Entre légèreté et frissons

legendescouvEntre la pluie et le vent qui semblent en gêner certains, on ne peut pas vraiment dire que l’hiver soit rude actuellement sous le ciel nantais, cependant, pour celles et ceux qui souhaitent faire semblant et se blottir au chaud, voici quelques petites idées de lectures pour se changer les idées, se prendre au jeu du charme (et de la souris), de la délicatesse et de la rêverie, ou encore s’imprégner de l’ambiance noire des romans policiers.

legendesextrait1Tout d’abord, nous sommes heureux de pouvoir se plonger une nouvelle fois dans l’univers animalier de David Petersen, Légendes de la Garde aux éditions Gallimard. Après Automne, Hiver, voici le troisième volume des aventures de ces souris héroïques qui s’occupent de la défense de leur peuple, qui aurait dû s’intituler Printemps, mais reprend le titre original de La Hache Noire, qui n’est autre que le nom de l’un de ses plus illustres combattants qui alimente les mythes du territoire des souris.

legendesextrait2Chaque album a donc une thématique saisonnale avec une ambiance graphique qui correspond aux couleurs dominantes dans la nature à cette époque. Si jusqu’à présent nous suivions les aventures de Sadie, Saxon, Kenzie & Lieam, là, nous nous intéressons au parcours du maître de ce dernier, Celanawe dit La Hache noire, qui vient de transmettre un lourd héritage à son jeune apprenti: une arme mais aussi le poids d’une légende.

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Comme à son habitude, David Petersen est capable d’allier le récit épique, plutôt traditionnel, avec une touche de tendresse et de poésie, il garde l’échelle des souris face au monde qui les entoure, mais en décrivant comment elles ont su s’adapter avec les moyens à leur disposition. On s’attache très vite aux personnages et à leur univers. Et cette fois, si nous reprenons là où nous les avions laissé, nous voyageons dans le temps pour revenir sur l’histoire de Celanawe, comment il entra en possession de sa hache, et surtout pour la première fois nous pouvons découvrir les ennemis des souris, à savoir les furets, qui pour le coup se sont refugier sur une île au-delà des mers connues.

« Les héros deviennent les légendes, les légendes deviennent les mythes, les mythes créent de nouveaux héros ». Tout est dit.

Si vous souhaitez continuer dans la légèreté de la poésie, de la sensibilité et de l’imaginaire, les éditions Sarbacane y pourvoiront avec deux titres: le deuxième opus de, Le chien gardien d’étoiles, enfances de Takashi Murakami, ainsi que le cinquième et dernier tome des Enfants de la mer de Daisuke Igarashi.

chien extraitLe chien gardien d’étoiles, c’était un album qui relatait le parcours d’un homme et de son chien, retrouvés tous deux morts dans leur voiture. Cette histoire était le fruit de l’enquête de l’homme de l’administration japonaise chargé de retrouvé l’identité et leur possible famille, des sans abris. Ce fut grâce à un ticket de caisse d’un antiquaire retrouvé dans le véhicule que l’homme put reconstruire le parcours de nos deux personnages, un récit poignant. Dans ce deuxième tome, ce sont deux récits en lien direct avec la première histoire, le chien, lorsqu’il fut adopté, avait été trouvé dans un carton, et il se trouve qu’il avait une petite sœur, malingre donc moins séduisante, et elle va être recueillie par une vieille femme seule, acariâtre et qui à ce moment là souhaitait mettre fin à ses jours. Le deuxième récit s’attarde sur un jeune garçon dont la mère fait partie de ce phénomène sociale Nippon, c’est à dire, qui a souhaité délaisser son enfant afin de privilégier sa nouvelle relation amoureuse. Si il est livré à lui même, il va aller jusqu’à voler un chien dans une animalerie avant de prendre la route pour retourner voir son grand-père. Ces deux groupes de personnages recroiseront d’une manière ou d’une autre nos premiers protagonistes, et la boucle sera bouclée.

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Bon, je sais, on va dire que je fais le forcing étant donné que je vous ai fait la promotion de cette série à chacune des sorties, mais c’est uniquement parce que je trouve que cette série frise la perfection. Elle n’est peut-être pas la plus facile à lire graphiquement, mais c’est comme pour tout, il en faut pour tout les gouts. De plus, tout le côté onirique et métaphysique peut en perdre plus d’un en cours de route, mais c’est également ce qui fait la force de ce récit. Les enfants de la mer, l’histoire de Ruka, cette jeune fille qui au cours de ses vacances d’été va rencontrer Umi et Sora, deux garçons qui ont lien très fort et très original avec l’océan. Cette rencontre coïncide avec un phénomène mondial de disparitions, aussi bien dans la nature que dans les différents aquariums du monde entier, de poissons ou de mammifères, d’une étrange lueur, et de légendes qui remontent à la nuit des temps: « Les vagues et les vents utilisent un langage simple… Ce sont les humains qui cherchent des réponses compliquées. »

fantomas extraitComme l’hiver dernier, certains titres vous invitent à vous faire frissonner, un bon polar à savourer une fois la nuit tombée, avec une figure emblématique: Fantomas. Et oui!! Le deuxième tome de La colère de Fantomas d’Olivier Bocquet et de Julie Rocheleau, Tout l’or de Paris, vient de sortir et je renouvelle mon enthousiasme et mon amour pour cette œuvre, l’un des meilleurs titres des éditions Dargaud depuis l’année dernière. Si vous avez eu l’occasion de voir la journée consacrée aux années 1910/1914 sur ARTE il y a peu, tout un reportage ainsi que les premières adaptations cinématographiques de l’époque étaient présentées et nous pouvions voir oh combien La colère de Fantomas est dans la digne lignée de l’œuvre originale.

fanomas couvNous retrouvons donc Juve et Fandor sont toujours lancés sur les traces du plus célèbre et plus machiavélique voleur de tous les temps, celui-ci a annoncé qu’il ferait main-basse sur tout l’or de Paris et a donc mis en alerte toutes les forces de police de la capitale qui garde sous bon œil les banques et différents dépôts de la ville. L’ingéniosité et la sournoiserie du malfaiteur va dépasser leurs attentes, et lorsque l’on croit avoir mis à jour sa duperie, c’est pour une nouvelle fois se jouer de vous. Voici donc le deuxième tome d’une trilogie qui devrait normalement être suivi de deux autres récits en trois tomes également, on peut déjà espérer lire le dernier tome au début 2015 et « conclure » cette première enquête, mais à n’en point douter, le mal ne disparaitra pas aussi facilement.

radarcouvEn même temps que Fantomas, l’année dernière, nous découvrions les aventures de Silas Corey, dans le même genre d’ambiance, cette année nous avons le droit au titre de Simsolo et Bézian: Docteur Radar. Tout comme le bandit notoire Fantomas, le Docteur Radar est anonyme, se cache sous de nombreux déguisement, et ne rechigne pas à utiliser des méthodes radicales pour arriver à ses fins.

Porté avec maestria par le dessin de Bézian, nous voici plongés dans un récit complet où la police va tenter d’arrêter le terrible docteur qui élimine les uns après les autres des savants des quatre coins du globe qui ont comme point commun de développer des théories et inventions pour la conquête spatiale, nous sommes en 1920, et ce qui peut paraître encore comme une utopie à celles et ceux qui vivent l’entre deux guerres, commence a vraiment prendre des airs réalistes, ne vient t’on pas de réussir à percer les mystères de l’atome ?!

Nous restons donc dans du récit noir, dans un Paris où le milieu de la pègre peut avoir facilement ses entrées chez Maxim’s. une enquête menée tambour battant qui vous fera frissonner et qui respecte les classiques du genre, à tel point que même si ce titre est un one-shot, tout peut nous laisser supposer que les auteurs puissent revenir avec des récits similaires si ils réussissent dès le premier coup à séduire leur lectorat.