Bonjour à vous amis lecteurs, me revoilà à la charge avec une sélection de Mangas. Je sais que ce n’est pas trop votre tasse de thé, c’est pourquoi mon travail n’est pas de vous en imposer, mais de vous donner l’eau à la bouche pour vous tourner vers ce média, toujours aussi distrayant et surprenant.
The Hunt for Energy, H.E la nouvelle série de Boichi (Hotel, Sanctum, Sun Ken Rock) aux éditions Tonkam. ON VA TOUS MOURRIR !!! bon, dis comme ça, cela fait un petit peu pessimiste ou alarmiste, mais surtout j’anticipe ce qui découle du sujet qui nous intéresse.
Dans H.E, nous rencontrons Hiro Narushima, ce jeune homme aux lunettes customisées se cache justement derrières celles-ci afin de ne pas être trop choqué par notre Environnement. Entendez par là que ce jeune homme à la faculté de distinguer, à travers les flux d’énergie qui composent et parcourent notre monde, l’état de santé de notre planète, et sans ses lunettes, l’agression est permanente. La petite image sur le côté, c’est ce qu’il a perçu le jour du drame de Fukushima, cela peut paraître joli de prime abord, mais je vous promet que dans le manga, cela parait beaucoup plus agressif. Hiro travaille pour une entreprise d’exploitation pétrolière qui vient de décider de marquer un grand coup dans la recherche d’une nouvelle énergie qui supplanterait toutes les autres et qui serait La solution qui ne détériorerait pas notre planète. La particularité de Hiro de distinguer les flux d’énergie serait donc un atout afin de la dénicher, mais tout le travail reste à faire étant donné que c’est une nouvelle énergie que l’on recherche.
Deux personnes sont également de la partie, deux employés de la même entreprise:
Nobuki Sakuragi, 23 ans, employé totalement incompétent que l’on ne cesse de reléguer aux tâches les plus inutiles, surtout pour ne pas l’avoir dans ses pattes, à savoir que, comme Amélie Nothomb pouvait en parler dans son roman Stupeur & tremblements, au Japon, lorsque vous êtes incompétent, on ne vous licencie pas obligatoirement, on vous donne les tâches les plus ingrates et les plus dégradantes, ce qui est beaucoup plus humiliant (d’où le taux de suicide).
Miyuki Hirosue, jeune femme aux formes plantureuses et aux vêtements plutôt courts et serrés, voire trop justes pour elle (on reconnais bien là Boichi).
Ce qui est très intéressant dans cette histoire, c’est la somme de détails explicatifs concernant les différentes sources d’énergie afin de comprendre l’intérêt que l’on peut trouver à en exploiter une plutôt qu’une autre, et de montrer les limites d’applications et de rendements. Si cela vous parait rébarbatif, l’imbécilité de Nobuki ou les plans suggestifs où l’on trouve Miyuki, sauront dynamiser votre lecture.
Deux nouvelles séries consacrées à la médecine, nous n’avions rien eu de nouveau depuis Black jack d’Osamu Tezuka et Say hello to Black Jack de Syuho Sato.
Ce mois-ci sort le deuxième tome de La main droite de Lucifer de Naoki Serisawa aux éditions Ki-oon. L’histoire de Yû Katsumi, jeune homme que l’on découvre dans un état d’ébriété très avancée dans un quartier chaud de Yokohama. Yû revient d’une expérience très particulière, bénévole pour une ONG, il était parti en Afrique, dans un pays où la guerre faisait rage, au cours de sa mission, il fut retenu en otage par les rebelles et obligé de soigner leur blessés. Je vous laisse découvrir par vous même ce qui s’est passé avant son retour au pays. Toujours est-il, qu’il a décidé de ne plus exercer, mais bien entendu, pour l’histoire de ce manga, il va se retrouver confronté à l’inévitable, devoir intervenir afin de sauver une personne agonisante à ses pieds. Ce qui l’amènera à découvrir la clinique du Dr Minatono, un établissement situé dans ce quartier chaud et qui ne bénéficie d’aucune aide financière et qui se consacre quasi essentiellement qu’aux personnes démunies.
Autre nouveauté, le premier tome de Dr DMAT, Disaster Medical Assistance Team, de Hiroshi Takano au scénario et Akio Kikuchi au dessin, chez Kazé éditions. Hibiki Yakumo est médecin généraliste dans un hôpital de Tokyo, son travail lui plait énormément et l’attention qu’il porte à ses patients est très appréciée, seul petit « HIC », il se trouve que Hibiki a une peur panique à la vue du sang. Si au cours de son travail actuel, il arrive à gérer sa phobie, sa nouvelle affectation va être une toute autre expérience: le directeur de l’hôpital vient de l’affecter à la DMAT, une brigade d’intervention d’urgence chargée d’intervenir sur le lieu de l’accident. Cette toute nouvelle formule de soins est sensée pallier aux pertes humaines ou dégradations de santé liées au transport des blessés ou au retard d’intervention chirurgicale. Une expérience nouvelle pour ce jeune homme qui doit prendre des décisions rapides et précises dans des conditions parfois extrêmes, comme sa première expérience sur le terrain, un carambolage dans un tunnel, et ce, sous le regard aiguisé des pompiers expérimentés (mais pas médecins) et de sa supérieure qui vont voir en lui, un homme aux capacités exceptionnelles d’adaptation et d’analyse, mais je vous rappelle qu’il a tout de même un sérieux handicap qui risque de le rattraper tôt ou tard. Avis aux amateurs de diagnostics, de langage technique et d’émotions fortes, encore une fois la rigourosité des japonais à vouloir traiter un sujet avec la plus grande précision est démontrée avec ces deux histoires.
Toujours pas lassés de termes techniques, alors cette fois-ci, direction la conquête spatiale avec Space Brother de Chûya Koyama aux éditions Pika.
Mutta et Hibito, deux frères, et peut-être une même destinée. Chacun voit dans la vie les signes qu’il veut, Mutta Namba, lui, pense que l’histoire de sa famille est intrinsèquement liée à l’histoire du Japon, entendez par là, des évènements anecdotiques à vos yeux mais qui ont marqués l’esprit des japonais… mais dans le milieu du sport. Mutta est né lors d’une défaite au football, des japonais contre l’Irak le 28 octobre 1993, son frère quant à lui est né le 17 septembre 1996, le jour où un joueur japonais évoluant dans la ligue de baseball américaine, a réussi Le match parfais, ne laissant l’équipe adverse ne marquer aucun point. Le fameux « coup de boule » de Zidane coïncide à un jour crucial dans la vie de ces deux jeunes gens, celui où ils virent un OVNI.
Tous deux, depuis leur plus tendre enfance sont passionnés par l’astronomie, et ce fameux soir, alors qu’une bonne partie de la planète se recueille devant son poste de télévision, ils passèrent leur nuit à observer le ciel et firent cette étrange rencontre.
C’est ce qui a lancé la carrière de Hibito que l’on retrouve dans l’équipage qui va partir d’ici peu dans l’espace afin de lancer la première station sur le sol lunaire. Il apprend que son frère dans le même temps vient de perdre son travail, et il le recontacte afin que lui aussi se souvienne de la promesse qu’ils se firent cette nuit là, qu’il se reprenne en mains et qu’il participe à la sélection qui va avoir lieu pour sélectionner 3 futurs astronautes japonais qui feraient parties de l’expédition qui partira à la conquête de Mars.
Là encore, beaucoup d’humour, mélangé avec subtilité, avec des détails techniques liés à la conquête spatiale et autres petits bonzhommes verts.
Goggles de Tetsuya Toyoda aux éditions Ki-oon dans leur collection Latitudes.
En ce moment les éditeurs qui souhaitent faire la promotion d’un nouveau manga sensé toucher un lectorat adulte et pas spécialement adepte de ce média, ne peuvent s’empêcher de le doter d’un petit mot de Jiro Taniguchi histoire d’aiguiser la curiosité du lectorat potentiel. Toujours est-il que je partage l’avis de l’auteur japonais sur la qualité de Goggles.
L’auteur présente dans son ouvrage six nouvelles qu’il a réalisé entre 2003 et 2012, des histoires du quotidien, tendres et drôles. Si apparemment il n’y a aucuns liens entres elles, on retrouve parfois un personnage en commun: un jeune garçon de la première histoire que l’on retrouve comme personnage secondaire dans une suivante après que quelques années soient passées; un membre d’une même famille, un lieu en commun…
Laissez moi vous présenter la première nouvelle:
Trois enfants jouent au Baseball dans un terrain vague, l’un d’entre eux, par excès de zèle commet un HomeRun qui envoie la balle se perdre dans la cour d’une maison délabrée du quartier. Alors qu’il cherchent à mettre la main sur la balle, il rencontrent, planqué dans le frigo, un papy qui prétend être le dieu de la misère. D’abord dubitatifs, ils ne vont pas pouvoir s’empêcher de vérifier ses dires, « si quelqu’un croise son regard, inévitablement le malheur va s’abattre sur lui ».
Une petite perle qui vous permettra de vous détendre, d’apprécier la narration et le dessin agréable de Tetsuya Toyoda, et comparativement à Jiro Taniguchi, de découvrir d’une nouvelle génération d’auteur plus jeune, avec une approche non pas plus naïve, mais plus moderne et dynamique que Jiro Taniguchi qui penche plutôt pour la contemplation et la réflexion. Pour ma part, dans cette sélection, c’est l’album que je vous recommande le plus.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
