C’est l’été, et comme chaque année les éditeurs lèvent le pied et préfèrent le plonger dans la belle bleue, histoire de prendre la fraîcheur et surtout de reprendre des forces pour la rentrée. Du coup comme l’année dernière je vous propose quelques titres à découvrir en littérature, un roman étant plus pratique (en général) à glisser dans son sac de voyage.
Veuillez m’excuser, je ne suis pas du genre à me plaindre de la météo, je trouve satisfaction dans la diversité climatique, mais pour un breton des côtes du nord comme moi, l’été sur Nantes est un léger calvaire pour ma pomme côté température. Du coup je vous propose de vous plonger au fond des océans, de marcher sur les étendues glacées, de descendre goûter à la fraîcheur du métro puis de remonter vous faire cingler le visage par de grandes bourrasques de vent.
Il est méconnu du grand publique et pourtant son roman L’homme des vagues a été primé et fait parti des titres étudiés au collège, mais c’est surtout grâce à Mermère publié en 1978 que Hugo Verlomme a conquis un public de fidèles. Cette œuvre avant-gardiste est une magnifique anticipation pour l’époque sur la Terre de demain: suite à la surpopulation, la pollution et la surproduction de déchets, la montée des eaux…
Tout commence par le rêve de Horn, le jeune homme devine dans ses songes la majestuosité d’un arbre où le vent s’engouffre dans les branches qui montent haut dans le ciel, rien de bien exceptionnel pour quiconque excepté si comme Horn vous êtes né sous la surface de l’eau, et que vous ne vous êtes jamais approché de la moindre côte. De part la famille de son père, les Noé, font parti des premiers à avoir fuit les dictatures de la surface et à avoir combiné les recherches de différents savants qui ont trouvé: comment respirer sous l’eau, le moyen également de construire une habitation amphibie qui résiste à la pression des profondeurs et utiliser le magnétisme terrestre, communiquer avec les mammifères marins… Sa mère, elle, a grandi sur terre et comme certains, a rejoint bien plus tard ceux du monde aquatique; serait-ce au travers de sa mémoire génétique qu’elle aurait transmis l’image de l’arbre à son fils?
Toujours est-il que Horn souhaite être membre du prochain groupe qui aidera ceux qui souhaite quitter le monde terrestre, une exfiltration à haut risque mais qui lui permettrait très certainement de satisfaire sa curiosité. Une aventure riche en rencontres et en émotions fortes, un récit poétique et violent.
Imaginez la surprise et la joie de ses lecteurs lorsque en 2003, Hugo Verlomme propose une suite qui se déroule une ou deux générations plus tard dans le même univers: Sables. Il a écrit bien d’autres ouvrages entretemps et depuis également. Des romans, Larima Baie, Cowabunga ! surf saga, L’eau est là !… de la littérature aussi bien pour les grands que pour les petits. Mais il a écrit également Le guide de voyages en cargo qui est régulièrement mis à jour, véritable bible pour celles et ceux qui souhaitent voyager à travers le monde à moindre frais et de façon qui vous paraîtra peut-être originale mais qui reste une des formes les plus anciennes de traverser les océans du globe, il faut juste savoir être patient, pouvoir réagir rapidement lorsque l’occasion se présente et ne pas avoir envie de côtoyer ceux qui aiment le confort, les activités et jeux de bord et passer son temps le c** dans la piscine et les escales éclairs dans les lieux touristiques. Il a écrit également un livre orange avec Tigrane Hadengue et Michka qui retrace 2000 ans d’histoire, 150 auteurs, mais je laisserai les curieux trouver par eux-mêmes le sujet de cet ouvrage qui regroupe les différents avis, études et autres pamphlets pour ou contre le thème abordé.
Après les fonds marins, passons si vous le voulez bien sous terre, pour ceux qui me diront que le métro n’est pas si frais que ça, dites vous qu’en 2033, après une catastrophe nucléaire, le métro ne circule plus et donc c’est bien plus vivable, non je déconne, il fait peut-être plus frais mais l’ambiance est bien plus chaleureuse qu’un été de canicule. Bienvenue dans Metro 2033 de Dmitry Glukhovsky « un p’tit russe qui n’en veut » publié chez nos amis des éditions L’Atalante.
Le saviez-vous: le métro russe a été développé en prenant compte la crainte d’une guerre nucléaire lors de la période de la guerre froide, où aussi bien les Russes que les Américains pensaient que cela allait péter d’un moment à l’autre. Il leur aura fallu attendre, mais effectivement ils avaient construit solide et lorsque les bombes se sont répandues sur Terre, ceux qui ont eu la chance de pouvoir se réfugier dans le métro survivent depuis bientôt 20 ans dans le méandre de ses stations.
En suivant les aventures d’Artyom, nous allons pouvoir traverser le métro et découvrir comment la vie s’est réorganisée: les méthodes de survie, les spécificités de certaines stations en fonction de ce qu’ils peuvent produire, transformer, négocier… Nous allons également découvrir que ce n’est pas seulement de eux-mêmes que les hommes doivent se défendre, la situation de survie créant des jalousies ou des envies de pouvoir, mais les retombées radioactives ont modifié la faune et la flore à la surface et certains accès laissent parfois des infiltrations mettre en danger la survie même de tout le réseau.
Artyom vit dans une station légèrement excentrée, comme tout homme valide et ce malgré son jeune âge, il est en charge de la sureté et doit faire ses tours de garde comme les autres et lorsque ce n’est pas le cas doit participer aux activités d’entretien, de production de nourriture… Mais pour l’heure, il est de faction avec ses partenaires et la tension est à son comble, une nouvelle forme d’envahisseurs est apparue aux portes de la stations, même pour ceux qui sont le plus aguerris, ce danger pourrait ne pas être contenu. L’arrivée de « Hunter« , un homme atypique, auquel le père adoptif d’Artyom ainsi que d’autres vétérans semblent lui porter un respect teinté de crainte, dont le jeune homme n’arrive pas à percer le mystère. Sa fascination pour cet homme va lui faire accepter une mission qui l’incitera à quitter sa station pour aller à la découverte du reste du métro dont il ignore tout en dehors des histoires que colportent les marchands itinérants, et se rendre compte qu’il y à bien plus de bizarreries qu’il ne pourrait l’imaginer. Son voyage l’amènera également à la surface et il pourra lui aussi être le témoin des vestiges de notre civilisations.
Cette œuvre est un phénomène mondial, Dmitry Glukhovsky a écrit d’autres histoires dans cet univers et a établi des bases permettant à d’autres auteurs de raconter de part le monde d’autres récits se déroulant dans les différents lieux où des survivants auraient pu se réfugier. L’auteur a instauré un cahier des charges que les auteurs doivent respecter pour l’homogénéité de l’œuvre complète et si des histoires se déroulent en même temps au même endroit, le lecteur doit pouvoir s’y retrouver s’en qu’il y ait d’ invraisemblance. A noter qu’il existe également des versions en jeux vidéos et que l’on parle d’une possible adaptation à l’écran.
Pour avoir un petit peu d’air, quoi de mieux qu’une petite brise ?
Dans La horde du contrevent de Alain Damasio, vous allez être servis, bon il ne va peut-être pas trop falloir traîner dehors car là, ce sont de véritables bourrasques qui balayent l’univers qu’il a créé.
Imaginez un monde balayé en permanence par des vents provenant tous du même point d’origine. Sur le point le plus éloigné se trouve la cité principale, acculée à une montagne infranchissable, elle est prospère et est en relation avec les autres formes de civilisations reparties en amont des courants aériens. Plus vous remontez vers l’origine de ce phénomène météorologique, plus les vents sont violents et les conditions de vie sont difficiles voir impossibles. La nature de cette tempête incessante n’a de cesse de faire poser un bon nombre de questions, c’est pourquoi, à chaque génération est envoyée en exploration une sélections d’aventuriers afin de percer les secrets de son origine: La horde du contrevent.
Chaque membre de l’expédition n’a été élevée que dans ce but avec chacun une spécificité, les membres les plus forts seront chargés de sécuriser la cordée et d’affronter bille en tête les bourrasques, tandis que les autres membres s’assureront soit de la partie scientifique, soit de trouver à manger. Ainsi nous trouvons des spécialistes en botanique, en oiseaux, en phénomènes propres au monde qu’ils partent explorer… Certains diplomates accompagnent l’expédition pour toute les négociations qui pourraient advenir au cours du périple. Un voyage tant initiatique que mystique.
Alain Damasio a également créé un langage qui codifie les différents types de vents que ses personnages devront pouvoir analyser afin d’anticiper des situations périlleuses. C’est pourquoi il existe même une édition de cet ouvrage avec un CD d’ambiance sonores spécialement conçue pour accompagner le lecteur.
A la rentrée sortira la troisième et dernière adaptation des Racontars de Jorn Riel par Gwen de Bonneval et Hervé Tanquerelle, aux éditions Sarbacane. En attendant, pourquoi ne pas se pencher sur les œuvres de l’auteur publiées chez 10/18, consacrées à ces trappeurs du Groenland.
Ces récits semblent tous plus loufoques les uns que les autres, chaque livre regroupant plusieurs récits courts. Ils mettent en scène ces hommes isolés du reste du monde au milieu des glaces, soumis à des intempéries extrêmes, ils vivent soit seul ou avec un ou deux compagnons dans leur baraquement et ne survivent qu’avec leur maigres rations ou au gré de leurs prises de chasse et de pêche.
Si certains arrivent à survivre à ces conditions depuis plusieurs années, la majeur partie ne sont en général que quelques intrépides qui tentent l’aventure et ne vont, bien souvent, ne pas aller au delà de une ou deux campagnes. Certains ne tiennent pas face aux températures, ne parviennent pas à s’adapter à cette nuit permanente au cœur de l’hiver du Groenland qui dure un peu plus d’un mois, mais surtout c’est l’isolement qui en perturbe plus d’un.
La folie douce de ces hommes vous fera sourire, voire rire aux éclats. Ils se sont réinventés un mode de vie, un rythme et des repères sociaux propres à leur situation. Tant que l’on ne vient pas les bousculer et leur imposer (ou tout simplement leur rappeler) des règles ou croyances, pour eux tout homme a le droit d’avoir ses idées et de les exprimer, si par contre vous souhaitez marcher sur leur plates bandes, c’est à vos risques et périls.
Un bon bol d’air glacé, de l’humour et des situations rocambolesques, voici le programme de Jorn Riel qui tel un conteur, déclare ne se contenter que de rapporter les récits et ces hommes qui ont fait le choix de s’isoler du reste du monde. Il a même été publié un ouvrage de photos de deux hommes partis sur les traces des vestiges des cabanes qui abritaient ces trappeurs, qui à l’heure d’aujourd’hui sont revenus dans le monde « civilisé ».
J’espère vous avoir donné des idées, vous avoir rafraîchi un temps soit peu. Au revoir, à bientôt.
Salut moi aussi je souffre de ne plus avoir mon petit crachin breton rafraichissant
Si tu veux lire métro 2034, ver la lumière et/ou vers les ténèbres, je me ferais un plaisir de te les prêter après mon déménagement
Merci à toi client number 1, ta sollicitude me touche beaucoup, j’ai déjà lu la suite et je vais enquiller vers la lumière au cours de l’été, sachant que j’ai commencé le jeu Metro last light hier, assez prenant d’ailleurs je n’ai pas vu le temps passé et j’y ai déjà consacré quelques heures, il y a des chances pour que je le finisse d’ici ce week-end.
Hello,
Merci pour vos lignes super sympa sur mes bouquins, ça fait drôlement plaisir. Au cas où vous ne le sauriez pas, je viens de sortir un roman fantastique chez Gallimard : « Samouraï Océan ».
Amitiés
Hugo
Belles idées lecture ! Pour ma part je suis dans Grimbert et Robert.
🙂