Vous connaissez tous cette réplique culte d’Alice au pays des merveilles, mais aujourd’hui ce n’est pas de cette œuvre dont je vais vous parler, pourtant, il a tout de même un lien avec ce dont je vais traiter, c’est un peu tiré par les cheveux (si la tête est coupée, attention vous risquez les surprises): Coupes à cœur, pour le jeu de mots; Literary Life, pour le côté littéraire; et Empreintes et Pilleurs de tombes, qui se déroulent en Chine, un pays bien connu pour une coutume ancestrale de séparation du corps et de l’esprit (si celui-ci réside effectivement dans la partie supérieure de votre corps).
Qu’est-ce qui nous a donné l’envie d’être libraire ? Plein de raisons, mais l’une des plus satisfaisantes est certainement celle de pouvoir partager avec vous les lectures qui nus ont plu. Les lecteurs de Spirou Magaziiiiiine connaissent Animal Lecteur, et ils ont toujours une pensée émue pour leurs libraires préférés lorsqu’ils ont l’occasion de se plier en quatre devant ces gags qui bien évidemment s’inspire d’un aspect bien réel de notre métier. Posy Simmonds, l’auteure de Gemma Bovary & Tamara Drewe est de retour en librairie avec Literary Life, scènes de vie littéraire, aux éditions Denoël Graphic.
Cette amoureuse des livres est aussi habile à l’écriture qu’au dessin pour susciter l’intérêt de ses lecteurs. Alors qu’ Animal Lecteur se cantonne au monde de la Bande Dessinée et surtout du libraire spécialisé, Posy Simmonds a créé pour le supplément littéraire du The Gardian Review pendant 4 années des récits courts et illustrations qui traitent de tous les aspects et acteurs du milieu littéraire: auteurs/éditeurs/libraires/lecteurs/salons/internet…
Dans un style assez proche des dessins de Sempé, voici l’occasion de se détendre et d’en apprendre un peu plus sur un monde que certains semblent parfois trouver inaccessible ou élitiste, voici l’occasion de dépasser ces préjugés et d’en apprendre un peu plus, à savoir que l’auteure étant anglaise, vous avez également l’occasion de découvrir certaines spécificités propre au monde littéraire d’Outre-Manche. Comme vous pouvez le voir sur la Quatrième de couverture (le dos du bouquin pour les non-initiés) voici un livre que vous pourrez savourer cet été sur la plage, c’est vraiment de la détente. A savoir que Tamara Drewe fut adapté à l’écran et que Gemma Bovary devrait suivre le même chemin à la rentrée, une autre possibilité de découvrir l’univers de cette auteure.
Etant donné que je vous ai déjà présenté tous les titres paru aux éditions Ici-Même, vous aurez bien compris que j’apprécie leur travail éditorial, et voici l’occasion de revenir sur l’un des auteurs qui m’a le plus séduit dans ce catalogue, j’ai nommé Koren Shadmi, l’auteur d’Abaddon.
Souvenez vous de cette histoire atypique où l’on retrouvait un homme postulant pour être colocataire d’un appartement dont il ne pouvait sortir, tout du moins l’affaire ne semblait pas aisée. Avec Coupes à cœur, nous voici avec un recueil de cinq nouvelles, cinq histoires d’amour qui vont dérapées d’une manière ou d’une autre. Bionique, une relation d’adolescents dans une société qui réussit à proposer aux victimes d’accidents une greffe d’organes, leur évitant ainsi une infirmité physique mais qui reste toutefois visible, la plus belle fille du lycée n’y changera rien. Charlie Cha-Cha, un chanteur accompagné de sa charmante assistante qui anime les bals populaires, il aimerait bien développer son répertoire ainsi que son auditoire, seulement son esprit taciturne a tendance à prendre le dessus et l’empêche semble t’il de s’épanouir pleinement. Porte-bonheur, une nouvelle histoire de colocation, une jeune fille charmante et un peu réservée, qui ouvre son microcosme jusque là partagé seulement avec son chat, à un bellâtre tout en muscle et en charme, on est souvent confronté à des problèmes de confiance en soi. La croisade du guerrier, cela commence comme bien souvent dans les histoires d’Héroic Fantasy par le combat d’un prince, grand, beau & fort qui terrasse le bras armé du mal, libérant la princesse et l’emmenant dans ses bras musclés… mais là c’est le drame, on ne le croirait pas comme ça, mais même le plus puissant des guerriers peut se faire un tour de reins et devenir aussi vulnérable qu’une fillette, heureusement pour lui qu’il est bien entouré et que son mage à une solution à lui proposer pour qu’il puisse se mettre à l’abri le temps que cela passe. Eau bénite, peut-être Est-ce que j’exagère en le comparant au film des frères Coen, A Serious Man, mais disons que nous nous retrouvons dans le même genre d’idée, un juif qui va commencer à sérieusement douter de sa foi et de sa force moral, qui va se tourner vers son rabbin et les petites culottes de sa locataire.
Je vous chronique quasi systématiquement chacun de ses ouvrages, mais il faut reconnaître ses qualités narratives, Li Kun Wu, l’auteur de: Une vie chinoise, Les pieds bandés, La voie ferrée au-dessus des nuages; il est de retour, toujours dans la collection Made In des éditions Kana avec Empreintes.
Comme à son habitude Li Kun Wu parcourt la chine afin d’agrémenter le journal pour lequel il travaille de ses reportages illustrés. Il s’avère que son fils est parti étudier en Angleterre et que ses camarades de classes ne cesse de le harceler de questions sur sa culture, que cela soit à propos des arts martiaux, comme pour l’opéra de Pékin, la cuisine ou encore la politique. L’auteur tente une première fois de répondre à son fils de la manière la plus sincère, mais celui-ci lui fait rapidement remarquer que l’enthousiasme dont il fait preuve tient trop de la propagande pour pouvoir être accepté et compris de ses camarades.
Li Kun Wu va donc tenter une approche plus subtile et plus ouverte d’esprit pour écrire ces différents chapitres et s’intéresser non seulement à la culture populaire mais tel qu’il le défini lui-même: « Tout art est issu du peuple. Toute culture est basée sur le folklore. Ma recherche commence donc par l’observation de la population ». Nous passons donc de fêtes folkloriques aux cabinets d’apothicaires, en passant par les amphithéâtres ou encore les docks. Voici donc un ouvrage que je vous conseille vivement pour en apprendre un peu plus sur la Chine et les Chinois.
Et pour finir cet article, un album publié aux éditions Fei: Pilleurs de tombes de Yao Fei-La.
Si cet album vous parait coloré, teinté de fraicheur et léger, ce sera bien évidemment après l’avoir ouvert, effectivement avec un titre pareil et une couverture grise, cela parait peu engageant, passé outre cette première impression, on découvre nos deux protagonistes principaux avec leur air d’ahuris. Ces deux jeunes gens ne sont pas idiots pour autant, ce sont deux adolescents qui vivent ou plutôt subissent la révolution culturelle chinoise (1966-1976) de Mao, de plein fouet, et comme tant d’autres étudiants de la ville, ils sont « invités » à la campagne afin d’y être « rééduqués ».
Ils vont donc apprécier la vie et le labeur de ceux qui vivent à la campagne et initier aux travaux des champs. Il n’empêche qu’ils vont tout de même apprécier le décor, ses paysages magnifiques et ses superstitions ancestrales qui tournent autour de La montagne du cœur de bœuf, ce serait le lieu où les Neufs Dragons s’abreuveraient. Ce lieu recèlerait un tombeau que convoiteraient beaucoup de géomanciens ou de pratiqueurs d’Outre-Tombe: des pilleurs de tombe. Ils vont donc braver les tabous, déjouer les dangers et les phénomènes paranormaux qui se dresseront sur leur chemin.
Une nouvelle opportunité de découvrir pour vous la bande dessinée chinoise et de découvrir un autre pan de leur culture. Les éditions Fei nous ont déjà fait la joie de nous présenter des séries comme La balade de Yaya, Le juge Bao, et plus récemment le recueil des aventures de San Mao, des Strips consacrés à ce petit vagabond qui traversa pendant plusieurs dizaines d’années l’histoire de la Chine.