Si seulement, si…

…c’était vrai ! Revanche – et ce n’est pas qu’un simple pseudonyme – rend la justice… sociale ! Dès lors qu’un patron tente de déployer son parachute doré, aussitôt qu’une délocalisation se fait sentir ou qu’un licenciement pour cause de gérontophobie accable un travailleur, ce justicier des temps modernes surgit. Mercenaire des causes justes, ses méthodes peuvent être expéditives mais toujours à bon escient : une rencontre discrète avec la victime d’une injustice sociale et Revanche séquestre, harcèle ou menace virilement le patron qui se croit au-dessus des lois. Son paiement : aucun, juste un service à lui rendre un jour…

Voilà un premier tome bien réjouissant narrant en plusieurs petites saynettes les exploits de Thomas Revanche scénarisés par Nicolas Pothier et mis en image par Jean-Christophe Chauzy. Du premier, on avait plebiscité le western atypique Junk dessiné par l’incroyable Brüno et bien sûr l’insubmersible Ratafia avec Salsedo. Du second, on a – à peu près – tout aimé : de ses presque autofictions de Un Monde Merveilleux à ses réelles (?) biographies de Petite Nature en passant par son trop méconnu polar Clara, mais surtout avec ses oeuvres « chocs » telles que La Vigie, La Vie de Ma Mère et d’une certaine manière La Guitare de Bo Diddley.

Ici, aux éditions Treize Etrange, les deux artistes réutilisent avec jubilisation les codes du polar « hard-boiled » et ceux du super-héros. Revanche a une double vie : une identité secrète et un alter ego faussement naïf ; Revanche a un quartier général, même un sidekick, des ennemis clairement identifiés,… On pourrait presque dire qu’il endosse un uniforme. Et pour accomoder tout ça, les auteurs apportent une bonne dose d’humour, de cynisme et de second degré. Il ne vous reste plus qu’à pousser la porte du bouquiniste « Les Raisins de la Colère ».

Quelques mots pour finir sur trois intégrales qui méritent de s’y attarder. Depuis quelques années, les Humanoïdes Associés tentent de faire redécouvrir le fond de leur catalogue en réimprimant dans des formats (très) divers des séries achevées qui avaient un certain charme. On est loin de la qualité du soin apporté aux intégrales Dupuis ou Dargaud, néanmoins c’est l’occasion de donner une nouvelle chance à ces titres. Aujourd’hui, j’en retiendrai trois : Le Samaritain, Les Passe-Murailles et Clockwerx.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le premier, issu de la défunte collection historico-policière Dédale sous le titre Shimon de Samarie, narre les enquêtes de Shimon, juge du Sanhedrin dans la Palestine sous occupation romaine, quelques années avant la venue du Christ. Ici sont rassemblées trois affaires qui offrent exotismes et originalité. Scénario : F.Le Berre, dessin : M.Rouge.

Avec le deuxième, en quelques histoires, on va découvrir le quotidien de personnes dotées du don (ou de la malédiction) de pouvoir traverser les solides. Attention, ici pas de super-héros ou d’aventures haletantes, juste des gens avec leurs problèmes de tous les jours. L’intérêt de ces nouvelles est varié mais de toutes se dégagent une certaine poésie, une petite musique empreinte de nostalgie.  Scénario : J.L.Cornette, dessin : S.Oiry.

Pour finir, une petit récit de Steampunk sans prétention mais très efficace, avec de jolis mechas à vapeur et qui aura aussi eu le mérite de faire émerger le talent de Jean-Baptiste Hostache qui « transformera » l’essai sur la série Neige Fondation. Scénario : J.Henderson, T.Salvaggio, dessin : J.B.Hostache