Veuillez m’excuser, je ne parle ni italien ni le langage musical, mais le côté rythmé et chantant de ce vocabulaire fonctionne plutôt bien à mes oreilles. Lorenzo Chiavini est à l’honneur aujourd’hui avec son Furioso aux éditions Futuropolis, rien à voir avec la musique, c’est un récit historique qui nous montre que si toutes les religions ont à la base un discours de paix et d’amour fraternel, l’histoire de notre civilisation nous a maintes fois prouvé que l’on s’en est servit pour mettre sur la g****e de nos voisins.
Il n’y a pas si longtemps, je lisais que les chrétiens avait un dieu unique, les musulmans le seul et unique dieu, les juifs pour leur part ont l’être suprême etc. Furioso est l’histoire de deux hommes au cours des guerres de religions ont tout deux été désignés par Dieu, pour mener leur peuple à la victoire en son nom (cela me rappelle l’épisode des Simpsons revisitant l’histoire de Jeanne d’Arc, interprétée par Lisa, où Dieu désigne un champion dans chaque camp).
Côté chrétien, c’est au cours d’une célébration où les pélerins se rendent en nombre, que la lance qui perça les flancs du Christ, va désigner celui qui mènera les chevaliers à la victoire et c’est sur un tueur de rats que la destinée s’abat et se n’est rien de le dire vu que le représentant de l’ordre divin lâche la lance du haut des ranparts sur la foule, celui qui se fait transpercer a gagné.
En face, le champion n’est autre qu’un guerrier qui un jour où la défaire était inévitable, a remis son destin entre les mains d’Allah en retirant son heaume et jamais ne le remis tout au long de ses multiples batailles et ne fût jamais vaincu.
Tout l’intérêt de cet album réside dans l’utilisation de ce que chacun des camps va se servir de ces symbôles pour galvaniser les foules et surtout les soldats pris depuis si longtemps dans ces guerres incessantes, de la façon dont chacun de ces deux hommes va endosser cette responsabilité et de leurs aspirations et destinée. Le tout illustré sobrement, avec brio, qui nous plonge dans une très belle histoire médiévale.
Changement de style et de sujet, je ne vais pas vous faire croire que si vous avez aimé les ignorants de Davodeau, ce livre est fait pour vous, mais c’est bien Etienne qui a mis un petit mot sur le bandeau qui entoure l’album La bouille de Troubs, chez Rackham éditions.
Si le vin peut agrémenter votre repas, un petit verre d’eau de vie peut très bien vous aider à le finir en beauté, attention toutefois à ne pas en abuser sinon c’est vous qui serez propre. La bouille, c’est l’histoire d’un métier qui est très certainement voué à disparaître, les bouilleurs de cru, ces hommes qui vont aller de ferme en ferme avec leur matériel à distiller pour préparer l’eau de vie dans le Périgord, et comme les récoltes n’attendent pas, leur labeur est exécuté sur des périodes très courtes pendant des journées très longues, Troubs fait d’ailleurs remarquer que cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas vu autant de fois le soleil se lever. C’est entre la Charent et la Dordogne du 28 septembre 1999 au 31 mai 2000 que l’auteur a accompagné Alain, à la rencontre de ce microcosme, de ces rapports entre les hommes réunis autour du labeur, réunis car pour certains trop âgés, ils ne font plus que actes de présence et surtout de goûteurs. Cet album est convivial, initiatique et nostalgique à la fois, par nostalgie j’entends le témoignage d’une part de notre patrimoine qui s’éteint mais aussi pour ceux qui comme moi enfant ont eu la « chance » d’avoir un grand-père qui faisait son eau de vie et son cidre (celui qui colle quelqu’un de non initié aux toilettes pendant les jours qui suivent une descente de quelques verres) à la maison.
Un très bel hommage donc, merci à Troubs pour ce récit.
Et pour finir deux titres chez deux petits éditeurs indépendants, un premier album pour Antoine Crampé, DismemberLand dans la collection Trublion des éditions Ange et Le recueil Turkey Comix 10 ans d’âge des éditions Hoochie Coochie, un florilège des publications de ce magazine.
Les éditions Hoochie Coochie s’étaient fait connaître avec JamesTown, de Christophe hittinger et c’est par le biais du dépôt-vente qui nécessite un gros travail d’investissement et de démarche de la maison d’édition pour que les libraires les aident à se faire connaître. Voilà que maintenant ils bénéficient d’un moyen de distribution plus aisé pour être disponibles en librairie et c’est tant mieux car dans une revue comme Turkey Comix, vous allez pouvoir découvrir plein de talentueux auteurs et toute une diversité de styles différents.
Du noir & blanc à la couleur, du découpage classique à l’essai graphique, ce genre de collectif vous permet de jongler avec le genre narratif, du déglutage du Marouâl à l’initiation à la gravure, il y en a pour tous les goûts et pour tous ceux qui achèteront l’album, la satisfaction, d’aider « des p’tits gars qui n’en veulent faire de la BD », est offerte.
Fans de Death Metal et de petite boutique des horreurs réjouissez-vous, DismemberLand est arrivé près de chez-vous!
Mia vit à Stockholm avec sa soeur, elle fait partie d’un groupe de musique capable de remplir une salle (qui arrive à contenir au moins cinq personnes), elle aime zôner et boire des bières mais pour le coup son lendemain de cuite est plutôt dure à avaler, faut dire que c’est toujours un peu le cas les lendemains de cuite, mais alors qu’elle sort les poubelles, v’là ti pas qu’un zombie lui tombe sur le râble et ô stupeur 95% de la population suèdoise a muté et on peut pas vraiment dire que se soit en mieux.
Un père qui s’est évadé de l’asile, une grand-mère complètement allumée et une secte qui souhaite la fin du monde, voici le microcosme de la jeune Mia.
Antoine Crampé nous propose un joyeux délire morbide et déjanté à souhait, un réel dépaysement comme des films, tel Shawn of the dead, ont pû nous offrir, et si vous vous demandez comment une telle épidémie peut se cantonner aux frontières d’un pays, on s’en fout, c’est pour l’histoire et puis c’est tout, d’ailleurs on a bien essayé de nous faire croire que le nuage radioactif de Tchernobil s’était arrêté à nos frontières et certains y ont crû.
Il me reste une petite question à poser à Antoine: Timtim au pays des bikers? est-ce bien qui je pense? Ainsi que le gros barbu crâne rasé, blouson de cuir et pantalon treillis qui boit de la bière, est-ce bien l’autre?