fromage ou dessert ?

« Dans la vie tout n’est affaire que de choix: ça commence avec la tétine ou le téton, cela se termine par le chêne ou le sapin ». Cette phrase n’est pas de moi mais de Pierre Desproges et dieu sait que ce bonhomme n’a pas dit que des conneries, et dans notre cas, on vous donne le choix: se laisser tenter par quelques nouveautés alléchantes ou bien continuer les séries que vos libraires préférés vous ont conseillées.

Je passe les « grosses » sorties que tout le monde attend, celles qui sont mises en place à coup de bulldozer, on vous en conseillera certaines bien évidemment, mais déjà de vous même vous viendrez chercher vos suites tant attendues. Non je m’attarde cette fois sur les séries où note boulot de libraire a été de vous les mettre entre vos mains et en vous suppliant de nous faire confiance: « ces bouquins là, ils sont terribles ».

abaddon couvAbaddon, suite et fin de l’œuvre de Koren Shadmi aux éditions Ici Même. Nous avions eu la chance de recevoir l’auteur au cours de l’un de ses passages en France, et la rencontre fut fort agréable.

Dans ce deuxième tome nous allons retrouver Ter, qui après avoir réussi à sortir de l’appartement où il s’était retrouvé prisonnier erre à présent dans les couloirs d’Abaddon, cet étrange « Hôtel »? « Immeuble »? Toujours est-il qu’un grand nombres de surprises, agréables ou non l’attendent au détour des couloirs du bâtiment.

Cet album original tant par son récit que par son ambiance graphique m’a encore apporté pleine satisfaction en tant que lecteur.

dora couvAutre album tenant ses promesses, la deuxième partie de Dora de Ignacio Minaverry vient de sortir aux éditions L’Agrume.

Cette histoire détient la grâce et la délicatesse de son personnage principal, je la compare souvent à Jane Seberg, tant dans son physique que l’auteur lui a donné que dans sa personnalité et dans ce qui me touche dans son histoire. Dans le premier volume, nous découvrions Dora, qui elle est, son parcours, l’histoire de sa famille et la démarche dans laquelle elle s’est lancée. Rappelez-vous, son père ayant été déporté pendant la deuxième guerre mondiale, elle profite de son travail à Berlin Ouest pour l’administration américaine chargée d’éplucher toute la documentation nazie saisie, afin de trouver des éléments d’informations, au départ pour éventuellement trouver une trace de son père, sinon d’avoir les informations sur les évènements qui se sont déroulés dans les camps. Toute cette démarche va l’amener à rencontrer des membres de cette organisation indépendante qui s’est mise en place et qui traque les criminels de guerre à travers le monde.

Dans Dora, l’année suivante à Bobigny, nous allons nous intéresser un peu plus à Dora elle-même, ses relations amoureuses, ses amitiés, mais n’oublions pas la part historique qui est développée, l’indépendance de l’Algérie et surtout les évènements qui se sont déroulés en France: les stades transformés en camps de prisonniers; les exactions des forces de police et de l’administration…

Je retrouve le même intérêt que lorsque je lis les aventures des frères Hernandez dans Love & Rockets (Palomare, Locas…) et à MON GOÛT PERSONNEL, bien plus intéressant et mieux réalisé que Persépolis de Marjane Satrapi.

incidents nuit couvDavid B. a été assassiné alors qu’il traversait un pont de paris en pleine nuit, les agresseurs anonymes l’ont lardé de coups de couteaux avant de le laisser tomber dans la Seine. Tout du moins, voici dans quel contexte se terminait le premier volume des Incidents de la nuit. Après tant d’attente, l’auteur revient à L’Association pour cette suite tant espérée… et je suis au regret de vous dire que l’aventure ne se termine pas là et qu’il va vous falloir patienter encore un peu afin de connaître le fin mot de l’histoire. Son frère va même intervenir dans l’enquête, oui ce frère de L’ascension du haut mal est présent dans l’histoire, avec l’aide du commissaire Hunborgne, de la journaliste et des libraires (qui sont, eux aussi, assez mystérieux, je l’avoue), tout ce petit monde va tâcher d’arrêter les membres de La flotte, qui ont un lien avec Emile Travers, ce personnage mystérieux, créateur de la revue Les incidents de la nuit, et qui aurait défié la Mort elle-même.

enfants couvVite fait comme ça, voici les autres suites des séries que j’ai pu vous mette entre les mains et dont je suis fier d’y avoir crû et dont vos retours après lecture m’encourage à vous satisfaire encore.

4e et avant dernier tome pour Les enfants de la mer de Daisuke Igarashi aux éditions Sarbacane.

Une histoire de trois adolescents qui sont liés entre autre chose par l’océan et ses mystères.

jesus couvAutre OVNI, complètement déluré et qui apporte pourtant plein d’information sur la culture Japonaise: Les vacances de Jésus & Bouddha de Hikaru Nakamura.

Les éditions Kurokawa sortent ce mois-ci le 6e volume des aventures rocambolesques de deux des types qui comptent le plus grand nombres de fans sur terre (Johnny H. et Céline D. n’ont qu’à retourner se coucher).

Encore cette fois, c’est un recueil de plusieurs petites histoires consacrées au séjour prolongé de Jésus et Bouddha sur Terre, ils s’accordent du bon temps, ils comparent comment les humains perçoivent le Bouddhisme et la religion Chrétienne, ils sont décontenancés par leurs disciples et leur devoir d’obligations envers les deux saints.

Toujours autant d’humour et d’éléments culturels à se mettre sous la dent.

cesare couv

D’autres incontournables: Cesare, Il creatore che ha distruto, la biographie du jeune Cesare Borgia lors de ses études dans la ville de Pise. Cette histoire de Fuyumi Soryo publiée par Ki-oon recèle une grande qualité historique et esthétique qui satisfait également un public qui n’avait jamais ouvert un manga auparavant.

bride couvChez le même éditeur, l’autre révélation qui conjugue situation historique et culturelle, c’est Bride Stories, déjà le 5e tome de ces aventures qui se déroulent dans les steppes mongoles à la fin du XIXe.

Kaoru Mori dépeint avec brio les histoires de ces tribus, leur coutumes, leurs broderies ou encore les éléments décoratifs de leur architecture sont représentés avec un soucis de détails quasi incomparables. Là aussi le lecteur a de quoi s’en mettre plein les yeux et plein la tête.

Et le dernier incontournable de mes conseils qui en a surpris plus d’un: Bonne nuit Punpun. Et de 8 !

8e volume des aventures du quotidien de ce petit garçon Japonais, dans sa vie de tout les jours, aussi bien à l’école, qu’en famille ou pendant ses temps libres avec ses amis. Histoires d’amitié ou de cœur, superstition ou phénomène de société… cette histoire est riche d’enseignements pour comprendre la culture japonaise actuelle. Ce manga est réalisé par Inio Asano et est publié par Kana, je précise que pour sa richesse et sa complexité, ce manga s’adresse plutôt à un public adulte.

Bon, après vous avoir parlé du plateau de fromages, abordons le dessert: 4 suggestions dans les nouveautés.

loup larcenet

Vous attendez avec impatience le prochain album de Manu Larcenet dans sa série Blast ??!! Eh ben continuez de patienter encore un peu, ce n’est pas pour la fin de cette année, par contre il est bien au rendez-vous, et c’est avec Christophe Donner qu’il propose aux éditions Mango Jeunesse: Le loup qui mangeait n’importe quoi.

Prenez Manu Larcenet: un auteur maintenant connu du grand public, pour son talent comme pour son humour.

Ajoutez Le Loup, un des personnages préféré des enfants dans les histoires que l’on va leur lire ou qu’ils découvrent bien souvent dans les albums de premières lectures.

Saupoudrez d’une thématique qui fait mouche à tout les coups chez les enfants: La Bouffe, oui je dis « bouffe » car un loup qui a faim ne risque pas de se tenir convenablement à table, d’ailleurs je crois que l’on se passera des couverts voire même de la table elle même.

Vous obtenez un album jubilatoire qui ravira petits et grands.

saveur couvAlors que sort l’intégrale de sa dernière histoire publiée: Abélard; Renaud Dillies sort également chez le même éditeur, Dargaud, son nouveau récit, un one-shot toujours aussi atypique de la part de cet illustrateur TRES talentueux.

Saveur, quel terme pourrait être le mieux adapté pour le travail de Renaud Dillies, et c’est justement le titre de sa dernière histoire, une cigogne, Jiri, et son compagnon d’infortune, Polka (un fennec) sont perdus au milieu d’un désert. Outre le fait d’avoir perdu son chemin, ce qui est d’autant plus exaspérant que tous ceux qu’ils croisent sont tout aussi perdus qu’eux, c’est surtout la soif qui tenaille les deux zigs.

Une noix de coco, un marteau, un poisson volant, des invités pour la réception des trois montagnes, une autruche naine, le service de livraisons de Poulpexpress, un escargot géant qui attend la pluie… En voiture pour l’univers féérique de Renaud Dillies, il y a autant de génie et d’espièglerie dans ses œuvres que l’on pourrait en trouver ans un Paris en bouteille.

dans les glaces couvDans les glaces de Simon Schwartz, aux éditions Sarbacane.

Même en Bande Dessinée, l’histoire de la conquête du pôle Nord par Peary et Cook a été plusieurs fois abordée, ne serait-ce que pour raconter ce qu’il est advenu des inuit qui furent ramener à New-York, à savoir que si l’aventure se déroulait au début du XXe siècle, l’un des inuit en question est toujours à New-York…

Mais cette fois, c’est une autre des originalités de cette expédition qui est mise en avant: Matthew Henson. Matthew est Le premier homme à atteindre le pôle Nord, il a accompagné Peary également dans d’autres aventures comme la réalisation du canal de Panama. Seulement voilà, Matthew est noir et comme il le dit lui même: Le Mississipi et la Louisiane sont parfois plus proches que l’on puisse l’imaginer, spécialement lorsque l’on est noir.

Simon Schwartz revient avec un récit biographique et historique, son premier ouvrage était plus personnel car il traitait de son enfance et de son expérience à Berlin, son enfance ayant vu sa famille séparée des deux côtés du mur. De l’autre côté, également chez Sarbacane.

giacomo couvMari Yamazaki, l’auteur de Thermae Romae et de PIL sort un premier tome d’une nouvelle série chez un nouvel éditeur: Giacomo Foscari, livre 1 Mercure, éditions Rue de Sèvres.

Dans chacune de ses œuvres Mari Yamazaki se sert de son expérience et du choc des cultures occidentale et Japonaise, cela fait des années qu’elle vit en Italie. Cette histoire s’intéresse à un italien, Giacomo Foscari, membre d’une famille d’anciens dignitaires, sa famille a tout perdu au cours de la seconde guerre mondiale, seules certaines traditions et quelques objets composent son héritage, notamment, une sculpture de Mercure, cadeau de son père. Ces histoires courtes sont très similaires à celles que Jiro Taniguchi avait pu écrire dans L’orme du Caucase, Terres de rêves

N’en doutez pas les éditeurs nous réservent encore bien des surprises. Bonne lecture et à bientôt.

 

 

 

 

 

 

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