Attention, il y a certains albums à côté desquels il ne faut pas passer à côté, c’est le cas de celui-ci (en plus, c’est un one-shot).
L’esclavage est un sujet qui passionne en ce moment dans la Bande Dessinée, plusieurs auteurs se penchent à leur manière sur le sujet . Ici c’est Fabien Nury et Brüno qui donnent vie à une magnifique fresque, d’après le roman d’Eugène Sue.
L’histoire tourne autour de la vie d’Atar Gull, fils du roi de la tribu des petits Namaquas. L’Afrique est alors l’un des points les plus névralgiques dans le commerce triangulaire de la traite des « nègres ». Notre jeune homme va être vendu à un bourgeois venu faire affaire en Afrique après avoir quitté sa famille à Nantes. Le navire les emmenant en Amérique est attaqué en mer par un pirate au destin torturé. Ce denier revendra les esclaves à la première occasion. Atar Gull se retrouve à travailler dans une plantation pour une famille riche du nouveau monde. Mais que cache notre héros ??? Quel coup du destin peut encore le frapper ??? Et que cache-t-il derrière ce regard si froid et cet air si dur ???
A travers le récit d’un homme torturé par la vengeance et sa condition humaine, Nury et Brüno nous livrent implicitement tous les éléments du commerce triangulaire à commencer par l’Européen bourgeois qui vient pour faire commerce, le pirate qui règne sur la mer pour piller avec barbarie, violence, abus… Et le nouveau monde avec ses riches propriétaires qui exploitent des hommes comme du bétail. Un monde où il y a des dominants et des dominés. Nous sommes en pleine reconstitution historique.
Mais l’histoire ne serait rien si elle n’était pas portée par le dessin de Brüno (l’auteur Nantais a heureusement ou malheureusement, au vu de l’historique de Nantes côté esclagage, l’opportunité de situer l’action dans sa ville au début et à la fin de l’album). Avec son trait très épuré, il arrive à chaque fois à cerner les émotions des personnages, de leur donner vie et créer une véritable ambiance dans chaque décor qui est accentué par les applats de couleurs. Je me fais toujours surprendre par ce dessinateur car, au premier abord, en feuilletant je vois un dessin figé, mais lorsque je lis l’histoire: tous les personnages s’animent et me plongent en plein coeur de l’histoire.
Je ne peux donc que conseiller la lecture de cet album qui est mon deuxième gros coup de coeur (avec Portugal) de cette fin d’année, il ne faut pas passer à côté d’albums de si grande qualité.