Il est assez rare que l’on ait à se battre entre nous trois (vos trois libraires préférés, Romain, Gérald et moi-même) pour réaliser une chronique d’album. Chacun ayant ses centres d’intérêts, ses sensibilités, etc. Cependant quand c’est le cas, c’est vous dire à quel point on est enthousiaste sur ces albums !
Et ici, j’ai dû me battre avec Romain et Gérald pour le « Montreur d’Histoire » de Zidrou et Raphaël Beuchot. C’est Romain qui a gagné ! Donc je ne vous dirai pas que cet album est extraordinaire, que pour moi c’est l’histoire de l’année, que les autres peuvent se rhabiller : on a trouvé le prix d’Angoulême. Non, je ne pourrai pas vous dire que le récit est fin, intelligent, émouvant, que la narration allusive (on casse le « 4ème mur ») est particulièrement pertinente. N’insistez pas, Romain se chargera de vous dire combien les récits non-humoristiques de Zidrou sont touchants. Non, non, encore une fois non, je serai muet comme une tombe sur l’osmose réussie dessin/histoire de cet album. Allez donc lire sa chronique.
Bon, après cette petite prétérition sournoise, me voilà à parler de « Catalyse » que j’ai remporté de haute lutte auprès de Gérald, cette fois-ci. Ce one-shot de Pierre-Henry Gomont aux éditions Manolosanctis fait partie de ces albums qu’aiment les libraires : le petit bouquin que l’on n’attend pas, qui se laisse lire d’une traite et pour lequel on se dit « ouf, celui-là j’ai bien fait de ne pas le laisser filer !« . Lionel travaille pour un cabinet financier, il est envoyé dans une entreprise en province pour réaliser un audit. Sauf que Lionel, c’est de l’eau tiède : pas réellement motivé, pas réellement compétant, pas réellement adulte, il mène sa vie plus par défaut que par conviction, voire même que par action. Sauf que son vide intérieur, professionnel, personnel intellectuel (?), au bout d’un moment rien ne viendra le cacher. D’autant plus qu’un certain Simon, de la même boîte financière, vient le seconder dans son travail. Ce dernier, au passé trouble, va révéler ses failles… et celles d’autres personnes également ! A la fois thriller et chronique sociale, cet album mérite d’être sur votre table de chevet.
Voilà sinon, en vrac, « Love » (Frédéric Brremaud, Federico Bertolucci, éd. Ankama). C’est beau, c’est très bien dessiné, c’est fluide, c’est « zoologiquement » parlant très chouette. La question qui vient ensuite c’est « Pourquoi ? » ou plus tôt « Pour quoi ? ». Mais bon, je suis content d’être libraire pour lire ce genre d’albums… sans les acheter.« Yerzhan » T.1 (Hautière, Efa, éd.Delcourt), un album de mise en place sans prétention mais qui fonctionne. A surveiller pour la suite….
Et puis Fraternity bien sûr (Canales, Munuera, éd.Dargaud)… Mais ça vous le saviez déjà, non ?