Je n’aurai pas la patience nécessaire pour vous le chroniquer en dernier celui-là, si il n’y avait qu’un album qui devait sortir cette année pour me satisfaire, ce serait Punk Rock Jésus du génialissime Sean Murphy, le dessinateur de: Joe l’aventure intérieure (Joe the Barbarian), Les dossiers d’Hellblazer volume 1, American Vampire Legacy T1 (et le t3 qui est à paraître), le tout publié par Urban Comics pour la France.
Quel est cet OVNI qui débarque en librairie ? Sean Murphy a 33 ans (« l’âge du Christ » comme on dit) mais cela fait déjà 10 ans que cette idée a germée dans le terreau fertile de son imaginaire, mais sur les précieux conseils de l’un de ses amis; il a préféré attendre de mûrir professionnellement avant de le réaliser.
Imaginez un peu: un énorme trust de production télévisuelle, OPHIS, vient d’avoir l’idée du siècle, après avoir passé un accord avec le Vatican, ils viennent de mettre la main sur le Saint Suaire, le bout de tissu dans lequel le corps du Christ, fraîchement décroché de sa croix, a été enroulé avant de finir dans son tombeau. Ils vont le cloner, en trouvant le moyen de détourner les lois en vigueur sur le sujet, et ils vont créer une émission de télé-réalité qui va suivre le projet, de sa conception à son suivi pendant les années qui vont suivre, sa croissance, son éducation…
Ils vont donc déjà procéder à un casting afin de dénicher une vierge, un élément essentiel dans la fabrication de Christ, du moins d’après le manuel déjà existant, et faire en sorte que l’évènement de sa naissance tombe un 24 décembre à minuit, c’est un autre détail à respecter pour la symbolique vous voyez. Tout va se dérouler en dehors des eaux territoriales sur une île aménagée pour l’occasion, la grossesse, l’accouchement, puis le développement de l’enfant.
Le sujet étant assez sensible, un système de sécurité va être mis en place avec beaucoup de rigueur, sous l’égide de Thomas McKael, une montagne de muscles Irlandaise, au passé trouble. Ses méthodes sont peut-être radicale, mais pas beaucoup plus que les groupes religieux qui vont assaillir la structure dans laquelle le « nouveau » Jésus et sa mère résident.
Comme Alan Moore, Franck Miller et d’autres avant lui, Sean Murphy à travers cette œuvre… MAGISTRALE… COLOSSALE… TITANESQUE… GARGANTUESQUE… jette un regard acerbe sur la culture Américaine grandement régie par la télévision et la religion.
Pour le coup, Urban Comics, édite par la même occasion, l’histoire que Sean Murphy écrivit à l’époque, à la place de Punk Rock Jésus, j’ai nommé: Off Road, une histoire plus simple comparée au phénomène que je viens de vous présenter, mais toujours ancrée dans la culture américaine.
Autre petit plaisir, la réédition de Sam & Twitch, « chasseurs de primes » de Brian Michaël Bendis, Alex Maleev et Clayton Crain. Ces deux personnages sont une création de Todd McFarlane dans l’univers de Spawn, une histoire sombre, à l’humour grinçant, où le personnage principal se retrouve au milieu de la guerre que se livrent le Paradis et l’Enfer, mais refusant de se laisser manipuler par l’un des deux camps, Spawn se réfugie dans les ruelles les plus insalubres de la ville.
Alors que la grande majorité des personnages de cet univers sont dotés de facultés divines ou maléfiques, Sam & Twitch, eux, sont deux flics tout ce qu’il y a de plus humain, surtout Sam. Cette série qui leur est consacrée se déroule alors qu’ils viennent d’être virés et qu’ils ont décidé de monter un cabinet de détectives privés.
Le scénariste, Bendis, est un maître du polar, Maleev, son compagnon de maintes créations, un orfèvre de création artistique, quel meilleur duo peut-on espérer pour ces récits palpitants, les trois épisodes publiés aux éditions Delcourt sont des récits complets à chaque fois.
Pour ce troisième volume, tout va commencer par un drame qui va toucher personnellement Twitch et va lancer les deux compères sur la trace d’un tueur. L’histoire touchant également le milieu des chasseurs de primes, Bendis en profite pour remettre en avant un autre de ses personnages, Jinx, chasseuse de primes elle aussi, qui a un compte personnel à régler avec le même individu et qui l’a mener jusque sur le territoire de nos deux associés.
Nous voici invités à plonger dans les dessous de l’enquête, les filatures et les réseaux d’informations qui ne sont généralement pas ouverts aux inspecteurs classiques.
Cette remise en avant me donne l’occasion de vous parler d’une nouveauté: Daredevil, End of days (première partie d’une histoire en deux tomes) publiée par Panini Comics. Pourquoi ? tout simplement parce que nous retrouvons Brian Michaël Bendis au scénario, cela fait déjà pas mal d’années qu’il s’occupe de l’un des rares personnages qui n’a pas de super-pouvoirs de l’univers Marvel. Habituellement nous retrouvions son acolyte Maleev au dessin, mais cette fois c’est Klaus Janson aux commandes, MAIS avec un autre collaborateur de Bendis qui marque de sa patte inégalée des ambiances graphiques hors normes: David Mack.
La couverture est du fameux David Mack, ce génie du touche-à-tout, joue avec différentes techniques, différents supports, en dehors de Dave McKean très peu d’auteurs sont capables d’un tel travail. Si jamais sa série qu’il a développer tout seul, Kabuki, est rééditée je vous en conjure, précipitez-vous, vous vous prendrez une des plus grosses claques de votre vie.
En ce qui concerne Daredevil end of days, c’est un projet de « la maison des idées » où l’éditeur a demandé à ses auteurs d’imaginer la mort de l’un de ses super héros. Donc ce n’est pas une surprise et je ne vous spoile pas en vous annonçant que Daredevil meurt en 4 pages. C’est l’opportunité de retrouver tous les personnages que Daredevil a pu croiser: La veuve noire, Elektra, Wilson Fisk, Bullseye… Et encore une fois, c’est par le regard de Ben Urich, le reporter du Daily Buggle que nous observons ce récit.
Et pour finir cette fois-ci, je vous invite à découvrir l’adaptation de Ashley Marie Witter de l’histoire de Claudia de: Entretien avec un vampire; de sa naissance « immortelle » à sa mort, des plus douloureuses, mais fort heureusement si l’auteur l’évoque, elle ne se complait pas à vous la montrer.
Anne Rice est l’auteur des chroniques de vampires dédiées à Lestat, une série s’étendant sur plus d’une dizaine de titres et qui séduisit les plus grands amateurs du genre dont votre serviteur fait partie.
N’en déplaise aux puristes du genre graphique, c’est bien un comics qui vous est proposé, mais avec une finesse et une délicatesse qui touchera tous les amateurs du gothique chic. Pourquoi je ne vais pas développer l’histoire abordée ?
Tout simplement pour vous inciter à le lire, et également à lire les romans, toute la série n’est pas du même niveau d’intérêt, mais je vous conseille fortement de lire les cinq premiers tomes: de Entretien avec un vampire, jusqu’à Memnoch le Démon.
Bonne lecture à vous et à très bientôt.