les premiers coups de coeur de la rentrée 2013/2014

Première semaine de nouveautés pour cette rentrée et c’est parti sur les chapeaux de roue ! Et on peut dire que nous avons déjà de sérieux titres proposés temps sur le fond que sur la forme.

colone couvCommençons par le fond avec deux récits historiques et notamment avec un nouveau scénario de Christophe Dabitch aux éditions Futuropolis avec Nicolas Dumontheuil au dessin. Après Jéronimus qui relatait l’histoire de Jéronimus Cornelisz au début du XVIIe siècle et de son périble à bord du Batavia, l’histoire d’un naufrage; après Abdallahi (le serviteur de dieu), le récit du voyage de René Caillé au Début du XIXe siècle, au moment où l’on essayait de cartographier l’Afrique, le périple de 4500 kilomètres de cet homme qui se convertit à l’Islam afin de lui permettre d’être accepté au sein d’une tribu nomade et de réussir à traverser les régions désertiques qui réduisaient à néant les différentes tentatives des expéditions précédentes. Ces deux histoires étaient illustrées avec majestuosité par Jean-Denis Pendanx.

colone extraitCette fois, avec La colonne, un récit qui sera en deux parties, c’est un sujet épineux auquel les deux auteurs s’attaquent, mais ils nous en donnent une libre interprétation de l’histoire mais en respectant les faits historiques concernant la mission Voulet-Chanoine. Etant donné la liberté des auteurs, les noms ont été changés. En 1899 le capitaine Paul Boulet et le lieutenant Julien Lemoine se préparent à Paris pour leur départ vers l’Afrique centrale. Leur mission va être de recruter des hommes sur place et de participer à l’effort d’agrandissement de l’empire colonial Français.

Souley est l’un de ces soldats Africains, c’est lui que nous découvrons dès la première page de l’album, assis, silencieux et songeur. Les vautours qui l’entourent laissent présager la mort qui entoure l’homme adossé au mur, et effectivement le capitaine Boulet gît à ses cotés, mais c’est l’esprit qui s’adresse à lui qui nous intéresse. Cet esprit aux allures d’idoles Africaine n’est autre que l’esprit incarné de la colonne et c’est lui qui va nous raconter l’histoire de Souley, de Paul Boulet, Julien Lemoine et de tous ceux qui ont vécu l’aventure qui nous intéresse. Donc en alternant les discussions entre l’esprit et Souley et les flash-backs, Christophe Dabitch nous retranscrit ce pan de l’histoire méconnu, avec le dessin de Nicolas Dumontheuil qui permet de mettre une touche humoristique dans les faciès de ces colons à l’origine de ce drame.

guerres silencieuses couvContinuons avec cet autre récit, celui de Jaime Martin, qui revient sur une histoire qui le touche personnellement. Dans Les guerres silencieuses, publié dans la collection Aire Libre de Dupuis, l’auteur vient nous parler de sa famille d’origine espagnole, de ceux qui ont connu le Franquisme, et du choc des générations pour ceux qui ont suivi et pour qui cette époque reste encore un sujet difficile à aborder avec leurs ainés.

guerres silencieuses extraitC’est une histoire si proche de nous et pourtant il nous en aura fallu du temps avant que l’on en apprenne plus sur l’ingérence de la France en Algérie, ou bien dans le cas qui nous intéresse, de l’Espagne au Maroc. Je ne dis pas qu’il n’était pas possible d’avoir des informations, seulement que la tâche n’était pas aisée. En dehors d’une démarche personnelle de recherches et d’enquête, ce n’était pas à l’école que l’on pouvait aborder ces sujets, et en ce qui concerne les témoignages familiaux, il a fallu attendre parfois bien des années avant que ceux qui ont vécu ces moments historiques témoignent, y compris à leurs proches.

Dans Les guerres silencieuses, c’est à l’occasion d’une réunion de famille que Jaime va en apprendre un peu plus sur ses parents et son père en particulier. Alors qu’il est en panne d’inspiration pour son prochain récit, il profite d’une discussion à table avec sa famille pour en demander un peu plus sur ses parents, notamment savoir comment ils se sont rencontrer, c’est surtout l’occasion de détourner l’attention de son père qui s’appesantit une fois de plus sur l’époque de son service militaire. Mais ce que Jaime ne sait pas encore, c’est que ses questions sur la vie de famille sont intimement liées à celles de son pays: dans quel contexte ses parents ont grandi, l’histoire d’un pays qui a connu une guerre civile, une présence religieuse forte, un pays qui fait parti de ces anciennes nations qui colonisèrent une partie du reste du monde, ce qui en faisait une des nations les plus fortes du monde et dont l’histoire actuelle nous prouve la fragilité. Un récit qui nous permet de partager les réflexions de l’auteur sur sa vision de l’histoire, tant personnelle que dans un contexte mondial.

rabate extraitAvez vous lu 3 secondes de Marc-Antoine Matthieu? Ce livre, curieux, qui nécessitait une lecture minutieuse afin de suivre le récit sans paroles, d’une série d’évènements qui se succédaient et que l’on découvrait au gré des reflets qui s’enchainaient, et nous permettait d’avoir une vision d’ensemble au terme de notre lecture et d’ainsi pouvoir répondre aux questions que l’auteur nous avait posé avant de commencer notre lecture.

3 secondes couvEt bien c’est au tour de Pascal Rabaté de nous présenter une nouvelle œuvre originale, qui va donner au lecteur l’occasion de jouer avec le livre qu’il tient entre les mains: Fenêtres sur rue, chez Noctambule, une collection de Soleil.

C’est un livre « accordéon », entendez par là qu’il se déplie, donc attention à ne pas vous faire surprendre au risque de voir l’album vous échapper des mains. L’idée: une façade dans une rue quelconque, regroupant une laverie, un bar, un immeuble d’habitations… rien de plus classique de ce que vous trouvez dans n’importe qu’elle rue. A chaque fois que vous tournez la page, des changements sont survenus, il faut donc chercher à retrouver les « différences » (comme le jeu des 7 erreurs) d’une page à l’autre afin de retrouver où les personnages se trouvent à présent et aussi de comprendre l’histoire que Pascal Rabaté a inventé cette fois-ci: Une pièce sans paroles en dix tableaux et un décor.

Rabaté nous l’a déjà prouvé, que ce soit dans ses albums ou bien dans ses films, il aime jouer avec les effets visuels. En plus de l’histoire, vous pourrez également vous amuser à dénicher toutes les références glissées dans l’album.

ame couvAutre histoire sans paroles (ou presque), l’auteur de Toby mon ami revient avec une autre histoire publiée dans la collection Shampooing de Delcourt: Ame perdue de Gregory Panaccione.

ame extraitLa tempête fait rage, dans ce décor désolé, un petit être se réveil, il est allongé sur le sol, le nez dans l’eau, et le niveau monte, il est donc nécessaire de trouver un abri, et à défaut d’être au sec celui-ci sera au moins élevé. Ce qui permet à notre petit bonhomme de voir ce qui l’entoure, c’est à dire en dehors des cailloux… pas grand-chose.

Tiraillé par la faim, côté soif c’est pas l’eau qui manque, cet étrange énergumène va erré jusqu’à rencontrer les différentes formes de vie qui composent la faune alentour, si certains incitent à garder ses distances, une bande d’insectes quant à elle va peut-être donner une solution pour pouvoir se sustenter.

Point trop n’en faut, je me tairai donc pour vous laisser découvrir la suite de ses aventures, les charmes de l’histoire, du dessin et du personnage raviront les amateurs de récits poétiques et originaux.

Et oui, comme je vous le disais un peu plus haut, la mule était chargée pour cette première vague de nouveautés et il me reste encore deux titres à vous présenter.

le silence couvCà et Là n’a de cesse de faire du bon travail éditorial, cette fois c’est une œuvre indépendante d’origine Australienne qu’ils nous traduisent: Le silence de Bruce Mustard, un récit en noir & blanc qui me plait tant pour le dessin que pour l’histoire (je n’y peux rien si cela me fait toujours plaisir quand on titille le milieu artistique). Voici un couple immergé complètement dans le monde de l’art, Dmitri est artiste peintre, actuellement il n’est guère productif, non pas qu’il est en manque d’inspiration, seulement il se pose La question, quel est l’intérêt de peindre, quel est le rôle de la peinture et du peintre dans notre monde moderne, surtout dans l’univers artistique tel qu’il est définit dans notre société. Sa compagne, elle, n’a que faire des questions existentielles que se pose son conjoint. Choosy McBride travaille pour une galerie artistique d’art contemporain, donc pour elle le milieu artistique lui convient totalement, puisqu’elle fait partie de ceux qui le régissent et qui en vivent le mieux. C’est pourtant à l’occasion du montage de sa prochaine exposition qu’elle est amenée à se rendre dans la maison reculée de l’artiste exposé afin de la préparation de l’évènement. Elle décide d’y aller accompagnée de Dmitri, et c’est aussi l’occasion de trouver la trace d’un peintre dont elle a découvert une œuvre mais dont on ignore l’identité, seul l’endroit où la peinture a été acquise, qui se trouve à proximité de leur lieu de destination, est connu. Cela va être l’occasion de bouleverser les idées de chacun. Un bijou !

chpeau couvEt le meilleur pour la fin: Chapeau melon et bottes de cuir, une adaptation en Bande Dessinée de la série culte pour une histoire complète par Grant Morrison, Ian Gibson & Anne Caulfield. Publier par Soleil dans sa collection Comics qui présente également les raretés d’Alan Moore.

chpeau extraitVoici l’occasion de retrouver John Steed, Emma Peel et Tara King dans une histoire originale qui respecte l’humour british avec le flegme de rigueur. Une intrigue qui touche la sécurité du territoire, une série de meurtres mis en scène autour d’un club obnubilé par les jeux. Le dessin, l’histoire, les décors… respectent pour les plus puristes de la série tous les ingrédients qui pouvaient plaire au téléspectateurs.

Peut-être une des sorties les moins attendues mais une des plus incontournables pour les amateurs de l’humour britannique.

Et comme nous sommes joueurs, nous reviendrons en deuxième semaine !!!