Il est de ces auteurs qui, lorsque vous commencez ses romans, vous n’arrivez pas à le refermer tant que vous ne l’avez pas fini, en tou cas j’y ai passé des nuits blanches. José Carlos Somoza est d’origine cubaine et vit actuellement en Espagne, après une carrière de psychiatre et de psychanaliste, il se consacre maintenant à la littérature et sa connaissance de la psyché sert amplement ses oeuvres. En plus d’être des oeuvres remarquables, elles sont publiées par les éditions Actes sud en france, ce qui en fait des objets agréables à lire et à avoir entre les mains.
Bon pour moi qui ne suis pas trop du genre polar, je reconnais que Mr Somoza m’a mis de grandes claques dans la g****e avec ses bouquins qui ont également l’originalité d’être pour chacun d’entre-eux un hommage à un genre littéraire différent à chaque fois.
Celui que je conseille en premier pour découvrir l’auteur est La caverne des idées, ce livre recèle deux textes qui s’entrecroisent, le premier étant l’histoire d’un jeune traducteur de grec qui se retrouve chargé de reprendre le travail de l’un de ses confrères qui vient de disparaître, le plus réputé en la matière et spécialiste des textes éidétiques. Ce sont des textes avec un message câché où l’on vous où l’on met une idée en tête sans jamais aborder le sujet directement, il se trouve que le jeune traducteur trouve une somme d’informations qu’apparement son prédécesseur n’aurait pas décelé. L’autre texte n’est autre que le travail en question, et là vous vous trouvez projeter dans la grêce antique ou deux hommes vont mener une enquête sur la mort d’un apprenti de l’école de philosophie retrouvé mort aux portes de la ville. Ces deux hommes se diffèrent par leur façon de raisonner et d’appréhender leur perception du monde, l’un philosophe se base sur ses impressions, l’autre est pragmatique et analyse les éléments concrets qu’il récolte au cours de son enquète.
Clara et la pénombre, en plus de ses hommages à la littérature, José Carlos Somoza aborde également les arts ou la science, et avec celui-ci nous touchons à la peinture. Nous sommes demain, mais demain c’est déjà un peu aujourd’hui, le milieu de la peinture encense le modèle vivant et Clara est l’un de ces modèles qui vend son corps pour des artistes qui mettent en scène des tableaux que les galeries et de richissimes particuliers s’arrachent à prix d’or. C’est un travail exigeant et n’importe qui ne devient pas modèle si facilement, la plupart suivent une formation et un entraînment rigoureux afin de tenir la position et les contraintes de chaque oeuvre. N’oubliez pas que ce sont des livres à caractère policier et pour le coup, c’est l’apparition d’un tueur en série qui va dynamiser le récit. Le monde découvre une série de victimes, toutes sont ou plutôt étaient des modèles, le doute du temps de la conjugaison est permis car les meurtres sont également mis en scènes comme des oeuvres d’art. Il y a donc la police qui va enquêter au niveau mondial mais également les compagnies d’assurance spécialisées pour ce style artistique qui met en jeu des sommes collossales. Comme chacun de ses ouvrages, Clara et la pénombre amène le lecteur à se poser des questions ou des réflexions à titre individuel ou sur notre société et ses dérives.
Le personnage principal de Daphné disparue est un romancier, il se réveille dans un hospitâl et est sujet à une crise d’amnésie mais ses derniers souvenirs avant son aggression sont sa présence en galante compagnie dans un restaurant qui a ceci de particulier qu’il accueille beaucoup d’auteurs. La présence de la jeune femme étant mise en doute, l’écrivain va mener son enquète et va se rendre auprès des différents clients présents ce soir là car il sait que chacun ne peut s’empêcher de prendre des notes de ce qu’ils observent à chaque instant. L’exercice d’écriture que José Carlos Somoza s’est imposé cette fois-ci, c’est que à la lecture de chaque carnet personnel, il se plie au style de chaque auteur, ainsi nous passons de l’essai biographique au style policier, de la poésie à l’oeuvre théâtrale… Tout cela serait très simple pour aider notre personnage si il n’y avait pas toutes ses différences entre les différents récits qui mettent sérieusement en doute la présence de la jeune femme à sa table et les mystères qui vont épaissir son enquête.
La dame n°13 quant à lui est un roman qui touche à la fois l’univers du théâtre mais surtout à l’importance du mot ou de la phrase. Certains mots, certaines phrases ou expressions peuvent avoir une importance et/ou une symbolique avec des sens ou des influences câchées qui jouent sur la psyché. Ce bouquin recèle une ambiance à la David Lynch, notament avec son Mulholand Drive, tant dans le récit que dans les décors où se déroulent les actions. La dame n°13 fait également référence aux muses et leur importance dans la création artistique.
José Carlos Somoza va également aborder l’oeuvre fantastique avec La clé de l’abime, reprise d’un titre de l’auteur de légende Lovecraft, la science au travers de La théorie des cordes ou encore le théatre dans le dernier ouvrage paru L’appât, qui décrypte cureiusement l’oeuvre de William Shakespeare.
Je vous invite donc à vous pencher très sérieusement sur cet auteur de génie publié par Actes Sud, dans leur collection Babel pour le format « poche » ou bien pour un coût moindre, mais le livre n’est pas aussi joli, en collection J’ai Lu.
Merci pour cet article !
« La dame n°13 » a été un de mes derniers vrais coups de coeur littéraire de ces dernières années, une vraie réussite, à l’écriture sans concessions… j’ai ensuite découvert le reste de l’oeuvre de Somoza, et même si je n’ai pas retrouvé tout à fait cet engouement initial, j’avoue que certaines lectures m’ont vraiment bluffées…
« La théorie des cordes » est aussi un roman stupéfiant !