Oui, on peut dire cette fois que je tape dans l’exigence, celle du créateur certes, mais aussi dans celle du lecteur. Les trois œuvres que je vais vous présenter aujourd’hui peuvent tout aussi bien vous ravir que vous décontenancer, elles sont séduisantes, alléchantes mais reconnaissons le, tout le monde n’adhèrera pas toujours au choix du scénariste & du/des dessinateurs.
Mon premier choix se porte sur la plus accessible: Fairest, tome 1- Le grand réveil, de Bill Willingham, avec Matthew Sturges en coscénariste et trois dessinateurs Phil Jiménez, Steve Adowski et Shawn McManus (il faut s’y habituer, dans le monde du comics il n’est pas rare de voir de grandes équipes collaborer sur la réalisation d’un album ou d’une série). Fairest est une série dérivée de Fables, je vous en présente le principe avant de vous développer l’album que j’ai choisi.
Sachez le, le monde des Fables, regroupant tous les personnages mythologique comme Le petit chaperon rouge, Blanche Neige, les trois petits cochons, Pinocchio… Ce monde, ou plus précisément Ces mondes existent, dans une autre dimension certes, mais ils sont réels. Seulement, un être malfaisant a décider de conquérir chaque plan de cet univers et d’asservir ses congénères. Du coup, toutes les entités féériques n’ont trouvées d’autres solutions que de se réfugier dans notre monde et plus précisément dans deux rues de l’un des quartiers de New-York qu’ils ont appelé Fableville, qu’ils ont réussi à préserver du regard des curieux grâce à un ou deux artifices magiques. Comme tous les personnages des fables n’ont d’apparence humaine, certains se retrouvent cantonner à La ferme, à l’extérieur de la ville, seul Le Loup a subi une transformation lui donnant un corps Humain et vit en ville avec les autres Fables, on ne pouvait décemment pas le laisser seul avec les animaux, maintenant libre à vous de découvrir cet univers TRES TRES riche en personnages et en histoires.
Fairest, nous l’attendions tous les trois avec impatience à la librairie, voici enfin traduite cette série consacrée aux personnages féminins de l’univers de Fables, chaque album présentant une histoire complète de l’une des héroïnes.
Le grand réveil, et oui, c’est donc La belle au bois dormant le sujet du jour, mais tout débute avec Ali Baba, prince des voleurs qui sillonne les ruines de l’une des cités ravagées au cours de la guerre qui opposa les Fables face à L’Adversaire. Il trouve dans les décombres une amphore magique qui selon toute logique (compte tenu du personnage) recèle un génie. Bon pas tout à fait le génie auquel il est habitué, point de pouvoirs cosmiques pour le nabot qui jaillit de la bouteille, seulement le pouvoir de connaître et révéler les secrets, ce Djinn est un collecteur d’informations.
Si Ali Baba souhaite acquérir des richesses, son petit compagnon sait où il va pouvoir en dénicher, mais de manières détournées, si tout était trop facile, cela ne serait pas drôle. Aux mains des Gobelins se trouve prisonnière La Belle, celle à qui l’une des marraines lui a octroyer le vœu qu’elle serait toujours riche. Il suffit donc pour le prince des voleurs de se glisser au milieu du camp jusqu’à la tente où elle dort, et d’un baiser… la réveiller. Rien de plus facile pour un être aussi agile et discret, mais Oh surprise, ce n’est pas une, mais deux belles endormies qu’il découvre.
Et voilà l’introduction, c’est un arrêt brutal de ma part, mais libre à vous de continuer si je vous ai mis l’eau à la bouche. Je me dois de rajouter qu’il existe également une autre série, dédiée elle à Jack, un personnage que l’on retrouve dans différents contes (& le haricot magique, le tueur de géants…) et surtout de vous prévenir que si vous vous engagez dans la lecture de cette série, elle est longue, très longue, mais excellente !!!!!
Il y a quelques temps Urban Comics nous offrait une brouette de titres avec comme point commun l’auteur Sean Murphy, histoire de nous faire une idée de l’éventail de son talent. Voici qu’ils nous font la même chose avec Jonathan Hickman, un auteur remarqué ces derniers temps aux Etats-Unis, sa série actuelle East of West est celle qui fait le plus couler d’encre aujourd’hui, nous avons la chance de voir éditer le premier volet. Le deuxième titre présenté est l’un de ses premiers récits, Pax Romana. Présentées comme des uchronies, des récits qui modifient l’Histoire telle que vous la connaissez pour en présenter une alternative, East of West est une série en cours, tandis que Pax Romana est une histoire complète, toutes deux sont des récits fantastiques et mystiques.
East Of West t1- La promesse, menée au dessin par Nick Dragotta et assisté à la couleur par Frank Martin, tout débuta au cours de la guerre de sécession, alors que le pays s’entredéchire la chute d’une météorite va marquer la fin du conflit. Mais, au lei de voir une unification des différents états, ce sont sept nations qui vont émergées. Cette situation est également placée sous le signe mystique d’une nouvelle révélation, un second livre de l’Apocalypse a été écrit, et le fait que ces textes soient aussi bien transmis par un bon blanc bien chrétien mais également par un shaman indien a marqué les esprits à travers tout le territoire, et le dernier élément fondateur de cette nouvelle croyance fut révélée par Mao Tsé-Toung, lui conférant un poids mondial. Voici comment débute notre histoire.
Voici donc un récit qui va vous amener dans un délire Uchronique mêlant histoire, ambition du pouvoir, vengeance et religion, un programme très ambitieux et qui apparemment est l’une des séries qui « cartonne » le plus actuellement aux Etats-Unis. C’est en suivant ce cavalier blanc, mais pas solitaire car il est accompagné de deux êtres aux pouvoirs surprenants et qui semblent être issus d’une tribu indienne, leur périple ne parait souffrir d’aucun obstacle à la hauteur en mesure de les arrêter, la Mort les accompagne et les cadavres s’amoncèlent sur leur passage.
Cette série est actuellement en cours, je ne peux donc pas vous dire en combien de tomes elle sera, le projet est ambitieux, il faudra donc faire preuve de patience, un deuxième tome est déjà annoncé par Urban dans l’année, mais à n’en pas douter son originalité risque d’en interloquer plus d’un lecteur.
Donc, à l’occasion de la sortie de East of West, les éditions Urban Comics en profitent pour publier également un autre titre de Jonathan Hickman dans leur collection Indies: Pax Romana. Ce titre devrait être suivi d’une création également menée entièrement par Jonathan Hickman, The Nightly News, toujours dans la collection Indies.
L’auteur est donc au scénario et au dessin pour ce One-Shot qui aurait très pu donner une série aux allures Dantesque s’il l’avait souhaiter.
Nous sommes en 2053, le Vatican, nous le savons (et pas seulement de Marseille, comme le disait si bien Pierre Desproges) est l’un des états les plus riches du monde, et malgré l’ironie de la chose, il n’hésite pas à subventionner certaines recherches technologiques y compris dans des domaines frisant l’hérésie. A cette époque, c’est l’Islam qui a le vent en poupe, sentant le déclin proche, il est donc décidé de s’approprier une découverte bouleversante pour modifier cet état de fait. Deux chercheurs viennent de trouver le moyen de voyager dans le temps et d’envoyer un certain volume de personnes et de matériel à une époque désirée.
La question reste toujours la même dans ce genre de cas, qu’elle est la part d’ingérence que l’on peut envisager dans une situation pareille, qu’elles conséquences et quels aboutissements sont souhaités et tolérables. C’est la période de l’empereur Constantin qui va être la cible choisie, dernier empereur romain et qui fut celui qui se converti sur son lit de mort au Christianisme, l’idée étant non-pas de faire la seule et unique religion à terme, mais de consolider et pérenniser son pouvoir.
Ils vont donc envoyer un groupe d’hommes religieux mais également d’hommes de troupe aguerris et armés pour réussir ce tour de force, afin d’influencer les évènements qui ont déjà fait l’Histoire de l’Humanité. Comme vous le pouvez le constater à la lecture de cette présentation, cette histoire aurait très bien pu donner une énorme série qui traverserait notre passé, l’auteur a pourtant fait le choix de n’évoquer qu’une courte période, ce qui lui évite de se fourvoyer et de garder un récit solide qui amène déjà un grand nombre de réflexions au lecteur. Un récit exigeant, qui titillera celles et ceux qui se plongeront dans cette Uchronie pas piquée des vers. Afin de ne pas vous laisser un goût de trop peu, Jonathan Hickman a tout de même étayer son album d’une frise chronologique qui permet une projection dans ce qui aurait pu découler à plus long terme de cette aventure.