Décidément; les titres de ces chroniques ne veulent plus rien dire avec le temps. Approchez ! Approchez Mesdames & Messieurs ! ils sont beaux, ils sont frais mes albums. A peine sortis de chez l’imprimeur qu’ils nous ont tout droit été menés à dos de triporteur,et oui ma bonne dame, le char à boeufs c’est dépassé, en tout cas il se faisait beaucoup dépasser et les nouvelles n’étaient plus d’une grande fraîcheur, et puis aujourd’hui nous sommes à l’air écolo, nos triporteurs nantais sont électriques et du même coup silencieux… oui mais lorsqu’il faut tout de même déplacer l’équivalent de 2 ou 3 palettes et les porter du vélo jusqu’à la boutique, on peut distinguer le doux râle du transporteur qui commence à maudire les beaux jours et le retour des grandes chaleurs.
Les grandes grandes chaleurs, nous allons y avoir le droit, et croyez moi, cela va cogner. Christian Lax, le retour, seul aux rênes de ce fier destrier qu’est Un certain Cervantès qui sort des écuries Futuropolis. Un pur-sang est lâché en librairie, une histoire en un-coup, un road-trip dans les grandes étendues américaines, une quête qui n’apparaîtra qu’aux yeux de Mike Cervantès, le genre d’histoire que l’on écoute, halluciné, doutant de la véracité des propos du narrateur, un petit peu comme pour le film ô Brother des frères Coen, quand on assiste en tant que spectateur à la scène, tout parait crédible ou justifiable, lorsque l’on vous raconte ce qui s’est passé, on y croit pas une seconde ou bien on s’inquiète pour la santé mentale du narrateur.
Mike Cervantès, américain moyen, a bosser pendant un temps comme figurant dans une espèce de parc pour touristes souhaitant découvrir le Far-West. Il a toujours eu du mal a s’intégrer, à gérer les abus d’alccol ou de Marijuana, et après quelques petits séjours de détentions ou de dégrisements, le voici en mission pour l’oncle Sam en Afghanistan. Son véhicule tombe dans une embuscade, il est le seul rescapé et se retrouve aux mains de ses ravisseurs, attendant une éventuelle rançon. Mike est blessé à la main, la gangrène le guette, mais qu’à ne cela ne tienne, la perspective de pouvoir s’échapper l’aide à tenir. Pourquoi une telle mise en matière de la part de Christian Lax ? En présentant Mike de la sorte, l’auteur introduit également le parcours de Miguel Cervantès, qui lui aussi, au cours des croisades, connu la détention, la mutilation de sa main, les tentatives d’évasion, le temps à la réflexion.
Mike va rentrer à la maison, tenter de se réintégrer dans la société, retrouver l’usage de sa main perdue à l’aide d’une prothèse, il aura essayé… A partir de là, c’est avec l’oeuvre de Miguel Cervantès, Don Quichotte de la Mancha, et le parcours grand-guignolesque de son personnage Don Quichotte, qu’il faut faire un parallèle avec le chemin que prend Mike. C’est une course éperdue dans l’Ouest Américain, un récit fort, écrit avec une grande habileté, décrivant avec justesse les moments de lucidité et ceux de dérive de Mike, ses discussions avec Miguel, y’en a qui font des grossesses nerveuses, Mike lui fait son Don Quichotte nerveux. Une très grande qualité d’écriture et un très beau rapport à l’oeuvre d’origine, une belle façon d’une nouvelle fois nous dépeindre l’âme humaine.
Et lorsque l’on veut étudier l’âme humaine, qu’en est-il de l’avis de spécialiste du genre, tels nos amis les extra-terrestres ? Si souvent boudés, niés, décriés, il n’empêche qu’il y a un paquet de gens à prétendre avoir eu une sonde dans le …fondement, et personnellement ce n’est pas le genre de secret que je partagerai en premier avec des inconnus.
Soucoupes de Obion & Le Gouëfflec, aux éditions Glénat. Cela commence toujours de la même manière, on prépare tranquillement le thé et les petits gâteaux sur le plateau, on prend la direction du salon en prenant garde de ne pas oublier les patins afin de ne pas rayer le parquet, on rejoint maman, coincée devant la télé, le chat sur les genoux et le châle sur les épaules, et CRAC !! Vl’à t’y pas qu’un olibrius vous annonce que nous vivons gnagnagna un moment historique gnagnagna sans précédent gnagnagna extraterrestre gnagnagna bienvenue… Christian n’en a cure, les extraterrestres d’accord, mais du moment qu’ils restent chez eux.
Christian a eu une idée arrêtée sur tout, pas de mauvaises surprises, pas de niaiseries ni de rêveries: « Les étoiles c’est pour les gogos ». Dans sa boutique où tout est bien rangé, bien ordonné, un de ces fameux extraterrestres vient de rentrer, et ses premières paroles ont déjà dont d’exaspérer Christian, venir sur terre, rentrer chez le premier disquaire venu et lui demander tout de go: « Est-ce que vous avez de la musique terrienne ? » Non mais, où va le monde, je vous le demande… non mais je vous le demande réellement, où va le monde ?
Il est important pour moi de vous préciser dès à présent que dans notre histoire l’extraterrestre ne s’adresse jamais à vois haute à Christian, le lecteur peut comprendre aux remarques de Christian que celui-ci mène une discussion avec son interlocuteur mais assiste à ces échanges ponctués de silence.
Si la curiosité est un vilain défaut, on va dire que pour Christian, celle de son nouvel ami lui a permis de susciter un nouvel engouement et une nouvelle vision de l’esprit du monde qui l’entoure. Nous voici en présence d’une oeuvre drôle, qui sent bon le français moyen, celui qui transpire gras sous le bras, celui qui tient des propos malheureux parce qu’il s’est caché trop longtemps dans son ignorance.
Il y eu Rencontre du 3e type, E.T., Alien, Men in black, Mars attack… il y aura désormais: Soucoupes.
Dans les rencontres improbables, il y a également la réédition de Rose profond, de Dionnet & Pirus aux éditions Casterman.
Rose profond, comment vous dire… Rose profond, ce n’est vraiment pas pour les enfants, oui effectivement avec sa belle couverture rose, grand format qui la fait dépasser de n’importe quel rayonnage, un personnage tellement cartoonesque qu’il capte d’un seul coup votre regard, si tout ça parle au petit garçon qui est en vous, celui qui répond, c’est bien le même petit garçon qui a lu et apprécié le Pinocchio de Winshluss. Celui qui a fait croire à mamie que Idées noires de Franquin était un album de coloriage pour les petits à partir de 5 ans.
Si en ce moment vous enchaînez Rose profond & Billy Bat, une chose est sûre, vous ne percevrez plus de la même manière la période de gloire des débuts des dessins animés américains.
Malcom, est LE héros du pays rose, depuis déjà plus de 50 années, il rythme la vie de ses habitants avec ses aventures, icône de la bravoure, du combat contre l’injustice, dernier rempart contre le fascisme, Malcom a fait rêver plusieurs générations d’enfants.
Mais voilà, ce soir, Malcom a envie de baiser, et ouais, elle aura beau minauder le petite Mimi, mais depuis 50 ans qu’elle lui promet le repos du guerrier tant mérité, ça fait 50 ans que rien, nada… Et Malcom va se servir, il va en prendre du rab et le réveil, ou plutôt la descente va être sévère, s’en suivra l’exil puis, la révélation et le jugement.
Un homme de joie, t1-La ville monstre de David François & Régis Hautière, un récit en 2 tomes chez Casterman.
Sacha Stasevytch Bujak, fraîchement débarqué d’Ukraine à New-York, c’est plein d’espoir qu’il vient tenter à son tour le rêve américain. Pour s’en approcher et franchir la douane, il avait en poche l’adresse d’un membre de sa famille qui pourrait l’héberger, mais ces belles promesses sont bien plus dures à tenir qu’à faire, et Sacha ne peut rester dormir là. Fort heureusement les réseaux communautaires se mettent souvent en place facilement et on se sert les coudes.
Ses pas vont le mener sur des sommets, les sommets de buildings qui se développent et les chantiers c’est pas ça qui manquent, seulement, Sacha n’arrive jamais à dégoter un job. C’est au hasard d’une ballade nocturne qu’il va croiser le chemin de Tonio. Sous ses airs de dandy, Tonio trempe dans des affaires qui ne semblent pas toutes légales, cela n’empêche que maintenant, lorsque Sacha se présente sur un chantier, sa place est garantie, mais pour ça, il a fallu se syndiquer. Et oui le milieu du syndicat et celui du crime organisé ne sont pas si éloignés dans l’Amérique des années 30′. Sa rencontre avec Lena & Magda, deux perles jumelles qui égayent le monde de la nuit, ne va pas le laisser de glace,l’homme de main occasionnel qu’est devenu Sacha est tombé amoureux.
Julius IV, Le Troisième Testament, l’une des séries cultes des éditions Glénat est toujours en cours, avec son 4e album, le deuxième cycle en est à son avant-dernier tome. Il y avait Xavier Dorison aux commandes avec Alex Alice sur l’histoire d’origine, après un passage au dessin sur le premier tome de Robin Recht, nous apprécions le travail et sommes heureux de retrouver Thimothée Montaigne, c’est le troisième volume de la série qu’il dessine, ça déchirait tout dès le premier essai, il ne fait qu’une nouvelle fois nous confirmer son talent. Sa collaboration avec Alex Alice est une véritable aubaine pour les lecteurs, les deux hommes alliant leurs connaissances et leurs talents.
Julius, les origines du Troisième Testament prennent pieds après la mort du Christ, certains prétendent qu’il va revenir, d’autres sont persuadés que l’élu ne s’est pas encore présenté. A milieu de ces bouleversements culturels, nous avons Julius, général romain, grand conquérant et qui revient une nouvelle fois, triomphant dans les rues de Rome.
Trahisons, complots, ambitions… telles sont les nouvelles directives dominantes de Rome, et Julius n’y échappe pas, il est même l’instigateur de le prochaine rébellion, mais la suite des événements vont le conduire dans la pire prison de l’empire, une mine de souffre perdue au milieu du désert. Il y retrouve ce chrétien, celui qui semble intrinsèquement lié à la destinée de Julius, et si plusieurs voient en lui un meneur, tous n’ont pas la même vision de la voie qu’il doit prendre.
Ce quatrième tome va vous secouer mes beaux ! Ah çà, il va y en avoir de l’action, des révélations, on reste bouche bée à la fin de sa lecture et on se demande… on se demande.
Non franchement, Alex Alice nous sort un album pareil, tout s’écoule à un rythme idéal, on a l’impression de prendre notre temps, d’en apprendre un sacré morceau de l’histoire, de voir la destinée de chacun prendre forme, et il nous laisse là, en se disant « Mais qu’est-ce qui va bien pouvoir nous mettre dans le dernier tome ?!! ».
Et Thim‘ mon frangin, tu sais que ce n’est pas parce que l’on est potes que je te ferais des fleurs, loin de là, mais sacré nom de dieu mon salaud ! Je reconnais que j’ai de loin une préférence pour le N&B et que les tiens sont à tomber, mais la mise en couleur ne gâche pas ton boulot. Je me suis pris une nouvelle grosse claque et le pire c’est que j’en redemande.