Serait-ce mon envie de vous voir passer des nuits blanches qui m’incite à vous présenter cette fois quelques ouvrages dérangeants cette fois-ci ?… Peut-être. En tout cas, voici de quoi vous faire frémir d’angoisse. Severed, Destins mutilés de Scott Snyder, Scott Tuft et Attila Futaki aux éditions Urban comics, collection Indies. Severed est le genre d’histoire où dès le début vous avez tous les éléments pour savoir de quoi il retourne, vous connaissez le personnage principal, vous savez ce qui lui est arrivé, qui est le responsable et ce qu’il est devenu, et pourtant, à peine commencez vous à prolonger votre lecture que tout ça est vite oublié, tellement l’histoire est prenante avec un dessin à couper le souffle. Jack Garron est un père de famille à la petite vie tranquille, à la télé les prouesses d’un jeune artiste nommé Elvis Presley la discussion et l’ambiance de la maison, mais voilà qu’un pli arrive, contenant une photo qui le replonge aussitôt au moment de son adolescence, l’Amérique des Raisins de la colère de Steinbeck et des Anges vagabonds de Kerouac. Il vivait seul avec celle qu’il croyait être sa mère, mais en découvrant qu’il fut adopté, il décida de prendre la route afin de retrouver son géniteur, un violoniste qui lui laissa son instrument et une lettre. Il va découvrir le quotidien des Chemineaux, ces voyageurs sans un sou qui traversent le pays en tentant d’échapper aux contrôleurs, des rencontres où l’on apprend également qu’il ne faut se fier à la première personne venue. Le quotidien est parsemé d’imprévus et de rencontres inattendues, et si il ne trouve pas son père du premier coup, un vendeur ambulant de phonographes pourrait bien lui filer un sérieux coup de main pour le dénicher mais il faut une nouvelle fois prendre la route et traverser le pays. Cette histoire est un bijou, une perle rare et comme moi, il y a de très fortes chances que vous ne puissiez pas interrompre votre lecture tant que vous n’êtes pas arriver au bout du récit. Enfin! Enfin il est sorti: Abaddon de Koren Shadmi. Initialement prévu chez Vertige graphic, les aléas de l’édition font qu’il est publié chez Ici même, et si je l’ai attendu près d’un an et demi, je n’ai pas été déçu de ma lecture. Je ne vous donnerai pas beaucoup plus d’éléments que l’on m’avait donné à l’époque où on me l’avait présenté afin de voir si votre curiosité prendra le dessus.
Imaginez que vous vous présentiez à un appartement pour une collocation: vous sonnez à la porte, une jeune et charmante demoiselle vous ouvre et vous introduit dans la pièce principale, elle vous présente à vos futurs colocataires et vous montre la chambre de libre. Tout vous semble correct et vous prenez la décision de rester. Mais, car bien sûr il y a un Mais et pas des moindres, tout dérape, vous êtes témoin d’une altercation entre deux des résidents, et votre première réaction est de vous dire qu’il est hors de question de vivre dans une telle ambiance, et là ô surprise: il vous est impossible de sortir de l’appartement. Comme la jolie jeune femme va vous l’expliquer, personne ne peut sortir, et pourtant vous venez remplacer celui qui a quitté les lieux tantôt… étrange. En tirant les rideaux vous vous apercevez que les fenêtres sont murées. Il est impossible pour vous d’ouvrir vos bagages, d’éteindre les lumières de votre chambre… Bienvenue à Abaddon. Il vous reste bien des choses à découvrir dans cette première partie, aussi bien sur le personnage principal que sur ses nouveaux amis et que dire du lieu dans lequel se déroule ce huis-clos. L’atmosphère se trouve accentuée par le choix des couleurs qui dominent l’album (les daltoniens ne s’y retrouveront pas) et qui donnent un côté lancinant à l’histoire.
Guillermo Del Toro ne fait pas que du cinéma, parmi les différentes cordes à son arc il est également écrivain et l’un de ses écrits vient d’être adapté en Bande dessinée: The strain, la lignée. Au scénario David Lapham, Mike Huddleston au dessin. Moi qui suit assez fan d’histoires de vampires, je suis plutôt regardant et je l’ai pris en mains sans réelle conviction, mais une fois refermé j’avoue que j’ai eu une agréable surprise. Ephraïm Goodweather, père divorcé aimerait profité de son week-end avec son fils pour passer un peu de bon temps, mais un incident survenu à l’aéroport JFK de New-York va venir chambouler ses projets. En effet Ephraïm travaille pour un organisme gouvernemental qui lutte contre les attaques bactériologiques, et aujourd’hui un Boeing qui vient à peine d’ atterrir cause quelques soucis à la sécurité de l’aéroport. Les portes et les communications restent closes, reste-t-il âme qui vive à son bord? Devons nous faire face à une attaque terroriste? Dans le doute toutes les précautions sont prises. Les phénomènes qui vont suivre prennent leurs origines dans le folklore roumain que connait bien un vieux prêteur sur gage du quartier de Harlem, ce « vieux fou » ne va pourtant pas être pris au sérieux par les enquêteurs bien qu’il devine nombre d’éléments qui n’ont pas encore été rendus publics. Les sauts entre les différentes époques renchérissent l’histoire et la compréhension des évènements, avis aux amateurs d’histoires sombres et glauques: venez découvrir une histoire de vampires sauce Del Toro.
Un nouveau Baru, en voilà une bonne nouvelle, encore un bon bouquin à savourer, et cette fois c’est l’adaptation du roman de Jean Vautrin « Canicule » qui fut porté à l’écran en 1984 avec David Bennent (l’enfant dans Le tambour), Lee Marvin, Miou Miou, Jean Carmet… j’en ai encore des frissons tant ce film m’avait marqué par son atmosphère et le jeu des acteurs. Jimmy Cobb n’est pas un touriste américain qui vient passer un séjour d’agrément en France, non il fait partie des gangsters internationaux de haut-vol rechercher par toutes les polices depuis, son évasion mais également depuis son dernier braquage et il se baladerait avec pas moins d’un milliard de centimes. Ayant doublé et abattu une partie de ses complices, d’autres gangsters sont à sa recherche, et tout se beau monde se retrouve dans la Beauce un été de canicule.
Toute l’action va se déroulée autour du corps de ferme de Horace, mari frustré et au tempérament violent, il règne déjà une certaine tension au sein de la famille et les évènements à venir risquent d’être particulièrement chauds. Notre braqueur va être comme un chien dans un jeu de quilles, perdu au milieu de nulle part, et acculé dans ses derniers retranchements. Un polar sombre mis en images par un Baru toujours au sommet de son art pour nous raconter des histoires peu ordinaires de gens pourtant bien ordinaires eux.
Le 11 Mai prochain nous nous faisons une joie de vous proposer une rencontre spéciale Même Pas Mal en accueillant trois auteurs Nantais publiés chez cette maison d’éditions à l’occasion de la sortie du nouvel album d’Olivier Texier: Grotesk, retour à l’anormal.
Il vous est peut-être connu sous le nom de Michou La Savate ou en tant qu’arbitre de la très fameuse fédération de Catch de dessins à Moustache, vous l’avez même peut-être aperçu dans son costume de girafe notamment au début du film de Pascal Rabaté « ni à vendre ni à louer »
Donc il viendra avec deux de ses acolytes, Cécily et Gérald Guedin auteurs respectivement de Euclide et Luv Stories chez Même Pas Mal, mais Olivier nous présentera également son nouvel album à paraître aux éditions Humus: Cons-sidérations. N’hésitez pas à venir rire et frémir avec nous à l’humour déjanté de ces joyeux drilles.
Exclusivité de dernière minute: le 25 Mai nous serons honorés de recevoir Koren Shadmi, l’auteur de Abaddon que je vous ai chroniqué plus haut qui sera de passage en France et pour l’occasion à la Mystérieuse Librairie Nantaise, un grand merci à son éditrice Bérengère Orieux de cette opportunité de rencontrer cet auteur.