Ah ben c’est sûr, si tu ne fais pas de chroniques pendant une semaine : ça s’accumule, si tu n’es pas encore débordé, t’inquiète… ça va venir. De plus, on peut dire que les éditeurs ne chôment pas, à moins que ce ne soient les auteurs qui triment pour une simple écuelle d’eau. Remarque Sfar devrait pouvoir récupérer quelques gouttes de champagne à Cannes.
Titeuf, l’Elève Ducobu, les Schtroumpfs, le Chat du Rabbin, les X-men …c’est à se demander si le cinéma n’a pas déclaré la guerre au milieu de la BD : « Eh, arrêtez de nous piquer les lecteurs. Même s’ils sont soit disant analphabètes, – les vendeurs, je ne vous en parle même pas – au moins ils ont ce qui se rapproche le plus d’un livre entre les mains… ». Je m’égare, cela fait une paye que je ne suis pas allé au cinéma, du coup j’ai eu le temps de lire un peu .
Du manga : « Je ne suis pas un homme » de Usamaru Furuya, aux éditions Casterman, ou comment un pauvre petit gosse de riche glisse sur une peau de banane et se fait mal. Plus sérieusement, ce récit fait beaucoup de bruit au Japon aussi bien pour le roman que pour son adaptation au cinéma. Usamaru Furuya se met en scène, à la recherche du sujet de son prochain ouvrage, il en vient à consulter le site informatique d’un jeune homme dont le récit le capte bien plus qu’il ne pouvait s’y attendre. Issu d’une famille très aisée et doté d’un charisme ensorcellant, Yôzô Oba a toujours fait en sorte de convenir à l’image que ses interlocuteurs semblaient attendre de lui. Les trois photos de sa page d’accueil le dévoilent à 6, 17 et 25 ans et la métamorphose est sidérante entre les deux dernières. Qu’est-ce qui a poussé ce garçon a rejetté le système qui le berçait, lui garantisssant un avenir à l’abri du besoin ? Drame actuel, physique et social, ce n’est pas du voyeurisme que de s’attarder sur le parcours et la déchéance de Yôzô Oba. La grande force de tout ceci : le roman date du début xx° siécle, l’histoire se déroulait fin des années 20, et l’adaptation qui nous est proposée s’insère très bien dans notre époque. Je vous conseille également le film d’animation sorti en DVD en début d’année La déchéance d’un homme, distribué par Kaze, à savoir que cette version est beaucoup plus fidèle au roman d’origine.
« La fin du monde, avant le lever du jour » de Inio Asano, ce one-shot de la collection Made in aux éditions Kana est un petit bijou. L’ouvrage est un reccueil de plusieurs nouvelles, les portraits de personnages qui se croisent, la même journée d’une famille vue par les trois membres séparément, les retrouvailles d’anciens camarades de lycée… Cet album allie sensibilité et cruauté de la vie, les personnages aux joues empourprées par le froid ou les émotions qui jaillissent s’opposent avec justesse à la profondeur du reccueillement de ses personnages torturés illustrée par des cases plus sombres et emplies de détails ou d’effets visuels .
Ce que je vous propose ensuite, c’est un virage radical : de la délicatesse d’un film de Kurozawa, passons à la fièvre délirante d’un film de Miike:
Deux tomes 1, « Drifters » et « Black joke » pour un one shot « Innocent » . « Drifters » de Kohta Hirano, qui n’est autre que l’auteur du très perturbé « Hellsing », perle du manga d’horreur déjanté. De Billy le Kid à Jeanne d’arc, en passant par tous types de combattants qui se sont illustrés au cours des affrontements qui ont teinté l’histoire, des guerriers se retrouvent au moment de leur mort, projetés dans un corridor où ils croisent brièvement un égnigmatique bureaucrate qui ne pipe mot. Ils passent illico presto dans un univers où une guerre de grande échelle fait rage. Choisis, élus … quel que soit le terme, l’apprentissage de chacun se fait au fur et à mesure des éléments qu’il assemble :
Le kamikaze qui n’a encore croisé personne qui se retrouve, lors de l’assaut d’un château, face à une meute de dragons, pourquoi irait-il se poser des questions ? On tire dans le tas, on verra le reste plus tard !
« Blake Joke », de Masayuki Taguchi et Kintaro Koike, voici l’opportunité d’apprécier une nouvelle fois le trait du dessinateur de « Battle Royale ». Bienvenue à Neon island, ce n’est pas un paradis tropical mais l’alternative proposée, suite à l’intégration du Japon comme 51° état des Etats-Unis, pour contenir tout le marché illicite de la drogue, de la prostitution … en un seul endroit, réglementé et encadré. Kiyoshi Kira est l’homme, accompagné de l’innébranlable Doji Kodama, chargé de la sécurité et du bien être des clients de l’hôtel Honsen. Il s’occupe aussi bien du personnel, que des menues attentions offertes aux clients . Sexe, violence, scènes à la moralité douteuse, cela en fait à mes yeux un petit bijou .
Le petit dernier, « Innocent » chez Ki-oon est la collaboration entre orient et occident :Avi Arad, Junichi Fujisaku ainsi que Ko Yasung . C’est l’histoire d’un mec, il est mort, c’est pas juste. Mais comme il était pas tout à fait un saint, il peut pas rentrer au paradis, le mec. Il s’apelle Ash, le mec . Alors Dieu à dit : » t’as du feu mec ? «
– AAAAHHH, non arrêtez, lâchez moi, bande d’enmmffmf …..
-Lâche le manga, lâche le manga, tout va bien, calme toi, on va continuer à ta place, c’est pas grâve
-Je crois qu’on a encore perdu un libraire, putain de guerre, putain de Vietnam…
Veuillez nous excuser pour les diggressions de notre malheureux collègue qui mérite un long séjour dans un endroit calme, paisible .
Ash est effectivement mort, face à cette injustice, le ciel le renvoie sur terre, avec pour mission de sauver ceux qui se retrouvent dans une situation similaire à la sienne . Le hic, dès sa première personne à aider, son passé rejaillit. Il découvre des éléments autour de sa mort et cherche à se venger. Ash ne doit pourtant pas oublier que c’est le ciel qui l’envoie et que certaines règles, il ne peut les enfreindre .
Et là, le petit chat renverse le bol de lait …
Merde, t’as laissé la porte ouverte… Euh, à bientôt pour de nouvelles aventures… …Prends le fusil et le lâche pas cette fois .
T’as pensé à couper l’enregistrement ?