Divine comédie

divinecouvNous sommes toujours dans une continuité de très chouettes parutions et nous touchons du bout du doigt le divin, en commençant  par La divine comédie de Dante Alighieri adapté par Go Nagai aux éditions Black Box, d’après les illustrations de Gustave Doré.

divinEn adaptation littéraires, nous avons également, Néo Faust d’Osamu Tezuka aux éditions Flblb, d’après l’oeuvre originale de Johann Wolfgang Von Goethe, une des toutes dernières oeuvres du maître incontesté du manga qui transpose l’action au moment des émeutes de la fin des années 60′ et du début 70′ au Japon avec dans le rôle de Faust, une revisite du savant Einstein ; La forêt des renards pendus de Arto Paasilinna adapté par Nicolas Dumontheuil chez Futuropolis, l’occasion de découvrir cet écrivain Finlandais à l’humour truculent sous la houlette, la plume et les pinceaux d’un dessinateur bourré d’humour lui aussi; on effleure Les contes des mille et une nuits avec la seconde partie de Hâsib et la reine des serpents de David B. aux éditions Gallimard; et aux éditions Philippe Picquier, spécialistes de la littérature étrangère et de l’Asie en particulier, une adaptation de Je suis un chat de Sôseki par Tirol Cobato, un roman phare de l’un des plus grands romanciers Nippons, une référence si vous souhaitez comprendre les bouleversements de l’ère Meiji et la philosophie moderne du Japon.

gaimancouvMais si je parle de divine comédie, c’est surtout pour deux, non trois ouvrages à vrai dire, une seule de ces bandes dessinées est une vraie nouveauté, mais très certainement n’avez vous jamais eu l’opportunité de lire les deux autres. Tout d’abord l’édition en Français de Neil Gaiman & P. Craig Russell de Murder Mysteries: Le premier meurtre; aux éditions Delcourt.

gaiman1Ce n’est pas une nouveauté car Neil Gaiman l’a écrite une première fois dans son recueil d’histoires Miroirs & fumées en 1992 et qui fut interpréter en pièce radiophonique, puis l’adapta avec son acolyte P. Craig Russell en bande dessinée en 2002, et c’est en 2016 que vous pouvez le lire en Français. Les deux hommes se connaissent bien et récemment on a pu lire chez le même éditeur leur dernière collaboration pour l’adaptation de L’étrange vie de Nobody Owens, un autre roman de Neil Gaiman, et bien évidemment P. Craig Russell a travaillé sur LE projet Sandman.

Bref! Avec Le premier meurtre, Neil Gaiman joue avec un de ses thèmes de prédilection, les anges et la création.

gaiman2Un homme vous raconte son histoire, comment il fut obligé de faire escale à Los Angeles et d’attendre pour raison d’intempéries pendant plusieurs jours une correspondance afin de rentrer en Angleterre. Il en vient à être contacté par une ex copine qui réside à L.A., l’invite a passer la soirée ensemble et le raccompagne à son hôtel. La nuit n’est pas encore trop avancée, il décide de s’attarder dehors car il lui semble qu’il ne va pas trouver le sommeil, lorsque un homme vient lui taper une clope. Refusant la pièce de 25 cents que l’homme lui tend en retour de sa cigarette, notre narrateur se voit offrir alors une histoire en remerciement de sa générosité: « les histoires histoires ont toujours été un bon paiement, de nos jours plus tellement ».

gaiman3Petite aparté, Neil Gaiman aime la mise en abîme dans ses histoires. Donc notre narrateur se retrouve auditeur, et d’après le vieil homme, c’est une histoire vraie: comment il est né ange dans la grande cité d’argent, attendant sa fonction comme toute autre création du NOM, et le rôle qui lui est échu, lui va être révélé par celui que l’on sait, deviendra le déchu (désolé je n’ai pas pu m’en empêcher), le nommé Lucifer.

gaiman4Notre ange est Raguel, la vengeance du seigneur, et il est car le crime existe, et que le premier meurtre vient d’être commit, un meurtre au paradis. Sa fonction prime sur toute autre action de ses congénères, et l’assassinat de Phanuel exige une réponse et une divine punition et ce même si le monde est en pleine création.

Un récit magnifique de Neil Gaiman, illustré majestueusement par P. Craig Russell, le duo vous manipule avec délectation tout au long de l’histoire, qui même si elle est courte vous réserve des surprises jusqu’au bout.

shangrilacouvEt voilà que Mathieu Bablet revient une nouvelle fois nous enchanter avec sa nouveauté: Shangri-la, un récit de Science-Fiction aux éditions Ankama, et il bénéficie d’une double actualité, car l’éditeur n’a rien trouvé de mieux que de nous présenter en intégrale son aventure précédente, Adrastée, et qui plutôt que d’être en 2 tomes sur un format  « comics », est présenté en un seul et grand volume qui rend hommage à la densité graphique de Mathieu Bablet.

adrasteecouvMathieu nous avait octroyer le plaisir de sa présence pour Adrastée, et en échange nous lui avions offert un bel exemple de l’hospitalité Nantaise, avec une magnifique manifestation avec cordon de CRS interdisant l’accès à la librairie, une journée mémorable pour laquelle j’étais malheureusement absent.

Adrastée, une divine comédie là aussi, ou comment créer une mythologie grecque avec l’histoire d’un immortel résidant en Hyperborée, qui a vu avec le temps disparaître ses proches , mais également son peuple. Après maintes et maintes années, il se décide à prendre la route pour aller à la rencontre des dieux au sommet du mont Olympe, afin de les interroger du pourquoi de son immortalité.

adrastee1En traversant le monde des hommes, il croise des créatures de la mythologie, tel le Sphinx (La Sphinge), les Harpies, Talos (protecteur de l’île de Crète, royaume du roi Minos), Polyphème le cyclope (fils de Poséidon)…

adrastee3Mais le monde des hommes n’est pas des plus calmes, les guerres entre cités font rage, et ce parce que l’Homme est toujours avide et jaloux de ce qu’il ne possède pas. Alors, lorsque notre personnage découvre que lui aussi fait partie, au même titre que tous les personnages fantastiques qu’il a croisé, de ces récits qui alimentent l’imaginaire des hommes, et attisent leur convoitise. Un homme venu des lointaines contrées marcherait parmi eux, traversant les âges, possédant le secret de l’immortalité.

adrastee4cette réédition est à tomber par terre, le choix de l’avoir agrandi rend honneur au dessin de Mathieu Bablet. Il offre au lecteur des pleines pages consacrées aux cités, renforçant l’aspect de solitude et d’isolement de cet immortel perdu dans les vestiges de sa civilisation, traversant dans son périple des contrées désolées pour ensuite se perdre dans la foule au risque de se noyer par cette surenchère de population.

shangrila1Shangri-la: notre jeune auteur revient en cette rentrée bédéphile avec un nouveau récit de Science-Fiction. Et à n’en pas douter, il sait gérer ses effets avec une entrée théâtrale:

Scott est humain, un homme perdu depuis plus de 11 ans dans ce qui devrait être la nébuleuse de Gum à des millions d’années lumières de la Terre. Devrait ? Oui !  sachez le une nébuleuse naît de l’effondrement d’un soleil, et Scott est là en tant que témoin d’un événement qui a eu lieu dans son passé.

shangrila4Après cette fin « d’un » monde, nous retrouvons Scott, UN MILLION d’années plus tard, l’Humanité s’est réfugiée dans des stations satellitaires autour de la terre, entièrement dépendante de la société Tianzhu. Vous mangez, vous travaillez, vous vous habillez, vous consommez, vous dormez… Tianzhu.

shangrila2Scott enquête actuellement pour Tianzhu sur une série d’accidents dans différentes stations annexes, où ils effectuaient des recherches, il subsiste des traces d’explosions et toute trace de vie a disparue de chaque lieu d’accident. Avec son frère virgile, ils vivent dans cette société aseptisée, mais où perce un esprit de rébellion auquel Scott n’adhère pas, comme quoi la société sait parfois bien dresser ses moutons.

shangrila5Laissez vous tenter pour basculer dans un récit intrigant, avec une force narrative et graphique peu commune, très franchement à peine sortis, ces 2 albums risquent de s’épuiser très rapidement, la preuve, nous avons déjà vendu la quasi totalité de notre premier stock, sachant que l’on s’était blindé sachant que l’on aimait son travail.