Coups de coeur

Mort & vif: comment jouer avec la mort.

Mort & vif, c’est le titre du nouvel album de David Prudhomme, mais cela convient tout à fait au dernier titre de Luz: Puppy; qui est l’histoire d’un chien mort mais bourré de vitalité et d’envie de jouer.

Mort & vif aux éditions Futuropolis, le scénario est de Jef Hautot (ce qui est drôle étant donné qu’il va y avoir des voitures dans l’histoire, mais vous avez raison, je ne devrais pas commencer une nouvelle fois avec l’humour bas de gamme qui me caractérise, à la rigueur s’il s’était appelé Serge, j’aurais pu me le permettre: Serge Hautot – siège auto…)

HUM ! Reprenons nous. Mort & vif, collaboration à quatre mains ou deux cerveaux entre Jef Hautot et David Prudhomme. David Prudhomme, j’avais déjà eu l’opportunité de vous le mettre en avant en septembre 2015 lors de la sortie de Vive la marée, co-écrit avec Pascal Rabaté (toujours chez Futuropolis) une histoire d’une journée à la mer que je trouvais judicieux de vous taquiner avec au moment de la rentrée scolaire ou bien de la reprise du boulot en général. Et c’est là où le tiens à m’excuser, car j’avais mis en avant Pascal Rabaté pour la manipulation de l’image, en oubliant un peu trop vite le travail de David Prudhomme

En débutant ma lecture de Mort & vif, à la page 3, je commence à me dire que l’on me titille la rétine, à la page 5, c’est confirmé, je reprends ma lecture depuis le début pour être le plus attentif possible, tant est énorme le travail du dessinateur.

Philippe Moline alias Flip travaille chez Deleter & fils (ouvre-boîtes & clés à sardine). Une clé à sardine qu’est-ce que c’est ? La question n’est pas anodine étant donné la suite de l’histoire, et si je pose la question, c’est qu’il y a dorénavant la fameuse languette d’Ermal Fraze que tout le monde connait sur le boites de sardines pour les ouvrir (ah si cela avait existé du vivant de Franquin, les gags de Gaston eurent étés métamorphosés). Donc, une clé à sardine, c’est une petite tige métallique, recourbée en forme de triangle du côté de la prise en main et bénéficiant d’une encoche de l’autre côté, permettant de saisir une partie du couvercle des boites pourvue à cet effet, qui dépassait sensiblement dans un coin, puis vous tourniez votre clé, découvrant ainsi au fur et à mesure le contenu tant désiré à consommer. Mais Flip lui, il en pique afin de construire une tour Eiffel en clés à sardine et l’offrir à sa petite amie, Patricia, qui travaille elle aussi chez Deleter & Fils

Bref ! Flip rentre du travail, c’est la fin de la semaine, mais à la maison, Patricia n’est pas là ! Elle vient de le quitter, lui laissant tout de même une lettre de rupture (ET la tour Eiffel). Dépité, il décide de sortir et se prendre une grosse cuite, au point de se mettre vraiment mal et d’être coincé le samedi et le dimanche au lit. Le lundi suivant, il se rend au travail comme à son habitude, mais curieusement, arrivé devant l’usine, il ne descend pas du bus, en fait c’est son indécision qui fait qu’il continue le trajet jusqu’au terminus du transport. De là, il erre dans la ville, croise occasionnellement son patron, mais sans interaction, et se pose au beau milieu d’un rond-point, perdu dans ses pensées.

« Trashy« , musicien de son état, passe par là en voiture, et le prend en stop: débute alors une virée des plus rocambolesques pour Flip, qui va vraiment flipper pour l’occasion.

Pendant ce temps, les employés de Deleter & fils qui eux se sont rendus au travail se retrouvent le bec dans l’eau, car leur cher patron a profité du week-end afin de revendre toutes les machines et a fait vider l’usine pour disparaître dans la nature (vous vous rappelez que j’ai écrit plus haut que Flip ne cessait de le croiser ?).

Cela a un petit goût du film Louise Michel avec Yolande Moreau. Lorsque j’ai commencé cette chronique j’ai évoqué le travail graphique qui m’avait très tôt surpris. En effet, vous allez pouvoir attarder votre regard sur chacune des pages de l’album car David Prudhomme exploite au maximum l’image et la mise en page. 

Chaque trait est la continuité d’un autre, les formes s’enchevêtrent les unes les autres, se répondent d’une case à l’autre, ainsi la physionomie de l’homme accroupi devant la cheminée dans une image, devient les contours du paysage montagnard dans la case d’à côté. Etant donné qu’il est difficile de rendre par des mots des effets visuels si complexes, il ne vous reste plus qu’à ouvrir l’album pour découvrir ce que j’essaye de vous décrire.

Et si l’on doit jouer avec la mort, laissons la mort déborder de vie, avec Puppy de Luz aux éditions Glénat.

L’album est sorti début Janvier et je me navre de voir que pas une seule personne ne l’ai pris dans notre librairie, et pourtant parmi nos lecteurs, bon nombre d’entre vous pourrait y trouver satisfaction.

Luz est et restera l’un de mes auteurs préférés parmi les différents noms qui auront travaillé pour Charlie Hebdo, son trait est vif, créatif et récréatif. 

A la fin de l’album, vous avez la double page à l’origine de cette histoire, un article consacré à un cimetière du côté d’Asnières avec de singuliers locataires, on y trouve pas spécialement des mammifères mais surtout des animaux qui ont du flair: un endroit consacré au dernier repos de nos animaux de compagnie, des chiens, des chats, mais peu de poissons rouge car Bubulle et consorts ont plutôt tendance à finir dans les toilettes.

C’est l’histoire de Puppy, qui se relève de sa tombe, s’ébroue afin de se débarrasser des chairs mortes superflues pour commencer son errance dans sa nouvelle aire de jeux.

libre comme l’air et l’air de rien, Puppy est mort & vif à la fois, le quadrupède baguenaude au fil de ses envies, marque d’un revers de la patte son nouveau territoire, il est mort me direz vous, comment pourrait-il être en mesure d’avoir encore des fluides corporels ? on s’en fout, n’est-il pas drôle de voir Puppy se laisser aller, suivre son instinct, ou bien narguer le féroce molosse qui n’en aurait fait qu’une bouchée de son vivant.

Il tombe amoureux de la photo d’une petite chienne, joue avec les nonosses et c’est peu dire qu’il est au meilleur endroit pour en dénicher, même si parfois la digestion est un peu dure. Il court et joue, cherche une baballe, et il en trouve, on apprécie d’ailleurs l’hommage de Luz pour ses amis, avec toutes ces balles de tennis présentes dans cette bulle en verre qui repose sur la tombe de Charlie, et Puppy leur donne une nouvelle vie.

Bon! Batifoler dans son aire de jeu, c’est bien, mais cela ne va qu’un temps, pourquoi ne pas agrandir son territoire et partir dans les rues au risque d’effrayer les passants. Seulement, il n’y aura point de vent de panique, car voilà, les humains ont disparu. Les rues sont pleines des vestiges de la vie courante, nous voyons des scènes du quotidien, où il ne reste que les vêtements des personnes, laissés en suspends, on apprécie d’ailleurs cette vue du dessus de cette dame un peu forte, qui permet d’apercevoir la tête de Puppy au travers de sa culotte.

Luz nous offre de la légèreté, de profiter, de nous amuser, alors rions avec lui cal lui fera plaisir comme à nous, et soyez contents, je ne vous demande pas de vous mettre tout nu et de vous lancer à quatre pattes à baguenauder en remuant de la queue.

Merci Luz pour cette évasion canine. Comme quoi on peut encore rire un bon coup avec la mort, car elle ne se gêne pas, elle, pour rire de nous.

 

Tony Chu

C’est la fin mes amis ! Tony Chu t12- Le dernier repas (The last supper comme disent les Monty Python, d’ailleurs je vous conseille chaudement leur sketch: Why Michelangelo didn’t paint The Last Supper) est le dernier tome de la série. Notre détective cannibale tire sa révérence en beauté, John Layman et Rob Guillory ont mitonné un récit aux petits oignons (et j’arrêterai là les jeux de mots tout pourris liés à l’art culinaire pour illustrer mes propos, je ne voudrai pas pondre écrire un article indigeste).

Tony Chu, détective cannibale est une série en 12 tomes publiés par les éditions Delcourt en France et raconte l’histoire de cet agent de la R.A.S. (répression des Aliments et Stupéfiants) qui a la particularité d’être Cibopathe ??? 

Cibopathe; Saboscrivneuse; Cereduratus; Cibovoyante; Xocoscalpère; Tortaespadero… non ! je ne suis pas possédé par un démon ou une quelconque entité surgie du fond des âges qui me ferait utiliser une langue disparue depuis des millénaires. En lisant Tony Chu, vous allez découvrir tout un tas de termes dont vous ignoriez jusqu’à la possibilité, mais rassurez vous, tout cela est fictif, et si ce n’est pas le cas, il est déjà trop tard pour commencer à vous inquiéter. 

Cibopathe: imaginez que lorsque vous mettez en bouche un aliment, vous soyez en mesure de ressentir tous les stades par lesquels il est passé. Je m’explique ou tout du moins reprend l’explication de la Bande Dessinée: une bouchée de pomme vous indique sur quel arbre elle a poussée, quels pesticides ont été utilisés, quand est-ce qu’elle a été récoltée… et pour de la viande c’est pareil, cela vous ferait quoi de ressentir la venue au monde d’un être vivant, revivre toute sa vie ET sa mise à mort, plein de réjouissances en perspective. Ben pour Tony Chu, c’est son quotidien, seule consolation en ce qui le concerne, il y a une exception: LA BETTERAVE ! En effet, lorsque Tony mange de la betterave, il ne ressent rien, ce qui peut être un soulagement d’un côté, mais lui impose un régime alimentaire drastique (et ils sont où les 5 fruits & légumes ?).

Cette singularité, ils sont trois sur la planète à la partager, Tony Chu y compris, et en travaillant pour la R.A.S. il va être mis à contribution pour résoudre des enquêtes. En effet, certaines affaires sont parfois irrésolues par manque d’éléments, et des tueurs peuvent continuer à courir et commettre de nouveaux méfaits. Alors si vous avez à disposition dans vos effectifs, une personne qui pourrait, en grignotant un tout petit, mais alors tout petit bout de la victime vous aider à résoudre une enquête en identifiant l’assassin et son mode opératoire, pourquoi vous en priveriez vous ? Après tout n’est affaire que de persuasion pour que votre employé accepte de mâchouiller du cadavre au petit déj’

Tony Chu va donc continuer à mener ses enquêtes, pas toujours dans les meilleures conditions. Ses supérieurs ne l’aiment pas et lui font vivre un enfer, le moindre pépin qui arrive dans la vie de Tony… ils exultent de joie. Ses partenaires ? Multiples et variés, parmi eux, un autre Cibopathe, Malloy qui n’inspire vraiment confiance mais qui est le seul en mesure d’aider Tony Chu à développer ses capacités. John Colby, un de ses rares amis, mais qui peut apporter autant de soutien que d’emmerdes, ah ! et à moitié cyborg également, mais c’est une autre histoire. 

Le contexte . Suite à une vague de grippe aviaire, la consommation de poulet est totalement interdite, ce qui ne sera pas sans conséquences dans l’histoire. Il y a également ces lettres incandescentes qui sont apparues dans le ciel, c’est joli non ?! Boarf, si on passe outre le fait que c’est annonciateur de la fin du monde, on peut considérer ça joli.

Et si on parlait de son entourage ? Tony Chu a une famille (comme tout le monde en général), bien évidemment très particulière. Entre autre, sa soeur qui a la particularité de pouvoir voir l’avenir d’une personne en la mordant, il n’est pas si courant d’en arriver à mordre quelqu’un sans son consentement, même dans l’intimité. Son frère quant à lui se retrouve de l’autre côté de la loi, grand chef réputé, il s’est élevé contre le gouvernement en criant au complot, prétextant une désinformation et une exagération de la grippe aviaire, il est rentré dans la clandestinité et s’est spécialisé dans les recettes à base de poulet. Tony a également une fille qui va se révéler importante dans l’histoire (oh mon dieu le spoil !).

Mais ce n’est pas tout ! Qu’est-ce qui a provoqué un tel engouement pour cette série ? l’élément le plus improbable qui soit. La perle cachée des aventures de Tony Chu est un COQ. Oui ! Mesdames et messieurs, vous avez bien entendu ! UN COQ !!!

Mais pas n’importe quel coq, bien entendu. POYO, le coq ultime. Agent spécial de la R.A.S., Poyo est l’arme ultime et ultra secrète du gouvernement. Un coq de combat cybernétique.

Même l’enfer tremble rien qu’à susurrer son nom, car il est assuré qu’un jour Poyo viendra dans les tréfonds et que nul n’en ressortira indemne.

En dehors du rôle que Poyo va jouer dans l’aventure, notre coq de combat, aura le droit à ses propres mini aventures qui permettent une respiration entre les différents récits qui ponctuent la série. Il y a une trame principale qui va vous tenir en haleine de bout en bout de l’histoire, mais l’avantage de cette série, c’est que vous avez les différentes affaires auxquelles Tony Chu va être lié qui dynamisent votre lecture.

Conclusion, les aventures de Tony Chu, détective cannibale rentrent dans les incontournables des séries déjantées.

 

 

Full sentimental

Satoshi Kon, vous connaissez ? Non ? Kazuo Kamimura ? Non plus ? Yasunari Kawabata ? encore ? décidément je n’ai pas toujours de chance. Mais non, suis-je bête, c’est au contraire ce que je souhaite vous faire découvrir.

Aujourd’hui je reviens une nouvelle fois avec mes grands chevaux célestes venus d’Orient, Mangas, Manhwas et Manhuas (enfin pas de Manhwa cette fois car il n’y a pas de titres en provenance de la Corée). Nous sommes bien évidemment tristes de la disparition de Jiro Taniguchi qui a ému un grand nombre de lecteurs, sa contribution au patrimoine mondial de la Bande dessinée n’a pas été des moindres tant il aura écrit et dessiné une multitude de titres et fait parti des auteurs remarqués par Moebius, ce qui était un bon gage de qualité pour espérer se faire remarquer.

Fossiles de rêves de Satoshi Kon chez Pika Graphic

Il est bien naturel que beaucoup de personnes ignorent qui est Satoshi Kon, par contre si vous vous intéressez à la Japanimation, aux auteurs underground qui ont bouleversé la scène culturelle internationale, là vous êtes quasi impardonnables. L’auteur a disparu en Août 2010, certaines de ses oeuvres restent inachevées, vous pouvez trouver facilement certains de ses films, Perfect Blue, Millenium actress, Tokyo godfathers… mais concernant ses manga (papier) trop peu de titres sont disponibles, comme Opus qui fut réédité il y a peu chez Imho en même tant que Seraphim 266613336 Wings (avec Mamoru OshiiGhost in the shell, Avalon…) 

Fossiles de rêves sort chez Pika Graphic, jusqu’à présent l’éditeur publiait surtout des formats classiques mais depuis peu se tourne vers le roman graphic, en ce qui concerne le livre de Satoshi Kon, c’est un recueil de plusieurs histoires courtes passant allègrement du médiéval au fantastique, mais avec une majorité d’histoires contemporaines.

Tout comme Katsuhiro Otomo (Akira…) ou Taiyou Matsumoto (Sunny…), Satoshi Kon met bien souvent en scène des enfants comme personnages centraux, leur permettant de jouer avec l’innocence de ces chères têtes blondes, plutôt brunes au Japon, leurs émotions plus à fleur de peau ou encore leur impulsivité.

Dans la première histoire qui est un récit de Science-Fiction, nous commençons avec un cadre « normal », contemporain ? Si l’on découvre des habitants d’un quartier avec leurs habitudes, très vite on constate la vétusté des habitations, des rues, la végétation qui reprend ses droits. On devine le confinement d’un quartier à l’autre, le mystère plane et installe l’ambiance. L’arrivée d’un robot de combat nous fait basculer dans leur contexte quotidien, et après la magie de l’auteur opère…

Il s’en suit des histoires permettant de découvrir certaines particularités de la culture Nippone, de leur passion pour le Baseball, des histoires de fantômes toujours présents dans l’imaginaire populaire Japonais… De la violence, de l’émotion, de la tendresse, des préoccupations du quotidien, dans Fossiles de rêves, vous retrouverez l’essence même de chacune des créations de Satoshi Kon.

Les petites contemplations de Yao Ren chez Urban China

Alors là pour le coup, si vous connaissiez déjà Yao Ren, c’est que vous êtes incollables sur l’univers étendu de tout ce qui touche World of Warcraft, il publiait sur son blog, les aventures de son avatar dans le jeu. Il a par la suite, décidé de se tourner vers plus de légèreté, et ce sont différentes nouvelles qui nous sont proposées dans cet album.

5 histoires, 5 ballades, 5 expériences de l’auteur. 

La première est une bonne introduction pour l’un des titres que je vais vous chroniquer par la suite, Yao Ren évoque un restaurant de quartier, une petite gargote ne payant pas de mine, mais qu’i appelle intimement « Chez grand-père ». Il partage avec le lecteur la satisfaction d’avoir ce lieu ou se réfugier, échapper à son quotidien, qui lui permet également d’apprécier les mets qui lui sont proposés. Mais l’observation des autres personnes venant se restaurer dans ce restaurant, habitués ou non, lui démontre qu’il passe encore à côté de bien de petites surprises culinaires, qui ne cesse de lui donner d’autres motivations pour repasser une prochaine fois.

Les deuxième et troisième histoires ont ceci en commun, que son ce sont ses déambulations sous les intempéries. « Sous la pluie » et « Paysages d’hiver » sont des récits de promenades dans son quartier, d’observations méticuleuses et anecdotiques, comme une vieille dame qui nourrit les chats errants de son quartier, mais en faisant en sorte qu’ils ne se mouillent jamais les pattes, les habitudes des personnes qui fréquentent un parc municipal qui change d’aspect sous la neige et dont le lac gèle, les incitant à « braver le danger » en s’hasardant sur la glace.

La quatrième relève aussi de l’observation, « Caches à chats » révèle, non pas un jeu chinois, mais une spécificité: face à l’intolérance et à l’élimination des chats errants, certains habitants du quartier, fabriquent en catimini, de véritables repères cachés aux yeux de tous, afin que les chats puissent avoir un endroit où passer l’hiver à l’abri du froid, leur pratiquant même des sorties de secours au cas où un intrus tenterait de les y bloquer. Et la dernière histoire, « Le murmure des fleurs », n’est autre que le partage de l’auteur d’un souvenir d’une histoire que lui racontait sa mère lorsqu’il était plus jeune, mais dont il a ignoré pendant longtemps le dénouement. Beaucoup de sensibilité dans son écriture, on ressent pleinement le côté intimiste mais jamais voyeuriste, son dessin est un régal, même si l’on peut trouver un aspect rugueux à ses trames.

Si je vous ai mis en appétit précédemment, restons dans la restauration voulez-vous, La cantine de minuit de Yarô Abe aux éditions Le Lézard Noir.

C’est un premier tome, mais qu’importe étant donné que ce sont plusieurs nuits, donc plusieurs histoires qui se succèdent au fil des pages, 30 histoires chacune intitulée du nom d’un plat culinaire. Quelle est la particularité de cet établissement ? Le restaurant n’ouvre que de minuit à sept heures du matin, ne propose qu’un plat unique et trois types de boissons, MAIS, le patron est prêt à répondre à toute exigence de plat, SI il a à disposition les ingrédients pour le faire.

C’est un restaurant de quartier, avec ses habitués que l’on retrouve au cours des récits, bien que les horaires soient originaux, il n’empêche que la vie nocturne est assez animée dans le quartier et le nombre de clients suffisamment conséquent pour y trouver une certaine diversité.

De rôle principal, à secondaire, les clients se côtoient, partagent certaines aventures culinaires ou sentimentales, et bien souvent les deux. Il y a un côté attachant étant donné que l’on voit la vie de certains évoluer, on a l’opportunité de découvrir en même temps que les autres personnages certains aspects de leur vie qu’ils leur ont caché.

Le rôle du patron est bien évidemment le lien social qui unit tous ces habitués du lieu, les plats se succèdent sous vos yeux, ce qui a donne l’eau à la bouche. Vous n’avez pas les recettes, mais bénéficiez de pas mal de renseignements sur les ingrédients qui composent le plats, et parfois sur certaines préparations: A TABLE !!!!

Pays de neige de Utsugi Sakuko d’après Yasunari Kawabata chez Philippe Picquier éditions.

Yasunari Kawabata est l’un des piliers de la littérature Japonaise, mais on peut très bien n’en avoir jamais lu et le vivre sereinement. Mais autant profiter d’une adaptation en manga pour passer le cap. 

C’est une rencontre au fin-fond de la province Nippone, une petite station thermale isolée de tout, où Shimamura va laisser traîner ses guêtres. Ce jeune homme a hérité de la fortune familiale et peut désormais consacrer son temps à l’élaboration de ses ouvrages littéraires consacrés à l’étude de la chorégraphie occidentale, pour un japonais ne mettant pas les pieds hors du pays, cela parait bien futile.

Lors de sa pause dans ce village, il fait la rencontre de Komako, jeune apprentie de Shamisen, cet instrument à corde traditionnel dont jouent les Geishas

Shamimura revient depuis lors chaque année, une fois par an afin de passer quelques jours dans le village et retrouver Komako.

La relation entre les deux jeunes gens n’est pas simple, tant est que Komako oscille entre ses sautes d’humeurs, tantôt tendre et charmante, tantôt distante et réfractaire, elle continue son travail de dame de compagnie, abusant trop souvent de soirées très arrosées, mais qui finissent invariablement par le besoin de retrouver Komako dans sa chambre, mais en prenant bien garde de ne se faire voir des autres habitants de village où les ragots ont tôt fait de circuler et de vous marginaliser. 

Si ce n’était que cela, tout vous paraîtrait trop simple, du coup Kawabata a complexifié un peu son histoire, car Komako réside dans une maison avec deux autres personnes, une jeune femme Yôko, et l’on sent l’ai crépité lorsque les deux deux femmes sont présentes au même endroit. Et entre elles, Yukio, fils de celle qui enseigna le Shamisen à Komako, et qui est atteint au dernier stade d’une tuberculose intestinale.

Quelle est la relation réelle entre ces trois personnes ? Qu’est-ce qui peut bien réussir à les unir entre la haine et l’affection à ce point.

C’est un récit intime, agréable à l’oeil, avec une certaine nonchalance dans l’écriture, qui permet aux scènes plus dynamiques d’être explosives, notamment sur les humeurs de Komako.

Voici plusieurs idées de lecture, j’aurais pu également vous présenter Une femme de showa de Kazuo Kamimura & Ikki Kajiwara chez Kana, un auteur que j’affectionne particulièrement pour la finesse de son trait et les thématiques de ses histoires, tantôt sentimentales, ou comme ici, une histoire de vengeance, sa plus célèbre étant Lady Snow Blood, une trilogie disponible à la librairie, qui influença Tarantino pour son Kill Bill.

4 histoires.

Envie de vous détendre et d’apprendre ? De vous souvenir ou de vous investir ? Back-up sur la scène Hip Hop avec Hip Hop Family Tree t1- 1970’s-1981 de Ed Piskor chez Papa Guédé Treasury édition. On remonte plus loin dans le temps avec le Manga Pline, de Mari Yamazaki & Tori Miki éditions Casterman. Et voyage en Espagne avec deux titres: Des espaces vides, de Miguel Francisco, éditions Delcourt – Mirages, et Proies Faciles, de Miguelanxo Prado, éditions Rue de Sèvres

Mari Yamazaki a été élue « Femme de l’année » 2012 par Vogue Japon, rien que ça, cette auteure s’est fait connaître en France et de par le monde grâce à sa série Thermae Romae, une série courte teintée d’humour qui mettait en parallèle les cultures Japonaise & Romaine autour de leur passion commune pour les thermes ou l’art du bain.

La voilà qui revient toujours chez le même éditeur, Casterman pour une nouvelle série réalisée à 4 mains en compagnie d’un autre dessinateur, Tori Miki, consacrée à Pline (l’ancien). Vous ne savez pas qui est Pline ? Qu’à ne cela ne tienne, pour ma part je ne connaissais de lui que sa présence dans un sketch de Desproges, et qui ne m’en apprenais pas beaucoup sur le personnage.

Pline était et restera l’un des naturalistes les plus éminents à travers les siècles, et c’est notamment en partie à son Histoire Naturelle, que les auteurs ont décidé de lui consacrer cette série.

Pline l’ancien (Galius Plinius Secundus) a vécu au premier siècle de notre ère, contemporain de Néron, il n’avait pourtant rien en commun avec le césar de l’époque. Véritable témoin de son époque, il n’avait de cesse de coucher sur tablette, tout se dont il était témoin, de manière exhaustive peut-être, mais c’est ce qui a suscité l’intérêt des auteurs. Si les spécialistes dégagent du texte les élucubrations de l’auteur, c’est cet amalgame d’étude scientifique et de contemplation de la vie de ses contemporains qui en fait un témoignage des plus complet afin de comprendre la société de l’époque, la vie au jour le jour, y compris avec la culture populaire et leur croyance de l’époque.

Cela complète les Mangas que nous avons déjà pu voir passer avec une approche historique, Cesare (sur la jeunesse de Cesare Borgia), Ad Astra (la guerre entre Scipion et Hannibal), Eurêka ! (consacré aux inventions qu’Archimède développa afin d’assurer la défense de Syracuse), Le chef de Nobunaga (le Japon médiéval du XVIème siècle)…

Hip Hop Family Tree t1- 1970’s-1981 de Ed Piskor éditions Papa Guédé Treasury Edition.

Comment est né le RAP ? Quels sont les précurseurs de ce mouvement urbain ? De quelles têtes ont bien pu sortir ces sons et ces prouesses musicales de scratch et autres performances? 

Si vous faites partie de la génération qui a connu le début du Hip Hop, c’est sûr cela va faire un coup, un coup de vieux bien entendu, car sachez le, les maisons de repos ont de plus en plus de résidents tatoués, percés… les générations se succèdent et ce qui nous fait grandir devient une mode de « vieux cons ».

Il n’empêche que de se replonger dans les débuts d’artistes, qui donneront des groupes comme Public Ennemy, les Beasty Boys et j’en passe, cela fait un bien fou.

La culture populaire se renouvelle sans cesse, et à une telle rapidité que l’on aurait tôt fait d’oublier d’écrire son histoire. Ed Piskor s’est attelé à la tâche, et avec une approche graphique spécialement « vieillotte » donne le ton à ce voyage temporel et culturel. 

L’album bénéficie de suppléments intéressants, un index des groupes et artistes cités tout au long de l’album, une discographie plus quelques Breaks & Beats évoqués. Vous pouvez également retrouver la bande son sur papaguede.fr

A mettre entre toutes les mains des curieux de l’histoire de la musique, de celles et ceux qui cherchent des références musicales, d’artistes ou de morceaux. Vous souhaitez briller en soirée ? Pour une soirée Disco choisissez un pantalon patte d’eph’ avec des paillettes, pour du Hip Hop, choisissez plutôt Hip Hop Family Tree.

En dehors de mon expérience personnelle avec ce genre musical, j’ai déjà fait le tour de quelques copains qui bossent dans le domaine,DJ’s, rappeurs et autres, et ils sont tous dithyrambiques sur la qualité du fond et de la forme de cette Bande dessinée et ils attendent la suite avec impatience.

Direction l’Espagne pour finir avec deux récits: Des espaces vides de Miguel Francisco aux éditions Delcourt-Mirages.

Il y a une recrudescence de titres consacrés à la guerre d’Espagne c’est dernières années, et comme le titre de l’année dernière Jamais je n’aurai 20 ans de Jaime Martin chez Dupuis- Aire Libre, Miguel Francisco l’aborde sous le côté du témoignage familial, mais avec l’originalité de ce qui n’a pas été transmis.

En effet, c’est à une occasion particulière de sa vie que Miguel va s’attacher à relater le récit de son grand-père. A ce moment du récit, Miguel s’est séparé de sa compagne, il se retrouve seul avec son fils et doit se rendre en Finlande pour son prochain projet professionnel: développer le Character-design du prochain jeu à succès de Angry Birds . Cela peut paraître décalé, mais fait parti du charme et du dynamisme de l’album d’avoir des petites envolées, comme sa première soirée à Helsinki dans les « bras » de la patronne du bar où il débarque.

Des espaces vides que l’auteur a envie de combler, des questions sans réponses, car le grand-père n’a jamais souhaité s’étendre sur cette période de sa vie, et à l’heure où le fils de Miguel pose beaucoup de questions sur la vie, le narrateur revient sur celles qu’il aurait souhaité poser à son grand-père. Comme il arrive parfois, des personnes qui ont vécu une épreuve traumatisante préfèrent éluder ces souvenirs de leur vie, et la transmission de ces informations peuvent sauter une génération, surtout que la génération intermédiaire a d’éventuels souvenirs de leur enfance que eux aussi ne souhaitent pas aborder.

Et puis, il y a l’imaginaire, comment certaines photos des quelques années d’exil en Argentine arrivent à faire travailler les méninges de Miguel. Qu’est-ce que son grand-père a bien faire de son époque Argentine ? Qui a-t’il bien pu fréquenter ? A t’il pris part à l’Histoire de quelque manière que ce soit ? Ou bien a-t’il menti et n’était pas là où il prétendait être ? 

Un récit étonnant, intime et drôle à la fois, qui complète certaines interrogations de l’auteur ainsi que du lecteur. Une approche graphique dynamique qui est bien agréable tout au long de la lecture, et comme je le précisais, l’alternance entre le travail de mémoire et les scènes de la vie quotidienne rend une lecture teintée d’humour et d’amertume.

Et une petite prédilection pour ce dernier titre: Proies faciles de Miguelanxo Prado aux éditions Rue de Sèvres.

Tout d’abord, sachez que si vous ne voulez pas vous spoiler votre lecture, évitez de lire la double page d’introduction de l’auteur, en effet, ce n’est pas une simple histoire policière que l’auteur tient à raconter mais aussi une certaine prise de conscience sur notre société actuelle. 

Deux policiers, l’inspectrice Tabares et son adjoint Sottilo sont amenés à se rendre dans un appartement où le corps d’un homme célibataire a été retrouvé sans vie, seul devant sa télé, la boîte de pizza qu’il a commandé encore ouverte et pas encore finie.

Une histoire somme toute banale dans leur quotidien de policiers, mais les heures à venir vont changer leur façon de voir l’affaire. Il y bien eu une autre « accident » cette nuit là, avec un homme renversé par une voiture, mais ce sont d’autres morts qui suivent qui éveillent leur suspicion. 

D’autres personnes sont retrouvées sans vie, un homme qui faisait son footing sur la plage, une femme qui prenait son déjeuner dans une gargote en ville… Il s’avère rapidement après autopsie que ces morts ne soient pas « naturelles », mais qu’au contraire certains soient victimes d’empoisonnement. De plus il s’avère que toutes les victimes travaillaient dans le monde de la banque, chacun à un poste différent de la hiérarchie bancaire et dans des structures différentes.

Cette chronique sociale se déroule en 2013 en Espagne, elle aborde la crise financière qui a touché le monde ces dernières années et comment les petites gens l’ont prise de plein fouet. Quelle pourrait être la réaction des citoyens excédés d’être le jouet d’un système révoltant qui n’a aucune considération de l’Humain.

La solution pourra vous paraître excessive, voire révoltante, mais la question posée par Miguelanxo est légitime, et l’action de ses protagonistes est profondément humaine. Si l’on s’apitoie du nombre croissant de personnes se retrouvant dans la précarité, n’arrivant plus à joindre les deux bouts, s’endettant,  n’arrivant plus à nourrir leur famille ou les loger, pourquoi le peuple ne dit-il pas stop ? Ce sont bien les questions qui nous taraudent aujourd’hui, les réponses que l’on attend de ceux qui veulent se retrouver à la tête des nations, mais pourquoi alors laisser les autres décider à notre place si leurs solutions ne correspondent pas à notre vie et à nos attentes ? 

Cette histoire est essentielle dans cette approche de vouloir traiter de questions de société en l’alliant avec un récit plus classique. Que vous le preniez comme une histoire distrayante, un énième polar de qualité qui vous permet de vous changer les idées, ou bien comme un engagement de l’auteur à se servir de son média pour sensibiliser son lectorat, vous saurez apprécier la qualité de son oeuvre.

Bonne lecture et à bientôt.

 

 

 

Girly ? Ugly !!!

I hate Fairyland, t1le vert de ses cheveux, Skottie Young, éditions Urban Comics- Indies.

Le coeur de petite fille qui bat en vous en a assez de s’entendre dire « Oh qu’elle est mignonne », vous préférez regarder les yeux dans les veinules, celui qui bat encore, tout sanguinolent, dans votre main ? I hate Fairyland est pour vous.

Fairyland à la base, c’est quoi ? Ce monde merveilleux des contes de fées et autres héros des histoires de notre enfance: des licornes mignonnes, des farfadets adorables, des gentilles fées aimantes… un monde rassurant où l’on aimerait passer plus de temps, en compagnie de petits chatons, il n’y a pas de vilaines sorcières dans la maison en pain d’épices, tout est en couleur pastel, agréable à l’oeil… un monde merveilleux !

Et puis, il y a Gertrude ! tout comme Alice, ou Dorothée, Gertrude est une petite fille, tout ce qu’il y a de plus adorable. Elle joue dans sa chambre à des histoires de princesse, avec ses peluches en guise de compagnons d’aventure. Tout à coup, le sol se dérobe sous ses pieds, un trou vient d’apparaître au beau milieu de la moquette et l’entraîne inexorablement vers l’inconnu. Quoi de plus fantastique pourtant que de se voir offrir l’opportunité de glisser vers le monde de l’imaginaire, partir à l’aventure… sauf que… PAF !!

N’oubliez pas que j’ai précisé que c’était un trou, le passage pourrait se passer en douceur, mais là, pas vraiment. Après une trrèèèèès longue chute, Gertrude s’éclate la tronche sur le sol (pavé de bonnes intentions à la base, mais on est pas toujours bien préparé à une visite surprise, et puis on s’attend plus ou moins à ce qu’un visiteur sonne à la porte).

La reine Cloudia, souveraine de Fairyland, souhaite la bienvenue  à Gertrude. Les personnages de contes de fée adorent les enfants, et lorsque l’un d’eux se pointe dans leur monde, ils lui réservent un accueil chaleureux, si celui-ci désire néanmoins renter chez lui, pas de problème, on le guide dans la bonne direction, on est même prêt à lui fournir un guide pour lui faciliter la tâche. Il y a toutefois un minimum d’effort à faire, c’est un mode de fantaisie où l’on vous convie à l’aventure, mais pas bien méchante, rien d’insurmontable… quoique.

Pour trouver le chemin qui lui permettra de rentrer chez elle, Gertrude doit se mettre en quête d’une clé qui ouvre le portail qui la sépare du monde réel, une aventure qui ne devrait lui prendre qu’une petite journée, malheureusement, cela fait déjà 27 ans que Gertrude erre dans les méandres de Fairyland. Alors ne vous étonnez pas de sa « légère », mais alors « infime », exaspération. Et c’est peu dire.

Ce n’est pas un criquet comme pour Pinocchio, mais une espèce de petite bestiole ailée qui accompagne Gertrude, Larrigon Wentsworth III est le guide chargé de la conseiller. Les années passées en compagnie de cette incompétente irascible ont profondément changé Larrigon, cet adorable animal frise maintenant la dépression, s’enquillant clope sur clope, est blasé par la méchanceté de Gertrude, voire, va même l’inciter à repousser ses limites d’ingéniosité de cruauté.

Notre adorable enfant va donc inexorablement franchir tous les domaines de Fairyland, croiser bon nombre de races et de créatures les plus mignonnes les unes que les autres, mais pour qui les destin est plus ou moins le même: passer entre les mimines de Gertrude qui déborde d’affection pour tous ses nouveaux amis. 

Et comme la recette semble encore un peu trop fade, que diriez vous si on la réhaussait d’une larme de piment en y introduisant, un nouvel élément, une adorable enfant, la petite Happy, aux grands yeux de guimauve, qui respire l’innocence et la gentillesse, de quoi énerver encore plus la désespérée Gertrude. Seule l’une de deux pourra rentrer chez elle, et dans ce combat titanesque, seule l’une d’entre-elles pourra rentrer chez elle.

Skottie Young, l’auteur de ce magistral conte sous acide et autres champignons hallucinogènes, s’était déjà attaqué, mais dans une version beaucoup plus soft, au monde féérique en adaptant en Bande Dessinée Le Magicien d’Oz, publié en France chez Panini Comics.

De là, à croire que I Hate Fairyland, t1Le vert de ses cheveuxUrban Comics collection Indies, est un exutoire afin d’exprimer toutes ses frustrations d’avoir été si sage auparavant, il n’y a qu’un pas.

Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ce n’est pas le genre d’histoire que vous lires à vos enfants avant de dormir, et pourtant, tout est là pour satisfaire leur imaginaire et s’inventer par la suite tout plein de belles histoires, avec des couleurs pastels, des princesses, des zombies, des narrateurs massacrés à tire larigot, et des grands yeux mielleux à faire fondre le coeur de tout un chacun, là encore assurez vous de ne pas l’avoir laisser dans votre main, ça fait des tâches et elles sont difficiles à faire partir.

Faites de doux rêves.