qu’il a créé.

Imaginez un monde balayé en permanence par des vents provenant tous du même point d’origine. Sur le point le plus éloigné se trouve la cité principale, acculée à une montagne infranchissable, elle est prospère et est en relation avec les autres formes de civilisations reparties en amont des courants aériens. Plus vous remontez vers l’origine de ce phénomène météorologique, plus les vents sont violents et les conditions de vie sont difficiles voir impossibles. La nature de cette tempête incessante n’a de cesse de faire poser un bon nombre de questions, c’est pourquoi, à chaque génération est envoyée en exploration une sélections d’aventuriers afin de percer les secrets de son origine: La horde du contrevent.

Chaque membre de l’expédition n’a été élevée que dans ce but avec chacun une spécificité, les membres les plus forts seront chargés de sécuriser la cordée et d’affronter bille en tête les bourrasques, tandis que les autres membres s’assureront soit de la partie scientifique, soit de trouver à manger. Ainsi nous trouvons des spécialistes en botanique, en oiseaux, en phénomènes propres au monde qu’ils partent explorer… Certains diplomates accompagnent l’expédition pour toute les négociations qui pourraient advenir au cours du périple. Un voyage tant initiatique que mystique.

Alain Damasio a également créé un langage qui codifie les différents types de vents que ses personnages devront pouvoir analyser afin d’anticiper des situations périlleuses. C’est pourquoi il existe même une édition de cet ouvrage avec un CD d’ambiance sonores spécialement conçue pour accompagner le lecteur.

vierge pocheA la rentrée sortira la troisième et dernière adaptation des Racontars de Jorn Riel par Gwen de Bonneval et Hervé Tanquerelle, aux éditions Sarbacane. En attendant, pourquoi ne pas se pencher sur les œuvres de l’auteur publiées chez 10/18, consacrées à ces trappeurs du Groenland.

Ces récits semblent tous plus loufoques les uns que les autres, chaque livre regroupant plusieurs récits courts. Ils mettent en scène ces hommes isolés du reste du monde au milieu des glaces, soumis à des intempéries extrêmes, ils vivent soit seul ou avec un ou deux compagnons dans leur baraquement et ne survivent qu’avec leur maigres rations ou au gré de leurs prises de chasse et de pêche.

Si certains arrivent à survivre à ces conditions depuis plusieurs années, la majeur partie ne sont en général que quelques intrépides qui tentent l’aventure et ne vont, bien souvent, ne pas aller au delà de une ou deux campagnes. Certains ne tiennent pas face aux températures, ne parviennent pas à s’adapter à cette nuit permanente au cœur de l’hiver du Groenland qui dure un peu plus d’un mois, mais surtout c’est l’isolement qui en perturbe plus d’un.

La folie douce de ces hommes vous fera sourire, voire rire aux éclats. Ils se sont réinventés un mode de vie, un rythme et des repères sociaux propres à leur situation. Tant que l’on ne vient pas les bousculer et leur imposer (ou tout simplement leur rappeler) des règles ou croyances, pour eux tout homme a le droit d’avoir ses idées et de les exprimer, si par contre vous souhaitez marcher sur leur plates bandes, c’est à vos risques et périls.

Un bon bol d’air glacé, de l’humour et des situations rocambolesques, voici le programme de Jorn Riel qui tel un conteur, déclare ne se contenter que de rapporter les récits et ces hommes qui ont fait le choix de s’isoler du reste du monde. Il a même été publié un ouvrage de photos de deux hommes partis sur les traces des vestiges des cabanes qui abritaient ces trappeurs, qui à l’heure d’aujourd’hui sont revenus dans le monde « civilisé ».

vierge bdJ’espère vous avoir donné des idées, vous avoir rafraîchi un temps soit peu. Au revoir, à bientôt.

 

 

 

Science-Fiction, Anticipation, Fantastique…

massive couvHello everybody, je suis toujours heureux de vous faire découvrir de nouvelles choses surtout si elles m’ont apporté quelques satisfactions.

Tout d’abord, The Massive t1, Pacifique noir du trio Brian Wood, Kristian Donaldson et Garry Brown publié par Panini dans sa collection Fusion Comics. Cette fiction peut être considérée comme de l’anticipation étant donné qu’elle se base sur les bouleversements climatiques à venir, et va raconter l’histoire d’un groupe d’écologistes activistes dans la protection des océans faune et flore incluses.

massive extraitCallum Israel est le capitaine du Kapital, un navire du groupe Neuvième vague qui lutte contre toutes les dérives de chasses, de pollutions, d »exploitations que les gouvernements ou entreprises voire mêmes de particuliers peuvent commettre contre les océans. Il est accompagné par un équipage de volontaires issus de toutes les nationalités et convaincus du bien fondé de son action. L’organisation possède deux navires pour toutes leurs opérations, mais suite au bouleversement climatique, une succession de cataclysmes a fait que le Massive a disparu, et ce n’est qu’avec les rares échos radars qu’ils arrivent à capter que le Kapital et son équipage tentent de le retrouver. Leur tâche n’est pas de tout repos car les bouleversements sont également politiques, sociaux… Et c’est là l’un des intérêts de cette création, les auteurs ont su redéfinir la carte du monde ainsi que des forces en présence. Les Etats-Unis sont, par exemple privés de toute forme d’énergie, ce qui leur a fait perdre tout leur poids dans les rapports internationaux, des groupuscules situés au bord de l’Antarctique, au confins de l’Afrique ou dans des cités portuaires comme Hong-Kong ont su s’adapter et prendre une ascendance sur la réorganisation mondiale.

dmzAprès avoir écrit DMZ, l’histoire d’une nouvelle guerre civile Américaine (qui vient tout juste de finir d’être publiée en France chez Urban Comics), le scénariste Brian Wood rivalise de génie avec cette anticipation, si l’on suit un équipage dans un nouveau concept de l’ordre mondial, on s’intéresse également à l’équipe qui constitue le noyau décideur de l’organisation Neuvième vague. Chaque personnage révèle au fur et à mesure sa personnalité, des documents: le journal de bord du capitaine, des dossiers confidentiels, des articles publiés sur le Net… vont étoffer cette histoire qui vous permettra de rassasier votre curiosité.

La maison d’édition a rajouté une remarque intéressante sur la quatrième de couverture (le dos du bouquin): Quel est le rôle d’un écologiste quand la fin du monde a déjà eu lieu ? Je vous laisse méditer là-dessus.

amvamp couvAutre comics paru il y a peu, American Vampire Legacy t2, le réveil du monstre. Ce deuxième opus des histoires dérivées de la série mère de Scott Snyder (le scénariste) est dessinée cette fois par Dustin Nguyen, le précédent étant dessiné par Sean Murphy, cela avait attiré l’attention de plusieurs d’entre vous, Dustin est tout aussi talentueux mais pour ceux qui préfèrent Sean, rassurez-vous c’est lui qui dessinera le troisième tome.

Publiée initialement par Panini, c’est Urban Comics qui a pris le relai de sa parution en France et les premiers albums seront prochainement réédités à l’occasion de la sortie du troisième tome de la série principale, c’est à dire le 21 Juin.

amvamp extrait1Alors que les albums principaux se déroulaient aussi bien en plein Far-West ou bien en pleine expansion d’Hollywood, la série Legacy s’intéresse à un groupe que l’on peut comparer à celui du B.P.R.D. dans l’univers d’Hellboy, ou également à Saya dans Blood the last Vampyre, une vampire qui chasse ses congénères  pour une organisation humaine. Les histoires se déroulent au moment de la seconde guerre mondiale ou dans les années qui suivent et dans l’histoire qui vient de paraître, on aborde Le personnage le plus emblématique du monde vampirique.

Une série que je conseille pour les amateurs de frissons qui se laisse lire agréablement au beau milieu de la nuit, lorsque le moindre bruit prend une importance démesuré quand toute votre attention est sollicitée.

opus couvConnaissez-vous feu Satoshi Kon ? Si ce n’est pas le cas voici une occasion d’y remédier, en livre en tout cas, mais je vais également vous parler de ses films.

p)erfect blueUne des premières œuvres de Satoshi Kon que nous avons pu découvrir en France, c’est Perfect Blue, une œuvre qui inspira David Lynch, un thriller qui vous fait perdre pied au fur et que l’histoire progresse. Nous suivons une jeune chanteuse d’un groupe de girls band qui vient de décider de mettre un terme à sa carrière afin de se tourner vers le cinéma, on va donc suivre le personnage principal, entourée de ses deux managers, l’homme qui essaye de lui trouver des contrats intéressants et la femme qui regrette ce changement de carrière. L’histoire basculera petit à petit en suivant le blog qui lui est dédié où toute sa vie est relatée dans les détails les plus infimes, elle serait donc suivi par un « stalker », un de ces groupies envahissant voire violent, point trop de détails pour vous laisser le plus d’angoisse possible.

Par la suite nous avions eu le droit à Millenium actress, cette fois c’est l’enquête de deux journalistes qui ont retrouvé la trace et l’exclusivité d’interviewer une actrice très âgée qui aurait traversé l’évolution du cinéma Japonais. Elle va raconter sa vie et son parcours professionnel, et là encore tout bascule: les deux journalistes se voient projeter au cœur même des films qu’elle évoque, perdant pieds avec la réalité.

millenium actressNous avons eu le droit de découvrir d’autres de ses œuvres et notamment ses collaborations avec Katsuhiro Otomo (Akira, Mother Sarah…), Mamoru Oshi (Ghost in the Shell, Avalon, Sky Crawlers…) avec Tokyo godfathers, Memories

Les éditions Imho nous réservent cette année plein de belles surprises, début 2013 nous avons eu le droit à une des plus complètes biographie consacrée à Mamoru Oshi, ce mois-ci paraît la première partie de Opus de Satoshi Kon et… au mois d’Octobre sortira Seraphim, une collaboration des deux auteurs dont je ne manquerai pas de vous pondre un nouvel article.

seraphimpourquoi vous avoir présenté ses deux films avant de vous parler d’Opus ?

Dans cette histoire, Satoshi Kon reprend plus ou moins le même procédé, c’est à dire la projection du personnage principal dans l’œuvre elle même. Je dois avouer que lorsque j’ai commencé à lire ce manga, je me suis demandé quelques secondes si l’éditeur n’avait pas commis une erreur: il ne m’est jamais arrivé auparavant de commencer une nouvelle histoire avec un résumé des épisodes précédents… qui n’existent pas. Mais très vite (au bout de 5/6 pages, on comprend que l’on parcourt la nouvelle histoire que Chikara Nagai, mangaka de profession, est en train d’écrire. Comme c’est souvent le cas au Japon, son éditeur fait le pied de grue dans son atelier afin de pouvoir boucler l’édition hebdomadaire et se tient informé de l’évolution de l’histoire et des personnages. Si tous les deux sont satisfaits des évènements à venir, il ne va pas en être de même pour l’un des personnages du manga en question et il va accéder au monde réel et voler le dernière planche qui le met en scène. L’auteur ne se laissant pas faire se voit projeté dans l’univers qu’il a créé et pense que son imagination lui joue des tours tellement il est fatigué d’essayer de tenir ses délais de bouclage.

Vous l’aurez certainement compris, j’ai adoré !!!!!!!

A bientôt, le grand libraire

Il y'en aura pour tout le monde

adrastee couvAmis lecteurs, bonjour. Cette sélection sera riche en diversité cette fois, du mythe à la réalité, de la première réalisation à l’auteur chevronné, il en faut pour tous les goûts.

Mathieu Bablet n’en est pas à son premier essai, mais il reste encore assez méconnu du grand public, avant de participé à l’album collectif Doggy Bags n°2 il nous avait proposé son premier ouvrage La belle mort, récit de science-fiction mettant en scène quelques survivants errant sur notre Terre, dévastée et aux prises avec des insectes extra-terrestres. Pour son nouvel album, l’auteur reste fidèle au Label 619 ou tout du moins à l’éditeur Ankama et s’attaque cette fois au mythe.

adrastee extraitAdrastée est une histoire en deux parties où un immortel va traverser la Grèce antique et ses personnages mythologiques. L’Hyperborée, le royaume dont il était le roi, était la région appelée par les grecs située au nord de leur contrée, elle englobait tous les territoires recouverts de glaces ainsi que ceux inexplorés et pourtant riche de légendes. L’une d’entre-elles était celle de ce royaume de personne à la peau pâle à la tête de laquelle régnait un être immortel. Il a pu connaître le désespoir de voir disparaître celle qu’il aimait ainsi que tout son royaume qui tomba en ruine, après une période de mille ans, il décide de partir vers le mont Olympe afin de chercher réponse auprès des dieux. Pour cela il va devoir traverser maintes régions riches en personnages légendaires comme le Sphinx, gardien des frontières, les Harpies ces oiseaux à la tête de femme et dont la férocité est sans égal ou encore Talos, géant mécanique défenseur du royaume du roi Minos, Polyphème le cyclope, fils de Poséidon, célèbre pour son intervention dans l’histoire d’Ulysse. C’est pourtant dans les cités des hommes que l’attendent ses plus grandes surprises, il est lui-même une légende, et si les hommes ignorent qui il est, son immortalité est sujet de toutes les convoitises.

Mathieu Bablet fait preuve une nouvelle fois d’une richesse graphique et narrative qui fait de son album une petite exception dans la production actuelle.

yokozuna couvYokozuna, voici le premier album aussi bien pour le scénariste Jérôme Hamon que pour le dessinateur Marc Van Straceele qui se sont lancés dans cette collaboration pour présenter un récit consacré à Chad Rowan, un Hawaïen qui a réussi à décrocher le titre le plus honorifique qu’un sumotori puisse atteindre: être un Yokozuna.

Cette biographie est une libre adaptation du parcours de cet homme qui est connu au Japon sous le nom d’Akebono, l’aube, en rapport avec son physique de plus de deux mètres, lorsqu’il se redresse, le mouvement prend autant de majestuosité que le soleil se levant sur l’horizon. Il ne fut pas le premier originaire de son île a se lancer dans cette carrière et à être consacré champion, mais le statut de Sumotori reste emblématique au Japon et il n’est pas bien perçu que des étrangers osent toucher à ce symbole.

C’est sans grande conviction qu’il fit le voyage, car c’est son frère qui était sollicité au départ, sa taille et sa corpulence étant de prime abord considérée comme un handicap. Il va découvrir un sport, un état d’esprit, une philosophie qu’il était à mille lieues d’imaginer auparavant et pourtant il va surmonter les difficultés liées à sa méconnaissance de la langue, du rapport de hiérarchie qui prédomine dans tous les domaines au Japon lorsque l’on est novice ainsi que la réserve dont il faut savoir faire preuve y compris dans le cadre du dépassement de soi.

Ce récit est publié par Kana dans sa collection Made In, ce label nous a proposé déjà des petites perles comme Une vie chinoise, Bicycle 3000, quelques titres de jiro Taniguchi  et d’autres créations encore, et c’est non sans fierté que les auteurs apprécient d’avoir été catalogués eux aussi dans cette collection au vu de la qualité de leur travail. Vivement le deuxième tome qui clôturera cette histoire et souhaitons leur une belle carrière.

camargue couvUn autre récit inspiré d’une histoire vraie, Camargue Rouge de Michel Faure, d’après un conte de Jean Vilane, et publié par les éditions Glénat. Voici le genre d’album qui vous raconte une belle histoire d’amitié, de rencontre culturelle et qui relate une histoire simple sans que l’auteur est besoin d’y mettre du suspens ou une intrigue qui serait sensée aiguiser l’attente du lecteur.

camargue extraitMichel Faure n’est pas un petit jeune dans l’univers de la Bande-dessinée et cela se voit peut-être dans son dessin,  mais on voit que lui en tout cas n’utilise pas d’ordinateur, ce qui à tout pour me plaire. C’est un western un peu particulier qu’il nous propose étant donné qu’il va se dérouler en Camargue, le pays des taureaux noirs et des chevaux blancs.

Buffalo Bill n’est pas seulement célèbre pour son rôle de massacreur de bison mais également pour son fameux cirque qui fit le tour de la planète afin de faire découvrir les légendes de l’ouest américain. Au cours de sa tournée, un incident dans le port de Marseille reteint une partie de la troupe quelques temps en France et ce fut l’occasion pour le marquis de Baroncelli, admiratif devant le peuple indien, de les invités à venir passer quelques jours sur ses terres. Cela va être l’occasion de partager leur passion et d’échanger leur culture, c’est également le moment ou le peuple gitan se donne rendez-vous aux Saintes Maries, ce qui donnera une rencontre humaine des plus riche pour chacun.

vent couvil n’y a pas si longtemps, je vous faisais la promotion de Kongo chez Futuropolis, une histoire de Joseph Conrad qui donnerait naissance à son chef d’œuvre: Au cœur des ténèbres. Le scénariste Christian Perrissin revient pour un récit consacré à l’homme face aux démesures de la nature avec Eric Buche au dessin, et cette fois, c’est dans le cadre de l’histoire de l’aéropostale que se déroule ce récit: Le vent des cimes.

vent extraitJack Rouault fait parti de ces pilotes bravant les intempéries pour amener en temps et en heure le courrier à l’autre bout de la planète. Nous n’en sommes qu’au balbutiement de l’aéropostale et toutes les preuves sont à faire, du coup le patron de la compagnie demande à ses pilotes de défier tous les dangers, que ce soit ceux des intempéries mais aussi du vol de nuit. Après avoir connu les traversées Sahariennes, c’est aux Andes que jack est arrivé, et cette fois, il a une bonne raison d’être pressé d’arriver, sa fiancée, Rachel Wiezman, pilote elle aussi mais de voltiges, l’attend afin de célébrer leur union.

Il arrive qu’il puisse il y avoir du retard, mais l’absence de message, la tempête qui vient de se lever ne font qu’augmenter l’inquiétude de Rachel, et au risque de compromettre la carrière de leur ami Antoine qui les fit se rencontrer, elle décide de prendre les airs à ses côtés et de partir à la recherche de jack.

Des scènes de cabarets argentins aux sommets enneigés, de la luminosité des ciels dégagés de haute altitude aux méandres des tempêtes de neige et de glace, Eric buche sait mettre en valeur ce récit d’aventure humaine comme Christian Perrissin sait si bien nous offrir, c’est aussi lui qui nous proposa Martha Jane Canary, l’adaptation des lettres que Calamity Jane écrivit à sa fille.

chercheur fantome couvUne touche de récit délirant pour finir ma chronique: Le chercheur fantôme de Robin Cousin chez Flblb éditions.

chercheur extraitTout commence avec la prise de fonction d’un directeur d’un centre de recherches qui apparemment vient de subir un remaniement en grandes pompes. Pour l’aider dans sa gestion des locaux, il a à sa disposition les vidéos que son prédécesseur lui a laissé, journal chronologique de l’évolution du projet d’études. Ensuite nous nous intéressons à un biologiste qui découvre ce centre riche en promesses pour l’aider dans ses recherches: un local spacieux, des moyens quasi illimités… Il va s’intéresser à ses nouveaux collègues qui chacun dans leur domaine, ont tendance à rester reclus dans leur laboratoire. Mais c’est l’une de ses voisines qui va mettre le doigt sur un mystère: alors que tout le monde connait tout le monde, il semblerait qu’il y ait un chercheur dont on ignore tout et que personne n’aurait vu.

Vous découvrirez que cette situation fait partie du projet lui-même, que vous venez de mettre le doigt dans les engrenages de la théorie du chaos et qu’il est dangereux de vouloir connaître l’avenir. pour les amateurs d’absurdités savamment élaborées et loufoques à souhait.

A bientôt pour de prochaines aventures et d’ici-là bonnes lectures.