Coups de coeur

Force de caractère.

Il en faut de la force de caractère pour les protagonistes des histoires que je m’en vais vous présenter. Trois comics, deux suites de séries et une nouveauté en One Shot, des histoires violentes mais pas dénuées d’intérêt, chacune avec son propre univers graphique, la première: Wild Blue Yonder, les aventuriers du ciel, de Mike Raicht, Zach Howard, Austin Harrison & Nelson Daniel, chez Glénat Comics.

Tout d’abord, ce récit m’a remis en mémoires des ambiances similaires, le film de Mamoru Oshii, The sky crawlers. Mamoru Oshii, vous le connaissez peut-être, réalisateur de génie de films comme les premiers Ghost in The Shell, Avalon, Jin-Roh la brigade des loups et tant d’autres encore. Avec The Sky Crawlers, nous nous situions demain dans notre monde, un conflit sans précédent à vu le jour et perdure depuis un certain temps.

L’origine de cette guerre s’est perdue, mais deux camps continuent de s’affronter, ayant toutefois des scrupules à causer des victimes, ils ont développer des soldats génétiquement à partir des gènes de combattants, et c’est maintenant de la chair à canon, des adolescents qui ne vieilliront pas, d’ailleurs au vu de leur destinée, leur espérance de vie est bien courte. et nous nous intéressons à un jeune pilote d’avion qui arrive sur la base où il est affecté, s’intégrer à un petit groupe d’intervention. Comme à son habitude Mamoru Oshii développe une histoire avec beaucoup de philosophie et c’est le genre de film que vous regarderez un bon nombre de fois, ne serait-ce que pour son basset Hound, son animal fétiche qu’il nous glisse à toutes les sauces.

L’autre film d’animation qui m’est venue en tête est une série plus grand public, il y a deux saisons, c’est Last Exile de  Koichi Chigira à la réalisation et  Range Murata au character design. Une histoire plus Steam Punk dans l’esprit, deux enfants, pilotes d’un avion et messagers/coursiers, dans un contexte de conflit entre différents pays, des guerres à l’ancienne, « tirez les premiers messieurs », où l’on aligne les soldats les uns en face des autres, et on compte les victimes par milliers. Néanmoins, la poésie et le charme est de rigueur dans cette série.

Wild Blue Yonder, l’Homme ne se refait pas et a bien évidemment foutu en l’air la planète en faisant exploser ses bombes nucléaires, le monde est plongé dans le chaos et des bribes d’humanités subsistent çà et là. 

Le salut est dans les airs, il existe des vaisseaux, véritables villes volantes où les survivants se sont réfugiés et tout le monde sur chaque navire se considère comme une seule et même famille. L’aurore est un navire un petit peu particulier, déjà, il n’a pas d’alliés, mais surtout, il a la particularité de pouvoir se passer de carburant, ce qui a alimenté les légendes à son propos et suscite la convoitise de ses adversaires. Ses habitants ont déjà subis plusieurs attaques, et leur défense aérienne n’est plus réduite qu’à quelques avions. Ceux-ci sont accompagnés de pilotes de jet-packs, chargés des opérations délicates ainsi que les abordages. Une vie mouvementée, le risque d’y rester est permanent,ce qui renforce les liens qui les unissent.

Cola est l’actuelle meilleure pilote de défense de L’Aurore, véritable risque tout qui ne laisse jamais l’un de ses acolytes face au danger, et ce, même si cela doit contredire les ordres de sa mère qui dirige le vaisseau. Elle va se voir adjoindre un nouveau coéquipier, Tug, ancien mineur qui vient d’être recueilli à bord et qui va devoir apprendre le maniement du jet-pack.

c’est un récit complet en un seul volume, suffisamment dense pour satisfaire vos attentes, mettre en place l’histoire, le dessin est très chouette. La couleur est un peu sombre, mais coïncide avec le confinement des personnages dans leur navire, ou bien les conditions extérieures qui, bien qu’elles se passent dans les airs, sont sujettes à un environnement saturés de nuages radioactifs. Ah çà, c’est violent, mais c’est la guerre ma bonne dame, que voulez-vous, on ne se refait pas, et ceux qui ont essayé de se battre à coup de fleurs ne sont plus là pour en parler.

La suite! La suite! Les suites!

Deux sorties pour des séries qui nous avaient bien plus auparavant, en commençant par le troisième tome de Manifest Destiny t3, Chiroptères et carnivores, de Chriss Dingess, Mathew Roberts & Owen Gieni, aux éditions Delcourt.

Connaissez-vous dans l’histoire de l’Amérique et l’exploration de l’ouest sauvage, la mission de Lewis & ClarkSacagawea? Non? Alors je vous invite à re-regarder les Simpsons, Lisa interprétant le rôle de la guide de ces deux explorateurs, joués par Lenny & Carl (je reste fidèle à mes classiques), dans l’un de ces épisodes qui regroupe trois histoires classiques détournées par la famille en jaune (pour les curieux, c’est le onzième épisode de la saison 15).

Thomas Jefferson, troisième président des Etats-Unis, envoie les deux hommes en exploration jusqu’à la côte Ouest en prévision des prochains convois de colon qui s’installeront sur ces terres, et en l’occurrence, se débarrasser des éventuels dangers qu’ils pourraient rencontrer.

Contrairement à la réalité, où il n’y a eu qu’une seule victime, notre histoire va réserver de biens étranges rencontres, toutes plus dangereuses et surprenantes les unes que les autres. Les chefs de missions savent à l’avance que des périls les menacent, et que des créatures fantastiques peuplent ces territoires inconnus. les zones les plus dangereuses coïncident avec la présence d’étranges arches qui émergent du sol, sur une hauteur vertigineuse et de textures des plus insolites.

L’expédition est constituée de soldats, de repris de justice, de scientifiques et quelques volontaires. Tous vont frôler la folie face aux rencontres improbables qu’ils vont faire, des bisons/centaures, des insectes géants, des êtres végétaux et tant d’autres encore. Cela va être une véritable hécatombe, mais qu’à ne cela ne tienne Lewis & Clark n’ont d’autre choix que de continuer et de mener leur expédition jusqu’au bout, et nul mutinerie ne sera tolérée. C’est en chemin qu’ils font la rencontre de Sacagawea et de son mari Toussaint Charbonneau, union bien particulière, elle n’avait que 15 ans alors, ils se tolèrent mais ne s’apprécient pas plus que ça, seulement Sacagawea ne peut plus rentrer dans sa tribu, c’est pourquoi elle accepte de guider la mission. Là aussi, nous sommes sur un récit violent, mais qui fait preuve d’une richesse d’ingéniosité dans le bestiaire qui est proposé, sur les relations humaines au sein de cet équipage et bénéficiant lui aussi d’une belle ambiance graphique.

Deadly Class t5 – Carousel, par Rick Remender, Wes Craig & Jordan Boyd, chez Urban Comics collection Indies.

Alors là, le titre vous annonce la couleur: une classe ou on apprend à tuer, cool non ?! 

Marcus, adolescent, est orphelin et est devenu SDF, la vie au jour le jour n’est pas facile, trouver un abri, se nourrir, protéger le peu d’affaire en sa possession, tout est un combat du quotidien. il va cependant intégrer la Deadly Class, car une histoire circule sur son passé et sa responsabilité d’un massacre, lui conférant un talent inné de tueur. 

Cette école accueille l’élite de la progéniture de toutes les mafias du monde entier, toute la lie de la société, les pires vicelards qui tiennent bien de leurs parents. L’esprit de camaraderie n’est que bien trop souvent qu’apparence, mais de belles histoires naissent quand même.

Pour ceux qui ne connaissent pas la série, je ne vais rien dévoiler de l’histoire si ce n’est que vous trouverez un peu de tous les ingrédients d’une histoires d’adolescents qui fréquentent le lycée.

Pour, les autres, j’espère que vous vous souvenez de la fin de la première année d’études et sa cérémonie dans le tome précédent. Si ce n’est pas le cas, relisez-le avant de vous plonger dans ce nouvel épisode. 

Qui dit, fin d’année, dit obligatoirement, nouvelle année, nouvelle rentrée, et donc… nouveaux élèves. Comme si, les anciens n’avaient pas déjà assez de casseroles au c** et que leur histoire personnelle pouvait rejaillir à n’importe quel moment.

Un dessin et une mise en page dynamiques accompagnent ces personnages hauts en couleur. un mélange de gore, d’humour et de cynisme, tout pour me plaire et peut-être vous aussi. A bientôt.

gangs, brigades, équipes et autres crews.

Georges Brassens disait que le pluriel ne valait rien à l’homme, mais dans certains cas, il est plutôt salvateur de ne pas se retrouver tout seul.

Ce sont des histoires de teams, de bandes (organisées ou non), mais celles-ci ne manqueront pas de vous surprendre. vous avez déjà été réveillés au beau milieu de la nuit par des miaulements de chats en train de s’affronter, en vous disant que, peut-être c’était insupportable, mais que vous n’iriez pas vous interposer entre-eux de peur d’y perdre certainement un bras: Street fighting Cat. Mais si c’était le cas, alors vous feriez appel aux Brigades immunitaires, les petites cellules de votre corps qui se battent incessamment pour vous garder sur pied. Et une fois remis de vos émotions pourquoi ne pas partir à l’aventure, à la rencontre de l’inconnu, mais le ventre plein, car il faut bien se nourrir: Gloutons & Dragons.

Street Fighting Cat de SP*Nakatema aux éditions Doki Doki

Qu’ils sont mignons les chatons, on leur donnerait le bon dieu sans confessions, quoique… A y regarder de plus près, si vous êtes assez discrets pour qu’ils ne vous remarquent pas, vous serez assez surpris de leur organisation. Ils sont constitués en bandes, ils se répartissent les territoires, et déroger à la règle entraîne de sévères conséquences: Hige en a fait les frais.

Torao & Hige sont 2 chats de gouttières, comme tout un chacun, ils ont des rêves, notamment celui de se hisser tout au sommet de la gloire et de la hiérarchie féline, dominer les autres, c’est aussi ne plus avoir à se soucier d’avoir un abris, de la nourriture, mais pour le moment ce n’est pas le cas.

Ils se font la promesse de changer tout ça, mais pour se faire, il va falloir conquérir les territoires, un serait déjà bien suffisant, mais ils veulent être les chefs de toute la ville. Il va falloir défier les leaders les uns après les autres, mais voilà, dès la première bataille, tout tombe à l’eau, leur plan ne se déroule pas comme ils le souhaitent, et Hige, plus peureux que jamais fuit et laisse son ami Torao aux pattes et aux griffes de leurs adversaires, il finira dans la rivière, et de là, le destin de Hige est scellé, il restera le Tocard, le Lâche, celui qui jamais ne sera accepté dans aucune des bandes existantes et sera sujet à toutes les brimades.

Hors, un jour, toujours habité par les remords, il va découvrir se qui se trame en ville: un nouveau venu chamboule tout, et sen prend à tous ceux qui se dresse sur son chemin pour devenir le maître de la ville.

C’est une bête, un chat énorme et que rien n’arrête, il remporte ses combats haut la main et Hige voit en Nobunaga (du nom du célèbre général) la clé de sa vengeance. Il va découvrir, en s’imposant aux côtés du nouveau venu, qui n’a pourtant pas l’envie de s’encombrer de ce looser, que Nobunaga, contrairement à tous les chats du quartier, est issu d’une maison. Un chat dorloté et choyé, qui n’avait aucun soucis du quotidien de tous ces chats des rues pour qui la vie est âpre, et qui a quitté son cocon pour conquérir tous les territoires et s’imposer par la force. Hige arrive toutefois à rester dans le giron de Nobunaga, car celui-ci ignorants quels sont ses futurs adversaires et quelle est la répartitions des territoires, a besoin d’un guide capable de le renseigner, voilà le duo improbable errant dans la ville, et les chats ne parlent déjà plus que de ça.

Street fighting Cat est une série en quatre tomes et les 2 premiers sont déjà parus.

Et voici la viiiie, la belle vie qui coule dans nos veines… Si vous n’avez pas reconnu l’air (oui, j’ai bien dit l’air car je le chantais en écrivant), ni les paroles, c’est le générique de Il était une fois la vie.

AAAHHHH, les séries « Il était une fois », comment apprendre en se divertissant, l’homme, l’espace, les inventeurs, les explorateurs, ET la vie. Le temps a beau passer, elles n’en restent néanmoins toujours cultes. 

Dans les nouveautés du moment, vient de paraître le deuxième volume des Brigades Humanitaires de Akane Shimizu, publié en France par Pika éditions.

Dans un cadre où notre corps humain ressemble à une grand usine à gaz, une société technologique qui fourmille d’un nombre incalculable d’habitants, où tous ont leur rôle a jouer. Point de prénom pour chacun, mais un nom qui correspond à sa fonction, et c’est en suivant Hématie (un(e) globule rouge) que nous allons parcourir le corps humain.

Chaque chapitre présente la diversité de ce qui compose notre métabolisme, leur rôle, leurs fonctions, de l’acheminement des bulles d’oxygène à la défense contre les virus et autres bactéries, une véritable documentation des plus complètes. Cependant ATTENTION ! le réalisme choisi par l’auteur implique parfois de la violence visuel, les globules blancs ressemblent à de véritables psychopathes, il ne faut pas oublier que ces anticorps sont là pour éradiquer tout intrus à notre corps; mais on oublie pas de rigoler, surtout lorsque l’on voit comment il décide d’illustrer le virus de la grippe: souvenez vous dans quel état vous vous êtes retrouvé la dernière fois que vous êtes tombé malade, tout comateux, vidé de toutes vos forces, et bien il la représente sous la forme d’une horde de zombie qui se balade dans notre organisme pour nous contaminer.

Et, pour finir, une histoire bien délirante comme je les aime. Cette semaine est sorti le deuxième tome de Gloutons & dragons, de Ryoko Kui aux éditions Casterman.

Le titre fait bien évidemment référence au jeu de rôle Donjons & Dragons, série cultissime, vous prenez une équipe d’aventuriers propres à l’héroic fantasy, constituée, d’un chevalier, d’un mage, d’un voleur… Elle est composée de différentes races, homme, nain, elfe… Vous les mettez dans un donjon, à la recherche d’un trésor, ou dans tous les cas, assortis d’une quête, un soupçon de monstres par-ci, par-là, laissez mijoter et dégustez le résultat.

Vous connaissez les ingrédients, mais vous ne savez pas encore si vous êtes en mesure de le digérer ? Et ben c’est là que réside l’histoire. Jusqu’à preuve du contraire, tous parmi vous, amis lecteurs, vous vous nourrissez, et vous avez même, peut-être un plat de prédilection. peut-être encore, vous êtes vous essayés à créer vos propres recettes, ou tester un ingrédient dont vous ignoreriez tout jusqu’à présent. L’histoire de l’humanité est ce qu’elle est, parce que depuis la nuit des temps, on a mangé ce qui nous tombait sous la main, des fois on s’en sortait bien, des fois on en mourrait, et parfois même, dans d’atroces souffrances. 

Notre équipe dans cette histoire vient de s’aventurer dans un donjon. En affrontant une créature monstrueuse, l’un d’entre-eux s’est sacrifié afin que les autres puissent être sauver et se retrouver comme par magie (ben non, pas « comme ») PAR MAGIE, à l’extérieur du donjon. Le chef d’équipe n’écoutant que son courage et sa responsabilité, il décide de repartir, seul, sauver son acolyte qui, pense-t’il, est encore vivant dans la panse de la bête. si les autres comprennent qu’il ne veut pas les mettre en péril, ils décident quand même de l’accompagner, on est une équipe soudée ou ne l’est pas.

Le « HIC », c’est que leurs réserves sont vides, et ils n’ont pas le temps si ils veulent réussir leur mission de sauvetage de retourner faire le plein. Une seule solution s’offre à eux, se nourrir sur place avec ce qu’ils trouveront, ou tueront, c’est selon. certaines créatures sont ragoûtantes, d’autres dégoûtantes, mais faut-il toujours se fier à l’apparence ? En chemin, ils vont rencontrer un nain qui erre depuis quelques temps dans les méandres du donjon, pour la simple et bonne raison qu’il souhaite justement découvrir et développer l’art culinaire de l’aventurier en milieu hostile. C’est drôle, c’est con, donc c’est bon. Bonne lecture.

 

étrange et autres bizarreries.

Si le silence est d’or, mon rythme de parution de mes coups de coeur est sépulcral ces derniers temps, mais voilà que l’étrange est au rendez-vous et m’incite à vous faire une petite mise en avant des curiosités du moment.

Mais avant tout, c’est la sortie de Saga t7, de Brian K. Vaughan & Fiona Staples, chez Urban Indies qui est la nouveauté à ne pas rater. A n’en pas douter, cette série reste et restera une de mes plus grosses claques de ces dernières années, une saga intergalactique, mêlant amour, aventure, science-fiction, magie, romance et violence. Un mélange des plus hétéroclites qui surprend le lecteur à chaque page, de par la diversité de ses personnages, de la structure de cet univers, de ses rebondissements, mais surtout par sa narration, celle qui nous conte cette histoire n’est autre que le bébé que nous découvrons au début du premier tome, et qui a décidé de nous faire partager l’histoire de ses parents, deux êtres que tout oppose dont une guerre entre leur deux cultures, l’une alliée à la magie, l’autre à la technologie, un monde étrange et beau, porté par le dessin de Fiona Staples.

A la folie… Pas du tout ! Sora Ono, aux éditions Delcourt/Tonkam.

Certaines histoires sont vraiment difficiles à définir, d’autant plus si à y bien regarder il n’y en pas, je m’explique. ce manga est un recueil de mini récits en 2 pages, pour la première partie, puis quelques pages pour la deuxième. Je vous l’ai annoncé tout de go, nous sommes sous le signe de l’étrange. A la folie, c’est d’abord un travail graphique remarquable pour la netteté de son trait, un dessin en pleine page qui vous fait découvrir une scène de vie de couple qui dégénère sur la page suivante, le découpage vous imposant de tourner la page pour découvrir la deuxième partie, et comme les personnages, vous la prendre… en pleine gueule, désolé, il n’y pas d’autre expression qui convienne. 

Ce n’est pas une apologie de la violence conjugale, mais un pur acte de violence gratuite et fracassante. Fracassante est le terme adéquat pour les histoires qui suivent par la suite, où là encore on retrouve souvent des couples, mais il s’agit de Kabe-Don. Kabe: mur; Don: boom. point de mots à mettre pour cette explication, je vous laisse ouvrir le livre pour découvrir et « comprendre », car en fait il n’y a pas de logique à tout ça, juste de la gratuité du geste et de la prouesse technique.

To your eternity, Yoshitoki Oima, Pika édition.

Traverser l’éternité est un rêve qui traverse l’histoire de l’Humanité, les alchimistes, les créatures telles les vampires et autres immortels, les exemples ne manquent pas dans l’imaginaire de l’Homme.

Là, c’est une sphère qui a fait son apparition un jour sur la Terre. Pourquoi l’a t’on déposé là ? L’être qui nous l’a envoyé voulait juste observer son évolution. Cette étrange forme de vie est évolutive, pas spécialement pour survivre face aux éléments, son adaptation peut se faire en fonction de ses émotions (si elle en a, ou peut-être découvre t’elle justement ce que c’est). Sphère, pierre, mousse… elle va prendre une forme de vie plus commune sous la forme d’un loup, copiant le modèle qui vient mourir devant elle, mais elle le copie tel quel, donc avec la blessure mortelle que la bête avait; d’elle même, sans comprendre ce qu’elle fait, elle va corriger cette anomalie, et pour la première fois, se déplacer, jusqu’à ce qu’elle croise un enfant qu’elle va accompagner; La suite est un voyage initiatique à découvrir.

L’enfant et le maudit, Siuil, a run, Nagabe, Komikku éditions.

Ce monde est coupé en deux, « l’intérieur« , le monde où les hommes ont trouvé refuge, et « l’extérieur« , vestiges de l’humanité où résident les « Maudits« . Ces créatures, être difformes à l’allure monstrueuse et bestiale, étaient autrefois des humains qui se sont vus métamorphosés, qu’importe l’explication, ce n’est pas un mode évolué comme le notre, plutôt médiéval où le fantastique garde son mysticisme et sa part d’inconnu. Une exception, une jeune fille vie au-delà des murs de la cité des hommes, dans les ruines du village d’où elle est originaire, et en compagnie du « maudit« ; elle attend le retour de sa mère. Le contact physique est interdit, sous risque de se voir maudit à son tour et de se transformer à son tour en créature, difficile alors pour le « professeur » de prendre soin de l’enfant encore fragile, si elle se foule la cheville, elle est obligée de rentrer par ses propres moyens car il ne peut la porter. Un récit onirique, teinté de poésie, une qualité de dessin exigeante et agréable, un incontournable des mangas publiés récemment ?

Tokyo Alien Bros, Keigo Shinzo, Le Lézard Noir.

Les amateurs de mangas originaux et marginaux tels que moi aiment considérablement se tourner vers les éditions Imho et Le lézard Noir. Actuellement chez Imho, on s’intéresse à Tokyo Kaido, la nouvelle série de l’auteur de Chiisakobé, Minetarô Mochizuki, histoire assez étrange elle aussi. Mais pour l’heure, c’est Tokyo Alien Bros qui m’amuse. Après Les vacances de jésus & Bouddha, voici deux autres créatures qui décident de passer du bon temps au Japon.

La Terre est elle un lieu propice pour qu’une race extraterrestre vienne s’y installer ? C’est la mission de Fuyunosuke (c’est le nom dont cet être étrange s’est affublé) est chargé d’appliquer. Seulement, son caractère exubérant et enjoué, fait en sorte que cela fait plus d’un an qu’il n’a pas établi de rapport à ses supérieurs. Ils ont donc envoyé son frère aîné, que Fuyunosuke va baptiser Natsutarô à son arrivée, pour superviser et recadrer son cadet.

Afin de prouver qu’il n’a pas fait que glander sur terre, Fuyunosuke va servir de guide à Natsutarô, lui faire goûter ce qui lui semble être la boisson la plus succulente qui se trouve en réserve quasi inépuisable sur terre et encore inexploitée par les hommes (je vous en laisse la surprise). N’ayant pas encore compris toutes les subtilités et us et coutumes de notre planètes, ils vont avoir leur propre interprétation de nos modes de vie, créant beaucoup de situations cocasses. Et leur nature et structure extraterrestre ne leur permet pas de faire face à certains imprévus: le contact avec le sel les fait fondre, ou bien un gentil moineau qui vient picorer dans la main peut avoir une conséquence désastreuse. le terme étrange est plus qu’adapté à ce genre d’histoire.

Mr Punch, Neil Gaiman & Dave Mc Kean, Urban Graphic.

Une nouvelle réédition d’une oeuvre de Neil Gaiman et de son acolyte Dave Mc Kean, je ne pouvait passer à côté, vous pensez bien, et dans la thématique de l’étrange, Mr Punch est plus que la bienvenue.

Vous connaissez certainement Polichinelle (et autrement que pour ses secrets), son origine est italienne. En France, nous avons Guignol, eh bien sachez le, les anglais ont Mr Punch. Tous trois sont des spectacles de marionnettes populaires dans leur pays d’origine, seulement, si les deux premiers ont un côté contestataire face à la société et notamment à la hiérarchie, Mr Punch à une toute autre symbolique.

La méthode narrative de Dave Mc kean alliant différentes techniques de dessins, de collage et de manipulation de matières, associée à l’univers très sombre de Mr Punch, donne un résultat final des plus dérangeant, renforçant l’intention première.

Mr Punch, c’est de la brutalité et de la violence en toute impunité, pas très moralisateur me direz vous. Mais rappeler vous que contrairement à l’idée que tout le mode se fait des contes pour enfant de nos jours, à l’origine, tous sont bien moins mièvres que l’image que Disney a imposé (il n’est pas le seul dans ce cas, mais en est le plus bel exemple). La cruauté et tout autre travers de l’humanité ne devant pas être évités dans les morales des histoires telles que leurs auteurs d’origine l’ont souhaité. Un livre étrange et beau, angoissant et captivant, vous croyiez en avoir fini avec les cauchemars, pensez donc, Neil Gaiman est capable de raviver vos pires souvenirs… j’adore. 

 

 

 

 

 

Gaiman: Tout un programme !

Comment aborder les filles en soirées de Neil Gaiman, Fabio Moon & Gabriel Bà aux éditions Urban Graphic.

Neil Gaiman est de retour (encore) pour mon plus grand plaisir, et quand, de plus, il s’associe avec deux autres auteurs que j’apprécie, les frères jumeaux Fabio Moon & Gabriel Bà, il ne me reste vraiment qu’à me demander si ce n’est pas déjà Noël. 

Neil Gaiman, je vous l’ai déjà présenté en long, en large, en travers et j’en passe. C’est un auteur multi carte, il est écrivain, scénariste de Bandes-dessinées, auteur d’épisodes radiophoniques et d’albums jeunesse… Une de ses oeuvres phare est Sandman que je vous avais présentée fin 2016 à l’occasion de la sortie du tome 0. Il aime a travailler avec des dessinateurs au trait original, et c’est ce qui nous amène à Fabio & Gabriel.

Fabio Moon & Gabriel Bà, deux frères jumeaux Brésiliens dont nous adorons le travail et que nous avons eu le bonheur de recevoir à la boutique lors de la sortie de leur album Deux frères. Fabio, nous l’avions rencontré précédemment lorsque nous avions représenté la maison d’éditions Urban Comics à St-Malô à Quai des Bulles en 2012 pour Daytripper, nous n’avions qu’un seul auteur à cette occasion, mais quel auteur !! Ils s’auto-éditent au Brésil, ils bénéficient d’éditeurs Américains comme Dark Horse, et n’ont pas à rougir quand on voit qu’ils ont travaillé sur la série American Vampire, ou bien qu’un certain Mike Mignola fasse appel à eux pour des récits de Hellboy ou B.P.R.D. 

Comment aborder les filles en soirées: ce n’est pas un guide pour célibataire malhabile ou quelque puceau que ce soit, et encore moins une brochure éditée par quelque site de rencontre, et pourtant il faut bien reconnaître que le livre n’est pas bien épais. Neil Gaiman est très fort pour écrire des récits puissants en peu de pages, mais je dois avouer que je suis étonné de voir que l’éditeur annonce une prochaine adaptation au grand écran de cette histoire, car ce qui fait que j’ai trouvé ce récit remarquable, c’est sa concision qui va de paire avec la brièveté de la soirée des deux protagonistes.  

Enn et Vic sont deux adolescents Anglais de quinze ans (adolescent et Anglais, il y en a qui passe de dur moment dans la vie, et encore ado ça va passer avec le temps, tandis qu’Anglais… même en changeant de nationalité, on est foutu pour la vie, c’est un coup à finir sous les ponts).

Enn n’est pas spécialement repoussant, il na juste pas très confiance en lui, en tout cas pas pour aborder une fille et engager la conversation. il trouve qu’elle franchissent trop rapidement le cap de l’adolescence et passent quasi instantanément de fille à femme, la métamorphose ne serait-ce que physique est déjà évidente et remarquable.

En ce qui concerne Vic, quant à lui, cela ne lui cause vraiment aucun soucis et encore moins de question. beau gosse mais pas bellâtre, c’est le genre de gars qui arrive en soirée et qui tombe la plus belle fille en deux temps, trois mouvements. Pour lui, il n’y a pas de mystère, il conseille son copain de juste les aborder, entamer la conversation, ce sont justes des filles, pas des extraterrestres. Il peut bien comprendre la timidité d’Enn, mais il n’y a rien d’insurmontable à trouver le moindre sujet de débat qui permette d’établir le contact, et d’ailleurs ce soir, il faut qu’il mette tout ça en pratique.

Vic a un plan pour ce soir, il comptes’incruster à une soirée et a convié Enn à l’accompagner et c’est une bouteille sous le bras qu’ils se rendent tous deux en se fiant au son comme guide pour trouver la party. A peine arrivés, Vic, fidèle à lui même entame la conversation avec celle qui leur a ouvert la porte, et Enn commence a sillonner les pièces pour se rendre compte que la gente féminine est bien présente ce soir. D’abord il trouve la cuisine, repère propice au moindre repli stratégique en cours de soirée, et c’est dans la véranda qu’il va pouvoir faire sa première rencontre.

Au fur et à mesure de l’avancée de la soirée, les convives vont arriver et Enn va encore une fois faire montre de son manque de confiance en soi, mais qu’à ne cela ne tienne, il va franchir le cap et aborder certaines de ces charmantes demoiselles.

Très vite il va comprendre qu’ils viennent de mettre les pieds dans un logement où cohabitent des étudiantes étrangères qui vont lui témoigner de leurs différentes expériences de voyages et de rencontres. c’est là, encore une fois que Neil Gaiman marque de sa patte ce qui pourrait être une scène de vie quotidienne des plus banale pour en faire un récit déstabilisant au commun des mortels.

Alors pourquoi ne pas vous inviter vous aussi à cette soirée et vous laisser porter par une touche de poésie ? Aurez vous assez de cran à aborder ces filles en soirée et savoir être à l’écoute ? 

Le charme du dessin de Fabio & Gabriel confère une ambiance de choix à ce récit envoûtant. 

Le sobriquet Henriquet

Henriquet, L’homme-reine, de Richard Guérineau aux éditions Delcourt collection Mirages.

D’abord il y a l’aîné, Lui qui est comme un melon, Lui qui a un gros nez, Lui qui sait plus son nom… Pourquoi est-ce que j’ai choisi cette introduction de la chanson de Brel « Ces gens là » ? Et ben parce que nous allons parler de grandes familles, celles de la « Haute », et qui ont à l’occasion des problèmes relationnels entre-eux.

Ah là là, vous ne savez pas ce que c’est que d’être roi, vous ne pouvez pas comprendre, alors pour cela pourquoi ne pas vous plonger dans Henriquet ? A l’origine, il y a eu Jean Teulé (que l’on appellera Dieu), avec ses biographies à sa sauce, Je François Villon, Le Montespan, O Verlaine, Rainbow pour Rimbaud… certains de ses titres ont bénéficié d’une adaptation en bande Dessinée et Richard Guérineau quant à lui s’était vu confier celle de Charly 9

Tout en conservant le ton et l’humour de Jean Teulé, Richard Guérineau s’attaque cette fois à Henri IIIème du nom, et nous préparera très certainement un troisième album consacré à Henri IV. Encore une fois vous avez la possibilité de réviser votre histoire par le biais du 9ème art, comme quoi on peut s’instruire en se divertissant.

Malheureusement je ne suis vraiment pas assez calé en histoire, et je ne m’accorde pas assez de temps pour aller chercher l’information, mais l’impression qui m’ait donnée et les quelques bases que j’ai tout de même, me laisse à penser que bon nombre d’éléments mis dans l’album sont véridiques y compris certaines anecdotes, et puis, sait-on jamais, Richard Guérineau a peut-être mis la main sur les enregistrements de l’époque.

Henri III, dit Henriquet, hérite du royaume de France dans une situation des plus sombres. Le pays sort à peine du massacre de la Saint-Barthélemy, entre les différentes factions religieuses qui se tirent la bourre, et ceux qui souhaitent prendre le pouvoir, les trahisons vont bon cours. C’est bien simple, une chienne n’y retrouverait pas ses chiots. Si encore aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre parler de trahisons dans les sphères de l’état, à l’époque, l’assassinat était tout aussi courant, donc il fallait faire montre d’un sacré talent pour arriver à ses fins sans se faire prendre.

Et pourquoi Henriquet ? Ben oui, pourquoi affubler le roi d’un nom pareil, ce n’est pas n’importe qui tout de même, on ne se moque pas de son souverain comme de son voisin, verrait-on aujourd’hui le peuple Français parler de son président en ces termes ? 

Henriquet est célèbre dans l’histoire de France pour ses mignons, tout comme Alexandre Le Grand l’était selon la légende pour son intérêt pour son fidèle  Héphaistion. On ne juge pas les moeurs de son roi, mais si il y a une faille, on s’engouffre dans la brèche, d’autant plus qu’à l’époque (contrairement à la notre, en France tout du moins) le trône est héréditaire, donc on ne déconne pas avec la descendance. De plus les histoires de coucheries vont bon train, parfois même au point de ne plus savoir qui est avec qui, ou quand. 

L’intérêt de ce type d’album est de se replonger dans notre Histoire, et le ton jovial de l’écriture permet d’assimiler un maximum d’informations, mais encore une fois, je déconseille de s’en servir comme anti-sèche à un examen, on au tôt fait de retenir certains éléments que l’examinateur ne verrait pas d’un bon oeil dans votre copie. Richard Guérineau s’était déjà fait plaisir dans Charly 9 d’user d’un autre stratagème génialissime pour se faire plaisir et amuser le lecteur: utiliser différents styles graphiques. Pourquoi donc ? Peut-être aurez-vous l’occasion de le demander directement à l’auteur. Toujours est-il, que c’est très plaisant de jongler avec ces interludes, comme une fausse couverture de journal « people » qui dénonce au grand jour les frasques et les médisances des Grands du royaume. Tout autant que d’avoir ces clins d’oeil à l’histoire de la Bande Dessinée, en reprenant les styles graphiques de Lucky Luke, de la très sérieuse Histoire de France en Bande Dessinée, La ligue des Gentlemen Extraordinaires ou encore des strips à la Hägar Dünor.

Comme je le disais, je ne sais pas si Henriquet s’est travestit, si ses dernières paroles ont bien été « vérole de moine »… mais j’ai passé un très chouette moment de lecture qui m’a donné envie de relire Charly 9 et de me dire que je rouvrirait Henriquet d’ici quelques temps. Alors monsieur Guérineau, si jamais vous avez effectivement l’idée de nous narrer les aventures d’Henry IV, je suis preneur, à bon entendeur.