L’enchantement se fait sentir parfois dès le premier coup d’oeil, et lorsque Zidrou est au plus grand de sa forme, cela donne des ouvrages comme, Les 3 fruits aux éditions Dargaud, le duo d’auteurs de La peau de l’ours, Zidrou & Oriol est de retour pour un nouveau One-shot, une histoire respectant les codes du conte traditionnel.
La peau de l’ours était déjà l’un de nos coups de coeur, et était un récit contemporain qui se déroulait sur une petite île Italienne, un « Parrain » aveugle et vieillissant racontait au jeune homme qui vient lui faire la lecture chaque jour, l’histoire de sa vie. Une ambiance assez proche du film Le facteur, de Michael Radford avec Philippe Noiret, tant pour le lieu où se passait l’histoire que pour l’échange qu’il y a entre les deux hommes dans les deux situations. Là, pour le coup nous changeons radicalement d’ambiance, et Oriol change de style graphique, et je dois bien avouer que dans cet album, son dessin, sa colorisation et la mise en scène, portent aux nues ce conte.
Il était un royaume, où tout allait pour le mieux, Le roi a amené son peuple dans une période de paix et de prospérité, il a épousé celle qu’il aimait, plutôt que de faire un mariage de raison, et tous deux sont les parents de 4 magnifiques enfants, 3 garçons et une fille, cumulant à eux 4, les plus grandes qualités et vertus que leurs parents pouvaient espérer.
Mais l’homme restera toujours un éternel insatisfait, et, le roi sentant l’étreinte de la vieillesse et de la mort de plus en plus pressante, il se lance en quête du secret de l’immortalité. Il s’adresse tout d’abord à ses 3 mages détenant chacun les secrets de l’histoire des hommes, des secrets de l’univers et des mystères de la matière; connaissance occulte ou non, tous trois donnèrent la même réponse au vieux , c’est là chose impossible que vous nous demandez messire, le sort de chacun est inéluctable… la mort! Ivre de colère, c’est bien la mort que le roi offrit à ses savants, mais la venue d’un étranger, au courant de la quête du monarque, va tout bouleverser, il détient le secret que le roi convoite, mais c’est contre la main de sa fille, que le roi pourra obtenir ses réponses, et ce sera au plus brave de ses fils que reviendra l’élément essentiel à la quête du père. Tous 3 devront donc partir chacun de leur côté, relever le défi qui prouvera sa valeur et sa bravoure, avant de revenir au château… Je vous laisse pantois et vous invite chaudement à découvrir la suite et la fin de l’histoire dans: Les 3 fruits de Zidrou & Oriol aux éditions Dargaud, une histoire en 1 tome.
Avec Un océan d’amour, de Lupano & Panaccione chez Delcourt, beaucoup sont ceux qui ont découvert q’un récit sans paroles pouvaient les surprendre et les séduire. Avec Monstres, de Gustavo Duarte aux éditions Paquet, je ne vous propose pas le même OVNI qui chamboulera votre vie, mais un sympathique voyage burlesque, abordable par les petits comme les grands, des monstres méchamment rigolos.
Cela commence avec le genre de gag classique mais toujours efficace, du pêcheur qui brave les intempéries, et qui, après un âpre combat effréné, sort fièrement de l’eau au bout de sa ligne, un majestueux poisson qui fera la joie de ses proches à son retour, ainsi qu’un bon festin. Et c’est dans ces moments là, que la tête de l’individu fait un quart de tour, et se rend compte qu’il est lui même le prochain repas d’un tout autre poisson, bien plus grand et beaucoup plus féroce.
S’en suit la fatale invasion sur la côte, de toutes sortes de monstres, s’inspirant de la pieuvre à la tortue, Gustavo Duarte va bousculer les habitudes de celles et ceux qui profitaient de la plage, qui travaillent aux docks ou bien au musée. Lorsque c’est un enfant qui en réfère à un adulte, celui-ci le regarde d’un air amusé, et estime que ces enfants, avec tout ce qu’on leur montre à la télévision, ont décidément une imagination débordante. Heureusement le vieux Pinô veille au grain et va reprendre les choses en main. C’est fluide, c’est drôle, c’est beau… et même si l’album fait 78 pages, cela reste un peu court.
La collection 1000 feuilles de Glénat propose des choses curieuses, des récits atypiques avec bien souvent des dessins peu conventionnels. L’un de mes tous premiers coups de coeur de cette année est allé pour L’île aux femmes de Zanzim.
Céleste Bompard, céleste le bien nommé puisqu’il est pilote/voltigeur/as de la pirouette; nous sommes en 1913 lorsque Céleste fait démonstration de ses talents de pilote au manche de son aéroplane, les risques qu’il prend fait chavirer le coeur des belles et lui permettent d’enchaîner les conquêtes. Mais voilà que la guerre est déclarée, et lorsque l’on a les talents et l’adresse de Céleste, on est obligé de les mettre au service de la nation.
Le voilà donc, 2 ans plus tard, toujours à bord de son aéronef, survolant cette fois un tout autre danger que les risques encourus lors de ses voltiges, cette fois ce sont les obus ainsi que les balles crachées depuis le sol qui manquent de mettre sa vie en péril. En découvrant qu’il prend des risques insensés pou permettre au courrier des Poilus de parvenir jusqu’à leur belle, Céleste est outré, ses talents pourraient être bien mieux utilisés que pour de telles futilités.
Chose curieuse, en fait l’histoire commence chronologiquement, un tout petit peu plus tard, Céleste est échoué sur une île, déserte ? Paradisiaque ? Cela il ne le sait pas encore. Les premiers temps il faut d’abord penser à survivre, se nourrir, ne pas se laisser gagner par le sentiment de solitude et d’isolement, ne pas basculer dans la folie et faire fi de ces illusions qui viennent vous perturber l’esprit. Au fil du temps et de maintes explorations, il s’avère que Céleste va découvrir qu’il n’est effectivement pas seul sur cette île, et que ses rêves les plus fous viennent peut-être de se concrétiser.
La situation ne semble pas être idyllique pour autant, et sa posture, peut-être pas aussi envieuse qu’il pourrait nous paraître. Que va t’il advenir de Céleste au milieu de toutes ces créatures « célestes » ? Zanzim vous invite à un périple qui vous émoustillera tout autant qu’il vous amusera. Une histoire en un seul volume.
Dans cette sélection, tout ne pouvait pas être rose, Le divin, de Asaf Hanuka, Tomer Hanuka & Boaz Lavie aux éditions Dargaud fait pourtant partie de ma sélection. En ouvrant l’album la première fois, je reste très partagé, si certains éléments captent mon attention, j’ai la très nette impression qu’il y a quelque chose qui me fait tiquer, sans savoir l’expliquer.
Le projet est né de la réaction et les sentiments qu’ont inspiré aux auteurs une photo, celle de 2 enfants, les jumeaux qui menèrent la « God’s army« , une insurrection en Birmanie, alors que la légende vous indique que ces deux enfants ne sont alors âgés que de 12 ans, l’expression que vous pouvez lire sur leur visage reste choquante et troublante, on ne souhaite ne jamais croisé tel regard, que ce soit en face de vous ou bien dans une glace.
La volonté des auteurs est d’aborder les ingérences des pays occidentaux dans des pays en conflit où il est facile de s’immiscer et de faire du business avec des plans plus que louches. Mais ils souhaitent également traiter des enfants soldats, et c’est avec intelligence qu’ils réutilisent les légendes qui entourainet ces deux jumeaux de la « God’s Army », il ne faudra donc pas être choqué par la tournure fantastique que pourra prendre le récit. Un titre surprenant et qui au final porte brillamment son sujet avec tout l’impact que les auteurs souhaitaient certainement mettre en place.