Que faisiez-vous ce jour-là à Pederson ?

Il fut une époque où Joe Straczynski était plus connu pour ces séries TV que pour ses comics, si, si. Bien que je n’ai jamais eu le courage d’aller jusqu’au bout (  » Tu as tort les dernières saisons sont les meilleures ! »), j’ai découvert l’univers de ce scénariste en visionnant la série, devenue culte, « Babylon V » (en VHS of course). Personnages fouillés, actions ancrées dans le réel, intrigue ciselée avec un maillage serrée, l’auteur avait fait ses gammes sur ce space-opera débridé. Et puis un jour, il s’est mis en tête de faire du comics !

Deux séries ont alors vu le jour, « Rising Stars » et « Midnight Nation« . Le succès de ces deux expériences lui a permis de mettre un pied dans le comics puis très rapidement un deuxième pied chez Marvel, avec le succès et la longévité que l’on sait.

Dans Rising Stars, JMS donne tout ce qu’il a à donner pour cette série, développant thèmes et intrigues comme s’il n’allait plus jamais avoir l’occasion de le faire, quitte à rendre tout ceci un peu pesant. Tout y passe : son attirance pour le mythe du super-héros, sa méfiance sur la main-mise de l’état sur l’individu, l’instrumentalisation de la religion,… Il se construit un univers cohérent en appliquant des principes qui avaient déjà fait leurs preuves. Un environnement fini (113 enfants à Pederson), la remise en cause du super-héros par son ancrage dans le réel, l’élimination volontaire de ces « spéciaux » (et là on lorgne un peu vers Watchmen), il réexploite aussi certaines idées exprimées dans Babylon V (par exemple l’usage de la télékinésie de petits objets à des fins d’assassinat)… Et cela en fait une série très efficace.

Alors, bien sûr, on peut reprocher à l’auteur d’avoir scindé celle-ci en deux grosses parties distinctes, la deuxième ayant – selon moi – moins d’originalité. Néanmoins, on a face à soi une oeuvre pensée de bout en bout avec ses grandes qualités et ses petits défauts. Défauts qui d’ailleurs pourraient être tout entiers résumés par la défaillance chronique des dessinateurs. Ils n’ont pas arrêté de se succéder pour des raisons diverses et variées !

Aujourd’hui, Delcourt nous propose en trois tomes l’intégralité de cette histoire, avec cette fin demeurée jusqu’ici inédite en France, les éditions Semic n’ayant eu l’occasion de la traduire.

Jetez-vous donc dans cette éclatante épopée !