Une envie de lire une histoire haletante ? Un récit bien dense qui vous scotche dans votre fauteuil, saisi de frissons ou bien de crises de fou-rires ?… C’est possible !!
Cette semaine je vous propose une sélection de trois titres seulement, ce n’est pas un regret mais quitte à faire le tri, autant le faire bien.
Il est de ces personnages que l’on ne connait pas bien mais qui parle inexorablement à chacun, son nom est connu, on sait le personnage énigmatique et on le retrouve dans différents évènements de l’histoire, et parfois même dans les histoires des autres.
Hugo Pratt en avait fait l’alter ego de Corto Maltese, son ennemi/ami intime: Raspoutine. Mike Mignola s’inspire également du personnage pour le premier adversaire de Hellboy, Grigory Rasputin, un russe défiant la mort, détenteur des secrets occultes les plus sombres, souhaitant le retour des dieux anciens sur la surface de la terre, provoquant ainsi sa destruction. L’inspiration ou la fascination que ce personnage historique provoque, tient au caractère singulier de cet homme ayant vécu fin XIXe, début XXe siècle.
Grigori Yefimovich Rasputin, les russes l’appelait le saint-homme, et pourtant ce proche conseiller de la Tsarine était connu pour ses frasques, prônant tous les excès. En tant que médecin, il s’occupait du bien être du fils du Tsar, un enfant gravement malade qui nécessite des soins et une attention toute particulière, cela attire sur Raspoutine la clémence royale sur ses agissements. Il enchaîne les aventures sexuelles aux yeux et au su de tous, cocufiant au grand jour mais prouvant par là-même son statut d’intouchable.
L’autre fait établi et qui rajoute à sa légende l’élément qui inspire ceux qui souhaitent utiliser ce personnage dans leurs œuvres: les multiples tentatives d’assassinat contre sa personne, et le fait que chaque fois il s’en soit remis, sauf bien évidemment la dernière, où il fut empoisonné, poignardé, on lui tira dessus, le roua de coups… et pour finir le bonhomme, on ne trouva rien de mieux que de le noyer dans une rivière gelée.
Philip Gelatt et Tyler Crook ont réalisé Petrograd, traduit et publié en France par Urban Comics dans sa collection Indies, une collection qui nous réserve jusqu’à présent de belles surprises comme: Saga, Casanova, Severed ou encore le curieux Adventure Time.
Petrograd est l’histoire de l’assassinat de Grigori Raspoutine, nous commençons le récit en 1916 dans les tranchées, nous découvrons le front de l’Est et au travers d’une discussion de simples soldats, nous en apprenons en peu plus sur le contexte actuel de la Russie, comment elle est régie, que pense le peuple, qu’elles sont les idées émergeantes. Il est évident qu’il nous faut comprendre ou se remettre dans le contexte, savoir qu’elle est la situation certes mais surtout, comme les personnages de notre histoire, qu’elles seront les conséquences d’un tel attentat. C’est donc à travers le regard d’un homme des services secrets britanniques en poste en Russie, chargé d’infiltrer les différents milieux et classes sociales, et qui va se retrouver en plein cœur du complot. En même temps que vous découvrirez un récit historique, vous pourrez apprécier un récit policier ou plus précisément d’espionnage, quand on connait les grandes heures de la guerre froide, on voit que déjà du temps du Tsar, sa police secrète avait déjà bonne réputation.
Gardons cette ambiance un peu tendue et plongeons dans un polar noir comme mon café du matin, amer comme mon café du midi et brulant comme mon irish coffee du soir. Fabien Nury, faut-il vous présenter ce scénariste talentueux: West, Il était une fois en France, La mort de Staline, L’or et le sang, Silas Corey… Un des fils prodigue de la Bande dessinée actuelle vient de se remettre en couple avec son partenaire du remarqué Atar Gull, où le destin d’un esclave modèle, j’ai nommé Brüno.
Les deux compères reviennent cette fois avec Tyler Cross, un one-shot paru chez Dargaud, un polar sombre qui tourne autour d’un personnage charismatique, un professionnel, un de ces hommes qui sait gérer n’importe qu’elle situation en sachant garder son calme, ou du moins c’est ce qu’il croit.
Monsieur Di Pietro est un vieil homme, quand on est un parrain du milieu, c’est une chose rare, et quand on a tout du retraité qui passe son temps près de la piscine, a profiter d’un repos bien « mérité », on en reste néanmoins un chef, un de ceux qui voit d’un mauvais œil les prétentions des petits morveux de la nouvelle génération qui vous poussent un peu trop vite dans le trou qui vous servira de lit jusqu’à ce que vous retourniez à la poussière. C’est ce qui va le pousser à engager Tyler Cross, afin qu’il élimine Tony, son filleul. Le plan ne va pas se dérouler comme prévu, et Tyler va se retrouver en cavale, partir au plus profond de l’Amérique, celle isolée au milieu du désert, et avec ses petits bourgs où la vie est régie par une petite poignée d’individus, voire même d’une seule et même famille. un sale quart d’heure attend Tyler, un de ceux qui vous laisse savourer le regret d’avoir fait les mauvais choix au mauvais moment.
C’est toujours un plaisir d’ouvrir un album de Fabien Nury et que dire du travail de Brüno, il garde son style mais continue de nous dévoiler ses progrès et on en redemande.
Il a traversé les dernières heures du Western, il a mis son grain de sable dans la révolution mexicaine, le bourreau des cœurs et des corps, mais surtout le faire valoir de dieu est de retour, Lincoln débarque, et ce n’est pas peu dire, avec les soldats américains en pleine première guerre mondiale dans les tranchées françaises. Olivier, Jérôme et Anne-Claire Jouvray reviennent avec une nouvelle aventure de Lincoln chez Paquet: Le démon des tranchées.
il en a marre d’être le jouet de Dieu et du Diable, ce petit vieux et ce mexicain qui font de sa vie un calvaire, du coup Lincoln s’est engagé dans l’armée, direction la vieille Europe. Oh non, ce n’est pas dans un soucis de combattre les allemands, il espère bien trouver l’opportunité de filer en douce, trouver un coin bien peinard et se faire oublier des deux autres zigotos, de plus, dans un conflit pareil, il doit bien y avoir quelques veuves a consoler.
Pourtant, Lincoln est tout de même un peu ingrat, il faut bien le reconnaître. Si il ne veut plus avoir Dieu se le râble, il n’empêche qu’il profite bien des quelques avantages qu’il a hérité, de sa chance irraisonnée au jeu comme de sa faculté à ne pas mourir… Ce qui peut paraître un avantage pour vous, peut vite devenir une source de nervosité parmi votre entourage: un mec qui se prend un obus sur le coin de la gueu** et qui se relève peut sembler être un miracle de prime abord, quand il s’en mange une dizaine plus quelques balles dans la cafetière et que cela n’a que pour effet de le rendre cinglé, on a tendance à vouloir garder ses distances.
Voici déjà le huitième opus de la série et je ne m’en lasse toujours pas, j’adore les histoires, j’apprécie le dessin de Jérôme Jouvray comme au premier jour. Et maintenant en attendant de pouvoir lire une prochaine aventure de Lincoln, je vais déjà patienter calmement la suite de Johnny Jungle des mêmes auteurs qui devrait certainement arrivé en librairie au début de l’année prochaine, cette biographie loufoque de Tarzan et qui rend hommage à Johnny Weissmuller, celui qui incarna si souvent le personnage à l’écran.
Et voilà, c’est la fin de cette chronique et de cette sympathique sélection, je vous laisse au bon soin des mes collègues pour une petite semaine, bonne lecture à tous et bonne rentrée pour tous ceux qui retournent travailler.