Coups de coeur

Bref # 1 (du 17/10/11 au 23/10/11)

Chaque fin d’année est plus que riche en nouveautés, alors voilà une rubrique qui vous donnera un aperçu de mes lectures, par semaine.

Jour J-7-Vive l’empereur ! :

Le principe de la collection Jour J est simple : un album, une histoire, un dessinateur, une uchronie… Dans cette uchronie, Napoléon III gagne contre la Prusse en 70 et un Napoléon IV lui succède. Dans l’album, nous sommes en 1925 et le sacre de Napoléon V se prépare, alors que de nombreuses sociétés secrètes vont tenter de renverser le pouvoir…

Bref : On retrouve avec plaisir des grands noms de l’histoire (Tesla, Hitler, Matha Hari…). L’une des meilleures uchronie de la collection, avec au dessin Gess.

Le droit chemin-2-La nuit de la goule :

On vous en avait déjà parlé lors du premier tome, le second confirme notre coup de cœur. C’est l’aventure de quatre jeunes pupilles de la nation qui ont été envoyées dans un internat pour étudier l’agriculture. Mais nos graines de voyous ne pensent pas à travailler et préfèrent rêver de richesse ou d’amour. Une succession d’événements vont conduire nos amis dans le domaine d’un riche baron vivant à côté de leur internat. Afin d’éviter de tomber sous le joug de la justice pour infraction, ils vont devoir faire les quatre volontés du concierge de l’école, une gueule cassée de la première guerre mondiale. Mais cet homme cache un lourd secret… Nos héros retrouveront ils le droit chemin ?

Bref : Lupano nous entraîne dans une époque d’entre deux guerres où certaines femmes cherchent à s’affirmer et luttent déjà pour l’égalité homme femme. En incluant des personnages historiques dans son histoire, il nous livre une histoire plus vraie que nature… Côté dessin Morgann Tanco excelle et nous plonge littéralement dans l’époque. Vous l’aurez compris, cette histoire en deux albums est à ne pas manquer.

Papeete-1- Livre I rouge Tahiti :

Nous sommes en 1914 sur Papeete, la guerre n’est pas encore arrivée jusqu’ici… Simon vient mener l’enquête d’un meurtre perpétré des années plus tôt…

Les auteurs nous invitent au voyage. Car, encore plus que l’histoire, c’est le dessin et les couleurs de cet album qui en font un véritable bijoux. Une bonne bouffée d’air dans la multitude de sorties de cette fin d’année. Il se pourrait que cet album soit la surprise de ce mois d’octobre.

Bref : Il vous suffit de regarder la couverture pour être envoûté.

Fraternity-2 :

Fraternity est une micro-société. Un village des Etats-Unis en pleine guerre de sécession a voulu s’isoler de cette violence générale pour former une communauté soudée. Mais l’équilibre fragile qui maintient ce village va être mis à mal quand les habitants vont découvrir dans la forêt à coté de chez eux un jeune garçon et son mystérieux protecteur… Cet album fini ce diptyque signé au scénario par Canales (Blacksad)

Bref : Peu importe l’histoire, c’est Munuera, le dessinateur qui donne véritablement vie à cet album. La multitude de gros plans à suivre et les grandes cases donnent une force narrative à l’histoire.

Spirou-52- La face cachée du Z :

C’est parti pour la lune… Spirou et Fantasio vont se retrouver sur la lune là où Zorglub a monté un casino géant. De nombreux dangers attendent notre groom préféré. Et ce danger pourrait bien se cacher au plus profond de Spirou lui même.

Bref : Avec leur humour décalé, le duo Vehlmann et Yoann dépoussière à merveille les aventures de Spirou, n’en déplaisent aux puristes. 

Carrion -2- Les héros de Thunderland :

Un peu d’histoire pour la jeunesse ou pour rester jeune. Cette aventure en deux tomes nous fait penser à Arthur et les Minimoys ou les Minipouces. Le monde de nos héros est une décharge géante et un seigneur sombre manipule les pauvres avec une boisson « le cocakecola » qui asservit tout ces petits hommes. Mais, notre héros rebelle et anti-conventionnel ne l’entend pas de cette oreille. Tout va changer pour lui quand il va découvrir un peuple caché au fin fond de la décharge…

Bref : Derrière ce conte très réussi, se cachent des valeurs écologiques sur le tri des déchets et la mal bouffe. Pour une fois que l’on allie valeurs morales et aventure fantastique… Un livre qui mettra tout le monde d’accord.

Azur-2- L’oiseau sacré :

Alors que différents peuples sont à la recherche d’un trésor qui pourrait changer le cour de la galaxie, on découvre Nikki une jeune fille qui sans le savoir détient des indications sur l’emplacement du trésor. Mais elle va faire la rencontre d’un contrebandier peu scrupuleux prêt à tout pour s’enrichir…

Bref : Dans cette atmosphère de chasse au trésor spatial, les auteur nous offrent une alternative aux séries à succès telles que « Seuls » ou « Les légendaires ».

Histoires courtes de Noaki Urusawa  et La garde du Sultan :

Voici deux ouvrages manga qui se ressemblent, il s’agit de deux grands auteurs manga. Noaki Urusawa est l’auteur de Monster, 20th century boys, Pluto… et Katsuhiro Otomo le créateur d’Akira. Si Noaki Urusawa s’est longtemps battu pour que ses premiers récits ne soient jamais édités à l’étranger, le temps et certainement d’autres arguments auront eu raison de lui. C’est donc un grand plaisir de pouvoir lire ces histoires courtes qui ont été faites bien avant ces succès. Pour Le garde du Sultan c’est le grand Otomo qui nous livre trois histoires courtes le dessin est assuré par Akihiko Takadera.

Bref : Si ces histoires sont loin d’égaler les œuvres cultes de ces auteurs de génies, elles suscitent l’intérêt. Ils sont des raconteurs d’histoires et peu importe celle-ci, car ils savent la rendre intéressante.

La ligue des gentlemen extraordinaires century-2-1969 :

On retrouve notre équipe de gentlemen extraordinaires en plein 1969, dans l’ambiance psychédélique « sexe, drogue et rock-and-roll » de Londres. Une secte occulte  semble s’en prendre à l’industrie de la musique afin de véhiculer leurs idées à travers les pop-stars de l’époque.

Bref : On est loin de l’esprit des premiers albums qui ont rendu cette œuvre incontournable.

X-men par Jim Lee :

Jim Lee est sans conteste l’un des plus grands dessinateurs de comics de sa génération, il a comme Franck Miller ou Tim Sale donner ses lettres de noblesse aux héros classiques, tels  Batman avec la série » Hush » ou « Batman all star » et Superman avec « Man of tommorow ». Mais avant tout cela, il a relancé les X-men en 1991 avec la série « X-men », ce sont ces épisodes que l’on retrouve dans cet album. Un excellent démarrage dans l’univers des mutants. Avec deux histoires complètes dont une sur le retour de Magnéto. Véritable référence comics des années 90.

Bref : Le dessin à lui seul rend cet album indispensable, mais c’est aussi l’occasion de retrouver la fine équipe au complet (Cyclope, Wolverine, Jean, Malicia, Cambit, le Fauve, Tornade, Colossus…)

Ultimate back :

Du coté des Fascicules c’est le retour en force de l’univers Ultimate. Après la saga Ultimatum, les scénaristes ont eu du mal à relancer les histoires de l’équipe Ultimates et Spider-man. Tout change avec Ultimate Spider-man #7 qui est le prélude de la saga qui bouleversera à jamais le destin de Peter Parker. Et du côté de Ultimate Avengers HS #3 on retrouve notre équipe d’ultimates , Iron man, Captain américa… en prise avec Loki le demi-frère de Thor qui est prisonnier du Valhalla.

Bref : Après une longue période ennuyeuse c’est le retour de l’univers ultimate tel qu’on l’aime.

Du rêve, toujours du rêve!

Un nouvel album qui conjugue poésie et humour vient d’arriver en librairie : Pistouvi, le pays des oiseaux écrit par Merwan et délicieusement illustré par Bertrand Gatignol, chez Dargaud.

Jeanne et Pistouvi vivent simplement, au grand air ; les journées se succèdent et nos deux amis profitent pleinement de la vie. En dehors des quelques animaux type insectes que Pistouvi adore goûter, des oiseaux parfois maouss’,  les personnages partagent leur monde avec deux entités très curieuses : un géant patibulaire juché sur son tracteur géant qui n’a de cesse de labourer et défricher toute la campagne, et un esprit du vent incarné par une magnifique femme volante. Celle-ci s’amuse à replanter des graines dans le sillon du tracteur et à taquiner son conducteur.

La vie n’est pas toujours simple, parfois on doit faire face à la rigueur de l’hiver, parfois c’est face à ses propres peurs que l’on se retrouve confronté. Dans le cas de Pistouvi, ce n’est pas simplement pour s’amuser, chasser ou faire des farces qu’il se trimballe toujours avec son lance-pierre, c’est surtout pour tenir à distance les oiseaux dont il  a une peur viscérale. En effet, Pistouvi a la particularité de pouvoir comprendre le langage des oiseaux et alors…!!!

J’espère que vous apprécierez toute la poésie qui se dégage de cet ouvrage, ces personnages attachants, ce livre est très bien écrit, une mise en scène et un dessin qui ont fait mouche dans mon cas. Un très bon moment de lecture.

 

 

Le rêve, c’est aussi l’aventure, et Mattotti nous offre généreusement (pour la modique somme de 20 euros), Les aventures d’Huckleberry Finn. Les éditions Gallimard publient cette adaptation de l’oeuvre de Mark Twain, réécrite par Antonio Tettamanti, dans la collection Fétiche. L’édition originale date de 1978.

Pour tous ceux qui n’ont pas lu Tom Sawyer, ne vous inquiétez pas, les auteurs vont ont inclu un résumé de l’épisode précédent, et la post-face de Mattotti vous racontera l’histoire de ce beau projet.

Huck’ est mort ! Tout du moins, c’est ce qu’il a laissé croire à Tom, tante Polly et le reste de la ville, il savait que la tristesse toucherait certains, mais c’est la seule solution pour que son père l’oublie. Dans sa supercherie qui l’oblige à se cacher, il croise Jim, l’employé de tante Polly. Effectivement, la fuite de l’esclave est étonnante : sa maîtresse était gentille et prenait soin de lui, mais Jim a surpris une conversation ou plutôt une transaction entre tante Polly et ce marchand d’esclaves qui lui promet un avenir peu glorieux plus au sud.

Les deux compères vont s’unir et partir sur leur radeau, vers la liberté et l’aventure. Mark Twain a marqué la littérature américaine à jamais avec les aventures de Tom Sawyer et d’Huckleberry Finn. Alors profitez de cette adaptation pour (re)découvrir son oeuvre. Il existe une version de Tom Sawyer aux éditions Delcourt et Soleil.

 

Un petit mot pour Explorations de Yuichi Yokoyama, aux éditions Matière. Voici venu le nouvel album de cet hypnotique auteur japonais qui démontre une nouvelle fois à ceux qui ont des idées préconçues sur les mangas que leurs auteurs peuvent être aussi barrés que les notres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et pour finir, rappelez-vous que samedi prochain, nous avons la joie de recevoir Gess et Cyril Knittel, en dédicace à partir de 15h00, Les orphelins un magnifique dyptique pour continuer à rêver, Jour J, une uchronie pour faire bouillir son imagination.

1.2.3……C'est parti les grosses nouveautés

La fin d’année est toujours riche en nouveaux titres attendus :

1- Sillage 14 Liquidation totale :

Après de nombreux déboires, Navis doit enfin rencontrer les autorités suprêmes de Sillage et comprendre toutes la complexité des choix de ses anciens supérieur. Mais tous n’est pas si facile et certaine personne agissant dans l’ombre cherche à prendre le contrôle de Sillage en éliminant un à un les personnes se dressant sur leur chemin. Dans cette album les anciens ennemis de Navis vont devoir faire front ensemble.

Cette album m’est fin à une long attente, enfin du concret après avoir mis en place les élément de l’histoire petit bout par petit bout dans les albums précédents, Morvan nous livre le dénouement de ce cycle qui permettra à Navis de faire peau neuve. Côté dessin Buchet est toujours aussi efficace.

2- Okko 7 Le cycle du feu I :

Okko va être appeler sur la terre de ses ancêtres, pour mener une mission de protection en incorporant  » la garde blanche » avec son équipe. Deux grand clans unissent leur enfants en invitant les 4 grands clans. Dernière cette union ce cache une course au pouvoir, mais le rivalité des clans ce fera très présente lors de ces 6 jours de fête avant le mariage. La mission va prendre un virage inattendu…

Hub confirme son talent à la fois de scénariste et de dessinateur. Plus dynamique que jamais dans cette album l’histoire bouge et le récit avant vite de manière à raconter le maximum de chose sur 2 albums. Le dessin impose un fois de plus l’univers et l’ambiance d’Okko.

3- Le grand mort 3 Blanche :

Après une longue attente voici la suite des aventures de Erwan et Pauline, depuis leur voyage dans cette autre monde rien n’est plus pareil… Erwan cherche désespérément Pauline dans notre monde bien réelle, il trouve une aide précieuse auprès de Gaëlle un amis proche de Pauline, après une viré dans la capitale ils vont retrouvé notre héroïne et sa mystérieuse fille, là ou l’histoire a commencé. Mais que c’est il passé durant leur voyage dans cette autre monde….

Loisel et Mallié ce sont bien trouvés. Au tant sur la Quête de l’oiseau du temps que dans Le grand mort. Cette fable encré dans notre époque apporte une part de rêve et de magie qui sommeil en chacun de nous.

Un Oeil sur le monde

S’il est indéniable que la Bande Dessinée permet évasion et divertissement, il est tout aussi vrai qu’elle permet un regard innovant sur le monde. A l’instar de la presse, du cinéma ou de la télévision, la BD apporte son langage, son rythme et sa narration au genre « documentaire et reportage ».

Ce mois-ci, par l’enquête, le témoignage ou à travers le prisme de la fiction, plusieurs albums se démarquent.

Adoptant la même technique que celle utilisée sur « Feuille de Chou » lors du tournage du film de J.Sfar consacré à Gainsbourg, Matthieu Sapin se penche sur le quotidien de »Libération« . Mois après mois, le dessinateur de « Supermurgeman » se mêle au quotidien des journalistes. Des comités de rédaction  aux réunions de presse en passant par les conférences élyséennes, c’est toute la vie et la passion de ceux qui relaient l’actualité 6 jours sur 7 qui transparaissent avec humour et vérité. (Journal d’un Journal, éd.Delcourt)

Deux albums se penchent sur la péninsule indochinoise. Le premier sous couvert de fiction, raconte toutes les difficultés rencontrées par les inspecteurs de l’ONU lors de l’organisation d’élections démocratiques au Cambodge en 1993. « Sur la Route de Banlung » rappelle sans concession la politique de terreur, pas si lointaine, des Khmers Rouges et la méfiance tenace, bien compréhensible, de la population. Mais également la position ambiguë des Occidentaux. Vink, desinateur du « Moine Fou« , couche avec efficacité les souvenirs de Jacques Rochel,  ancien observateur de l’ONU.

Le second, « Dans la Nuit, la Liberté nous Ecoute » nous plonge en plein coeur de la Guerre d’Indochine à travers le parcours d’Albert Clavier relaté dans ses mémoires. Ce dernier, après avoir subi les exactions de l’Occupant durant la 2nde Guerre, se trouve sous les drapeaux à défendre la Patrie et son « action civilisatrice ». Cependant, rapidement, son passé communiste, son engagement, ses idéaux, lui font voir la réalité d’une toute autre manière. La volonté d’émancipation des colonies  face à une métropole orgueilleuse et égoïste résonne en lui comme un écho des années d’oppression nazie. Aux yeux de l’Etat, il trahit donc la France pour se rallier aux Vietminhs et des troupes de l’Oncle Ho. Rude, sans fioriture, voire lapidaire, le récit d’A.Clavier semble suivre une logique implacable : il faut trahir sa nation  si l’on ne veut pas trahir ses idéaux, lorsque le gouvernement agit contre les fondements même du respect humain. Cependant, cette force en marche, liée à une certaine retenue, met de la distance avec le lecteur, nivèle également toutes les nuances possibles. Parfois un peu trop. Il n’en demeure pas moins que le dessin de Maxime Le Roy (qui n’est pas sans rappeler Squarzoni) attire par son économie de moyen et son efficacité. (éd.Le Lombard)

Ces deux ouvrages s’achèvent par deux dossiers mettant en relief histoire et politique, qui « instruisent » le lecteur, souvent loin de toutes ces considérations.

Résolument tourné vers la fiction pour mieux revenir à la réalité, « Triangle Rose » raconte les persécutions et l’extermination des homosexuels sous l’Allemagne Nazie. Si l’on connaît l’existence de l’étoile jaune et son port obligatoire pour la population juive, peu de nos contemporains ont en mémoire l’existence d’autres symboles de discrimination, souvent des allers simples pour les camps, (triangle rouge, vert, marron,…). A fortiori le Triangle Rose. Avec beaucoup de tact et de pudeur, Michel Dufranne montre la montée en puissance de l’oppression, de l’insouciance des premières années aux tortures puis aux déportations des heures les plus sombres. L’auteur pointe également  l’opprobre jetée à la communauté homosexuelle par les autres victimes de la cruauté nazie, encore étriquées par leurs principes moraux. Milorad Vicanovic apporte par son dessin réaliste un ancrage fort pour une histoire tout aussi forte. (éd.Soleil)

Allez ! Un peu plus de légèreté pour continuer avec trois récits pour les plus jeunes. Et notamment, le grand retour de Jules ! Cette fois-ci, il ne va rien faire de moins que sauver la planète d’une météorite. Mais attention, pas à la Bruce Willis, mais avec l’aide de ses amis extraterrestres. Ils ont cependant une condition : leur prouver que l’Humanité mérite de survivre ! Et avec un riche industriel, candidat à la présidence, qui veut forer sous la banquise pour trouver du pétrole, on ne peut pas dire que l’homme gagne des points ! Avec beaucoup d’humour et sans chichi, Emile Bravo aborde une nouvelle fois avec brio thématiques citoyennes, réflexions adolescentes et une grosse dose d’humour ! (éd.Dupuis)

Les Colombes du Roi Soleil, adaptation des romans d’Anne-Marie Desplats-Duc, nous propulse au XVIIème siècle dans le pensionnat  pour jeunes filles nobles désargeantées de Mme de Maintenon. Là, quatre adolescentes aux caractères et aux origines bien opposés, mais liées par une forte amitié vivent leurs années d’apprentissage avant leur libération, sans doute par le mariage… Lorsque Racine les sélectionne pour incarner les personnages de sa dernière pièce en l’honneur de Louis XIV, leur destinée va peut-être s’en trouver bouleversée ! Si l’on peut reprocher quelques redondances et facilités du scénario, une certaine naïveté dans les intentions des protagonistes, tous les ingrédients (secrets, romances, trahisons, amitié,…) sont là pour séduire les plus jeunes lectrices… et leurs parents ! (Roger Seiter, Mayalen Goust, éd.Flammarion)

 

Vous vous souvenez de Upside Down de G.Verbeck en 1903 qui pouvait se lire de haut en bas et inversement ? Hé bien, Steven Dupré a tenté une expérience approchante. A ceci près que l’auteur de Kaamelott a choisi de narrer deux histoires à chacune des extrêmités de son ouvrage. D’un côté, un extraterrestre débrouillard et délinquant qui s’écrase sur Terre découvre des humains. De l’autre, un viking et un enfant errant vont tomber nez à nez avec un extraterrestre ! Pas mal d’humour et d’action pour un défi étonnant. (Midgard, éd.Casterman)

 

Pour finir, double actualité pour Tony Sandoval avec « Doom Boy » en auteur complet et « Les Echos Invisibles » avec Grazia La Padula. Deux albums graphiquement très aboutis aux ambiance poétiques et oniriques, un peu « lynchiennes » sur les bords (de David Lynch, bien sûr, pas la mutation entre un lynx et une chienne…). Si vous ne devez en lire qu’un seul, je vous conseille Doom Boy dans le même univers que Nocturno. Cet album fait appel avec beaucoup de doigté à l’absence, le deuil et le mystère. Très bien. (éd.Paquet)

Sinon, j’ai vraiment aimé « L’Astrolabe de Glace » mais vous en avez déjà beaucoup à lire, non ? (Blengino, Palma, éd.Delcourt)

 

"Atar Gull" un album à ne pas rater

Attention, il y a certains albums à côté desquels il ne faut pas passer à côté, c’est le cas de celui-ci (en plus, c’est un one-shot).

L’esclavage est un sujet qui passionne en ce moment dans la Bande Dessinée, plusieurs auteurs se penchent à leur manière sur le sujet . Ici c’est Fabien Nury et Brüno qui donnent vie à une magnifique fresque, d’après le roman d’Eugène Sue.

L’histoire tourne autour de la vie d’Atar Gull, fils du roi de la tribu des petits Namaquas. L’Afrique est alors l’un des points les plus névralgiques dans le commerce triangulaire de la traite des « nègres ». Notre jeune homme va être vendu à un bourgeois venu faire affaire en Afrique après avoir quitté sa famille à Nantes. Le navire les emmenant en Amérique est attaqué en mer par un pirate au destin torturé. Ce denier revendra les esclaves à la première occasion. Atar Gull se retrouve à travailler dans une plantation pour une famille riche du nouveau monde. Mais que cache notre héros ??? Quel coup du destin peut encore le frapper ??? Et que cache-t-il derrière ce regard si froid et cet air si dur ???

A travers le récit d’un homme torturé par la vengeance et sa condition humaine, Nury et Brüno nous livrent implicitement tous les éléments du commerce triangulaire à commencer par l’Européen bourgeois qui vient pour faire commerce, le pirate qui règne sur la mer pour piller avec barbarie, violence, abus… Et le nouveau monde avec ses riches propriétaires qui exploitent des hommes comme du bétail. Un monde où il y a des dominants et des dominés. Nous sommes en pleine reconstitution historique.

Mais l’histoire ne serait rien si elle n’était pas portée par le dessin de Brüno (l’auteur Nantais a heureusement ou malheureusement, au vu de l’historique de Nantes côté esclagage,  l’opportunité de situer l’action dans sa ville au début et à la fin de l’album). Avec son trait très épuré, il arrive à chaque fois à cerner les émotions des personnages, de leur donner vie et créer une véritable ambiance dans chaque décor qui est accentué par les applats de couleurs. Je me fais toujours surprendre par ce dessinateur car, au premier abord, en feuilletant je vois un dessin figé, mais lorsque je lis l’histoire: tous les personnages s’animent et me plongent en plein coeur de l’histoire.

Je ne peux donc que conseiller la lecture de cet album qui est mon deuxième gros coup de coeur (avec Portugal) de cette fin d’année, il ne faut pas passer à côté d’albums de si grande qualité.