Long John Silver – Tome 4 – Guyanacapac
Long John Silver est ce que l’on peux déjà qualifier de BD avec un grand B, qui a et qui continuera de marquer l’Histoire du Neuvième Art. Vous êtes nombreux en librairie à nous demander. « Quelle est la BD indispensable du moment ? » ou « Quelle est la BD dont on parlera encore dans 10 ans, qui ne sera pas oubliée dans la foule des nouveautés ? » ou bien encore « Ce mois-ci je ne peux m’acheter qu’une BD, mais laquelle ? » Tant de questions légitimes auxquelles j’ai aujourd’hui une réponse : Long John Silver.
Alors si vous ne connaissez pas encore ce qui est déjà à classer parmi les trésors du 9eme art, sautez sur ce 4eme et dernier tome qui marque la fin de la saga. Quand vous lisez Long John Silver, c’est l’aventure à l’état brut, vous sentez le vent dans vos cheveux, l’air du grand large, la putréfaction des marais (!). C’est la magie des grands décors Hollywoodiens, en 2D. C’est la claque BD que tout le monde veut se prendre, aussi bien visuellement que scénaristiquement.
Bref en quelques mots, si vous avez un tant soit peu de confiance en votre libraire, foncez. Je mets toute ma crédibilité de professionnel en jeu, sur cette série incontournable dans toutes les bonnes bibliothèques.
Si toute ma bonne foi ne vous suffit pas, je vais tenter de vous convaincre avec plus d’arguments.
L’Histoire :
L’ouverture d’un album de Long John Silver, c’est un peu comme dans une salle de cinéma. La lumière autour de vous s’assombrit et votre regard se focalise sur l’écran (en BD c’est sur les cases), votre cœur bat de plus en plus vite au rythme du générique et là, le premier décor est planté, l’aventure peut commencer…
Le scénario est servi de main de maitre par Xavier Dorison. Pas un faux pas durant les 4 albums, des dialogues parfaits et un sens du récit unique. Vous l’aurez deviné notre héros n’est autre que Long John Silver, le Pirate de « L’île au trésor » de Robert Louis Stevenson. Les auteurs se défendent de prétendre écrire un suite au chef-d’oeuvre. Mais simplement un hommage au personnage qui a bercé leur rêve d’enfants. Si je comprends ce parti-pris, le duo d’auteurs est beaucoup trop humble car ce que Stevenson a apporté au roman de piraterie, Matthieu Lauffray et Xavier Dorison l’ont apporté à la BD.
C’est donc en toute humilité qu’ils nous font partager cette aventure originale de Long John Silver. Mais Long John Silver n’est pas l’unique héros de cette aventure. Car elle ne serait rien sans Lady Hasting. Une femme forte qui pensait refaire sa vie, mais qui va voir ses plans bousculés le jour où son mari perdu dans le Nouveau Monde lui envoie deux émissaires pour vendre son château et remonter une expédition. La femme ne pouvant se soustraire à son rôle devra prendre le bateau pour le rejoindre mais la belle a déjà secrètement refait sa vie et est enceinte d’un autre homme. C’est là que Long John Silver entre en jeu…
Matthieu Lauffray, le magicien de l’aventure :
Si je vous est dit tout le bien que je pense de Xavier Dorison sur le scénario, le véritable magicien et enchanteur de cette tétralogie, c’est Matthieu Lauffray. Un GRAND GRAND GRAND maître du dessin et de la Bande Dessinée. Le charme de cette aventure ne fonctionnerait pas pareil sans son coup de crayon de génie. En 4 albums, il nous donne une leçon de découpage et de mise en scène, il utilise toute ses connaissances de l’univers du cinéma retranscrites en BD. Les décors sont tous plus réussis les uns que les autres, nous faisant vivre et ressentir l’histoire par tout les pores de notre peau, un frisson intérieur. Et pour arriver à cette impression que les lecteurs ont à la lecture, il faut énormément de technique. Je pourrai vous faire de longs discours sur le dessin de ce virtuose mais il vous suffit d’ouvrir un album pour comprendre.
Matthieu Lauffray fait parti de ces auteurs qui influencent énormément les nouvelles générations. Avant, il y a eu Franquin, Hergé qui ont créé des personnages devenus mythiques, Moebius a révolutionné en son temps la BD et les année 2000 et 2010 ont été marquées par de grands dessinateurs tels que Guarnido (Blacksad), Alex Alice (Troisième Testament), Bajram (Universal War One) et Matthieu Lauffray Himself. Enormément de jeunes dessinateurs essaient de faire comme lui mais comme le dit le dicton : « Souvent copié, jamais égalé ». Il n’y a pas une recette toute faite pour accomplir du Matthieu Lauffray. Sinon tout le monde le ferait et il y aurait beaucoup d’albums à succès.
Donc bien que Long John Silver soit fini, on n’est pas prêt d’arrêter d’entendre parler de Long John Silver, déjà érigé au rang de culte.
Je pense que vous l’aurez compris, j’ai du mal à cacher ma « fan attitude » envers Matthieu Lauffray, mais comme libraire à force de lire des albums tous les jours, certaines fois on se demande si on perd goût à la BD ou si tout est moyen, même les bons albums ont un goût de pas assez. Et un certain jour, arrivent des albums comme Long John Silver et on retrouve foi en la BD. On redevient des enfants impatients et heureux comme tout…