I hate Fairyland, t1 – le vert de ses cheveux, Skottie Young, éditions Urban Comics- Indies.
Le coeur de petite fille qui bat en vous en a assez de s’entendre dire « Oh qu’elle est mignonne », vous préférez regarder les yeux dans les veinules, celui qui bat encore, tout sanguinolent, dans votre main ? I hate Fairyland est pour vous.
Fairyland à la base, c’est quoi ? Ce monde merveilleux des contes de fées et autres héros des histoires de notre enfance: des licornes mignonnes, des farfadets adorables, des gentilles fées aimantes… un monde rassurant où l’on aimerait passer plus de temps, en compagnie de petits chatons, il n’y a pas de vilaines sorcières dans la maison en pain d’épices, tout est en couleur pastel, agréable à l’oeil… un monde merveilleux !
Et puis, il y a Gertrude ! tout comme Alice, ou Dorothée, Gertrude est une petite fille, tout ce qu’il y a de plus adorable. Elle joue dans sa chambre à des histoires de princesse, avec ses peluches en guise de compagnons d’aventure. Tout à coup, le sol se dérobe sous ses pieds, un trou vient d’apparaître au beau milieu de la moquette et l’entraîne inexorablement vers l’inconnu. Quoi de plus fantastique pourtant que de se voir offrir l’opportunité de glisser vers le monde de l’imaginaire, partir à l’aventure… sauf que… PAF !!
N’oubliez pas que j’ai précisé que c’était un trou, le passage pourrait se passer en douceur, mais là, pas vraiment. Après une trrèèèèès longue chute, Gertrude s’éclate la tronche sur le sol (pavé de bonnes intentions à la base, mais on est pas toujours bien préparé à une visite surprise, et puis on s’attend plus ou moins à ce qu’un visiteur sonne à la porte).
La reine Cloudia, souveraine de Fairyland, souhaite la bienvenue à Gertrude. Les personnages de contes de fée adorent les enfants, et lorsque l’un d’eux se pointe dans leur monde, ils lui réservent un accueil chaleureux, si celui-ci désire néanmoins renter chez lui, pas de problème, on le guide dans la bonne direction, on est même prêt à lui fournir un guide pour lui faciliter la tâche. Il y a toutefois un minimum d’effort à faire, c’est un mode de fantaisie où l’on vous convie à l’aventure, mais pas bien méchante, rien d’insurmontable… quoique.
Pour trouver le chemin qui lui permettra de rentrer chez elle, Gertrude doit se mettre en quête d’une clé qui ouvre le portail qui la sépare du monde réel, une aventure qui ne devrait lui prendre qu’une petite journée, malheureusement, cela fait déjà 27 ans que Gertrude erre dans les méandres de Fairyland. Alors ne vous étonnez pas de sa « légère », mais alors « infime », exaspération. Et c’est peu dire.
Ce n’est pas un criquet comme pour Pinocchio, mais une espèce de petite bestiole ailée qui accompagne Gertrude, Larrigon Wentsworth III est le guide chargé de la conseiller. Les années passées en compagnie de cette incompétente irascible ont profondément changé Larrigon, cet adorable animal frise maintenant la dépression, s’enquillant clope sur clope, est blasé par la méchanceté de Gertrude, voire, va même l’inciter à repousser ses limites d’ingéniosité de cruauté.
Notre adorable enfant va donc inexorablement franchir tous les domaines de Fairyland, croiser bon nombre de races et de créatures les plus mignonnes les unes que les autres, mais pour qui les destin est plus ou moins le même: passer entre les mimines de Gertrude qui déborde d’affection pour tous ses nouveaux amis.
Et comme la recette semble encore un peu trop fade, que diriez vous si on la réhaussait d’une larme de piment en y introduisant, un nouvel élément, une adorable enfant, la petite Happy, aux grands yeux de guimauve, qui respire l’innocence et la gentillesse, de quoi énerver encore plus la désespérée Gertrude. Seule l’une de deux pourra rentrer chez elle, et dans ce combat titanesque, seule l’une d’entre-elles pourra rentrer chez elle.
Skottie Young, l’auteur de ce magistral conte sous acide et autres champignons hallucinogènes, s’était déjà attaqué, mais dans une version beaucoup plus soft, au monde féérique en adaptant en Bande Dessinée Le Magicien d’Oz, publié en France chez Panini Comics.
De là, à croire que I Hate Fairyland, t1–Le vert de ses cheveux, Urban Comics collection Indies, est un exutoire afin d’exprimer toutes ses frustrations d’avoir été si sage auparavant, il n’y a qu’un pas.
Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ce n’est pas le genre d’histoire que vous lires à vos enfants avant de dormir, et pourtant, tout est là pour satisfaire leur imaginaire et s’inventer par la suite tout plein de belles histoires, avec des couleurs pastels, des princesses, des zombies, des narrateurs massacrés à tire larigot, et des grands yeux mielleux à faire fondre le coeur de tout un chacun, là encore assurez vous de ne pas l’avoir laisser dans votre main, ça fait des tâches et elles sont difficiles à faire partir.
Faites de doux rêves.