Il ne sert à rien… vous avez remarqué comme j’aime bien commencé mes articles par une négation, il paraît que cela ne se fait pas, et cela vous vaudrait une mauvaise note en rédac’ de français, mais je n’en n’ai cure. Je disais donc: Il ne sert à rien d’en faire des caisses pour être efficace.
Motorô Mase est un auteur japonais que nous apprécions déjà pour sa série Ikigami, préavis de mort, série terminée en 10 volumes qui remettais en cause, d’un côté l’anticipation de la surpopulation et de l’autre un endoctrinement pour la prospérité nationale, sous couvert de plusieurs portrait de personnes qui se voyaient délivré une attestation qu’ils allaient mourir dans les 24 heures, ouvrant des droits privilégiés pour leur famille. Les différentes histoires permettaient de mettre en avant les différentes réactions des destinataires du préavis de mort.
Revoilà donc sur le devant de la scène, l’auteur avec une idée avant gardiste: Demokratia. Nous sommes confrontés à une question d’éthique. La société entretien un rapport particulier envers le clonage et également le développement de la robotique. Pour l’heure, nous découvrons Taku Maezawa, jeune homme, élève en ingénierie et Hisashi Iguma spécialiste en robotique.
Les deux hommes viennent de faire connaissance, et après un premier contact en viennent à développer un nouveau concept qu’ils souhaiteraient mettre en application: créer un robot qui pourrait être animé par un groupe d’internautes en ligne. Un suivi et un développement d’une personnalité animée physiquement et intellectuellement par un choix décisionnaire participatif.
Réaliser un robot à apparence humaine n’est plus un problème en soi, l’originalité et la difficulté suivante est d’effectuer une sélection de 3000 personnes au hasard qui auront en mains le destin de Mai, cet androïde féminin. Une charte d’utilisateurs est mise en place afin d’assurer un sérieux de la part des utilisateurs et qu’il n’y est pas de débordements.
Chaque faits et gestes seront donc soumis à la suggestion et au vote des personnes liées. Dans chaque cas, 4 propositions seront soumises au vote, les deux regroupant le plus grand nombre de proposition commune ainsi que les deux minoritaires, l’interaction qui sera retenue sera ensuite mise en application par Mai. Si vous voulez maintenant comprendre ce que je viens d’essayer de vous expliquer, je vous invite à lire Demokratia, aux éditions Kazé, et à comprendre la pertinence de cette histoire.
Ces dernières années, nombreux sont les auteurs et les éditeurs à s’être cassées les dents sur le genre de la Science-Fiction, même s’il y a toujours des amateurs, ils sont en sous nombre et n’ont pas toujours les mêmes attentes pour qu’une nouveauté puisse émerger.
Christophe Bec n’est pas un inconnu dans le milieu, et en collaboration avec Jaouen, ils viennent de débuter une nouvelle série qui sera terminée en 3 tomes seulement, chez Casterman: Eternum, tome 1 Le sarcophage. La préface des auteurs vous annoncera la couleur d’emblée, rendre hommage aux films de Science-Fiction des années 80′ qui restent pour tous les amateurs, le sommet de l’iceberg, Alien, 2010 l’année du premier contact, Outland…
Point de surprise, donc ? Que nenni chers lecteurs. Il est vrai que l’on sait où on met les pieds, que l’on devine le dénouement à suivre, mais il reste encore deux tomes pour surprendre le lecteur, et puis si c’est efficace, que demander de plus ?
L’humanité s’est répandue au travers de l’univers, toujours ignorante de maintes et maintes connaissances, mais avide des ressources énergétiques qui lui permettra d’aller encore plus loin. Nous retrouvons donc une équipe d’exploitation minière, entrain de faire son travail de forage de matière première, et qui va suite à une maladresse, mettre à jour une cavité recelant en son sein un sarcophage « mystérieux ».
Par décision de leurs supérieurs, qui depuis la Terre supervisent tout ça, ils vont ramener et commencer à étudier l’artefact, pour que bien évidemment quelques temps plus tard, nous soyons sans nouvelles de la base avancée. Une équipe de scientifiques et de soldats vont être envoyés sur place afin de déterminer ce qui a pu se passer et continuer à étudier l’objet découvert. La suite des péripéties va t’elle engendrée la fin de l’humanité, seuls les auteurs sont en mesure de vous le dire… à lire.
Envie de poésie ? De légèreté ? De vous changer les idées ? Voici pour cet été deux belles idées pour satisfaire vos envies.
Si vous êtes déjà venus à la Mystérieuse Librairie Nantaise plus d’une fois, et que vous nous avez demandé des conseils de lecture, il y a fort à parier qu’un jour ou l’autre, l’un de nous trois vous ai mis entre les mains Supplément d’âme d’Alain Kokor.
Que ce soit pour l’histoire ou bien pour le dessin, ce titre en a séduit et surpris plus d’un. Nous aimons le charme du trait de Kokor, et il fait partie des auteurs que nous aimons à faire découvrir et partager. Et voilà une nouvelle histoire complète publiée chez Futuropolis que nous désirons mettre en avant: Au-delà des mers.
Ce n’est qu’un avis personnel, mais dans cet ouvrage, j’y vois de la part de l’auteur un très bel hommage à Zazie dans le métro de Raymond Queneau, la douce folie créatrice de Boby Lapointe, de Jacques Prévert ou encore de Boris Vian (Quoi ? tout ça !).
Tout commence par cette sous-marine de deux poissons nageant nonchalamment, battant des nageoires tranquillement et suivant un banc de petits poissons. Lorsque tout d’un coup, une ombre majestueuse leur passe au-dessus et gobe en entier ledit banc de poissons, il y a de quoi rester coi. S’en suit une scène que je vous laisserai découvrir, pour que 4/5 pages plus loin, l’histoire commence enfin.
nous allons nous intéresser à deux événements: D’un côté, une attraction mondiale qui suscite l’intérêt de tous, la mort de l’homme le plus vieux du monde qui laisse donc « la place aux jeunes », et chaque pays espère être le prochain heureux élu qui détiendra au sein de sa population le nouvel aïeul encore vivant de l’humanité. De l’autre, toute notre attention se tournera vers Le Havre, cette ville portuaire, et plus particulièrement sur un groupe de personnes, tout un réseau bien mystérieux qui garde un oeil sur la ville et prépare un plan secret, tous en contact par les ondes radio et chacun affublé de son sobriquet codé « poiscaille » et le numéro qui lui correspond.
Au milieu de tout cela, arrive la jeune Sonia, qui emménage dans le quartier avec sa famille. Et je ne peux malheureusement vous en dire plus.
Cette histoire est terriblement drôle et loufoque, pleine de petits détails, de dialogues et de mise en situation rocambolesques, du bonheur en livre !
Un autre auteur que j’aime particulièrement pour le charme qui se dégage de ses créations n’est autre que Renaud Dillies (Betty blues, Sumato, Saveur Coco…) et qui vient de faire paraître avec son compère Régis Hautière aux éditions Dargaud, Alvin t1, L’héritage d’Abélard. Soit vous le prenez comme la suite directe du précédent diptyque, Abélard, ou bien vous pouvez commencer par cette histoire.
Petit rappel, Abélard, c’était l’histoire d’un jeune volatile qui avait grandi près de son étang, qui n’avait jamais connu que lui, et lorsqu’il interrogeait ses amis qui avait connu la ville et d’autres endroits, se voyait toujours répondre que là où il vivait c’était le plus bel endroit sur terre et qu’il n’y avait guère d’intérêt à vouloir courir le monde.
Mais un jour, des citadins vinrent passer quelques jours du côté de chez lui, et parmi eux, il fit la rencontre d’Epilie dont il tomba follement amoureux, ce qui lui arrivait pour la première fois. Un des compagnons d’Epilie lui indiqua que la belle était de celle qui ne se contenterait point d’un bouquet de fleurs, mais qu’il fallait lui décrocher la lune ou bien lui offrir un bouquet d’étoiles. Après quelques essais infructueux, la coïncidence fera qu’il lira dans le journal, qu’en Amérique, quelqu’un venait d’inventer une machine qui permettait de voler dans les cieux, et c’est ainsi qu’il prit la route vers le nouveau continent. En chemin il croisera la route de Gaston, un ours patibulaire (mais presque) qui partait lui aussi en Amérique pour tenter une nouvelle vie.
Au début d’Alvin, nous retrouvons Gaston, il travaille désormais à New-York et participe à ériger ces nouvelles constructions, les grattes-ciel, qui dominent la ville, et s’il travaille sur le plus haut du moment, demain, un nouveau encore plus grand poussera à côté.
Il s’est fait de nouvelles connaissances parmi ses collègues de travail, mais contrairement à eux, de part son caractère bourru, lorsque la paye tombe, il ne la dépense pas au bar en alcool ou en jeu de hasard, mais va voir une fille de joie, la jeune et jolie Purity, et en profite toujours pour converser avec elle afin de la connaître un peu mieux, mais ne dévoile jamais rien de lui.
Un jour, il arrivera après qu’un précédent client a eu la main lourde avec Purity, et la pauvre malheureuse va succomber sans avoir auparavant confié ses économies à Gaston afin qu’il s’arrange pour son enfant, Alvin ne finisse pas à l’assistance publique et qu’il l’aide à trouver une famille d’accueil.
Le jeune garçon n’a pas un caractère facile, la tâche ne sera donc pas si aisée, et Gaston n’aura d’autre choix que de partir sur les routes avec Alvin à la recherche des membres de sa famille dont Purity s’était éloignée.
un nouveau voyage commence, de nouvelles rencontres et tant de questions qui attendent des réponses qui ne sortiront pas du fond de son chapeau… ah, ben si tiens.
Je comptais sincèrement, mais très sincèrement croyez moi, ne faire un article que sur la déconne, des histoires drôles, de l’humour fin ou graveleux il y en avait pour tous les goûts… Et voilà que je tombe sur Oinkdans l’un des nombreux cartons de nouveautés. Comment vous dire, les réceptions en librairie (et c’est chaque semaine pareille), c’est un peu comme pénétrer une jungle équatoriale (non je n’exagère pas), l’air devient étouffant, votre espace devient confiné, et vous pouvez aussi bien croiser une curiosité monstrueuse qui vous glacera d’effroi que découvrir la pépite absolue.
A défaut d’un « Coupe-coupe » sous la main, je m’arme de mon fidèle et meilleur ami du libraire, j’ai nommé le « Cutter », et part à l’assaut des cartons fraîchement arrivés avec la rosée. Les sangles me sautent au visage lorsque la lame rompt les liens, ils me cinglent les avants bras, mais vaille que vaille, je continue ma progression. Je déblaie les hordes de bulles d’air plastifiées qui entravent telles des lianes les livres au fond du carton… et voici qu’apparaît l’Eldorado, brillant de mille feux, il émerge de la pénombre qui l’entoure, le voilà: Oink, de John Mueller aux éditions Délirium.
L’auteur a jugé bon (et il a bien fait) de rajouter une introduction à son livre afin de présenter son intention première lors de l’élaboration de son projet. En effet il fut édité une première fois à 5000 exemplaires aux Etats-Unis, puis au fil des années qui s’écoulèrent, il fut contacté par des lecteurs répartis au 4 coins du globe, chacun souhaitant lui faire part de son retour de lecteur et de son interprétation. Une fois que vous aurez découvert son mot, vous pourrez profiter pleinement de ce récit atypique.
Oink est curieux de nature, habituellement ce pourrait être considéré comme une bonne chose, mais dans le cas de Oink, c’est plutôt mal vu. Et pourquoi donc me direz vous ? … J’attends… Oink n’est autre que le résultat d’une aberration génétique, un mixe entre porc et humain, et les résultats de cette expérience sont cachés du grand public, ils travaillent dans de grands abattoirs, isolés du monde, reclus derrière des fenêtres murées afin que personne ne découvre leur existence, et leur morphologie leur permet d’effectuer des tâches rébarbatives. En l’occurrence l’horreur est à son comble lorsque le lecteur découvre que la tâche en question est de tuer… des porcs.
Ce ne sont pas des êtres humains, et bien que dotés d’une légère intelligence et conscience, il n’est toléré qu’ils puissent poser des questions et développer leur part d’humanité (qu’ils n’ont pas bien entendu, du moins pas du point de vue de leurs créateurs). Son mentor, qui savait raisonner Oink, va pourtant briser le tabou, et se dresser pour dire NON, plus jamais il n’obéirait, plus jamais il ne croirait aux mensonges des hommes, son destin est scellé, et son sacrifice sera le déclencheur de l’émancipation de Oink. Cet album peut-être pris de manière très simple comme une histoire rythmée et violente, comme on peut l’apprécier pour sa profondeur et la réflexion que l’auteur souhaitait faire partager.
Je relève la tête de mon carton, histoire de respirer un coup, et ô surprise, v’là t’y pas qu’une renarde me file entre les pattes. Mais que fait donc un tel animal dans la boutique ? Vous seriez surpris de savoir tout ce que l’on peut croiser dans la librairie, mais compte tenu de la fourberie de La renarde, rien d’étonnant de la trouver là. La renarde, éditions Casterman, de Marine Blandin (Fables nautiques) et Sébastien Christostome font partie des auteurs qui collaborent au projet « Professeur Cyclope« .
La renarde, qu’est-ce que c’est ? ce sont des « Strips », des mini récits de 6 cases qui se succèdent, on y retrouve notre espiègle animal; un chien de garde aux oreilles tombantes sur ses yeux qui risque fortement de virer chèvre à force de se faire avoir; un cheval de labour dans son enclos qui aspire à la liberté, mais qui reconnait tout de même qu’avoir un toit et un repas assuré chaque jour cela à du bon; une lapine qui dépérit à vue d’oeil, à force de voir sa progéniture finir invariablement dans le ventre de son prédateur; un chasseur… comment dire, ce n’est pas qu’il est malhabile, c’est juste qu’il a à faire à plus intelligent que lui.
Laissez vous donc distraire par cet âne psychotique qui ne cesse de braire, par ce loup qui n’en mène pas large, voire même frise la crise cardiaque à chaque approche de La renarde, aurez vous une once de sympathie pour les deux derniers représentants de leur espèce (du moins sur le dos de notre animal), Bud et Terrence, deux puces qui tentent de survivre au jour le jour. Et puis si vous y prenez goût et que vous souhaitez en découvrir plus sur l’univers du Professeur Cyclope, il ne vous reste plus qu’à aller sur internet.
Bon, après avoir eu comme première idée de chasser l’animal hors les murs, je décide tout de même de la garder au fond du magasin car on s’attache vite à ces petites bestioles et je tâche de me remettre vite fait au travail. Mais apparemment je n’en ai pas fini avec le règne animal…
Comment ils ont réussi à faire tenir tout ce bestiaire dans un carton, je ne saurai l’expliquer, qui plus est, mais c’est dingue, ils sont armés et ont des gueules patibulaires, on y réfléchirait à deux fois avant de leur chercher des crosses. AAARG! (c’est l’éditeur – mais aussi, peut-être mon dernier râle), Julien Loïs & El Diablo (quel nom machiavélique), viennent de sévir à nouveau avec Rua Viva t1, Noticias. Julien Loïs n’est autre que l’auteur de l’excellent Pas dePanic à Sonic City aux éditions Même pas mal, et El Diablo, c’est à son actif Retropolis, Pizza roadtrip, Monkey Bizness, Un homme de goût… que du bon quoi.
Rua Viva ! un recueil d’histoires courtes des habitants d’une favela, la virée d’une bande de potes qui tentent de squatter une teuf dans un quartier chaud à laquelle ils ne sont pas forcément les bienvenus, attention fumette et alcool ne font toujours bon ménage. Un petit artisan, trop gentil, qui se retrouve coincé entre les caïds locaux et sa femme qui porte la culotte. L’histoire de Coelho, un souffre douleur du quartier qui va trouver LA bonne idée pour ne plus s’en prendre plein la gueule, mais pas sans conséquences pour Escorpiao, la terreur locale… Un album pour ceux qui aiment les histoires rythmées, pour les amateurs d’univers tangents, avec la patte de Julien Loïs, cela donne une sacré ambiance.
Après toutes ces émotions, je me dis que je mérite bien une petite pause, je me dis qu’essayer de pondre un article pour notre site ne serait pas une mauvaise idée, mais je remarque deux étranges gamins qui traînent au fond du magasin. Je ne les ai pas vu rentrer et leur tête ne m’est pas inconnue, mais où donc ai-je bien pu les voir ?
Et là, ça fait tilt, ce ne sont pas des clients, mais deux autres personnages qui viennent de sauter hors de leur carton, c’est le retour de deux chenapans, les terreurs qui jaillirent de l’esprit tordu de David Chauvel et de la plume déjantée de mon ami Hervé Boivin: Lili & Winkler.
Ces deux trublions sévirent aux éditions Delcourt et ravagèrent la rédaction avec deux misérables fascicules, mais leur passage à laisser des traces. A n’en pas douter, s’ils ne sont pas membre de la famille Adams, en tout cas ce sont des amis de la famille. Là encore, c’est AAARG ! qui récidive, et quel accroche, Pretty Little Nightmare, for adults & ugly kids only.
Si vous n’aimez pas le noir & blanc, passez votre chemin ! Si vous appréciez les enfants sages comme une image, fuyez ! Si vous êtes de la protection des animaux, détournez le regard, car à n’en pas douter, le retour de Lili & Winkler n’augure rien de bon pour les âmes prudes et vous ne ressortirez pas indemnes des frasques délurées et violentes du mal incarné que représentent ces deux jumeaux maléfiques qui errent dans les rues. Cachez vos enfants et vos éléphants, craignez les chimpanzés, si vous trouvez que je raconte n’importe quoi, surtout n’ouvrez pas cet ouvrage. Mais si par contre vous souhaitez glisser subrepticement dans la folie, si vous ne croyez plus dans les valeurs de la société actuelle et que vous désirez vous tourner vers le côté obscur, tentez votre chance… et à vos risques et périls.
Je crois que ma fin est proche, comment est-il possible qu’un paisible travail de libraire me fasse basculer dans la folie, tel Cisif, à peine ai-je l’espérance de croire que je vais me sortir de cet amoncellement de cartons qui traînent un peu partout dans la librairie, qu’un transporteur, le sourire au lèvres, me déverse une nouvelle vague d’ouvrages, et là je bascule: bienvenue En Enfer avec Dante, mais pas sans un passage au préalable dans le cimetière où réside Nobody Owens.
Derrière les grilles du cimetière, lieu mythique empli de mystère et de superstitions, vit un jeune garçon. Comment est-il arrivé là ? De sa plume, Neil Gaiman nous raconte sous les traits de P. Craig Russel, L’étrange vie de Nobody Owens aux éditions Delcourt.
L’un des maîtres du récit fantastique et onirique sévit une nouvelle fois. Nobody, jeune survivant du dernier massacre perpétré par Le Jack. Sa famille décimée, Nobody, alors qu’un bébé, s’est glissé hors de son lit clos, et est parti flâner en dehors de la maison. C’est fout ce qu’un enfant de cet âge est capable de se carapater loin du regard des adultes m^me si ce n’est qu’à quatre pattes, et c’est dans le cimetière voisin qu’il vient sans le savoir de trouver refuge.
Nobody va être recueilli par les résidents fantomatiques du cimetière, un lieu qui, aux yeux des mortels, semble être l’endroit idéal pour son dernier repos, n’est autre qu’un lieu plein de non-vie fantômes, sorcières, goules et autres créatures bizarres. Après avoir étés suppliés par sa défunte mère et un grand conciliabule, un couple de fantômes va accueillir dans son giron Nobody Owens, et lui trouver également un tuteur en la personne de Silas le vampire, seule autre créature tolérée parmi les spectres en plus du jeune garçon. Plusieurs récits se succèdent, dévoilant les aventures fantastiques qui sont le quotidien du garçon. Neil Gaiman est un génie, encore une fois il sait nous enchanter avec un univers étendu, et P. Craig Russel qui travailla déjà avec lui pour Sandmanou bien Coraline, dévoile encore ses talents pour l’adaptation en bande dessinée du roman originel.
Et donc, après m’être retrouvé dans un cimetière, me voilà basculé directement en enfer avec cette adaptation en bande dessinée de L’enfer de Dante Alighieri par Michael Meier aux éditions Casterman.
Là on touche le fond si je puis dire, cette version complètement barrée de cette oeuvre culte permettra à beaucoup de la découvrir. C’est drôle et décalé tout en respectant l’oeuvre et l’esprit originel. Sachez qu’à l’époque L’enfer était le roman le plus lu (et le plus controversé) juste derrière la Bible. Ici, l’auteur jongle avec des références modernes histoire de dynamiser son récit et donné des références à un lectorat du XIXe siècle (et oui déjà). Dante se voit octroyé un guide de choix en la « personne » de Virgile, mais sous la forme d’un chacal, et il va parcourir les 9 cercles des enfers et tenter d’y survivre. Y survivre ? Mais si on est aux enfers, est-on encore vivant, seul le maître des lieux serait susceptible d’y répondre.
Et puis voilà que j’ouvre les yeux, me serais-je assoupi sur mon lieu de travail ? Non c’est pas possible, cela doit être le surménage, ou bien à force de lire des histoires aussi déjantées, merci aux auteurs, il semblerait que je perds pied avec la réalité. La suite aux prochaines aventures.
La République du Catch de Nicolas De Crécy, aux éditions Casterman. C’est pour moi toujours un bonheur de replonger dans l’univers déjanté de Nicolas De Crécy, il suffit d’accepter de côtoyer des chiens garagistes, des éléphants de mer maire, des Orgues de Barbarie qui permettent de voir la vie en rose, et hop on est parti à l’aventure, pour le sommet des montagnes comme pour New-York sur Loire.
C’est par Le Bibendum Céleste et Léon La Came (pré-publié dans le magazine (A-SUIVRE) en 1994/1995) que je découvris Nicolas De Crécy, les bouleversements ne cesseront de s’enchaîner à chaque découverte d’une nouvelle création de l’auteur. Son dessin et ses ambiances sont génialement fous, que ce soit par le Noir & Blanc ou bien par la couleur, cela ne l’empêche jamais de charger d’une infinité de détails chacun de ses décors, les villes sont tentaculaires, les machineries qui dépassent de-ci de-là laissent à penser que la ville n’a de cesse de s’agrandir en se reconstruisant sur elle-même indéfiniment.
Mario n’est pas de ceux dont on sent spontanément qu’ils font parti de ceux qui ont l’étoffe des héros. Il est petit, dégarni, rabougri, et porte à ses pieds minuscules des souliers garnis et, comble de ses soucis, il n’a qu’UN ami. Si certains s’en contenterait, surtout qu’il s’agit très probablement du meilleur ami que l’on puisse souhaiter. Attention petite parenthèse, ce n’est pas parce que c’est un manchot que je dis cela, c’est en tenant compte de la qualité de son amitié (si on peut la quantifier bien entendu). Enfin bref, Mario est en manque d’affection. S’il a bien trouvé celle qui fait vibrer son coeur, la belle Bérénice, il se trouve que la-dite « belle » est éprise d’un catcheur qui n’est autre que le champion en lice, et si Mario n’a pas plus de charisme qu’un plombier, le catcheur lui n’est autre que l’homonyme d’Arès le dieu guerrier.
Bienvenue à la république du catch, il n’y paraît pas comme ça, mais Mario n’est pas n’importe qui quand même, c’est sa famille qui régit la ville et toute l’industrie du catch, ses cousins Silvio, Rodrigos, Enrico et …Enzo, on ne se méfie jamais assez des bébés, surtout lorsqu’ils sont suffisamment précoces pour diriger la mafia locale.
Mais Mario se désintéresse de tout ce business, et c’est à l’héritage que ses parents lui ont laissé, un magasin de pianos, qu’il consacre tout son temps et son attention, ainsi que pour son ami qui vient y jouer tous les jours, le fameux manchot. Le talent de son ami le ravi, c’est chaque jour une symphonie, qui une sonate, qui un morceau choisi d’un opéra, l’animal enchaîne à chaque fin de récital.
Or voilà qu’aujourd’hui Enzo a convoqué Mario, l’opportunité de peut-être se faire remarquer par Bérénice ?
une chose est sûre, il va se passer de bien curieuse chose au cours de la nuit, et certains n’en sortiront pas indemnes. Il sera intéressant pour le lecteur de bien lire tout ce que Nicolas De Crécy a écrit à la fin de l’ouvrage sur sa création originale. Cette histoire est tellement dynamique, drôle et rocambolesque que très vite j’ai regretté de ne pas avoir préparé un petit fond musical pour accompagner ma lecture, une petite sélection de quelques titres de piano, qui auraient pu amener une touche un peu plus surréaliste, d’autant plus que lorsque l’on connait les talents et les idées d’animations de Nicolas De Crécy, j’étais persuadé qu’à un moment ou un autre, j’allais me retrouver projeté dans l’un de ses délires, notamment à cause des scènes où le manchot se lance dans un morceau entraînant, à tel point qu’il prend réellement la route.
Frank Cho (un grand homme) a dit un jour à son lectorat, comment réaliser une Bande Dessinée, en un strip de 6/8 cases dans le tome 1 de Liberty Meadows, lorsqu’il se représente en tant qu’auteur, c’est sous les traits d’un chimpanzé, on le voyait donc devant sa table de travail décrire toutes les étapes sans pour autant bouger de quelque façon que ce soit, jusqu’à la case finale où un chimpanzé énervé comme c’est pas permis, s’énervait et mettait tout à sac. La conclusion qu’il en tirait était la suivante: « Et si vous n’arrivez pas à enchaîner toutes ces étapes, dessinez un singe cela fait toujours plaisir. »
Eh bien voilà des auteurs qui l’ont écouté: Simon Spurrier & Jeff Stokely. L’un voulait faire de la S.F., l’autre souhaitait faire un Western, un 3e exigeait dénoncer notre société de consommation et notre dépendance aux médias télévisuels, un 4e trouvait super noble l’idée d’aborder le suicide chez les jeunes et pour les autres, leur coeur balançait entre le tueur à gages à 4 bras, Arnold Schwarzenegger en travesti, des entités élémentales qui défendent la planète ou encore un recueil d’histoires drôles avec comme gag récurrent, un gars qui vient clore chaque récit en butant d’une balle dans la tête l’un des protagonistes.
Face à tant de troubles, l’idée a émergé, on garde le tout… ET… on rajoute UN GORILLE, et ouais mon gars, THE CONCEPT, le truc ultime qui va déchirer tout. Il va sans dire que tout ceci bien entendu est de la pure fiction, sinon c’est totalement fortuit que j’ai deviné les dessous de la création (voire de la créature) Six-Gun Gorilla, publié en France par Ankama.
Bleu-3425, ce n’est pas un code quelconque afin de gagner un voyage organisé avec vos chips préférées, NON, c’est le nom de notre personnage principal. Bleu-3425 ne mérite pas que l’on connaisse son identité, c’est de la chair à canon, à savoir qu’il fait parti d’une certaine catégorie de personnes qui n’ont plus envie de vivre, mais qui n’ont pas passé le cap de se foutre en l’air. Il se trouve qu’actuellement, 2 pays sont en guerre, ce conflit perdure depuis un certain temps et ne semble pas trouver d’issue avant un long moment.
Cette société n’est pas si éloignée de la notre, et il se trouve que la télévision y a une place importante également, du coup on a la possibilité de suivre les conflits en direct, de parier, de commenter… Et, pour Bleu-3425, c’est l’opportunité d’assouvir son besoin pressant de mettre fin à ses jours tout en bénéficiant d’une rémunération qu’il peut adresser à/aux ayant droit testamentaire qu’il aura désigné. Les « Bleus » sont reliés en permanence au réseau média, tout ce qu’ils voient, disent entendent, est systématiquement rediffusé en direct à l’écran, grâce à une caméra reliée entre l’oeil et le cortex.
C’est parti, à peine débarqué du vaisseau de transport, Bleu-3425 est livré à lui-même, en première ligne bien sûr, la chair à canon on s’en débarrasse le plus vite possible, mais les règles sont claires, on ne peut pas s’exposer et rechercher la mort volontairement, il faut prendre part au combat (avec un l’équivalent d’un pistolet à bouchon, à 1 coup, mais bon, on ne va pas gâcher…)
Mais voilà, comme vous vous en doutez, tout ne va pas se dérouler comme prévu. Déjà, il n’est pas rare que face à l’immédiateté de la mort, même pour quelqu’un qui souhaitait mourir, l’on ait un petit sursaut de goût de vivre, et donc quelques hésitations. Il n’empêche que Bleu-3425 ne va pas s’éloigner de la zone de combat, et en portant secours à un général grièvement blessé, il va se retrouver chargé d’une mission: apporter la montre du général, symbole de l’amour vrai qu’il a vécu pendant quelques dizaines d’années, au poste retranché, et qu’ainsi l’objet soit retourné vers la femme aimée.
Bon. Que le général ne soit pas réellement marié (cela vous l’apprenez très rapidement, rassurez vous je n’en suis qu’à la 8e page), ça Bleu-3425 ne pouvait pas le savoir. Que la montre ne soit pas si unique en son genre et ne soit chargée d’autant d’émotion que l’on voulait lui faire croire, ça non plus il ne pouvait s’en douter. Il n’empêche, qu’il décide de mener à bien sa mission, puis il repartira, tout guilleret vers son funeste destin. En chemin il croisera un bon nombre de personnages qui ne lui voudront pas que du bien, mais dans le lot, surgira: Six-Gun Gorilla.
Un gorille monumental, dans toute sa splendeur, qui a dû casser la gueule à Clint Eastwood afin de lui piquer son poncho, armé de deux « 6 coups », qui, contrairement aux croyances locales qui veulent que, aucune, je dis bien AUCUNE, arme à feu ne fonctionne, et bien celles-ci, elles tirent correctement, et font de sérieux dégâts. La suite de l’aventure, vous la découvrirez en la lisant, ce one-shot est terrible, terriblement drôle, riche, fun, plein de surprises et de profondeur.
Décidément; les titres de ces chroniques ne veulent plus rien dire avec le temps. Approchez ! Approchez Mesdames & Messieurs ! ils sont beaux, ils sont frais mes albums. A peine sortis de chez l’imprimeur qu’ils nous ont tout droit été menés à dos de triporteur,et oui ma bonne dame, le char à boeufs c’est dépassé, en tout cas il se faisait beaucoup dépasser et les nouvelles n’étaient plus d’une grande fraîcheur, et puis aujourd’hui nous sommes à l’air écolo, nos triporteurs nantais sont électriques et du même coup silencieux… oui mais lorsqu’il faut tout de même déplacer l’équivalent de 2 ou 3 palettes et les porter du vélo jusqu’à la boutique, on peut distinguer le doux râle du transporteur qui commence à maudire les beaux jours et le retour des grandes chaleurs.
Les grandes grandes chaleurs, nous allons y avoir le droit, et croyez moi, cela va cogner. Christian Lax, le retour, seul aux rênes de ce fier destrier qu’est Un certain Cervantès qui sort des écuries Futuropolis. Un pur-sang est lâché en librairie, une histoire en un-coup, un road-trip dans les grandes étendues américaines, une quête qui n’apparaîtra qu’aux yeux de Mike Cervantès, le genre d’histoire que l’on écoute, halluciné, doutant de la véracité des propos du narrateur, un petit peu comme pour le film ô Brother des frères Coen, quand on assiste en tant que spectateur à la scène, tout parait crédible ou justifiable, lorsque l’on vous raconte ce qui s’est passé, on y croit pas une seconde ou bien on s’inquiète pour la santé mentale du narrateur.
Mike Cervantès, américain moyen, a bosser pendant un temps comme figurant dans une espèce de parc pour touristes souhaitant découvrir le Far-West. Il a toujours eu du mal a s’intégrer, à gérer les abus d’alccol ou de Marijuana, et après quelques petits séjours de détentions ou de dégrisements, le voici en mission pour l’oncle Sam en Afghanistan. Son véhicule tombe dans une embuscade, il est le seul rescapé et se retrouve aux mains de ses ravisseurs, attendant une éventuelle rançon. Mike est blessé à la main, la gangrène le guette, mais qu’à ne cela ne tienne, la perspective de pouvoir s’échapper l’aide à tenir. Pourquoi une telle mise en matière de la part de Christian Lax ? En présentant Mike de la sorte, l’auteur introduit également le parcours de Miguel Cervantès, qui lui aussi, au cours des croisades, connu la détention, la mutilation de sa main, les tentatives d’évasion, le temps à la réflexion.
Mike va rentrer à la maison, tenter de se réintégrer dans la société, retrouver l’usage de sa main perdue à l’aide d’une prothèse, il aura essayé… A partir de là, c’est avec l’oeuvre de Miguel Cervantès, Don Quichotte de la Mancha, et le parcours grand-guignolesque de son personnage Don Quichotte, qu’il faut faire un parallèle avec le chemin que prend Mike. C’est une course éperdue dans l’Ouest Américain, un récit fort, écrit avec une grande habileté, décrivant avec justesse les moments de lucidité et ceux de dérive de Mike, ses discussions avec Miguel, y’en a qui font des grossesses nerveuses, Mike lui fait son Don Quichotte nerveux. Une très grande qualité d’écriture et un très beau rapport à l’oeuvre d’origine, une belle façon d’une nouvelle fois nous dépeindre l’âme humaine.
Et lorsque l’on veut étudier l’âme humaine, qu’en est-il de l’avis de spécialiste du genre, tels nos amis les extra-terrestres ? Si souvent boudés, niés, décriés, il n’empêche qu’il y a un paquet de gens à prétendre avoir eu une sonde dans le …fondement, et personnellement ce n’est pas le genre de secret que je partagerai en premier avec des inconnus.
Soucoupesde Obion & Le Gouëfflec, aux éditions Glénat. Cela commence toujours de la même manière, on prépare tranquillement le thé et les petits gâteaux sur le plateau, on prend la direction du salon en prenant garde de ne pas oublier les patins afin de ne pas rayer le parquet, on rejoint maman, coincée devant la télé, le chat sur les genoux et le châle sur les épaules, et CRAC !! Vl’à t’y pas qu’un olibrius vous annonce que nous vivons gnagnagna un moment historique gnagnagna sans précédent gnagnagna extraterrestre gnagnagna bienvenue… Christian n’en a cure, les extraterrestres d’accord, mais du moment qu’ils restent chez eux.
Christian a eu une idée arrêtée sur tout, pas de mauvaises surprises, pas de niaiseries ni de rêveries: « Les étoiles c’est pour les gogos ». Dans sa boutique où tout est bien rangé, bien ordonné, un de ces fameux extraterrestres vient de rentrer, et ses premières paroles ont déjà dont d’exaspérer Christian, venir sur terre, rentrer chez le premier disquaire venu et lui demander tout de go: « Est-ce que vous avez de la musique terrienne ? » Non mais, où va le monde, je vous le demande… non mais je vous le demande réellement, où va le monde ?
Il est important pour moi de vous préciser dès à présent que dans notre histoire l’extraterrestre ne s’adresse jamais à vois haute à Christian, le lecteur peut comprendre aux remarques de Christian que celui-ci mène une discussion avec son interlocuteur mais assiste à ces échanges ponctués de silence.
Si la curiosité est un vilain défaut, on va dire que pour Christian, celle de son nouvel ami lui a permis de susciter un nouvel engouement et une nouvelle vision de l’esprit du monde qui l’entoure. Nous voici en présence d’une oeuvre drôle, qui sent bon le français moyen, celui qui transpire gras sous le bras, celui qui tient des propos malheureux parce qu’il s’est caché trop longtemps dans son ignorance.
Il y eu Rencontre du 3e type, E.T., Alien, Men in black, Mars attack… il y aura désormais: Soucoupes.
Dans les rencontres improbables, il y a également la réédition de Rose profond, de Dionnet & Pirus aux éditions Casterman.
Rose profond, comment vous dire… Rose profond, ce n’est vraiment pas pour les enfants, oui effectivement avec sa belle couverture rose, grand format qui la fait dépasser de n’importe quel rayonnage, un personnage tellement cartoonesque qu’il capte d’un seul coup votre regard, si tout ça parle au petit garçon qui est en vous, celui qui répond, c’est bien le même petit garçon qui a lu et apprécié le Pinocchio de Winshluss. Celui qui a fait croire à mamie que Idées noires de Franquin était un album de coloriage pour les petits à partir de 5 ans.
Si en ce moment vous enchaînez Rose profond & Billy Bat, une chose est sûre, vous ne percevrez plus de la même manière la période de gloire des débuts des dessins animés américains.
Malcom, est LE héros du pays rose, depuis déjà plus de 50 années, il rythme la vie de ses habitants avec ses aventures, icône de la bravoure, du combat contre l’injustice, dernier rempart contre le fascisme, Malcom a fait rêver plusieurs générations d’enfants.
Mais voilà, ce soir, Malcom a envie de baiser, et ouais, elle aura beau minauder le petite Mimi, mais depuis 50 ans qu’elle lui promet le repos du guerrier tant mérité, ça fait 50 ans que rien, nada… Et Malcom va se servir, il va en prendre du rab et le réveil, ou plutôt la descente va être sévère, s’en suivra l’exil puis, la révélation et le jugement.
Un homme de joie, t1-La ville monstre de David François & Régis Hautière, un récit en 2 tomes chez Casterman.
Sacha Stasevytch Bujak, fraîchement débarqué d’Ukraine à New-York, c’est plein d’espoir qu’il vient tenter à son tour le rêve américain. Pour s’en approcher et franchir la douane, il avait en poche l’adresse d’un membre de sa famille qui pourrait l’héberger, mais ces belles promesses sont bien plus dures à tenir qu’à faire, et Sacha ne peut rester dormir là. Fort heureusement les réseaux communautaires se mettent souvent en place facilement et on se sert les coudes.
Ses pas vont le mener sur des sommets, les sommets de buildings qui se développent et les chantiers c’est pas ça qui manquent, seulement, Sacha n’arrive jamais à dégoter un job. C’est au hasard d’une ballade nocturne qu’il va croiser le chemin de Tonio. Sous ses airs de dandy, Tonio trempe dans des affaires qui ne semblent pas toutes légales, cela n’empêche que maintenant, lorsque Sacha se présente sur un chantier, sa place est garantie, mais pour ça, il a fallu se syndiquer. Et oui le milieu du syndicat et celui du crime organisé ne sont pas si éloignés dans l’Amérique des années 30′. Sa rencontre avec Lena & Magda, deux perles jumelles qui égayent le monde de la nuit, ne va pas le laisser de glace,l’homme de main occasionnel qu’est devenu Sacha est tombé amoureux.
Julius IV, Le Troisième Testament, l’une des séries cultes des éditions Glénat est toujours en cours, avec son 4e album, le deuxième cycle en est à son avant-dernier tome. Il y avait Xavier Dorison aux commandes avec Alex Alice sur l’histoire d’origine, après un passage au dessin sur le premier tome de Robin Recht, nous apprécions le travail et sommes heureux de retrouver Thimothée Montaigne, c’est le troisième volume de la série qu’il dessine, ça déchirait tout dès le premier essai, il ne fait qu’une nouvelle fois nous confirmer son talent. Sa collaboration avec Alex Alice est une véritable aubaine pour les lecteurs, les deux hommes alliant leurs connaissances et leurs talents.
Julius, les origines du Troisième Testament prennent pieds après la mort du Christ, certains prétendent qu’il va revenir, d’autres sont persuadés que l’élu ne s’est pas encore présenté. A milieu de ces bouleversements culturels, nous avons Julius, général romain, grand conquérant et qui revient une nouvelle fois, triomphant dans les rues de Rome.
Trahisons, complots, ambitions… telles sont les nouvelles directives dominantes de Rome, et Julius n’y échappe pas, il est même l’instigateur de le prochaine rébellion, mais la suite des événements vont le conduire dans la pire prison de l’empire, une mine de souffre perdue au milieu du désert. Il y retrouve ce chrétien, celui qui semble intrinsèquement lié à la destinée de Julius, et si plusieurs voient en lui un meneur, tous n’ont pas la même vision de la voie qu’il doit prendre.
Ce quatrième tome va vous secouer mes beaux ! Ah çà, il va y en avoir de l’action, des révélations, on reste bouche bée à la fin de sa lecture et on se demande… on se demande.
Non franchement, Alex Alice nous sort un album pareil, tout s’écoule à un rythme idéal, on a l’impression de prendre notre temps, d’en apprendre un sacré morceau de l’histoire, de voir la destinée de chacun prendre forme, et il nous laisse là, en se disant « Mais qu’est-ce qui va bien pouvoir nous mettre dans le dernier tome ?!! ».
Et Thim‘ mon frangin, tu sais que ce n’est pas parce que l’on est potes que je te ferais des fleurs, loin de là, mais sacré nom de dieu mon salaud ! Je reconnais que j’ai de loin une préférence pour le N&B et que les tiens sont à tomber, mais la mise en couleur ne gâche pas ton boulot. Je me suis pris une nouvelle grosse claque et le pire c’est que j’en redemande.
Il existe différentes opportunités de s’évader; on peut le faire physiquement, je pense au milieu carcéral bien entendu, mais également de son quotidien, un besoin de s’éloigner de son univers professionnel ou de son milieu de vie, et il existe également l’évasion spirituelle, et les arts sont bien souvent propices à cette opportunité.
En voilà un qui risque déjà de finir en taule avec sa fâcheuse tendance à piquer des bouquins en librairie, c’est mal, mais chez lui c’en est presque maladif, mais aujourd’hui Daniel Brodin va passer un cap au-dessus. Nous sommes dans les années 50′ à Paris, le personnage principal du Voleur de livres de Alessandro Tota & Pierre Van Hove, aux éditions Futuropolis accompagne Nicole de l’université qui l’a convié au café Serbié, lieu de rencontre pour les auteurs qui ont fait les grandes heures du café de Flore, Sartre en tant d’autres. Il s’y déroule l’une de leur performance, un concours de poésie qui a débuté depuis la veille, ils ont toujours en quête de la création artistique à son paroxysme, dans l’esthétisme qui reste toujours loin du commun des mortels, car il ne faut pas croire, mais dans le milieu culturel, on a toujours un peu trop tendance à penser que les gens du peuple sont trop « cons » pour comprendre la démarche créatrice de l’artiste.
Et si la poésie devait naître pourtant de la rue, pour démontrer que la force brute des mots provienne de la condition des gens ordinaires, c’est à cette apostrophe que Daniel va se lever de sa chaise et « improviser » devant cette assemblée qui va être subjuguée par son texte. Mais voilà, le voleur de livre vole également dans la créativité d’autrui, et pour son malheur, quelqu’un parmi la foule n’est pas dupe, et connait lui aussi cet obscur ouvrage de poésie italienne, écrite par des aliénés et qui n’a jamais été traduite en français. Il ne va pas être dénoncé, son interlocuteur préférant s’amuser de ce que le nec plus ultra de l’intellect français, et parisien de surcroît, vient de se faire ballader (la faute d’orthographe est volontaire pour faire un jeu de mot avec le style poétique). Par la suite Daniel va croiser d’autres artistes, plus subversifs, qui désirent tout chambouler, anarchistes jusqu’au bout des ongles ? Peut-être pour certains, mais la rançon du succès de leur outrecuidance les amène parfois à se fondre dans le moule, à voir avec cet ersatz de Gérard Depardieu…
Gregory Mardon a réalisé il y à quelques années ce qui reste pour moi l’un des meilleurs récits médiévaux que j’ai eu l’occasion de lire en Bande Dessinée: Le fils de l’ogre aux éditions Futuropolis; il a d’autres albums dans sa musette mais le voici aujourd’hui, encore chez Futuropolis avec un récit fort en un seul volume, sans paroles qui se découpe en trois parties distinctes: L’échappée.
L’on y découvre un homme, un architecte, qui déambule dans notre société, accaparé par son travail et ses responsabilités, il déambule dans le rythme effréné de la vie au beau milieu de notre société de consommation. Les images se succèdent, se multiplient et se télescopent, et c’est par mégarde qu’il va perdre ses papiers et sa carte bancaire dans le caniveau: comment se retrouver hors jeu en une leçon.
Il décide de s’extirper de cette vie trépidante, sortir des sentiers battus et de la foule, ses pas le mènent vers la mer et il décide de prendre la mer à bord d’un navire qui va connaître une tempête dantesque.
Il va connaître un naufrage et s’échouer sur une plage déserte, surplombée par un pic escarpé.
A force de tentatives, il va pourtant parvenir à grimper et sortir de la nasse où il se retrouvait prisonnier, c’est ainsi qu’en changeant de contexte qu’il évolue que l’auteur change l’ambiance en changeant de couleur à son récit graphique. Comme je vous l’ai dit, il y a 3 parties distinctes, donc 3 ambiances et du coup un autre rebondissement dont je ne vous parlerai pas.
Une saison en Egypte de Claire Fauvel, aux éditions Casterman.
Nous sommes à Moscou en 1870, le 2 Mars plus précisément, et aujourd’hui c’est l’anniversaire de Sacha. A 33 ans, ce moscovite vit seul et est empli de morosité, il se dit poète mais n’a pas écrit grand chose, voire rien. Il sort de chez son médecin et le discours de ce dernier ne l’a pas rassuré, son tempérament anxiogène lui fait craindre le pire, mais ce n’est qu’une légère insuffisance pulmonaire qui lui donne actuellement quelques difficultés, son médecin lui préconise donc de se rendre quelques temps dans un lieu au climat plus chaud.
Ses pas le mènent vers la gare, et sur un coup de tête, il décide de prendre le premier train en partance vers la destination la plus éloignée, direction le Sud.
La prochaine destination est la Grèce, libre à lui d’en profiter pour prolonger vers l’Italie et de là, se rendre en Egypte.
Sur le bateau qui assure la traversée, il croise le chemin d’un jeune couple de français qui se rendent également au pays des pyramides et des pharaons, c’est ainsi que débute la relation entre Sacha Ivanovitch Andreiev et Alexandre & Catherine Payan.
Alexandre est peintre, et ce voyage est l’occasion pour lui de découvrir une nouvelle luminosité et de nouvelles inspirations pour ses tableaux. Le premier contact n’a pas été des plus enthousiaste, Sacha trouvant le jeune couple assez pédant, mais la singularité de son départ vers un pays dont il ignore tout va faire qu’il va garder le contact avec les français, et c’est ensemble qu’ils vont explorer les rues du Caire.
Sacha et Alexandre vont, à l’occasion d’une invitation du Cheikh Ahmed, faire la rencontre d’une danseuse qui va savoir les envoûter, AAAAAAHHHHHHHH les charmes de l’orient. Les deux hommes sont sous le charme et chacun ignore l’idylle de l’autre, ce n’est qu’à la disparition d’Asmala danseuse nomade qui vient de repartir vers sa tribu que Sacha apprend leur passion commune, qu’Alexandre est parti à sa suite laissant Catherine seule dans la ville, et qu’il décide de partir à leur recherche. Un récit initiatique, une aventure humaine et dépaysante.
Le sculpteur, de Scott McCloud aux éditions Rue de Sèvres. Une nouvelle fois, cette maisons d’éditions tape fort avec un nouveau grand nom à son catalogue (et ils nous réservent encore quelques surprises). Si vous ne connaissez pas Scott McCloud (non, il ne fait pas parti du clan McLeod), sachez que c’est un monsieur TRES important dans le milieu de la Bande Dessinée et qu’il a fait beaucoup pour en comprendre les codes, apprendre à la concevoir et à projeter ce média dans son évolution possible et la réflexion sur la portée de cet art… Je vous conseille ses 2 ouvrages disponibles aux éditions Delcourt Faire de la Bande Dessinée & L’art invisible.
Le sculpteur: David Smith est un jeune sculpteur, il a déjà fait ses preuves mais n’a pas eu la chance de percer dans le monde de l’art. Il a rencontré quelques galéristes, mais leur vision du monde de l’art n’est pas vraiment en accord avec sa perception, il a réussi à se les mettre à dos et a maintenant du mal à avoir confiance en lui et rebondir. C’est aujourd’hui son anniversaire, et il prend tranquillement un verre en compagnie de l’oncle de sa mère, s’épanchant sur sa situation actuelle et sur son manque d’inspiration créatrice.
C’est au cours de sa discussion qu’il se rend compte que son oncle, avec qui il discute dans un café devant tout le monde, est mort voici déjà plusieurs années… Tel Faust, son interlocuteur lui demande jusqu’où il est près à aller pour son art et lui propose un pacte afin de réaliser son rêve et être capable de créer: sa réponse ne se fait pas attendre, et sans surprise, il serait prêt à donner sa vie.
La particularité de son don ? c’est uniquement avec le contact de ses mains qu’il va être capable de remodeler la matière, il va s’évader dans la création, aller au plus profond de son être pour retranscrire, modeler sa sensibilité.
C’est un récit hors norme que Scott McCloud nous offre là, il n’y a pas d’autre mot, la narration est géniale, savamment dosée, il aborde le milieu artistique mais ne s’y appesantit pas, il effleure l’humanité et les failles de son personnage, une oeuvre magistrale, bon peut-être que j’exagère un peu, nous avons été tous 3 très sensibles à ce récit, il captivera un bon nombre de lecteurs mais il y aura toujours une part que cela ne touchera pas, mais il rentre lui aussi dans les incontournables.
Mon petit dernier, Les Ménines de Santiago Garcia & Javier Olivares aux éditions Futuropolis, cet album sort alors qu’une exposition vient de débuter au Grand Palais à Paris depuis le 25 Mars et qui durera jusqu’au 13 Juillet 2015.
Une oeuvre originale consacrée à un peintre considéré comme certainement le plus grand peintre par ses pairs, autour d’un tableau qui fut étudié et repris par les plus grand, Dali, Picasso (qui en réalisa 58 variations en 1957) et tant d’autres…
Vélasquez fut remarqué par son talent, inspiré par Michelangelo Merisi di Caravaggio, dit Le Caravage, élève de Herrera qui ne le cantonnait qu’ à des travaux de reprises, ce fut Rubens, Le maître de l’époque qui définit Vélasquez comme Le roi des peintres.
Ce récit est original, passant d’une époque à une autre, mêlant aussi bien l’histoire contemporaine de l’artiste, vue de son point de vue ou bien des témoignages, changeant parfois de style lorsque l’on s’attarde à l’approche des autres peintres qui découvrirent ou étudièrent ses oeuvres.
On y découvre la relation singulière qui l’unissait au roi d’Espagne, qui vouait un intérêt hors norme au travail du peintre.
Il ne faut pas s’attendre à un livre qui se veut didacticiel sur le monde de l’art, seulement son approche originale, graphique et narrative en surprendra plus d’un.
Séverine Gauthier ? vous ne la connaissez pas encore ? Et pourtant…
Cette scénariste officie notamment dans la collection jeunesse des éditions Delcourt, et c’est à l’occasion de la sortie de 2 nouveaux albums que j’ai décidé de vous représenter certains de ses titres.
Une première nouveauté, L’homme montagne, qui nous donne une nouvelle fois l’occasion d’apprécier le travail au dessin d’Amélie Fléchais (Chemin perdu, Le petit loup rouge). C’est l’histoire d’un enfant qui vit au côté de son grand-père, son aïeul l’a initié à la curiosité de la vie, au goût de la découverte et du voyage, mais voilà que le poids de l’âge se fait sentir, et pour grand-père, il semblerait que l’ultime voyage soit pour bientôt. C’est un périple qu’il compte faire seul, car cette fois il ne reviendra pas, il lui faut donc expliquer à son petit fils cette séparation, mais celui-ci est bien décidé à l’accompagner. Ce n’est pas une famille ordinaire puisque ce sont des hommes montagnes, et c’est le poids de celles-ci, qui pèsent sur le dos de grand-père, il a du mal à se déplacer et il pressent que cet ultime voyage sera pénible pour lui.
L’enfant a une idée ! Pourquoi ne pas faire appel au vent ? Un vent capable de soulever des montagnes !! Ce n’est pas n’importe lequel des vents qui est en mesure d’accomplir un tel exploit, seul le plus puissant pourrait les aider, mais voilà, il réside sur la plus haute des montagnes, bien loin de chez eux. Il faut donc parcourir un long voyage pour pouvoir lui demander de l’aide, et le petit garçon devra faire ce voyage seul, son grand-père ne pouvant se déplacer.
En chemin, il rencontrera: un arbre, qui lui parlera de l’importance d’avoir des racines; des cailloux, qui profitent de la joie de se laisser rouler jusqu’au bas de la pente, des bouquetins aux pieds sûrs qui le guideront dans son ascension… Autant de rencontrent qui l’aideront dans sa progression à la rencontre du plus puissant des vents. Un voyage initiatique qui réserve des surprises et qui tisse des liens, un très beau conte !
Haïda, l’immortelle baleine, au dessin cette fois, c’est Yann Dégruel qui s’y colle.
Nous nous rapprochons du style du conte ethnique, inspiré de la culture amérindienne, le mélange de l’histoire des esprits animaliers qui donnèrent naissance au monde des hommes.
Nizhoni & Taan sont 2 enfants d’Haïda Gwaii, le monde qui repose sur le dos de Kùn l’immortelle baleine, c’est grâce à grand-père Ts’ang que les enfants connaissent l’histoire de Kùn, le vieil homme est détenteur des histoires des esprits totems de leur culture. Grand-père enchaîne les récits et incite même les enfants à lui dénicher des récits qu’il ne connaîtrait pas.
Mais que se passe t’il ? Les chasseurs ne peuvent partir car la mer est trop haute, et c’est le même phénomène qui sépara autrefois les villages de leurs ancêtres, va t’il se reproduire la même chose, le village est-l en danger ?
Taan vaque à ses occupations et ses pas le mènent au bord de l’eau, et là, il va rencontrer une femme peu ordinaire, étrangère au village, elle semble prostrée sur la plage et fuit les vagues qui montent jusqu’à elle, murée dans le silence. Taan va chercher Nizhoni et tous deux retournent sur place, ils retrouvent la femme mystérieuse (qui n’a rien à voir avec notre librairie) à la même place, et pour eux, la suite des événements va les entraîner dans une bien curieuse aventure.
4 autres titres au catalogue de Delcourt pour Séverine Gauthier, deux collaborations, l’une avec Jérémie Almanza qui dessinait Aristide broie du noir et Coeur de pierre.
Aristidebroie du noir, où comment dédramatiser la peur du noir chez l’enfant. Aristide, petit garçon, très intelligent (trop ?) à tel point que même la maîtresse est obligée de le laisser travailler tout seul dans son coin. Mais Aristide a peur du noir, il passe ses nuits a tromper sa mère par tous les subterfuges possibles pour ne pas se retrouver dans les ténèbres qui recèlent tant de mystères qui le font trembler de peur…
Coeur de pierre, un petit garçon (encore) naît au mois de Décembre, dans une maison austère, au grand malheur de ses parents, les médecins leur annonce que son coeur ne bât pas car il a un coeur de pierre. Il n’éprouvera donc aucun sentiment, n’éprouvera ni joie ni peine et vivra dans une morosité permanente et ne saura partager avec quiconque d’émotions.
Au même instant, très précisément, naît également une petite fille qui elle, sourit à la vie, à son entourage, les battements de son coeur sont un enchantement: elle a un coeur d’artichaut. Chacun grandit de son côté jusqu’au moment où ils viennent à se croiser…
Garance: Léopold, comme chaque été part avec ses parents en vacances à la mer, et comme chaque année, c’est pour lui l’occasion de retrouver Garance, son amie avec qui il passe tout son temps à s’amuser et profiter de la vie.
Cette année, Garance a décidé de partager son secret avec Léopold, son père ne serait autre que l’homme qui depuis le large de la côte produirait les vagues, et ils partent tous deux en barque à sa rencontre…
Mon arbre: Laurine est une jeune fille qui a grandi à la campagne, elle passe le plus clair de son temps en compagnie d’un arbre auprès duquel elle apprend à observer le monde, comprendre comment la vie fonctionne et se renouvelle, les joies simples du temps qui passe et d’apprécier chaque moment. Lorsqu’un jour elle arrive voir son ami, elle découvre que celui-ci a une croix peinte en rouge sur son écorce que des hommes lui ont peinte la veille…
Les scénarios de Séverine Gauthier ont ce petit truc en plus qui enchante aussi bien les enfants que leurs parents, qui sont fiers d’avoir l’impression de transmettre eux aussi de belles valeurs et de beaux sentiments à leurs bouts de choux. Vous aussi laissez vous séduire par ses belles histoires et peut-être arriverez vous à les lires avec la naïveté enfantine qui parfois quitte le coeur des hommes lorsqu’ils grandissent. FIN.
Vouloir profiter d’un média comme la Bande Dessinée pour présenter un récit politique, historique ou social peut être un choix judicieux pour capter l’attention du lecteur ou bien lui donner l’opportunité de découvrir ou bien d’approfondir certains sujets. En même temps que sort au cinéma « L’enquête », l’adaptation de L’affaire des affaires, la Bande Dessinée de Denis Robert et Laurent Astier, concernant l’affaire ClearStream, la maison d’éditions Dargaud en profite pour sortir une version intégrale regroupant les 4 tomes de ce récit reportage qui aura bien chamboulé la vie du reporter Denis Robert qui aura consacré beaucoup de temps et de sueur à ce projet; je me souviens notamment du soutien que lui apporta Charlie Hebdo à l’époque de ses premières révélations alors que le milieu journalistique avait plutôt tendance à le lâcher de toutes parts.
Black is Beltza (noir est noir, beltza-noir en Basque), un récit de Fermin Muguruza, Harkaitz Cano et Dr. Alderete, coédité par Bang ediciones & Talka records&films. Un projet peut-être pas évident graphiquement pour le grand public, mais encore une fois je ne saurais trop que vous vous conseiller d’aller au-delà de votre première impression.
Nous sommes en Octobre 1965 à New-York, comme encore maintenant, par manque d’évolution des mentalités, il se trouve que les géants de Pampelune devaient défiler dans les rues de la ville, mais compte tenu de la discrimination raciale, les 2 géants noirs sont interdits de défilé. Manex, l’un des porteurs, basque est révolté du manque de solidarité des autres artistes, il décide de flâner un peu et ses pas vont le mener jusqu’à Harlem et jusqu’à l’Apollo Theater pour le concert de James Brown; James brown ladies & gentlemen !!!!!! Il va faire quelques rencontres intéressantes, des personnes engagées politiquement et autres qui vont l’amener vers une nouvelle vie.
Par amour et par conviction, il va voyager de par le monde et se retrouver dans les différents réseaux de résistance, de combats d’indépendance, croiser Castro et Le Che à Cuba, participer au festival de Monterey et connaître le mouvement Hippie, écouter Jimi Hendrix, partir pour l’Algérie…
L’idée est entre autre de dévoiler comment les réseaux se sont mis en place et pouvaient être reliés entre eux. Ce n’est pas dans l’album, mais déjà les membres de l’I.R.A. ou de la United Red Army japonaise et tant d’autres, allaient se former au Moyen-Orient. On suit un parcours riche en expériences on revit l’Histoire et un grand nombre de sujets évoqués dans cet album parlera d’une façon ou d’une autre à n’importe quel lecteur. Un projet qui m’a beaucoup parlé et que je vous recommande chaudement.
Vaincus mais vivants, Chili 1973, de Loïc Locatelli & Maximilien Le Roy aux éditions Le Lombard. Pourquoi je fais le choix d’une telle chronique, en dehors de mettre en avant des ouvrages qui m’ont plu, pour différentes raisons, c’est aussi pour le travail de mémoire mais également pour celles et ceux qui n’ont pas connu ou vécu ces époques. Salvador Allende, président socialiste, qui a accédé au pouvoir démocratiquement, fut évincé par le général Pinochet, il refusa que ceux qui le soutenait se sacrifient face aux forces militaires, il fut un exemple et une épine dans le pied de bien des gouvernements et il y eut beaucoup de suspicions concernant une ingérence de la C.I.A. concernant son renversement.
Vaincus mais vivants, c’est avant tout l’histoire de Carmen Castillo, de ses compagnons et de ses rencontres, Miguel Enriquez, Régis Debray… comment elle s’est retrouvée exilée et l’on ne peut imaginer l’émotion qui a dû la gagner lorsqu’elle a enfin pu remettre les pieds dans son pays. Plus que de la Bande Dessinée de reportage, c’est un travail de mémoire que les auteurs nous offrent là, et non seulement cette histoire est à lire, mais elle est à partager.
De 1962 à 1987, des bancs de la faculté au retour sur le lieu de l’assassinat de son compagnon, nous suivons Carmen, alors étudiante elle écoute et admire Beatriz Allende (la fille de Salvador), elle partage au cours des soirées estudiantines les idées « révolutionnaires » ou plutôt militantes pour un désir de démocratie, mais si ses amis envisagent la révolution, ils se retrouvent confrontés au désir de Salvador Allende d’accéder au pouvoir par les urnes et non par la force. S’en suivra le combat et la résistance dans l’anonymat, les déménagement incessants, les arrestations ainsi que la torture. Carmen sera exilée, Pinochet n’ayant pas d’autre choix vu la pression internationale et le soutien qu’elle obtiendra, elle se réfugiera en France jusqu’à son retour des années plus tard sur les lieux du drame.
Frida Kahlo, Pourquoi voudrais-je des pieds puisque j’ai des ailes pour voler? collection Mirages aux éditions Delcourt. Jean-Luc Cornette & Flore Balthazar vont nous dépeindre (bien sûr puisque elle s’agit d’une artiste) une partie de la vie de Frida Kahlo, il eu été trop simple de revenir une nouvelle fois sur son parcours artistique, et je ne l’aurais pas joints à cette chronique.
En dehors de sa carrière de peintre, nous allons nous concentrer sur une période singulière de sa vie, lorsqu’elle côtoya Léon Trotski, forcé à l’exil, c’est au Mexique, seul pays à avoir accepté de le recueillir, qu’il arriva afin d’y rester 4 années avant d’être assassiné.
C’est une histoire à 3 voix, Frida, son époux Diego Rivera et Léon Trotski, une histoire passionnelle, un engagement politique, une approche artistique. Une nouvelle fois on découvre que l’Amérique du Sud a été un endroit propice à la défense d’idées révolutionnaires et socialistes, que bon nombre d’intellectuels se sont rendus là-bas et ont échangé pas mal d’idées.
Delphine Le Lay & Alexis Horellou, les auteurs de Plogoff(un village de Bretagne face au nucléaire, chronique d’une résistance populaire) sont de retour avec un nouveau récit engagé, en compagnie de Marion Boé: 100 maisons, La cité des Abeilles; toujours aux éditions Delcourt.
Cette histoire a débuté en 1950 à Quimper, eh oui nous restons chez les Bretons, la guerre a fini il y a peu d’années, le pays se reconstruit petit à petit mais la situation n’est pas rose pour tout le monde: crise sociale, crise du logement… la vie suis son cours péniblement.
Mais voilà ! Victor rentre chez lui tout guilleret, il bondit partout et sa femme a bien du mal à le calmer afin de savoir de quoi il en retourne. Un projet émergeant aurait pour but de lancer la construction d’une nouvelle cité permettant à moindre frais, mais avec la contrepartie de la participation de chacun aux travaux, de terrassement, de monter les murs… enfin tout quoi.
Mais ce n’est pas tout, ce n’est pas seulement l’opportunité d’avoir sa maison et puis basta, l’idée est d’aller plus loin et de rapprocher chacun, un élan de solidarité à grande échelle et qui perdurerait dans le temps pour la vie de chacun. Une bien belle idée qui ne se fera pas en 1 jour et qui ne sera pas sans quelques petits désagréments. Mais ce projet est bien réel et a fêté ses 60 fin 2014.
Et je termine (enfin) avec ce dernier titre: Le choix, de Désirée & Alain Frappier, aux éditions La ville brûle, en partenariat avec Le planning familial.
Les deux auteurs avaient déjà réalisé un album remarquable, Dans l’ombre de Charonne, un témoignage bouleversant sur les événements lors des manifestations de Paris, en pleine guerre d’Algérie, d’une femme qui s’était retrouvée bloquée sous les corps devant l’entrée du métro Charonne, et qui s’était vu dénigrée, compte tenu de la position des médias et du gouvernement qui, à l’époque, niaient la réalité des victimes.
Compte tenu de ce qui c’est passé il n’y pas si longtemps en Espagne, au Maroc, ou encore la position de certains hommes politiques, il est de bon ton de revenir sur le droit à l’avortement. Il est certaines lois, ou certains combats qui datent depuis si longtemps qu’un grand nombre ignore ce qu’il en à été et ce qu’il en à coûté d’obtenir des droits ou une reconnaissance de certains problèmes. « Oui mais, bon ce ne sont que des femmes, et puis elles l’ont bien cherchées, ou elle était consentante… » Le nombre d’inepties qui ont pu être dites. La « loi Veil » a changé la destinée d’un grand nombre de femmes.
Cet ouvrage va au travers du parcours d’une jeune femme revenir sur l’histoire de cette avancée humaine et sociale, aborder le parcours personnel, le débat national, les discussions en petit ou grand comité. Il met en avant diverses personnalités à travers ces dernières années, montre les arguments qu’il a fallu donner pour convaincre du bien fondé de ce droit.
Les auteurs vont souvent à la rencontre du public et sont désireux d’alimenter le débat, n’hésitez pas à aller sur ler site pour en découvrir un peu plus et voir si vous avez l’opportunité de les croiser: http://dafrappier.weebly.com/.
Voilà plein de nouvelles idées, à vous de voir et bonne lecture.
L’enchantement se fait sentir parfois dès le premier coup d’oeil, et lorsque Zidrou est au plus grand de sa forme, cela donne des ouvrages comme, Les 3 fruits aux éditions Dargaud, le duo d’auteurs de La peau de l’ours, Zidrou & Oriol est de retour pour un nouveau One-shot, une histoire respectant les codes du conte traditionnel.
La peau de l’ours était déjà l’un de nos coups de coeur, et était un récit contemporain qui se déroulait sur une petite île Italienne, un « Parrain » aveugle et vieillissant racontait au jeune homme qui vient lui faire la lecture chaque jour, l’histoire de sa vie. Une ambiance assez proche du film Le facteur, de Michael Radford avec Philippe Noiret, tant pour le lieu où se passait l’histoire que pour l’échange qu’il y a entre les deux hommes dans les deux situations. Là, pour le coup nous changeons radicalement d’ambiance, et Oriol change de style graphique, et je dois bien avouer que dans cet album, son dessin, sa colorisation et la mise en scène, portent aux nues ce conte.
Il était un royaume, où tout allait pour le mieux, Le roi a amené son peuple dans une période de paix et de prospérité, il a épousé celle qu’il aimait, plutôt que de faire un mariage de raison, et tous deux sont les parents de 4 magnifiques enfants, 3 garçons et une fille, cumulant à eux 4, les plus grandes qualités et vertus que leurs parents pouvaient espérer.
Mais l’homme restera toujours un éternel insatisfait, et, le roi sentant l’étreinte de la vieillesse et de la mort de plus en plus pressante, il se lance en quête du secret de l’immortalité. Il s’adresse tout d’abord à ses 3 mages détenant chacun les secrets de l’histoire des hommes, des secrets de l’univers et des mystères de la matière; connaissance occulte ou non, tous trois donnèrent la même réponse au vieux , c’est là chose impossible que vous nous demandez messire, le sort de chacun est inéluctable… la mort! Ivre de colère, c’est bien la mort que le roi offrit à ses savants, mais la venue d’un étranger, au courant de la quête du monarque, va tout bouleverser, il détient le secret que le roi convoite, mais c’est contre la main de sa fille, que le roi pourra obtenir ses réponses, et ce sera au plus brave de ses fils que reviendra l’élément essentiel à la quête du père. Tous 3 devront donc partir chacun de leur côté, relever le défi qui prouvera sa valeur et sa bravoure, avant de revenir au château… Je vous laisse pantois et vous invite chaudement à découvrir la suite et la fin de l’histoire dans: Les 3 fruits de Zidrou & Oriol aux éditions Dargaud, une histoire en 1 tome.
Avec Un océan d’amour, de Lupano & Panaccione chez Delcourt, beaucoup sont ceux qui ont découvert q’un récit sans paroles pouvaient les surprendre et les séduire. Avec Monstres, de Gustavo Duarte aux éditions Paquet, je ne vous propose pas le même OVNI qui chamboulera votre vie, mais un sympathique voyage burlesque, abordable par les petits comme les grands, des monstres méchamment rigolos.
Cela commence avec le genre de gag classique mais toujours efficace, du pêcheur qui brave les intempéries, et qui, après un âpre combat effréné, sort fièrement de l’eau au bout de sa ligne, un majestueux poisson qui fera la joie de ses proches à son retour, ainsi qu’un bon festin. Et c’est dans ces moments là, que la tête de l’individu fait un quart de tour, et se rend compte qu’il est lui même le prochain repas d’un tout autre poisson, bien plus grand et beaucoup plus féroce.
S’en suit la fatale invasion sur la côte, de toutes sortes de monstres, s’inspirant de la pieuvre à la tortue, Gustavo Duarte va bousculer les habitudes de celles et ceux qui profitaient de la plage, qui travaillent aux docks ou bien au musée. Lorsque c’est un enfant qui en réfère à un adulte, celui-ci le regarde d’un air amusé, et estime que ces enfants, avec tout ce qu’on leur montre à la télévision, ont décidément une imagination débordante. Heureusement le vieux Pinô veille au grain et va reprendre les choses en main. C’est fluide, c’est drôle, c’est beau… et même si l’album fait 78 pages, cela reste un peu court.
La collection 1000 feuilles de Glénat propose des choses curieuses, des récits atypiques avec bien souvent des dessins peu conventionnels. L’un de mes tous premiers coups de coeur de cette année est allé pour L’île aux femmes de Zanzim.
Céleste Bompard, céleste le bien nommé puisqu’il est pilote/voltigeur/as de la pirouette; nous sommes en 1913 lorsque Céleste fait démonstration de ses talents de pilote au manche de son aéroplane, les risques qu’il prend fait chavirer le coeur des belles et lui permettent d’enchaîner les conquêtes. Mais voilà que la guerre est déclarée, et lorsque l’on a les talents et l’adresse de Céleste, on est obligé de les mettre au service de la nation.
Le voilà donc, 2 ans plus tard, toujours à bord de son aéronef, survolant cette fois un tout autre danger que les risques encourus lors de ses voltiges, cette fois ce sont les obus ainsi que les balles crachées depuis le sol qui manquent de mettre sa vie en péril. En découvrant qu’il prend des risques insensés pou permettre au courrier des Poilus de parvenir jusqu’à leur belle, Céleste est outré, ses talents pourraient être bien mieux utilisés que pour de telles futilités.
Chose curieuse, en fait l’histoire commence chronologiquement, un tout petit peu plus tard, Céleste est échoué sur une île, déserte ? Paradisiaque ? Cela il ne le sait pas encore. Les premiers temps il faut d’abord penser à survivre, se nourrir, ne pas se laisser gagner par le sentiment de solitude et d’isolement, ne pas basculer dans la folie et faire fi de ces illusions qui viennent vous perturber l’esprit. Au fil du temps et de maintes explorations, il s’avère que Céleste va découvrir qu’il n’est effectivement pas seul sur cette île, et que ses rêves les plus fous viennent peut-être de se concrétiser.
La situation ne semble pas être idyllique pour autant, et sa posture, peut-être pas aussi envieuse qu’il pourrait nous paraître. Que va t’il advenir de Céleste au milieu de toutes ces créatures « célestes » ? Zanzim vous invite à un périple qui vous émoustillera tout autant qu’il vous amusera. Une histoire en un seul volume.
Dans cette sélection, tout ne pouvait pas être rose, Le divin, de Asaf Hanuka, Tomer Hanuka & Boaz Lavie aux éditions Dargaud fait pourtant partie de ma sélection. En ouvrant l’album la première fois, je reste très partagé, si certains éléments captent mon attention, j’ai la très nette impression qu’il y a quelque chose qui me fait tiquer, sans savoir l’expliquer.
Le projet est né de la réaction et les sentiments qu’ont inspiré aux auteurs une photo, celle de 2 enfants, les jumeaux qui menèrent la « God’s army« , une insurrection en Birmanie, alors que la légende vous indique que ces deux enfants ne sont alors âgés que de 12 ans, l’expression que vous pouvez lire sur leur visage reste choquante et troublante, on ne souhaite ne jamais croisé tel regard, que ce soit en face de vous ou bien dans une glace.
La volonté des auteurs est d’aborder les ingérences des pays occidentaux dans des pays en conflit où il est facile de s’immiscer et de faire du business avec des plans plus que louches. Mais ils souhaitent également traiter des enfants soldats, et c’est avec intelligence qu’ils réutilisent les légendes qui entourainet ces deux jumeaux de la « God’s Army », il ne faudra donc pas être choqué par la tournure fantastique que pourra prendre le récit. Un titre surprenant et qui au final porte brillamment son sujet avec tout l’impact que les auteurs souhaitaient certainement mettre en place.
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