Plusieurs titres viennent de sortir pour en apprendre un peu plus, soit sur des évènements, des pays ou bien des personnages célèbres ou tombés dans l’oubli. L’oubli, cette chose parfois inavouable lorsque l’on vous met devant le fait accompli, mais il n’est jamais trop tard pour se rappeler un évènement comme le sujet de La fantaisie des dieux, Rwanda 1994 de Hippolyte et Patrick de Saint-Exupéry aux éditions Les Arènes. De plus, il faut parfois du recul afin d’avoir un peu plus de lumière sur un sujet, surtout en politique ou en histoire, n’oublions jamais que ce sont ceux qui sont en place au pouvoir ou à la tête des médias (parfois les deux en même temps) qui nous donne comme informations que ce qu’ils veulent bien nous transmettre. Patrick de Saint-Exupéry est le cofondateur de La Revue XXI et l’auteur de L’inavouable, La France au Rwanda & Complices de l’inavouable, La France au Rwanda tous deux aux éditions Les Arènes.
Cet album revient sur un voyage au Rwanda de l’auteur en Mai 1994, accompagné de trois autres journalistes (Nicolas Poincaré, Michel Peyrard et Benoit Gysembergh) qui correspond à l’arrivée des troupes française de la mission Turquoise. C’est un témoignage très fort qui montre la découverte du drame qui se déroule à ce moment là, tout comme les français présents, on ne peut qu’être estomaqué par l’accueil des responsables des massacres réservé aux troupes de leurs « amis Français », venues selon eux les aider à terminer le travail. Particulièrement nous nous attardons sur la région de Bisesero où les Tutsis sont massacrés par milliers, dans les campagnes comme dans les églises où ils se sont réfugiés. Il est intéressant de voir également les conditions d’intervention et les réactions des militaires, soumis aux ordres de l’état complice, notamment celle d’un adjudant-chef du GIGN responsable de la formation de la garde présidentielle dans les années qui précédèrent les massacres et dont elles furent le fer de lance du génocide. Voici donc l’opportunité de remettre en avant le troisième plus gros massacre du XXe siècle qui fut pourtant gratifiée d’une remarque de François Mitterand en été 1994: « Dans ces pays-là, un génocide, ce n’est pas trop important… »
Au fur et à mesure je vais alléger le sujet, mais restons avec un autre reportage sensible, Clandestino un reportage d’Hubert paris – envoyé spécial , une bande dessinée écrite et dessinée par Aurel aux éditions Glénat.
Bien que fictive, cette histoire se base sur une série de reportages du journaliste Pierre Daum pour Le Monde Diplomatique et les propos retranscrits sont ceux récoltés à l’époque des différents témoins. Aux alentours de la quarantaine, Hubert Paris est tout e même un tout jeune journaliste qui couvre son premier reportage pour un magasine Américain, « Struggle », et c’est à l’occasion d’un n° spécial sur les migrations à travers le monde qu’il a décidé d’enquêter sur ceux qui traversent la Méditerranée depuis l’Afrique du Nord vers l’Espagne ou la France dans des bateaux de fortune que l’on appelle communément : « Harraga ».
Ce sont des recueils de témoignages de responsables de l’ANEM et de l’ANAPEC (l’équivalent le l’ANPE au Maroc et en Algérie) ainsi que des candidats au voyages clandestins ainsi que des ouvriers travaillant dans ces immenses exploitations agricoles dans le Sud de l’Espagne en passant par des membres de la Croix Rouge accueillants les réfugiés dans les ports du pays. En à peine 70 pages, cela peut paraître succin, mais l’auteur réussi tout de même a donner une bonne vision d’ensemble du sujet.
Dernier album reportage avant de passer aux biographies, Cairo Blues de Pino Creanza aux éditions Rackham.
Avec une approche narrative et graphique à la Philippe Squarzoni, Pino Creanza décrit ses voyage en 2009-2011 en Egypte et principalement au Caire. Ce sont une succession de mini chapitre qui aborde différentes thématiques, l’arrivée sur place et le chemin qui mène de l’aéroport en ville. Les impressions ressenties à la découverte du changement d’aménagement du bord du Nil au profit du développement touristique. Une approche de différents quartiers, de l’Egypte Islamique, de la culture mais aussi de la politique.
Ce que je trouve d’intéressant, c’est qu’il n’y a aucune intervention de l’auteur, seulement une description de ce qu’il a sous les yeux et d’un état de fait de ce que l’on sait de différents personnages/évènements/lieux/médias. Seuls les témoignages directs sont retranscrits, sans pour autant avoir les questions que l’auteur a pu poser. Une approche journalistique originale pour découvrir un pays qui n’a cessé de connaître bon nombre de bouleversements, y compris et surtout ces dernières années, un document intéressant pour en apprendre un peu plus.
Quelques biographies donc, avec l’une de celles qui m’intéressait le plus, celle de Auguste Blanqui (Louis Auguste Blanqui): Ni dieu Ni maître, Auguste Blanqui, l’enfermé de Locatelli Kournwsky & Le Roy, aux éditions Casterman.
Né en 1805 et mort en 1880, cet enfant de l’après révolution Française est l’instigateur de tout un courant de pensées qui inspira un grand nombre, karl Marx entre-autres. Républicain jusqu’au fond des trippes, il n’aura de cesse de lutter pour la liberté, mettant toujours ceux qui profitèrent des différentes révolutions, soit disant pour le bien de la république, devant le fait qu’ils s’accaparait le pouvoir pour leur propre profit et jamais pour l’égalité des citoyens. Anti-bourgeois, antimonarchiste, il fondit avec quelques camarades bon nombres de journaux ou mouvements révolutionnaires qui lui valu de passer plus de trente ans dans les geôles française ainsi que six années d’exil et surveillance policière.
On peut le considérer comme le père de l’anarchisme ou de l’esprit du communisme, il fut pourtant mis dans l’oubli, lui que les communards tentèrent vainement de sortir des geôles, Thiers ne cédant pas face à la menace de voir sortir un homme dont la force morale et politique représentait une force plus terrible encore qu’un groupe d’hommes armés. C’est lui qui fondit dans les dernières années de sa vie le journal au slogan emblématique qui retenti encore de nos jours: « Ni dieu, Ni maître » que l’éternel Léo Ferré portait haut et fort. Voici l’album que je ne saurai que trop vous recommander, bon il y a également le tome 4 de Blast…
Deux autres biographies réalisées par un seul et même duo, Chamisso, l’homme qui a perdu son ombre et Shelley, la vie amoureuse de l’auteur de Frankenstein, par Casanave & Vandermeulen aux éditions Le Lombard.
La collection Romantica présente les grandes figures du Romantisme Européen, de beaux bouquins de plus de 200 pages qui revisitent avec une certaine liberté des auteurs la biographie de ces auteurs, le tout agrémenté de compléments en fin d’ouvrage sur les personnages que l’on croise dans l’album et sur l’œuvre littéraire de chacun, une façon de se cultiver tout en s’amusant.