Noir !

lovecouvDeux biographies pour deux destinées de noirs américains, l’une fictive et l’autre d’un personnage qui marqua la musique de façon indélébile, deux albums publiés par les éditions Glénat qui propose deux récits en Noir & Blanc pour les amateurs du genre.

love1Frantz Duchazeau a déjà rendu hommage au Blues au travers de différents albums et avec Meteor Slim, une biographie d’un guitariste, qui retraçait de manière judicieuse le parcours de celui-ci: quel était le phénomène déclencheur pour qu’il se tourne vers cette destinée, quel était son quotidien et les opportunités de subvenir à ses besoins au jour le jour, jusqu’au bout de ses pérégrinations. Cette biographie fictive s’inspirait des vies et des parcours de plusieurs Bluesmen ayant existés, et notamment d’un des plus célèbres, que Meteor Slim croisait à plusieurs reprises dans l’album: Robert Johnson !

love2Love in vain (c’est le titre de l’album mais aussi de l’un des titres de chansons de Robert Johnson) est un album composé par Mezzo (la moitié de Pirus, habituellement) et J.M. Dupont, un travail admirable qui vous permet de (re)découvrir le guitariste/chanteur au parcours fulgurant, il est mort à l’âge de 27 ans.

love3Originaire du Mississipi, Robert Johnson est issu d’une famille pauvre qui connu comme tant d’autres la discrimination, mais très jeune son intérêt se porte vers la musique et plus précisément le Blues, cette musique du Diable. Alors qu’il ne faisait pas spécialement preuve de talent, c’est à peine en l’espace d’un an qu’il se révèlera un joueur talentueux, et c’est de là que viendra la légende, que c’est une nuit, à un carrefour, que le Diable se saisit de sa guitare et lui insuffla une ingéniosité  et une originalité qu’il protègera jalousement jusqu’à la fin.

love4Il sillonnera une partie de l’Amérique, des Bouis Bouis malfamés jusqu’aux grandes villes qui réservent un meilleur accueil à ces musiciens en vogue, c’et d’ailleurs là qu’il réalisera ses enregistrements, à San Antonio dans une chambre d’hôtel. Il multipliera les conquêtes féminines, les soirées alcoolisées, les rixes occasionnelles qui l’amèneront à terminer ses nuits en prison. A force de tirer sur la corde, il y laissera sa santé d’où sa fin prématurée. L’album offre un petit supplément, quelques chansons se trouvent à la fin de l’ouvrage, les paroles sont en Anglais et traduites en Français, chacune est accompagnée d’une illustration sur la page qui lui fait face, et vous avez également une bibliographie consacrée à Robert Johnson, au Blues, au vaudou ainsi qu’une petite sélection de filmographie, le must quoi.

pluscouvEn terme de biographie de boxeur, je dois avouer que j’ai une préférence pour les 2 titres que notre ami Aurélien Ducoudray avait sorti chez Futuropolis: Championze (l’histoire de Battling Siki) et Young (Young Perez), deux parcours hors du commun de deux champions du monde. Pascal Bresson et René Follet ont écrit Plus fort que la haine et sont publiés aux éditions Glénat, mais cette fois c’est une fiction qui met surtout en avant la condition d’un noir du sud des Etats-Unis dans les années 30′.

plus1Doug Winson, lui et son père travaillent pour « le vieux » Sanders, propriétaire d’une scierie à Kentwood en Louisiane, Doug est remarquablement bien battit et fait plus que son quota de travaille, soulageant parfois les autres ouvriers de leur charge. Cela lui attire l’inimitié de son patron et du chef de chantier qui prennent la décision de l’user et de l’exploiter à outrance, la revendication de son père pour que son travail soit rémunéré en conséquence va provoquer leur révocation.

La vie reprend son cours pour les deux hommes, mais le poids et l’influence de leur ancien employeur fait qu’ils n’arrivent pas à trouver un nouveau travail, en dehors de menus interventions pour Sam Gregory, un fermier, blanc également, mais qui n’a cure des consignes de Sanders.

plus4Sanders a pourtant une autre corde à son arc pour nuire à la famille Winson, il est le chef de file du Ku Klux Klan et va s’en servir pour mettre la pression. De son côté Sam Gregory sortira un autre atout de sa manche afin d’aider Doug a canaliser sa haine et son désir de vengeance, il va proposer au jeune homme de se tourner vers la boxe et lui donne un ancien contact à la Nouvelle Orléans, la boxe permettant en toute légalité de rééquilibrer l’inégalité régnant en maitre à cette époque.

Pour ceux qui ne connaissent pas René Follet et son trait si particulier, voici l’opportunité de découvrir son travail, et peut-être de vous laisser séduire pour découvrir ses autres créations. Quant au récit en lui même, voici une belle histoire qui regroupe différentes thématiques et qui délivre une fin humaniste.

moicouvNoir ! ce n’est pas seulement une couleur de peau, c’est aussi un genre, une ambiance, et voici à l’œuvre un auteur qui pour son précédent ouvrage a suscité un intérêt tout particulier, enchainant les articles  et les récompenses: Antonio Altarriba pour L’art de voler aux éditions Denoël Graphic. Le voici donc de retour en collaboration avec Keko, chez le même éditeur: Moi, Assassin.

moi1Son nom est Rodriguez Ramirez, enseignant et conférencier sur l’art baroque et la renaissance et plus précisément sur l’Art et la cruauté. Il a une autre activité et passion qu’il développe et pratique depuis de nombreuses années: le meurtre. Tout comme la série Le tueur, c’est un véritable manuel de mise en pratique lorsque Rodriguez décrit son activité, avec une application minutieuse ce qui explique qu’il n’a jamais été suspecté de quoi que ce soit.

On s’intéresse également à son statut de professeur, dans un contexte spécial étant donné qu’il est d’origine Espagnole et enseigne dans un établissement situé au Pays Basque, ce qui va engendrer quelques tensions avec son directeur qui continue a revendiquer l’indépendance de la région et garde une antipathie pour les Espagnols. Son travail et son ambition est en balance également avec d’autres conférenciers qui tentent de se placer au niveau national et international en tant que référents, mais le monde de l’art est petit surtout dans leur spécialité.

moi2Nous nous attarderons aussi sur sa vie de couple, qui bat de l’aile, ses lubies accaparant toute son attention, ses aventures extra conjugales n’arrangeant rien, sa relation avec une étudiante envenime les relations avec ses collègues également.

moi3Un ouvrage majestueux, d’une densité d’informations rare, on en apprend sur l’art, on revisite les peintres et leurs œuvres, on évolue au travers des courants artistiques, c’est le genre d’ouvrage que j’apprécie particulièrement. le rythme narratif est prenant comme ce n’est pas permis, le dessin est hypnotisant, un chef d’œuvre tout simplement. C’est tellement bien que je vais en rester là pour aujourd’hui, alors que j’avais prévu de présenter un ou deux autres ouvrages, dont la sortie de la deuxième et dernière partie de Perico de Philippe Berthet & Régis Hautière, mais ce n’est que partie remise.

pericocouv

2 commentaires sur “Noir !

  1. Pour avoir lu 3 fois « plus fort que la haine » (de Pascal BRESSON et René FOLLET), cette BD est à lire absolument. Une grande histoire, on sent à travers les dessins et le texte l’émotion qui prend aux tripes. Cette BD aurait mérité de faire 2 tomes au moins …. Mais j’ai adoré tout particulièrement

    1. Effectivement, notre seul bémol était que le dénouement était un poil précipité mais l’histoire reste magnifique