Bon, allez, j’avoue : oui, je recycle mes titres (surtout ceux qui me font sourire moi, égoïstement). Celui-ci, je l’avais utilisé dans feu Pavillon Rouge (magazine des éditions Delcourt) pour chroniquer le premier tome de la cultissime et géniale série « Powers« .
Fusion Comics, label transfuge de Soleil à présent dans le giron de Panini, a eu la bonne idée de rééditer les deux premiers tomes de cette série atypique. Dans un monde où les super-héros sont le lot quotidien (et pesant) des habitants de cette métropole américaine, une brigade criminelle spécialisée est indispensable. Christian Walker et Deena Pilgrim sont inspecteurs de cette section chargée d’enquêter sur toutes les affaires liées aux « surhumains ». Et ils vont avoir sur le dos la mort de Retro Girl. Alors, pourquoi, me direz-vous, avoir utilisé ce titre et réitérer aujourd’hui ? Hé bien, comme dans Twin Peaks, en définitive, la résolution du meutre, qu’il soit de Lara Palmer ou de Retro Girl, importe peu. L’accent est mis sur cet univers étrange et bigarré, sur les relations entre les deux coéquipiers, sur les zones d’ombre qui peu à peu s’éclairent… Cet album est paru en 2000 scénarisé par Brian M.Bendis et dessiné par Mike A.Oeming. Trois années auparavant, une autre série avait attiré les poncifs du super-héros sur des terrains novateurs : Astro City de Kurt Busiek et Brent Anderson, une vrai perle ! Le public était mûr pour intégrer ces séries décalées, à la fois respectueuses et impertinantes. Dès ses premières oeuvres, Bendis usa de son artifice artistique qu’il affectionne tant : la joute verbale, le dialogue mitraillé, la logorhée tenace. Et avec efficacité ! Quant à Oeming, son dessin radical et racé intrigua de prime abord pour ne plus lâcher ensuite.
Cette série comporte six enquêtes et continue encore aujourd’hui, avec des rumeurs persistantes et toujours fluctuantes d’adaptation TV.
Lorsque Strangers in Paradise est arrivé en France aux éditions Le Téméraire, Terry Moore n’était pas connu… Et aujourd’hui, pas plus ! Et pourtant, ce serait passer à côté d’un grand raconteur d’histoire que d’ignorer son travail. SIP (comme disent les intimes) mais également Echo, publié à l’heure actuelle aux éditions Delcourt. Alors que l’avant-dernier tome s’offre à vos regards avides, revenons sur cette série atypique. Alors que Julie prend des photographies en plein désert du Névada, elle assiste à l’assassinat commandité d’Annie, scientifique et pilote, qui teste une nouvelle armure conçue en métal liquide. Puisque l’assassinat est perpétré à coups de missiles, voilà que des fragments d’armure tombent et adhèrent à la peau de Julie. Les ennuis commencent… Terry Moore a su mêler avec harmonie science-fiction et peinture des sentiments dans Echo, comme il avait su faire cohabiter thriller et soap-opera dans SIP. Ses femmes sont fortes, fragiles et attachantes, ses personnages tout en nuances et en contradictions… Alors que le final s’annonce apocalyptique, hâtez-vous de découvrir cette série marquante.
Pierre Boulle, vous connaissez ? Si vous dîtes non, vous pouvez être de bonne foi et mentir quand même. Quelque soit votre âge, vous avez eu l’occasion de cotoyer l’héritage cinématographique de son oeuvre littéraire, avec plus ou moins de bonheur. En écrivant en 1963, La Planète des Singes, cet auteur français ne devait pas se douter de la longévité des thèmes abordés. Aujourd’hui, les éditions E.Proust propose la traduction d’une nouvelle saga dans cet univers où les primates intelligents règnent sur le monde. Sauf que dans cette histoire imaginée par Daryl Gregory et dessinée par Carlos Magno, les hommes et les singes sont arrivés à une paix instable mais néanmoins présente. Il ne faudrait qu’une étincelle pour que la guerre s’enflamme de nouveau. Or l’archonte est assassiné par un humain… La qualité de cette série, qui comportera trois tomes, réside dans un dynamisme et une plongée immédiate dans l’histoire. En effet, nul besoin de reprendre la totalité de la saga, soit vous l’avez vu en film, soit vous devinerez le dessous des cartes à la lecture.
Voilà, trois comics qui ne faudrait pas râter en ce moment. Après, c’est vous qui voyez !!
Préfacé par Benjamin Stora, Dans l’ombre de Charonne, de Désirée et Alain Frappier, est le premier ouvrage des éditions Mauconduit, et pour une première, ils frappent fort, comme les CRS dans l’histoire abordée dans l’ouvrage.
Ceci est le témoignage d’une femme qui se trouvait dans la bouche du métro Charonne à Paris lors des événements en marge de la Guerre d’Algérie. Toujours d’actualité, car également longtemps passée sous silence, c’est toujours un sujet qui nous fait découvrir une part de l’histoire récente de notre civilisation et qui nous touche particulièrement.
Bien qu’elle n’ait jamais voulu aborder le sujet tout au long de sa vie, c’est sur un lit d’hôpital que notre narratrice s’est confiée. N’y voyez pas là une confession honteuse (quoique, mais je vais y venir), mais un partage d’une expérience encore vive dans son esprit.
Pourquoi pourrait-elle se sentir honteuse ? Peut-être parce que les médias ont relayé l’information de telle manière à l’époque, ainsi que les organismes gouvernementaux, que personne ne prennait au sérieux les témoignages de ceux qui s’y trouvaient, surtout lorsque l’on est encore une adolescente sensée être à la maison plutôt que dans la rue.
L’album présente un trombinoscope des victimes, des extraits des journaux de l’époque, un tract du syndicat des travailleurs de chez Renault… que ce soit sur le fond comme sur la forme, c’est un très bon bouquin.
Félicitations et Bon vent, Belle mer pour Mauconduit.
Restons dans le récit avec Mana Neyestani, l’auteur d’ Une métamorphose Iranienne aux éditions çà et là, son histoire s’est déroulée au cours des cinq dernières années, ce qui n’est pas pour rassurer. Dessinateur de presse en Iran, Mana s’était tourné vers les magazines jeunesses, pensant ainsi pouvoir continuer son métier loin des soucis politiques de son pays.
Imaginez-vous d’abord témoin, en direct dans les médias, d’émeutes rassemblant de plus en plus de monde, tout cela à cause d’une de vos parutions, d’un simple mot dans une bulle que vous veniez juste d’ajouter à tout le travail de votre carrière. Ce simple mot est accusé de stigmatiser une partie du peuple irannien, ce qui amène les autorités à votre porte et vous conduit en détention dans un centre réservé à ceux qui menacent la sécurité intérieure.
Voici le témoignage de Mana Neyestani, son emprisonnement, les interrogatoires. Un récit très intéressant.
Quand on tombe sur une perle, il ne faut pas la lâcher, et les éditions Casterman ont presque l’exclusivité sur les oeuvres de Jirô Taniguchi. Si ceux publiés dans la collection Sakka (sur un format plus standard pour du manga et dans le sens de lecture original) ont toujours un accueil mitigé de la part du public, la collection Ecritures propose encore un ouvrage pour un public curieux de la culture Japonaise et amateur de lenteur.
Furari, c’est l’errance d’un géomètre cartographe dans l’ancien Tokyo, le regard d’un homme chargé de figer cette ville à un moment donné de son histoire sur une carte, mais de préparer également son aspect de demain. Il prend ses mesures à chaque pas, et mesure les changements que son pays subit pas à pas. Les temps changent, les saisons se succèdent, c’est un personnage posé et délicat qui vous invite à le suivre et à observer.
Dans la lignée de L’homme qui marche, Le promeneur, Le gourmet solitaire. A savourer lentement.
Un album avec un très fort potentiel pour vous séduire: Kililana Song, de Benjamin Flao chez Futuropolis. C’est une première partie, certes il faudra attendre la suite, certes les éditeurs donnent toujours l’impression de jouer avec nos nerfs et nos portes-monnaie et encore certes l’histoire est tellement bien que vous allez amèrement regretter de ne pas savoir ce qui va arriver au petit Naim. C’est dans son univers que Benjamin Flao vous entraîne avec son dessin magnifique. Son trait donne vraiment l’épaisseur nécessaire à ce récit africain. Le jeune homme n’a de cesse de fuir son frère qui souhaite le voir filer droit à l’école, mais Naim préfère traîner dans les rues. Avec ses camarades, ils observent la vie de leur ville au rythme des visites des touristes ou bien de celui des consommateurs de Qat. Ses pas vont le mener à croiser un capitaine en mal d’armateur et bien dans la mouise, des ex-patriés français qui s’enlisent dans les stéréotypes, un vieillard détenteur d’un savoir ancestral qui aborde sereinement son ultime combat face au monde moderne représenté en l’occurence par des promotteurs immobiliers, et tant d’autres encore.
Un album magnifique qui fait l’unanimité parmi nous, des fresques somptueuses, un dépaysement assuré.
Toujours chez Futuropolis, L’homme qui n’existait pas de Cyril Bonin. Le même auteur nous avait proposé l’année dernière chez le même éditeur une somptueuse adaptation du roman de Marcel Aymé: La belle image. Le dessin collait superbement au texte simple et touchant avec une atmosphère sympathique de proximité avec le personnage principal.
Dès lors, voilà mon bémol, L’homme qui n’existait pas a le même charme graphique, le personnage qui perd toute tangibilité et visibilité n’a plus que le lecteur pour témoin. Son attention va se porter sur cette jeune actrice, étoile montante du cinéma français, qui ne va avoir de cesse de le rendre plus curieux encore. Tant de questionnements et tant de temps pour chercher les réponses.
Je ne le traite pas de « redite », seulement La belle image était peut-être encore trop frais dans ma mémoire pour lui trouver le charme qu’il mérite. Il faut reconnaître à Cyril Bonin que les transitions, les effets, le jeu sur la luminosité, en font un récit qui a tout son sens sous la forme d’une bande dessinée.
Les éditions Nobrow sont de retour en librairie avec leurs ouvrages atypiques, que se soit par le fond comme par la forme mais aussi par le format.
30 cm de large pour 52 cm de haut, si c’était un schtroumpf, cela ferait un gros schtroumpf, mais ce n’en est pas un, ce sont les dimensions de Big Mother de Sam Vanallemeersch, le volume 2 vient de sortir.
C’est un patchwork monstrueux de personnages de notre société, les scènes se succèdent et s’emmêlent sur de grandes doubles pages ou bien sur ces 4 grandes cases qui occupent votre espace visuel.
Vous en avez pour de très longs moments d’attention à porter sur cet ouvrage, à vous de gérer votre vie sociale pendant ce temps.
Il n’a pas que de la couleur à foison, vous pouvez également admirer ses noirs & blancs, à vous de savoir si vous désirez entrer dans l’univers de l’auteur, son délire, son labyrinthe…
Il ne faut pas croire, on ne vous collera pas un examen surprise à la fin de votre lecture, le plus simple est d’accepter de s’immerger et de se poser la question après: « est-ce que j’en suis sorti indemne ».
Big Mother de Sam Vanallemeersch.
Restons dans les formats qui sont difficiles à caser sur nos étagères, voulez-vous.
Ne vous fiez pas aux apparences, sous ses airs discrets et ses 14 par 23.5 cm, il prend toute son assurance et se déploie de tous ses 138 cm, faites place à Chute et ascension de Micah Lidberg.
Pourquoi une bande dessinée qui prend des airs de frises chronologiques, parce que l’auteur nous offre une fresque de l’évolution de la vie sur terre.
Je rappelle que lorsque je dis que l’auteur « offre », ce n’est qu’une expression, il ne faut pas prendre au premier degré toutes les bétises que je peux dire à la minute.
Que dire si ce n’est que vous allez en prendre plein les mirettes, et dès que vous aurez fini un côté, vous le retournez et c’est reparti pour un tour. Nobrow est une maison d’édition anglaise que l’on est bien content de pouvoir trouver dans le réseau de distribution français.
Tout est dans le détail pour Dimanche de Jon McNaught, pas plus grand qu’un livre de poche. Si vous regardez attentivement l’image jointe, la couverture est remplie de maisons.
C’est une petite histoire de dimanche, de nonchalance, d’observation, de contemplation… et de télévision, y’en a qui ont du mal à s’en passer. Les nuages passent mollement au-dessus de la maison, les oiseaux migrent, le voisin fait du vélo…et se casse la gueule. On a quand même de la chance, il ne pleut pas.
Pour les amateurs de minutie à la Chris Ware, à la Swarte, imaginez un peu, ce mec est capable de vous mettre 26 cases de bande dessinée sur un espace de 11 cm par 17.
Ce genre de petit bouquin ne paye jamais de mine, on a l’impression qu’il ne s’y passe rien, et en fin de compte on y trouve plein de prouesses graphiques, de sensibilité et d’humour.
Que vous dire de plus si ce n’est qu’il est toujours bon de faire ce métier et de vous parler du travail des autres.
L’année dernière, j’ai peut-être poussé un peu trop fort les éditions ManoloSanctis, puisqu’elles sont sorties du réseau de la librairie. Alors si je dis vive Mauconduit et vive Nobrow, ce sera pas trop fort pour ne pas réveiller les voisins.
Vous êtes vous déjà aventuré au fin fond de la mystérieuse librairie ???
Si ce n’est pas encore le cas, allez voir : vous trouverez des albums surprenants. Comics ou Indépendants se cachent dans ce coin reclus. Alors osez l’aventure et osez vous faire surprendre avec des comics mais aussi des albums indépendants, petits éditeurs ou récits un peu loufoques, voire complètement barrés. Voilà ce qui se cache derrière le terme d’indépendant.
Voilà, tout ça pour dire que moi aussi j’ai osé m’aventurer dans ce rayon où je n’avais pas mis les pieds depuis un moment. Et surprise j’ai trouvé la pépite du moment
« Le soldat inconnu vivant » aux éditions Roymodus de Jean-Yves Le Naour et Mauro Lirussi :
Ne vous laissez pas refroidir par le couverture un peu sombre et inexpressive. Et ouvrez plutôt pour voir le talent du dessinateur qui illumine en noir et blanc cet album. Nous sommes à la fin de la première guerre mondiale, et les Allemands relâchent leurs prisonniers. L’armistice vient d’être sonnée. Dans les trains qui ramènent les déportés un homme reste sur le quai de la gare dans l’attente. Le chef de gare va l’emmener à l’hôpital. Mais l’homme n’est pas blessé ni fou, il est juste dans son monde et a occulté le malheur et les atrocités qu’il a vécues jusqu’à oublier tout souvenir de sa vie passée. Placé sous la protection du directeur d’un asile, nous allons suivre l’histoire de ce soldat inconnu vivant. Le plus étonnant dans ce récit n’est pas l’homme en question mais la folie des gens autour de lui. Une histoire vraie qui pour une fois ne parle pas de la guerre pendant la guerre mais de la reconstruction après ces drames. Et j’insiste encore une fois sur la qualité du dessin.
Aujourd’hui, trois albums aux couvertures sombres, « Asgard » de Xavier Dorison et Ralph Meyer (éd.Dargaud), « Lloyd Singer » T.7 de Luc Brunschwig et Olivier Martin (éd.Grand Angle) et « Nocturne » de Pascal Blanchet (éd.La Pastèque). Pour chacun d’entre eux, on peut se poser la question ô combien métaphysique : à quoi tient l’état de grâce, l’instant de génie, la félicité de la lecture ?
Une question multiple aux réponses tout aussi évanescentes. Cela tient à pas grand chose, une alchimie instable que l’on ne peut reproduire à loisir, une inspiration du moment qui ne fonctionne qu’à un moment. Regardez « Asgard » – nous ne nous étendrons pas, Romain a eu la primeur de la critique -, le scénario est-il d’une incroyable ingéniosité ? Non, il puise dans des thématiques présentes depuis la nuit des temps que Xavier Dorison modèle sur un schéma qui n’est pas sans rappeler Moby Dick. La mécanique est implacable, huilé et sans heurt. L’auteur nous démontre qu’il sait raconter une histoire avec virtuosité. S’attend-on aux événements et aux péripéties ? Oui, sans doute, mais est-ce vraiment un problème ? Que demandons-nous d’Asgard si ce n’est qu’il affronte physiquement et métaphoriquement le monstre qui terrorise le peuple dont il est issu mais qui le rejette ? N’anticipons-nous pas le trépas de victimes collatérales ou volontaires sur son chemin ? Si, mais on est emporté et on en redemande ! Le dessin de Ralph Meyer participe grandement à cette adhésion sans arrière pensée. Avec réalisme, précision et fougue, cet excellent auteur (pas suffisamment connu à mon goût) ancre le récit dans un univers et une culture, là encore mille fois arpentés, qu’il nous fait presque redécouvrir. Et lorsque l’heure de l’affrontement sonne, il ne ménage pas ses moyens pour nous faire entrer dans son récit.
Là est peut-être la réponse : cela tient à transformer un récit de prime abord classique à un plaisir unique (c’est-à-dire qui se démarque de tout ce qui a été fait auparavant).
La plénitude consiste aussi, peut-être, à trouver le juste équilibre entre divertissement et introspection. Entre le drame familial et intime et le suspens haletant. Cette subtile harmonie est atteinte dans le tome 7 de Lloyd Singer. Dans le premier tome de ce troisième cycle, la famille Singer doit affronter ses propres démons et détisser la tragédie qu’ils ont patiemment et longuement confectionnée depuis de si longues années. L’heure n’est plus aux silences et aux compromis, tant l’instabilité mentale de chacun d’eux est profonde. Cette psychanalyse leur permettra de regarder avec lucidité ce qui s’est passé du vivant de leurs parents… Pendant ce temps, un tueur en série oeuvre dans l’ombre avec une macabre détermination. Luc Brunschwig fait mouche une fois de plus en montrant tant d’humanité dans ses personnages. Et en ne jettant pas aux orties tout ce qui suscite l’attrait d’un thriller. Equilibriste ! Quant à Olivier Martin, il relève haut la main le défi qu’aurait pu être la succession d’Olivier Neuray. Ce diptyque s’annonce très très fort.
Enfin, la grâce s’est aussi, sans doute, de pouvoir jouer avec le grand absent : le son. N’entendez-vous pas la chaude mélodie d’une voix sensuelle autant que nostalgique lorsque vous vous perdez dans les pages de « Nocturne » ? Voilà un vrai coup de coeur surprise, une petite pépite inattendue qui sort de notre tamis. Certes, l’histoire est conventionnelle et ne révolutionne pas le monde de la BD. Mais, bon sang, ici encore, quelle ambiance ! Quelle élégance dans le trait (virtuel) de Quelle chaleur, quel souffle, la moiteur de la nuit, la touffeur de l’été se perçoivent autant que le grésillement de la TSF. Les ondes vont porter tout au long de ces pages et de cette nuit la chanson d’une étoile sur le point de vaciller. Elle va être le compagnon nocturne de destins simples mais…touchant.
Voilà à quoi cela tient : une découverte de libraire…
Avec un titre comme ça, je vais encore me faire des amis, mais nous ne sommes pas là seulement pour vous vendre des livres mais également un peu de rêve (cela tombe bien car j’en parlerai un peu plus loin). Cette fois, il s’agit de 4 auteurs que je souhaite faire découvrir pour ceux qui les ignorent: Neil Gaiman, Dave McKean, David Mack et Yoshitaka Amano.
Pourquoi ? parce que !
Non, sans déconner, le jour où je dois me séparer de mes bouquins, leurs oeuvres seront les dernières qui resteront sur l’étagère, avec celles d’Alan Moore mais qui n’est pas à l’ordre du jour. Tous les quatre sont des acteurs de la Bande Dessinée mais pas que…
Neil Gaiman, écrivain Talentueux, est le genre d’homme avec une culture grande comme ça, et plutôt que d’épater la galerie, il la partage avec tous ceux qui veulent bien lire ses oeuvres.
En livre : il est entr’autre l’auteur de Neverwhere, American Gods, Coraline, Stardust, Anansi Boys, L’étrange vie de Nobody Owens, Miroirs et fumées, De bons présages, Pas de panique … il touche à tout, romans, essais, science-fiction, jeunesse…
En albums jeunesse: Le jour où j’ai échangé mon père contre 2 poissons rouges, Des loups dans le mur, Mister Punch…
En comics: Black Orchid, Marvel 1602, Les éternels, Sandman, Valentine, Signal bruit…
Certaines de ces oeuvres se sont même vues déclinées sous formes de films ou sonores.
Dave McKean, un éternel collaborateur de Neil Gaiman, aussi bien bien pour les histoires adultes que pour la jeunesse, c’est un maestro de l’expression graphique sous toutes ses formes, dessin, photo, collage…
Parfois il se « contente » de ne faire « que » les couvertures, comme pour Sandman, mais cet artiste conjugue l’art graphique et la narration.
Le chevelu et moi-même regrettons de ne pas avoir pu présenter en rayon son album Cages, paru chez Delcourt et non disponible actuellement. Cet album monstreux par son nombre de pages, l’était également par la richesse graphique, toutes les couvertures de la publication américaine étaient réunies rien que pour vos yeux. L’oeuvre commençait par trois poèmes puis le récit à proprement parlé était un recueil de plusieurs portraits des résidents du même immeuble en plein centre d’une grande cité américaine avec toute la moiteur de l’été.
Dans leur collaboration récemment rééditée, Signal to noise, un projet réalisé pour un magazine New-Yorkais qui eu le droit à une version sonore.
Assez représentatif de l’étendu de son talent, Echos graphiques est disponible (lui !), toujours chez Delcourt. Ce sont de courts récits illustrés par le maître Himself, on peut découvrir qu’il n’a pas qu’une seule corde à son arc, mais qu’il a carrément sorti une harpe pour plus d’efficacité.
Yoshitaka Amano, considéré par ses pairs comme le plus grand illustrateur du monde, quasi inconnu du grand public, quelques millions de joueurs connaissent son travail sous la forme du cultissime Final Fantasy, Charac-designer de la plus plus grande majorité des épisodes, il a dessiné les personnages, les décors et toutes les créations méchaniques, citadines….
Il est également connu pour son personnage de film d’animations: Vampyr Hunter D., deux longs métrages mettent en scène ce personnage charismatique, une adaptation manga, reprenant ces histoires est traduite en francais, mais seules les couvertures sont de l’artiste.
Ses travaux sont l’objet de beaucoup de traductions, mais malheureusement peu par chez nous, et ceux qui nous ont acheté son art-book publié par les éditions Soleil l’auront fait à temps car l’ouvrage est maintenant en arrêt de commercialisation.
Il a illustré des oeuvres aussi variées que Guin Saga, roman d’Héroic-Fantasy, que La Flûte Enchantée, l’opéra de Mozart (accompagné du quatuor Wolfgang). Il s’essaye aussi bien au récit jeunesse qu’aux essais autour de l’art du bondage au japon.
Neil Gaiman collabora avec lui pour un récit dans l’univers de Sandman, après qu’ils découvrirent tous deux la similarité avec un texte japonais.
David Mack n’a pas collaboré avec l’inévitable Neil Gaiman, pas que je sache en tout cas, mais c’est un artiste de la même veine que Dave McKean. Il conjugue dessin-photo-découpage-montage-collage. Ses dessins peuvent très bien être dans un style des plus classiques pour du comics de super-héros, mais lorsqu’il travaille librement vous avez le droit à des aquarelles subtiles ou des plus complexes.
C’est également lui qui écrit ses histoires, étant libre de monter l’histoire et la mise en page comme bon lui semble. Vous voilà avec des ouvrages à tourner dans tous les sens pour suivre le texte qui se contorsionne sur la page.
Son oeuvre magistrale reste Kabuki, qui n’a même pas fait l’occasion d’une traduction complète en France, mais on peut espérer qu’un jour ce soit le cas.
Il a travaillé pour les éditions Marvel pour les titres: Daredevil, Alias, White tiger…
Marvel 1602, Neil Gaiman nous pond un scénario nous plongeant dans le contexte ou les super-héros apparaissent quatre siècles plus tôt, la technologie n’étant pas la même, cela engendre quelques subtilités d’adaptation des personnages.
Ce genre de récit nous également amené des collections comme Marvel NOIR, les actions se déroulant pour le coup dans l’Amérique des années 30-40.
Sandman est un projet qui a mis des années avant d’en voir la fin. Un grand nombre d’artistes ont collaboré à la mise en image de ce récit racontant l’histoire de Dream, le maître des rêves. Immortel, lui et ses frères et soeurs furent les premiers et sa soeur Death sera la dernière de l’existence.
Bien que l’éditeur Delcourt vous présentait les ouvrages comme des albums que l’on pouvait aborder librement dans n’importe quel ordre, il est préférable de lire les 12 volumes dans l’ordre, bien entendu lorsque ceux-ci seront de nouveau disponibles.
Voici un petit exemple du travail de Monsieur Yoshitaka Amano, pour Sandman justement.
Donc, restez attentif, si jamais vous croisez ce chat, je vous conseille vivement d’y risquer vos doigts.
Le jour où j’ai échangé mon père contre 2 poissons rouges, où les péripéties d’un petit garçon, qui après avoir échangé son père contre 2 poissons rouges, est dénoncé par sa petite soeur à sa mère qui lui somme de le récupérer. Ce ne sera pas une mince affaire, car le-dit papa est passé de mains en mains contre toutes sortes d’objets, c’est beau le troc!
Normalement Delcourt l’annonce comme disponible, normalement. Si un jour vous voulez devenir libraire, oubliez vos certitudes.
Et pour finir, un petit (tout petit) exemple du travail de David Mack pour Kabuki, si celui-ci est réédité un jour, il y a de très fortes chances pour que je vous le colle entre les mains si vous passez à la librairie.
La prochaine fois, promis, je parle de livres que vous pourrez lire ou vous procurer facilement.