Alleluïa mes frères, ça y est j’ai eu ma révélation, Dieu existe, que dis-je LES Dieux existent ! Sandman est de retour mes biens chers frères ! Oui Neil Gaiman est revenu sur SON oeuvre magistrale, l’histoire pour laquelle il a consacré une bonne partie de sa vie (la série a débutée il y a 27 ans, déjà): Sandman !
Les éditions Urban Comics publient en cette fin d’année deux ouvrages incontournables concernant Sandman, d’un côté Sandman ouverture, la reprise de la série avec J.H. William III au dessin, et Sandman les couvertures de Dave McKean.
Sandman (dans sa réédition chez Urban Comics) est une série en 7 tomes, une histoires qui regroupe en son sein plusieurs histoires qui de prime abord, si vous ne faites que les feuilleter, peuvent sembler dissolues, sachant que plusieurs dessinateurs ont collaboré à ce projet Dantesque. Ce récit est au pinacle de mon panthéon, je les ai lu au bas mot, quelques dizaines de fois, bien plus qu’une histoire, c’est le recueil de toutes les histoires: Neil Gaiman comme à son habitude partage sa culture sans en faire un étalage, plutôt un partage, remettant au goût du jour, Shakespeare, Les contes de Canterbury, Les contes de mille et une nuits et tant d’autres sources de la culture populaire mondiale.
J. H. William III quant à lui est l’homme providentiel pour illustrer ce nouvel opus de la série, et le terme « illustrer » est le mot juste tant cet artiste frise le génie ou la folie, c’est selon, comme bon vous semble. Il est vrai que vous ne ressortez pas indemne d’une collaboration avec Alan Moore (un autre de mes dieux) et J. H. Williams III en a fait les frais sur la série Prométhéa, mais qu’il travaille sur un récit de magie ou bien de rêves, son style si particulier sert à merveille l’histoire, à tel point que Neil Gaiman reconnait que son dessinateur a réussi des prodiges pour des scènes qu’il pensait irréalisables.
Il se joue des codes, déstructure l’image, met en scène les onomatopées au profit de l’effet désiré, cet auteur est capable de prouver au moindre détracteur que la Bande dessinée est sans conteste un art majeur.
Et que dire, oui ! Que dire du compagnon de (presque) toujours de Neil Gaiman: Dave McKean qui a immortalisé la série avec ses couvertures alliant une multitude de techniques graphiques, créatives, allant du dessin au montage photo, rajoutant des objets ou de la matière.
L’éditeur nous fait la joie de sortir pour l’occasion un livre avec l’intégralité de ses couvertures commentées par l’artiste himself ! Et comme on dit toujours (mais parfois on ne le dit pas): « Jamais deux sans trois »; Urban sort également Violent Cases, la première collaboration entre Gaiman & McKean.
Il ne faut pas vous effrayer d’un tel regroupement d’auteurs de génie, bien au contraire, il faut se laisser porter dans le royaume du maître du rêve .
Au début de la série d’origine, on découvre Dream, seigneur du royaume des songes, qui vient de s’échapper suite à plusieurs dizaines d’années de captivité sur terre, vous découvrirez comment et pourquoi à la lecture de la série. De par son absence, le monde des rêves s’est étiolé, tout est à reconstruire, ou presque, et il doit remettre la main sur les artefacts symboles de son pouvoir.
Dream (Rêve) est le membre d’une fratrie peu ordinaire: Destiny (Destin), Death(Mort), Dream (Rêve), Desire (Désire), Destruction (Destruction), Delirium (Délire) & Despair (Désespoir); 7 frères et soeurs, présents depuis avant la naissance des mondes, et Death sera la dernière présente lors de la fin de tout. 7 éternels qui régissent toute forme d’existence, mais dont tout le monde ignore la présence même si l’on devine parfois l’idée et l’influence qu’ils peuvent avoir. Comme dans toute famille, il y a des tensions mais aussi des relations fortes qui les unis.
Avec cette nouvelle histoire, nous découvrons un événement qui s’est déroulé avant la captivité de Dream, nous rencontrons également deux autres membres de la famille, leurs parents bien évidemment, sujet pourtant habilement évité lors de la série mère, et dont on aurait pu avoir cure, mais la pertinence de cette rencontre n’est pas anodine.
Sandman est une oeuvre dont on ne ressort pas indemne. Neil Gaiman ouvre son lecteur à une multitude de possibilité, lui réapprend la force de l’imagination et des possibilités. Dès lors que vous ouvrirez les portes du rêve, vous pourrez y revenir à n’importe quel instant, une fois l’histoire terminée, la reprendre depuis le début en ayant l’impression que ce n’est autre que la suite logique de l’histoire que vous venez de quitter.
Les auteurs ont été capables de déstructurer la narration et l’image au profit d’une oeuvre magistrale quine risque pas de trouver son égal de si tôt. C’est un sacré investissement, car ce n’est pas seulement l’acquisition de livres que vous faites, c’est une part de vous même que vous venez de céder aux auteurs: votre temps, votre intellect, et peut-être votre santé mentale.
Voilà pourquoi je n’aime guère répondre à cette fameuse question: « Alors c’est quoi pour vous le récit indispensable à avoir dans sa bibliothèque ? » Nous n’avons pas les même goûts, ni les mêmes attentes ou exigences. Si je porte au pinacle Sandman, sur la même marche du podium, on y retrouve Gaston Lagaffe en charentaises en train de faire une sieste avec son chat sur les genoux et sa mouette sur l’épaule, c’est tout dire.