qui dit coup de coeur, ne dit pas spécialement facile à conseiller

Lorna, heaven is here, le Brüno nouveau est arrivé!

Je dois dire que je l’envie non seulement d’avoir le droit à une préface de Jean-Pierre Dionnet, mais d’avoir eu la chance de passer un moment avec Mr Cinéma de Quartier à qui on doit notamment de connaître les films de Takeshi Kitano. Et si l’un des pionniers de l’époque de Métal Hurlant se donne la peine de glisser un mot dans l’ouvrage, c’est parce que c’est un hommage à ces films de genre qui ne passent généralement que tard dans la nuit ou dans des cinémas indépendants. Pelle-mêle, on y trouve une actrice porno, des savants fous, des mutants, une géante extra-terrestre, des militaires, un pingouin…

Au programme : de l’aventure, du morbide, du graveleux, de l’humour, des références en veux-tu en voilà… il en a la couleur, cet album est vraiment de l’or en barre !

 » J’arrive Max « , ce petit running gag est le petit détail en plus qui vous fera sourire au fil des pages, cela ne fait que quelques jours à peine que l’album des éditions Treize étrange est sorti, et les personnes que je croise dans la rue ou en faisant mes courses, qui l’ont acheté et lu ne m’en dise que du bien, voire même les incite à relire les albums précédents de l’auteur pour lesquels ils étaient parfois mitigés.

N’attendez plus, vous aussi précipitez-vous sur cet ovni.

De l’humour toujours, de l’humour noir encore, en noir & blanc pour Les aventures extraordinaires de LIO, le bonheur est un céphalopode visqueux qui a déjà obtenu le prix de la meilleure BD de presse, publiée par Hors-collection.

Lio est un petit garçon qui déborde d’imagination, aussi bien pour échapper aux monstres qui se cachent sous son lit que pour se constituer une armée d’adorables petits lapins mécaniques. Il préfère se vautrer dans le canapé et se goinfrer de cochonneries plutôt que de faire ses devoirs, il faut dire qu’il vient de voir les 4 cavaliers  de l’apocalypse passer devant la maison, alors à quoi bon ?!

Mark Tatulli se lâche, pour ceux qui connaissent la bande dessinée Lenore ou encore I luv Halloween, c’est du même mauvais goût dont je suis toujours friand, l’innocence et la perversité de l’enfance dans toute sa splendeur (si si, je vous assure un gamin peut rivaliser avec les maîtres de l’horreur, l’imagination sans fin de ces petits bouts de chou peut être des plus étonnantes).

Lio a même trouver une solution très ingénieuse de se débarrasser de sa petite peste de voisine qui passe tous les jours en vélo devant chez lui en lui tirant la langue.

 

Les éditions Mosquito font partie de cette catégorie de maison d’éditions qui ont choisi de publier des auteurs au graphisme souvent très particulier et la plus part du temps en noir & blanc, dans leurs auteurs phares, on retrouve Toppi, Battaglia, etc. mais dans ces grands noms, un de mes préférés reste Zezelj, et cette fois encore il m’a mis une grande claque dans la g….e !

Industriel est une histoire sans paroles qui parle de classes sociales, de révolte, mais aussi d’amour et de musique. A son habitude, il n’est pas rare d’avoir une grande part onirique dans l’oeuvre de Zezelj, il ne faut donc pas s’étonné d’avoir une baleine volant au-dessus de la ville, ni qu’un personnage soit jûché sur le dos d’un tigre énorme comme sur la couverture ou bien encore qu’un homme joue du piano sur des touches peintes sur le mur.

Quand vous mettez les pieds en librairie, vous devez bien vous rendre compte du grand nombre d’auteurs publiés et de la diversité de talents, mais combien, même parmi les plus doués sont capables de gérer la narration seulement par le dessin, les mouvements comme les moments de contemplations, les idées que l’auteur veut transmettre et la liberté d’interprétation du lecteur… Non seulement Zezelj fait parti de ceux-là mais en plus c’est à l’encre et au pinceau que ce maître s’exprime et il ne faut nullement être un puriste pour pouvoir apprécier son travail, c’est vraiment un réel bonheur de plonger une nouvelle fois dans un de ses récits, à noter qu’il a participé à l’actuel projet de J.P. Dionnet: Des dieux et des hommes (le t3).

Et pour finir en Beauté, mon énorme coup de coeur sera pour Anjin San de George Akiyama aux éditions du Lézard Noir. Pour ceux qui connaissent un peu la maison d’édition, il est vrai qu’ils publient parfois, voire souvent des titres pas très grand public, car assez trash, mais là c’est une oeuvre pleine de tendresse, de poésie et d’humanisme qui s’offre à vous.

Anjin est un petit bonhomme aux allures de poupon ou bien de bonze qui se définit comme quelqu’un de banal et passe son temps à se balader et aller à la rencontre des gens: il vient en aide à une geisha rencontrée dans la rue, attend avec une petite fille le retour de ses parents qui travaillent à l’usine et esquive avec brio les questions de ce jeune homme qui va partager notre moment de lecture et qui souhaite savoir pourquoi Anjin est ce qu’il est et qu’est-ce qu’il recherche, à toutes les questions du jeune homme, Ki-chan, il lui répondra qu’il est banal et qu’il n’y à rien de plus banal que de marcher à travers le pays, sans but précis.

Tous ces petits moments de vies et ces portraits sont des saynètes qui rappellent l’oeuvre d’Osamu Tezuka, par ces regards sur l’humanité, ces moments de vies simples, de petits bonheurs et de relations humaines.

Anjin San a tout pour vous faire passer un agréable moment de lecture, à bon entendeur…

Bonne lecture.