Coups de coeur

3 nouveautés, 3 mangas, 3 genres différents… mais 1 surtout qui sort du lot: Punpun!

Pour ce début 2012, je reconnais que je mets en avant le manga, mais c’est uniquement pour continuer à vous ouvrir d’autres voies de lectures, tout comme Walking Dead a amené un nouveau lectorat vers le comics, Les Gouttes de Dieu, Bride Stories ou encore Pluto ont fait de même ces derniers temps pour la BD nippone. Bonne nuit Punpun est de ces histoires insolites qui pourront rendre curieux plus d’un lecteur, mais sachons maintenir le suspens, je le chroniquerai en dernier, bon juste un petit visuel alors:

Mon dieu que de jaune, en voilà une belle collection qui se repère de loin sur l’étagère, et peut-être même dans le noir, je n’ai pas essayé. Tous les albums auront une couleur bien distincte, mais ce n’est pas ça qui fait l’originalité de la série.

 

Bon, y- a-t-il une raison particulière à voir débarquer des Westerns à la sauce nippone en ce début d’année ? Toujours est-il qu’après Peace Maker, nous avons le droit à The Arms Peddler, de Kyoichi Nanatsuki au scénario et Night Owl au dessin publié par Ki-oon pour la France.

Ne soyez pas étonnés, cette histoire se déroule dans un contexte mélangeant allégrement les genres : pour le côté S.F., il y a quelques traces des vestiges de notre civilisation ou équivalante : quelques antennes satellites géantes éparses au sol çà et là, la cargaison d’armes de notre marchande itinérante est issue des dépôts découverts ensevelis après un cataclysme (apparement cela a dû nous pêter à la g….e). Comme dans Mad Max ou encore Hokuto No Ken et autres mondes survivants, nous avons droit à nos bandes de pillards se déplaçant en véhicules motorisés sur-armés, de flingues cotoyant les arbalètes, le tout manipulés par des hommes tous plus patibulaires les uns que les autres avec une prédilection pour deux tendances capilaires, c’est crâne rasé ou chevelure hirsute.

Les amateurs d’Héroîc Fantasy ne seront pas en reste, on y cotoie nécromanciens et autres zombies associés, créatures mi-homme mi-bête, légendes guerrières et dogme chevaleresque.

Nous allons suivre deux personnages principaux, Sona Yuki, un enfant seul survivant du massacre de sa famille, qui se voit offrir une gorgée d’eau salvatrice, mais fatale dans le sens où lorsque l’on vous sauve la vie, elle appartient dorénavant à celui ou celle qui a fait le geste. En l’occurence Garami, marchande d’armes, personnage empli de mystère et de morale douteuse de prime abord, Sona va donc parcourir les paysages dévastés, au service de cette femme avec pour seul but de se venger du chef  des bandits responsables de la mort de ses parents : Hydra.

 Les histoires se succèderont, plusieurs petits récits permettant toujours de vous dévoiler au fur et à mesure des indices sur la personnalité troublante de Garami.

Dans chaque tome, on aura le droit à deux ou trois histoires, avec bien sûr une fin à vous laisser en haleine et avide de savoir ce qui va suivre.

The Arms Peddler est peut-être un chouïa violent (on a vu pire), mais avec ses petits côtés moralisateurs et nobles d’esprit, mais c’est le genre d’histoire à la Cowboy Bebop ou Trigun.

Un tome paru, le deuxième sortira mi-avril.

 

Le manga suivant est déjà un poil plus amoral et légèrement, mais très légèrement, plus trash. Je vous présente: Waltz.

Il est publié par Kurokawa, et les auteurs: Kotaro Isaka & Megumi Osuga.

Le jeune protagoniste de notre histoire est tellement désabusé, qu’il en a même décidé d’oublier son nom, pour ce que cela sert selon lui, depuis l’école il est en marge, l’imminence et l’impartialité de la mort ne lui conférant aucun désir autre que l’immédiateté du moment et l’intensité des émotions.

Avec un caractère pareil, on se doute vite que son nombre d’amis avoisine le zéro, et ses relations professionnelles en tant que tueur à gage laissent également à désirer, son caractère impulsif le poussant à éliminer le commanditaire en même tant que la cible lorsque vous ouvrez les premières pages du manga.

Mais, car il faut un « mais », dans sa difficulté de survivre au quotidien, un personnage énigmatique (encore un!? c’est dingue le nombre de personnages énigmatiques que l’on trouve dans ce genre d’histoires) va venir lui faire « une offre qu’il ne pourra pas refuser ».

Il s’en suit un test d’aptitudes à la Nikita, avec le même genre de petites difficultés surprises de dernière minute. on y retrouve le cynisme d’un Hellsing, un bon petit manga pour public perverti.

Revenons à notre Punpun, voulez-vous.

 

Que vous dire, si ce n’est que je compte vous donner envie de le lire sans vous en dire de trop pour garder un maximum d’impact. Tiens, une deuxième couverture peut-être

Les infos de base:

L’auteur, Inio Asano.

Le titre, Bonne nuit Punpun.

L’éditeur qui fait le pari de croire en l’acceuil que le lectorat français peut lui faire, Kana (dans la collection Big).

Les idées idiotes qui peuvent parfois vous pousser à commencer à lire un livre plutôt qu’un autre, le titre. Je reconnais que Bonne nuit Punpun, ça claque bien quand même, entraînez-vous à voix haute un peu, chez vous, au bureau, entre amis ou en famille, des après-midis de folie en perspective.

Si vous avez vu le film d’animation Mindgame, et que vous l’avez aimé, je ne saurais que trop vous le conseiller, ce manga est un mélange savoureux de dessins différents, de changements de rythme très tranchés, des scènes de vie du quotidien agrémentées de la vision débordante d’imagination d’un enfant.

Punpun, ne parle pas, tout du moins il s’exprime, les personnages reprennent ses paroles, mais le lecteur n’est pas autorisé à les lire, encore moins les entendre. Lui et sa famille sont dessinés sous cette forme d’oiseau au trait très simplifié, en opposition avec les surenchères de détails de certains passages.

C’est le quotidien d’un enfant, ses questionnements, ses références, son microcosme et ses rêves.

Quoi de plus normal que de retrouver des clins d’oeil à Dragon Ball.

Ces fameux plans sur les lignes électriques que les japonais affectionnent.

Les copains, les filles, la famille, l’école… tout se succède autour de Punpun, tout ce qui marquera la mémoire de punpun pour la vie.

De plus, les deux premiers tomes sont parus en même tant, deux fois plus de Punpun.

 

 

Bonne lecture!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

bibliodiversité

Profitons des tempêtes hivernales qui gonflent les vagues et nous permettent de surfer sur toutes les sorties, les fonds (éditoriaux) varient les plaisirs, et bien que le temps soit au frais, c’est toujours un plaisir de replonger dans le bain.

Pour se mettre en jambes, autant commencer par les rééditions dans la collection Dark Night de Delcourt de deux comics qui ont également été adaptés au cinéma (il y a quelques temps déjà):

Les sentiers de la perdition de Max Allan Collins et Richard Piers Rayner, l’histoire de ce porte-flingue du milieu qui se retrouve la cible de ses anciens employeurs suite à la maladresse de son fils qui voulait savoir quel était le métier de son père. Il s’est caché dans le véhicule de celui-ci, et assiste à une exécution. La règle étant: pas de témoin, quel qu’il soit, la petite famille reçoit une visite mortelle pour la mère et le deuxième enfant. S’en suit une revanche implacable de Michaël O’Sullivan qui n’a d’autre choix que de garder son fils à ses côtés. Une histoire très similaire de ce récit japonais largement antérieur, Baby cart, existant sous forme de manga sous le titre de Lone Wolf & Cub.

La maison d’édition nous propose à l’occasion de la réédition, de publier les deux tomes suivants de cette histoire jusqu’alors inédits en france.

 

Toujours dans la même collection, de John Wagner et Vince Locke: A History of violence, un autre grand classique du comics policier bien sombre. Tom McKenna vit une vie moyenne dans une petite ville sans histoire des Etats-Unis, père de famille sans histoire, il travaille dans un coffee et cotoie les habitants qui se connaissent tous et l’on accueilli à bras ouverts depuis quelques temps déjà.

Ce microcosme va être bouleversé par un braquage, deux hommes vont s’en prendre au bar où Tom travaille, mais notre homme va devenir un héros en s’interposant et éliminant les deux braqueurs. La presse locale va médiatiser l’information de telle manière, qu’un jour, de biens curieux visteurs débarquent à leur tour dans le bar…

 Ces deux histoires vous prouveront une nouvelle fois que les comics ne sont pas des histoires de petits mickeys ou de super héros en collant, et pour ce qui est des adaptations à l’écran, je ne serai que trop vous les conseiller, tant pour la réalisation que pour le jeu des acteurs.

Pour les sentiers de la perdition, vous retrouverez Tom Hanks et Jude Law.

Pour A history of violence, Viggo Morgensten et Ed Harris.

Deux grands incontournables du comics et deux grands films.

 

Changeons de style, et passons plutôt du côté des indépendants avec quatre titres originaux, tant par la forme que par le fond et même pour l’un d’entre-eux par l’objet que l’éditeur vous propose de vous mettre entre les mains.

 

Brecht Evens, l’auteur des Noceurs est de retour chez Actes Sud avec cet objet sobre et agréable à tenir dans les mains: Les amateurs.   Voici un ouvrage qui déborde de couleur mais qui garde une très grande lisibilité, les décors et les ambiances sont parfois à tomber d’admiration tant ils contribuent à la narration (je sais, dit comme ça, cela fait un peu genre « je me la pète » mais c’est aussi parce que ça va avec l’histoire).

Dans la vie, il y a deux genres d’artistes: ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent… non c’est pas tout à fait ça, il y a ceux qui veulent s’essayer à la création sous quelque forme qu’elle soit et qui y voit un moyen d’expression ou tout simplement de se faire plaisir, parfois même de le partager. Et il y a les Artistes, ceux qui se réunissent entre eux dans les salles d’expo, qui se la pètent et qui vous font bien comprendre que vous ne faites pas partie de leur monde et que vous n’aurez jamais les clefs pour faire parti de leur univers, et ne cherchez pas c’est eux qui détiennent la vérité.

Eh bien voici l’histoire de l’un de la deuxième catégorie qui est invité par quelques-uns de la première, afin de participer à un évènement dans un petit village qui souhaite créer une rencontre, monter un projet tous ensemble et le montrer pour le plaisir de tous au public. Les gens ordinaires regardent et écoutent avec attention l’artiste venu de la ville avec « la bonne parole », cette histoire le même mélange d’humour et d’éxaspération que j’ai pu ressentir lorsque j’ai lu pour la première fois le roman La conjuration des imbéciles.

Connaissez-vous Chris Ware, ce doux dingue qui nous a offert des oeuvres labyrinthesques comme: Jimmy Corrigan ou encore Quimby Mouse? Eh bien le prochain ouvrage est agrémenté d’une préface de ce dernier, expliquant combien l’oeuvre de Joost Swarte l’a influencé, et Denoël Graphic nous offre (pour la modique somme de 25 euros, faut pas déconné, même la générosité a un prix) Total Swarte, un recueil de l’artiste néerlandais qui a lui aussi travaillé pour le New-Yorker.

C’est la compilation d’une multitude d’histoires courtes alliant burlesque, aventure, délire graphique, imagination… le tout servi par une « ligne claire » à la Tintin, et je vous invite à y retrouver une grande partie des méchants des histoires du plus belge des reporters de la bande dessinée. Du jeune homme qui va faire capoter un kidnapping pour se retrouver avec un contrôle fiscal, à la difficulté pour les colons de faire face à la rebellion des autochtones, en passant par le bon conseil du dessinateur pour livrer son travail à son éditeur en ne faisant que la moitié du travail. Encore un incontournable de l’Histoire de la Bande Dessinée.

Lisa Mandel est de retour également, cette fois en collaboration avec Hélène Georges pour l’album Vertige, dans la collection KSTR chez Casterman.

L’auteur de HP, paru à l’Association, nous écrit une histoire qui a le mérite de vous surprendre jusqu’à la dernière page, mettant deux destinées en parallèle, pour garder toute la saveur de l’album, je me vois contraint d’en dire le strict minimum sur l’oeuvre. Une jeune femme aisée, dans une villa Hollywoodienne, fait une overdose prêt de la piscine, son entourage et ses proches vont tout faire pour la sauver. L’autre femme, mexicaine, travail également dans l’industrie du spectacle, mais dans un cirque itinérant où ses talents d’acrobate ébahissent les foules, elle profite de subjuguer le public pour tenter de fuir et de se rendre en Amérique…

Outre l’histoire, l’album a ceci de très bien de savoir basculer de l’une à l’autre en jouant sur le récit comme sur les effets visuels, des transitions que l’on retrouve beaucoup plus souvent au cinéma. De plus le trait d’Hélène Georges est des plus agréables, et certaines pleines pages d’illustration cadrent vraiment avec l’ambiance. 

 Un petit Requin Marteaux s’est glissé dans la piscine, veuillez faire évacuer les enfants en silence et sans panique, Machination de Skalito Yoshimoto est le genre de délire qui fait plaisir à se mettre sous la dent. C’est l’histoire sans paroles de ce petit bonhomme au sourire figé qui souhaitait simplement une canette au distributeur. Malheureusement pour lui, un fléau pour toute forme de vie se propage dans l’univers et cette fois c’est son microcosme qui en fera les frais. Du rire, des larmes, de l’amour…vous n’en trouverez point, mais en revanche, des monstres hallucinés, des sectes extra-terrestres, de la jalousie, du délire à l’état pur, vous en trouverez en pagaille.

 Trois mangas pour finir cette petite bafouille et le premier d’entre eux est issu d’un jeu vidéo dont j’ignore tout, Front Mission: Dog Life & Dog Style, scénario de Yasuo Otagaki et dessin de C.H. Line, publié par Ki-oon. Voici le retour (en attendant le prochain tome de Red Eyes qui doit paraître ce mois-ci) des Méchas, ces énormes robot manipulés par un pilote enfermé dans un éxo-squelette.

L’histoire suit de près Akira matsuda, un jeune reporter envoyé sur une île volcanique apparue depuis peu d’années, très riche en ressources naturelles, elle a été très vite anexée par deux grandes hyper puissances qui a donné lieu à une série de conflits. Il prend son poste alors qu’un cessé-le-feu est en vigueur depuis dèjà un an, mais la journaliste qu’il vient remplacer l’éclaire sur la réalité d’une instabilité qui engendrerait la reprise des combats du jour au lendemain.

On connaissait déjà le sujet traité en comics dans la série DMZ, que je ne saurais que trop vous conseillez de lire, dans le cas de ce manga, outre le fait de voir la couverture médiatique de l’évènement, parmis les réactions observées chez les personnages, on constate bien sûr l’instinct de survie, l’abnégation face à l’impuissance, mais également le côté voyeuriste (à la limite du malsain) de l’un des reporters. Un manga adulte (seinen) bien intéressant pour ce début d’année, qui amène quelques réflexions sur la société dans la même démarche qu’ Ikigami, Planètes, Pluto… chacun dans leur domaine.

 Tout aussi excellent, dans un genre radicalement différent, je viens de me lire les 3 premiers tomes de Peace Maker, une histoire à l’ambiance Western, dans un monde qui n’est pas le nôtre, donc pas de référence en particulier de personnages historiques. Ce manga est dessiné et écrit par Ryouji Minagawa et est publié par Glénat.

Comme souvent, on va suivre le destin d’un jeune homme qui va circuler dans l’univers que vous aller découvrir, il va croiser plusieurs personnages qui vont le suivre et partager sa quéte, lui forçant parfois la main. Les prouesses du personnage principal iront créchendo dans chaque mini-histoires qui se succèdent et étayent le récit principal. Hope Emerson, notre héros aura bien évidemment plusieurs dilemnes à résoudre, d’odre moraux ou personnels, une base vraiment classique comme histoire, mais bigrement efficace, dans tous les cas, elle intégrera le fond de la librairie.

And the last one, également un seinen, avec des scènes beaucoup plus crues, avec une histoire de fin du monde imminente, de pacte passé et de démon venant cherché son dû.

C’est le deuxième manga de Boichi que je lis et qui me marque, cette fois c’est en duo avec Masao Yajima que Sanctum a été écrit et c’est toujours chez Glénat. Encore du fantastique, avec de sacrés ambiances, une alternance de dessins très sombres avec beaucoup de réalisme et ces fameuses scènes où le personnage à l’expression du visage éxagérément caricaturale.

Je vous raconte juste le début: une gentille petite famille en vacances sur les routes des états-unis, en plein milieu du désert, tout le monde est heureux et on fait une pause pour que la petite fille puisse se soulager derrière un buisson… s’en suit un énorme carrembolage qui réduit à l’état de bouillie ceux qui sont restés dans le véhicule, c’est à dire tous les autres. L’enfant va avoir une vision et nous enchainerons immédiatement l’action 5 années plus tard.

Voilà, bonne lecture!

Aller retour en plein hiver

Il y a des auteurs que l’on aime retrouver régulièrement, que l’on suit, un peu les yeux fermés, dans chacune de leurs expérimentations. Parfois déçus, souvent confortés dans l’idée qu’ils sont de grands auteurs, nous abordons avec eux des nouveaux plaisirs de lecture.

En ce début d’année 2012, il en est deux parmi ces auteurs que nous retrouvons avec plaisir : Frédéric Bezian  et Paco Roca.

Pour lepremier, depuis longtemps, vos trois libraires (préférés !) sont entièrement voués à la cause de ce très grand dessinateur. « Ne Touchez à Rien« , « Les Gardes-Fous » sont autant d’albums que nous mettons entre les mains de lecteurs en quête de nouvelles expériences. Son graphisme sec et anguleux, ses scénarios complexes, ses choix de couleurs,… sont sans conteste des marques d’indépendance de style qu’il instille avec brio. Il impose une ambiance crépusculaire où le mystère mêlé aux expériences intimes ne sont pas étrangers. Si l’album sur Bourdelle était trop abscon pour moi et son journal personnel anecdotique, je sentais que « Aller-Retour » allait être une bonne expérience de lecture.

Bingo ! Mais attention là encore, Bézian est un auteur exigeant dont les oeuvres ne se laissent pas percer dès les premières pages, il faut du temps et se laisser s’imprégner de l’atmosphère surannée et nostalgique. Pour qu’enfin – à la fin – tout se dévoile… Dès lors, l’errance de Basile Far, cet homme aux pensées intérieures riches et virevoltantes, dans une petite bourgade de province prend tout son sens. Et les bouffées des années 60-70 tout autant.

J’avais découvert pour la première fois le travail de Paco Roca dans le très inquiétant et très surprenant « Le Jeu Lugubre » où il revisitait la vie de Salvador Dali. J’avais apprécié « Rides » et le traitement juste et sans pathos apporté sur la maladie d’Alzheimer. « L’Ange de la Retirada » avait également attiré ma sympathie. Ici, avec « L’Hiver du Dessinateur », Paco Roca brosse le quotidien de dessinateurs de bandes dessinées espagnols dans la fin des années 50. En faisant des bonds dans le temps, Roca, s’appuyant sur des témoignages divers et une solide documentation (agrémentés de souvenirs de lectures personnelles sans aucun doute) nous fait pénétrer dans la rédaction du magazine Pulgarcito détenu par les éditions Bruguera. Ces dernières tenaient d’une main de fer la destinée de nombreux auteurs et maintenaient à tout prix le monopole, n’hésitant pas à briser les volontés d’émancipation de certains dessinateurs voulant créer leur propre revue. Avec finesse, Roca restitue une société figée dans le Franquisme où toutes les libertés n’ont pas leur place.  Avec nostalgie mais sans larmoyance et surtout en étant accessible aux lecteurs français que nous sommes, il réinvoque une époque. En plus c’est un très bel objet. A ce propos, je pense que les couleurs différentes de chaque cahier du livre doivent faire référence aux couleurs des cahiers des magazines de l’époque. Quelqu’un peut confirmer ?

En tout cas, deux bien belles lectures !!

les premières lectures de 2012

Bien le bonjour à vous tous, meilleurs voeux pour cette nouvelle année et mille excuses pour ce silence qui dure depuis début décembre, alors profitons de ce démarrage en douceur des parutions 2012 pour reprendre nos habitudes et nous attarder sur les titres qui valent le détour.

En premier lieu, ce fut un réel bonheur d’avoir Hervé Tanquerelle en dédicace samedi 14 janvier pour l’album réalisé en collaboration avec David B. : Les faux visages, une vie imaginaire du gang des postiches aux éditions Futuropolis. L’histoire de cette bande de braqueurs qui fit tourner la police en bourrique fin des années 60, début 70, braquant banque sur banque, tout en s’attirant une certaine sympathie du public. La longévité de leur bande, ils l’ont dû à leur originalité et leur discrétion à se tenir loin des réseaux dont ils étaient pourtant issus: si un casse n’est pas préparé à l’avance et que vous ne roulez pas des mécaniques face à votre succès, comment voulez-vous que les indics aient des infos à balancer?! De plus, on se retrouve dans une période où il faisait bon vivre pour les ripoux, la suspicion suivant, comment accorder crédibilité aux maigres indices qui auraient pu aider à les coincer.

Les auteurs se sont accordés une liberté de création et de narration qui ne gâche et ne trahit en rien ce qui a pu se passer au fil de ces années, nous n’y découvrons pas des robins des bois sympathiques, ce sont des malfrats qui parfois tuent, commettent des erreurs mais qui font preuves d’audace et de jugeotte, les destinées de chacun sont parfois trop floues pour en faire une biographie authentique, mais gageons que le résultat en fait un polar des plus réussi avec cette petite touche d’une époque révolue.

Les éditions Futuropolis font coup double avec un autre album qui sort du lot: La chambre de Lautréamont, par Edith et Corcal. Je suis content de retrouver Edith au dessin qui m’avait charmé il y à déjà quelques années avec Basil & Victoria, elle a eu d’autres projets entre temps, mais celui-ci me plait particulièrement, notamment pour le petit effet d’annonce que l’éditeur et les auteurs nous font en vous présentant cet ouvrage comme le premier roman graphique publié en 1874.

Auguste Bretagne, en ce fin 19e, gagne sa vie en écrivant des feuilletons pour la presse, il est en lien avec le mouvement zutique qui n’est autre qu’un prémice des mouvements: surréaliste, dadaïste et autres zazous; la facétie de ces derniers a le don de l’irrité aussi bien que de le faire paniquer, mais l’amour l’aide à endurer ces petits désagréments.

Auguste a emménagé dans un appartement ayant appartenu à un tout jeune écrivain: Lautréamont; fauché dans la fleur de l’âge et qui n’a jamais pu être édité autrement qu’à compte d’auteur. C’est parmis les affaires de ce dernier, qu’il va découvrir un exemplaire des « Chants de Maldoror » , oeuvre qui ne va pas le laisser indifférent. Dans la lignée de Maupassant, de E. A. Poe… l’atmosphére se dégageant de l’oeuvre va laisser l’imagination d’Auguste lui jouer quelques tours.

Un ouvrage vraiment intéressant, curieux et atypique.

L’hiver du dessinateur de Paco Roca aux éditions Rackham.

La bande dessinée espagnole est à l’honneur, et pour les honneurs je laisserai la parole, la plume, le clavier… enfin l’initiative à notre ami le libraire chevelu pour vous présenter ce bien bel et intéressant album.

Pour tous ceux qui ne le sauraient pas encore, le japon a réellement eu un dieu, qui est resté parmis eux au cours du 20° siècle: j’ai nommé le seul, l’unique l’irremplaçable Osamu TEZUKA et j’en suis un fervant adepte. Fin 2011, nous avions eu le droit à « Sous notre atmosphère » publié par Héditions, une anthologie d’histoires courtes parues entre 1968 et 1970 où l’auteur revient une nouvelle fois sur les dérives de l’humanité avec un discours moralisateur.

Pour ce début 2012, nous sommes doublement gâtés avec Alabaster chez Flblb et Le chant d’Apollon chez Kana.

Le premier est l’histoire d’un homme désirant se venger de l’humanité à laquelle il voue une haine féroce, à l’aide d’une formule scientifique, il devient un criminel international dans le genre de Fantomas.

Pour le second, voici un mélange d’histoire contemporaine et d’entité fantastique. Un jeune homme reconnu coupable de cruauté envers les animaux subit un traitement médical pour calmer ses ardeurs. Ses actes sont en fait motivés par sa répugnance du sentiment amoureux, ce qui l’amène à rencontrer la déesse de l’amour qui va jouer avec sa destinée.

Toujours autant de poésie mêlée avec des reflexions humanistes, d’humour, le tout servit par un dessin très simplifié qui balance bien avec la richesse de ses histoires. J’en connais déjà que ces parutions réjouissent.

Un autre manga, dans l’esprit de Battle Royal, Doubt, Judge, Higanjima… ce genre de récits où les personnages se retrouvent confinés soit dans un espace clos, ou bien un espace plus vaste mais qui est susceptible de ne laisser aucune opportunité d’échappatoire.

Bienvenue dans Btooom! de junya Inoue publié par Glenat. Btoom est le nouveau jeu vidéo à la mode, et notre personnage principal l’un des meilleurs joueurs en devenir. Après avoir arrêté ses études il y à déjà deux ans, il passe son temps dans sa chambre au désespoir de sa mère qui aimerait qu’il se sorte ses utopies de travailler un jour comme testeur pour une maison de production.

Seulement voilà que la fiction va devenir réalité, et l’apprentissage de la survie ne se fait pas si aisément qu’il aurait pu le penser. Bien dessiné avec une bonne atmosphère qui se dégage de ce manga classique mais efficace.

Je change encore de registre avec deux albums indépendants: un nouveau Jason « Athos en amérique » aux éditions Carabas, le grand retour de ses personnages animaliers au grand regard vide. Le découpage de ses planches et son dessin très clair avec un petit côté épuré ont ce petit côté hypnotique qui charme toujours.

Un recueil d’histoires courtes, de personnages qui se croisent, de parodie autobiographique: le rapport auteur/fan est savoureux. Un humour pince-sans-rire que l’on aime retrouver de temps à autres, il n’a qu’à voir la diversité de ses titres: Je vais te montrer quelque chose, J’ai tué Adolf Hitler, Chhht!

L’année dernière nous avions eu le droit au superbe île aux 100 000 morts, avec fabien Velhmann aux éditions Glénat.

Et pour finir, une histoire insolite sans parole sur un album grand format avec un découpage en grandes cases par planche:

Les aventures d’un homme de bureau japonais de José domingo chez Bang édiciones, où l’on découvre qu’il n’est pas toujours aisé de rentrer chez soi après sa journée de travail, comment un suschi géant vous transforme un homme, qu’il n’est pas recommandé de passer dans une famille cannibale au moment des repas, où le service postal est aux mains d’une secte… et que l’enfer n’est pas rose tous les jours.

Voilà, bonne lecture à tous.

petites lectures nippones

Voilà de nouvelles opportunités de se mettre au manga avec des histoires en un volume ou bien de nouvelles séries qui débutent.

Katsuhiro Otomo, ce nom vous parle-t-il? Si je vous dit Akira… Quasi toutes les générations connaissent le nom de ce monument du film d’animation. Voici La garde du sultan, co-écrit par K. Otomo et Haruka Takachiho mais illustré par Akihiko Takadera qui possède un trait proche de K. Otomo, donc pas de dépaysement d’un point de vue graphique. Pour le récit en revanche, bienvenue dans trois histoires courtes, la première relatant une succession au sein de la mafia japonaise, la deuxième narre l’histoire de trois jeunes garnements qui souhaitent monter leur propre bande de motards qui vont écumer les rues de la ville et la troisième suit le parcours d’une équipe de la police d’élite japonaise chargée de la sécurité d’un émissaire étranger menacé de mort. Comme ça, elles n’ont rien de très originales, mais elle virent au roccambolesque par des amalgames à la Charlie Chaplin, Buster Keaton ou encore les Blues Brothers: entendez par là un surplus de personnages, véhicules en tout genre, qui débarquent de n’importe où pour s’accumuler au même endroit. Le groupe d’élite est volontairement composé de loosers, la mafia perd le contrôle de ses hommes.

Toujours disponible, Anthology de Katsuhiro Otomo, un ouvrage de récits courts, plus portés sur la S.F. dont l’histoire Memories qui avait été adaptée en court métrage d’animation.

 

Dans la série « les grands noms du Manga », je voudrais… Naoki Urasawa, l’auteur de Monster, 20th Century Boys, Happy et Pluto (rien à voir avec le chien de Mickey). Kana fait paraître cette compilation d’histoires courtes que l’auteur ne souhaitait pas spécialement voir éditer à l’étranger.

Le mal étant fait, profitez de ces histoires légères et drôles, surtout celle de ce policier de quartier, fan de Rock & Roll, qui se fait remonter les bretelles pour sa coupe de cheveux non réglementaire, qui profite de ses tournées de jour pour rameuter du public pour ses concerts de nuit et s’attire les pires catastrophes.

 

Qui dit grands noms du manga, attire aussitôt le Dieu du Manga, celui par qui ce genre s’est créé ses bases, l’humaniste Osamu Tezuka est de retour: voici que nous avons le droit à une deuxième exclusivité cette année, Debout l’humanité il y à quelques mois et aujourd’hui Sous notre atmosphère aux éditionsH.

Plusieurs histoires encore mais toutes dans le même univers, l’occasion une nouvelle fois pour Osamu Tezuka de dépeindre une série de portraits et d’histoires qui montrent la diversité de l’oeuvre du Maître.

Un auteur à découvrir absolument.

 

Debout l’humanité où comment un déserteur se retrouve porteur du gêne de la prochaine race assexuée qui pourra fournir en chair à canon la soif de conquête du reste de l’humanité (en tout cas, celle de ses dirigeants).

Un premier Thriller dans cette sélection, Hideout de Kakizaki Masasumi chez Ki-oon, l’auteur, fan de Stephen King ne souhaitait pas spécialement lui rendre Hommage, mais au moins s’essayer au genre du Maître de l’horreur.

Une petite histoire bien sympathique ma foi, retrouvons un jeune couple qui vient de traverser de terribles épreuves avec la perte de leur enfant (il n’est pas perdu bien sûr, rassurez vous, non , il est juste tombé du deuxième ou troisième étage, en tout cas il y est passé), ils viennent de prendre quelques jours de vacances sur un petie île des mers du sud afin de mettre les choses à plat et peut-être renouer les liens qui s’étiolent suite à l’incident.

Tout commence donc par une petite virée dans la montagne, dans une voiture à sillonner sur une route qui traverse une forêt à la gégétation luxuriante, et paf! (non pas le chien, non), le coup de la panne d’essence, ça au moins c’est original, car c’est vrai qu’une fois marié, on le fait moins souvent, en tout cas à sa femme (ou à son mari, mais là pour le coup, c’est monsieur qui joue les taquins). Je ne vous en dirai pas plus, ni dans quel contexte l’accident du petit est arrivé, ni la suite de l’histoire, par contre la fin, c’est: Ils vécurent heureux et eurent…

Dernier petit recueil d’histoires: Hotel de Boichi paru dans la collection Seinen chez Glénat, encore de la S.F. où l’on débat de l’humanité. Je ne vous présenterai que la première histoire, Louis est le gardien de l’hotel, cette énorme structure perdue dans les glaces de l’Antarctique, vestige de l’humanité aujourd’hui disparue de la surface, mais détenteur de toute trace A.D.N. des espèces animales et végétales excepté… l’Homme.

Louis va vous raconter son histoire, celle de son créateur et de la terre, comment il va s’auto-gérer jusqu’au retour des descendants des humains lorsqu’ils refouleront le sol de leur planète d’orugine.

Une belle oeuvre pleine de symbolisme.

 

 

Et pour finir trois tome 1 pour trois styles différents:

Bienvenue à Suicide Island de Kouji Mori chez Kaze. C’est un manga qui s’adresse à un lectorat Seinen (adulte), dans la lignée de Battle royale, Higanjima l’île des vampires ou encore Doubt-Judge; entendez par-là que vous vous retrouvez avec un groupe d’individus mis dans une situation destabilisante: isolés, confrontés à une tension de tout instant, se méfiant les uns des autres… en bref les amis idéals pour partir en vacances sur une île coupée du reste du monde.

En fait de vacances, Sei (le personnage principal) se réveille sur une plage inconnue en compagnie de personnes dont il ignore tout également. Nous sommes dans un Japon qui, à la vue de la montée en flêche des tentatives de suicide, a décidé de ne plus venir en aide aux récidivistes car la mobilisation de personnel et de moyens techniques et financiers devient un gouffre pour l’état. Dans leur intransigeance, ils décident que des personnes n’ayant pas le courage de vivre, peuvent mettre fin à leur jour sans pour autant gêner le reste de ses concitoyens. Leur de leur passage à l’hopital, on leur fait signer 2-3 papiers, trois fois rien, et Hop! ils ont disparus aux yeux de la société, plus une trace, et en prime on vous cède tout un territoire où vous et vos nouveaux amis allés pouvoir rivaliser d’ingéniosité pour disparaître définitivement. Il est bien entendu impossible de communiquer avec l’extérieur et de quitter l’île, comme elle est abandonnée à son triste sort depuis un certain temps, la nourriture se fait rare, mais qu’elle importance, je vous rappelle qu’au début vous avez essayé de mettre fin à vos jours…

Etre confronté aux à la mort d’autrui ou bien aux échecs et à l’agonie de certains va amener un groupe d’individus à repousser le geste fatal. S’ils souhaitent effectivement mourrir, ils veulent pouvoir choisir le lieu, le moment, la façon… pas être manipulés; la peur ou la lâcheté face à la vie, face à la mort ou la souffrance. La proximité de la fin pousse parfois les individus dans leur aspect le plus primaire. Un premier tome qui annonce un bon thriller.

Je vous les ferai courts pour les deux derniers:

Gate de Hirotaka Kisaragi, c’est une réédition qui sera agrémentée d’une nouvelle inédite en france d’une série plutôt classique pour l’idée de départ. Quatre étudiants se rendant dans le quartier de Shibuya après les cours vont être frappés par la foudre. Au lieu de mourrir comme tout un chacun, ou d’être grièvement blessés, ils s’en sortent à la grande surprise et méfiance du médecin, qu’avec une simple brûlure chacun.

En fait, une barrière interdimensionelle vient de subir une attaque, et ses 4 gardiens viennent d’échouer sur terre, leur seule solution pour pouvoir survivre: passer un pacte avec un mortel pour posséder son corps. Voici que nos 4 camarades sont titulaires des pouvoirs des créatures célestes et vont devoir lutter contre les invasions de monstres dans notre monde.

Un graphisme très classique et sympathique, comme l’histoire, pourquoi donc vous le mettre en avant? je viens de découvrir une collection chez l’éditeur Tonkam qui publie cette série: Shonen-girl, shonen (qui signifie plus ou moins manga pour garçon-adolescent) et girl (dans mes souvenirs cela signifiait jeune fille). La seule raison que j’y vois, l’histoire est basique pour du shonen, mais les personnages sont beaux commes des dieux, et ils vont faire craquer toutes le petites minettes.

 

Et pour finir la première partie d’une quadrilogie: Conductor de Manabu Kaminaga avec un dessin de Nokiya chez Ki-oon.

Une petite histoire mêlant enquête policière, fantastique et tension psychologique en s’inspirant très librement du fantôme de l’opéra. Naomie, l’héroîne vient consulter un psychanalyste pour l’aider à résoucre ses problèmes d’insomnie, ou plus précisément la signification de ce rêve récurrent qui la trouble.

Son histoire va peu à peu se retrouver liée avec l’enquète en cours de la police qui a découvert un corps décapité, mis en scène dans l’appartement qui jouxte celui de Naomie, une particularité: le corps est momifié depuis plus de deux ans au moins.

 Voilà, c’est tout pour aujourd’hui et n’oubliez pas « Soyez palace chez vous », non c’est pas ça, ah oui « BANZAΠ», non c’est pas cela non plus, plus sobre: bonne lecture.