Henriquet, L’homme-reine, de Richard Guérineau aux éditions Delcourt collection Mirages.
D’abord il y a l’aîné, Lui qui est comme un melon, Lui qui a un gros nez, Lui qui sait plus son nom… Pourquoi est-ce que j’ai choisi cette introduction de la chanson de Brel « Ces gens là » ? Et ben parce que nous allons parler de grandes familles, celles de la « Haute », et qui ont à l’occasion des problèmes relationnels entre-eux.
Ah là là, vous ne savez pas ce que c’est que d’être roi, vous ne pouvez pas comprendre, alors pour cela pourquoi ne pas vous plonger dans Henriquet ? A l’origine, il y a eu Jean Teulé (que l’on appellera Dieu), avec ses biographies à sa sauce, Je François Villon, Le Montespan, O Verlaine, Rainbow pour Rimbaud… certains de ses titres ont bénéficié d’une adaptation en bande Dessinée et Richard Guérineau quant à lui s’était vu confier celle de Charly 9.
Tout en conservant le ton et l’humour de Jean Teulé, Richard Guérineau s’attaque cette fois à Henri IIIème du nom, et nous préparera très certainement un troisième album consacré à Henri IV. Encore une fois vous avez la possibilité de réviser votre histoire par le biais du 9ème art, comme quoi on peut s’instruire en se divertissant.
Malheureusement je ne suis vraiment pas assez calé en histoire, et je ne m’accorde pas assez de temps pour aller chercher l’information, mais l’impression qui m’ait donnée et les quelques bases que j’ai tout de même, me laisse à penser que bon nombre d’éléments mis dans l’album sont véridiques y compris certaines anecdotes, et puis, sait-on jamais, Richard Guérineau a peut-être mis la main sur les enregistrements de l’époque.
Henri III, dit Henriquet, hérite du royaume de France dans une situation des plus sombres. Le pays sort à peine du massacre de la Saint-Barthélemy, entre les différentes factions religieuses qui se tirent la bourre, et ceux qui souhaitent prendre le pouvoir, les trahisons vont bon cours. C’est bien simple, une chienne n’y retrouverait pas ses chiots. Si encore aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre parler de trahisons dans les sphères de l’état, à l’époque, l’assassinat était tout aussi courant, donc il fallait faire montre d’un sacré talent pour arriver à ses fins sans se faire prendre.
Et pourquoi Henriquet ? Ben oui, pourquoi affubler le roi d’un nom pareil, ce n’est pas n’importe qui tout de même, on ne se moque pas de son souverain comme de son voisin, verrait-on aujourd’hui le peuple Français parler de son président en ces termes ?
Henriquet est célèbre dans l’histoire de France pour ses mignons, tout comme Alexandre Le Grand l’était selon la légende pour son intérêt pour son fidèle Héphaistion. On ne juge pas les moeurs de son roi, mais si il y a une faille, on s’engouffre dans la brèche, d’autant plus qu’à l’époque (contrairement à la notre, en France tout du moins) le trône est héréditaire, donc on ne déconne pas avec la descendance. De plus les histoires de coucheries vont bon train, parfois même au point de ne plus savoir qui est avec qui, ou quand.
L’intérêt de ce type d’album est de se replonger dans notre Histoire, et le ton jovial de l’écriture permet d’assimiler un maximum d’informations, mais encore une fois, je déconseille de s’en servir comme anti-sèche à un examen, on au tôt fait de retenir certains éléments que l’examinateur ne verrait pas d’un bon oeil dans votre copie. Richard Guérineau s’était déjà fait plaisir dans Charly 9 d’user d’un autre stratagème génialissime pour se faire plaisir et amuser le lecteur: utiliser différents styles graphiques. Pourquoi donc ? Peut-être aurez-vous l’occasion de le demander directement à l’auteur. Toujours est-il, que c’est très plaisant de jongler avec ces interludes, comme une fausse couverture de journal « people » qui dénonce au grand jour les frasques et les médisances des Grands du royaume. Tout autant que d’avoir ces clins d’oeil à l’histoire de la Bande Dessinée, en reprenant les styles graphiques de Lucky Luke, de la très sérieuse Histoire de France en Bande Dessinée, La ligue des Gentlemen Extraordinaires ou encore des strips à la Hägar Dünor.
Comme je le disais, je ne sais pas si Henriquet s’est travestit, si ses dernières paroles ont bien été « vérole de moine »… mais j’ai passé un très chouette moment de lecture qui m’a donné envie de relire Charly 9 et de me dire que je rouvrirait Henriquet d’ici quelques temps. Alors monsieur Guérineau, si jamais vous avez effectivement l’idée de nous narrer les aventures d’Henry IV, je suis preneur, à bon entendeur.