Pour ceux qui se posent la question: pourquoi présenter de la littérature alors que nous ne vendons que de la bande dessinée, je leur répondrai: je suis chez moi, je fais ce que je veux. Et puis ça donne l’opportunité de vous pousser à vous rendre dans les autres librairies si vous les délaissez pour nous rendre visite. Avec ce premier ouvrage, c’est non seulement un pas vers la littérature, mais aussi vers le cinéma et un peu plus loin de la télévision… c’est un coup à faire le grand écart, et si vous regardez juste en-dessous de vous, vous verrez que le Takeshi Kitano fait même de la peinture. Je ne vais pas émunérer tous les titres de ses films, histoire de vous laisser faire une partie du boulôt. Si nous avons eu la chance de le connaître de part le monde, ce n’est autre que par le génialissime Jean-Pierre Dionnet qui avait acheté les droits de ses premiers films, que même les japonais boudaient et pourtant ses émissions de télé (au moins quatre hebdomadaires) cartonnent comme c’est pas possible.
Asakusa Kid paru chez Motif est le récit de son adolescence, comment il s’est lancé dans la vie professionnelle et comment de son envie de se lancer dans une carrière de boxeur, il en est venu à faire du stand-up dans un genre très populaire au Japon depuis l’après seconde guerre mondiale. Vous y découvrirez un quartier qui tourne autour du spectacle, du jeu et donc des yakuzas. Il y rend un vibrant hommage à son mentor, personnage illustre mais qui mourru dans le dénuement.
Takeshi Kitano a écrit plusieurs autres romans ou semi biographie quasiment tous traduits en France chez différents éditeurs, la totalité de sa filmographie est également disponible, le public français étant un de ses plus grand fan de par le monde. C’est artiste mélange adroitement la violence et la poésie et ce, toujours avec beaucoup d’humour et avec cette patte contemplative que l’on retrouve si souvent dans les cultures asiatiques.
Yoko Ogawa est une auteur très intéressante à découvrir avec ses récits où des gens ordinaires vivent de petites aventures extraordinaires. Avec La formule préférée du professeur publiée par les éditions Actes sud, nous faisons la connaissance d’une assistante ménagère qui travaille depuis un certain temps dans un organisme qui offre ses services. Lorsqu’elle découvre sa nouvelle affectation, le dossier de présentation de son nouveau client est accompagné d’anotations qui révèle qu’elle n’est pas la première à offrir ses services et le nombre de personnes qui se sont succédées ne lui laisse rien suggérer d’agréable. Elle est reçue par la belle soeur de son futur client, l’accueil est tendu et une fois les présentations faites, celle-ci ne veux plus avoir à faire à elle. La particuarité de son nouveau client est un sérieux handicap, en effet c’est ancien professeur de mathématiques, une référence dans son domaine, a subit un accident et il est maintenant doté d’une mémoire qui n’éxcède pas les 30 minutes, du coup, chaque jour elle doit se représenter à son employeur et si jamais elle s’absente pour une course et dépasse le délai, même chose. Pour pallier à cet inconvénient, le professeur est bardé de haut en bas de post-it pour toutes les informations qu’il doit se rappeler. Il ne travaille plus, mais pour satisfaire sa soif des nombres, il passe le plus clair de son temps à participer aux concours de mathématiques que les magazines spécialisés mettent en place, il s’extasie à la moindre occasion de la présence des nombres dans notre vie notament des nombres premiers. Leur relation va prendre une tournure plus singulière lorsqu’il découvrira qu’elle est mère célibataire et exigera que l’enfant ne reste pas seul chez elle entre la fin des cours et son retour à la maison après son travail. L’arrivée de l’enfant dans le monde du professeur, accompagné de la curiosité et l’impatience propre à son âge, donnera au trio une relation pleine d’émotions.
Je vous conseille également La pièce hexagonale pour découvrir Yoko Ogawa, une nouvelle parue toujours chez le même éditeur.
Pour ceux qui préfèrent des ouvrages un peu plus conséquents et beaucoup plus barrés, deux ouvrages: Les bébés de la consigne automatique de Ryû Murakami aux éditions Picquier, et Dogra Magra de Yumeno Kyusaku chez Picquier également.
Ryû Murakami fait partie de cette jeune génération d’auteur japonais qui nous pondent des récits modernes et il faut l’avouer assez violents et dans ce roman il nous dépeint l’histoire de deux jeunes gens, victimes de ce phénomène de mode d’il y a quelques années, plusieurs femmes ont abandonné leur enfant dans des consignes de gare et très peu ont été retrouvés vivants. Ces deux enfants sont donc saufs et ont été mis ensemble dans le même orphelinat, une relation tellement forte étant née entre-eux, les parents qui vont s’y intéresser ne voudront les séparer et les adopteront ensemble. Si l’un est très expressif, l’autre est de nature réservée mais ils partagent toutes leurs expériences et leurs centres d’intérêts.
La vie amènera l’un d’entre-eux vers une carrière sportive de haut niveau tandis que l’autre goûtera au monde survolté du rock n’ roll et croyez bien que tout ne sera pas rose pour eux car avec un tel départ dans la vie, on en sort avec de sacrés traumatisme.
Dans le cas de Dogra Magra, c’est le genre d’histoire qui vous fait plonger dans un abîme dont vous ne sortirez peut-être pas indemne. Un homme se réveille dans une chambre d’un asile d’aliènés, il a perdu la mémoire et pourtant, les personnes qui se présentent à lui attendent beaucoup de lui. Un médecin a été assassiné, c’est celui qui le suivait, et dans les affaires de celui-ci, on a retrouvé une ultime note indiquant que son patient pourrait aider à résoudre l’énigme de sa disparition. Le premier indice est le récit d’un ancien pensionnaire du même service et les premières lignes de son récit sont identiques à celles de l’ouvrage que vous tenez entre les mains…
Tous ces ouvrages sont disponibles chez leur éditeur respectif, donc si vous ne les trouvez pas en rayon chez votre libraire en littérature, il pourra vous les procurer assez rapidement.