Sunny ! Alors que cela devrait nous évoquer un ensoleillement, voilà qu’un voile nuageux vient à passer. Sunny est la dernière série de Taiyou Matsumoto que nous avons pu lire en France, et avec ce sixième volume qui vient tout juste de paraître, nous disons au-revoir aux « Enfants des étoiles« .
Des trémolos dans l’écriture donc, mais également de très belles histoires sont publiées dans cette continuité de fin 2016, avec une collaboration magistrale entre Emmanuel Lepage, un virtuose du pinceau, et René Follet, que l’on appellera « Monsieur » René Follet ou bien « Maître », tellement cet homme est talentueux, et ces deux hommes nous invitent à les suivre dans Les voyages d’Ulysse. Un autre voyage est au programme, proposé par Christopher & Pellejero AirLines: The long and winding road. Et pour rester dans le dépaysement, Inio Asano revient après Bonne nuit PunPun et La fille de la plage, avec une série (peut-être ?) plus grand public, Dead Dead Demon’s Dededede Destruction. En route pour l’aventure chers amis lecteurs.
Sunny ! de Taiyou Matsumoto aux éditions Kana, vient donc de se terminer, cette série atypique nous aura émus bien plus qu’elle ne semblait le présager… et c’est tant mieux. L’auteur a toujours su surprendre son lecteur avec chacune de ses histoires, que ce soit Amer Béton, qui existe aussi bien en version papier qu’en film d’animations, Le samouraï Bambou ou encore Number 5, et je ne vous parle que des titres qui sont encore disponibles actuellement.
Le dénominateur commun à toutes ces histoires, ce sont les enfants (même dans Number 5 où ce sont des personnages adultes mais comme le monstre de Frankenstein, des créatures qui se positionnent par rapport au « père » leur créateur).
Sunny, c’est l’histoire des Enfants des étoiles, un endroit qui accueille des enfants qui ne peuvent pas vivre avec leur famille, elle se déroule à la fin des années 60′ et au début des 70′ dans un petit bourg bien loin des grandes métropoles.
Sunny, c’est également le nom d’un modèle de voiture très populaire de l’époque, et dont un exemplaire prend la rouille dans le jardin de la maison des Enfants des étoiles. C’est leur sanctuaire, un lieu de refuge, une zone de jeu, l’endroit où l’on se rend pour fumer en cachette ou encore, afin de s’évader. Les enfants n’ont pas choisi d’être là, certains sont orphelins, d’autres ont été placés par les services sociaux en attendant de régler des conflits entre les parents. Nous sommes également dans une période du Japon, ou des personnes quittent la province à la recherche d’un emploi dans les grandes villes, mais ils n’ont pas toujours les moyens de se loger convenablement et se retrouvent obliger de se séparer de leurs enfants « momentanément », (il existe des cas où les personnes ont carrément changer d’identité afin de refaire leur vie ailleurs, mais ce n’est pas le sujet de ce manga même s’il y eu un grand nombre de cas à cette époque).
6 volumes constituent la série Sunny, et dans chaque album vous avez six histoires, mettant souvent en avant l’un des enfants. Ce sont des histoires de leur quotidien, de leur relation à l’autre, par exemple, si certains vont à l’école, où ils peuvent croiser d’autres enfants qui vivent eux, avec leur famille: une règle est simple pour les Enfants des étoiles -« On ne se mélange pas avec ceux des maisons« .
La grande force de Taiyou Matsumoto entre autre chose, c’est d’avoir réussi à nous surprendre, à nous rendre intime avec chacun d’eux, de ne jamais avoir de redondance dans les sujets abordés et de réaliser un nouvel incontournable dans l’histoire du roman graphique.
Sunny s’adresse à ceux qui veulent découvrir une partie de l’histoire contemporaine du Japon, petite chronique sociale et rurale, à ceux qui désirent une proximité intimiste avec les personnages que l’ont découvrent lorsque l’on ouvre un livre ainsi qu’à ceux qui apprécieront que l’auteur est su jouer avec la corde sensible des sentiments, ce n’est pas une simple lecture, c’est un véritable partage. Et TOC !
Si vous n’avez jamais vécu une tempête marine à bord d’un navire, sachez que la couverture du nouvel album d’Emmanuel Lepage an collaboration de Sophie Michel & René Follet peut vous en donner un très bon avant-goût.
Emmanuel Lepage n’est plus un inconnu du grand public, et pourtant même avant ça, ces histoires comme Muchacho ou La terre sans mal ne pouvait pas laisser insensible son lectorat. René Follet est présent depuis bien plus longtemps dans le monde de la Bande Dessinée mais ne vous parlera pas spontanément à l’esprit, et pourtant… (que la montagne est belle).
Une bien belle histoire, magistralement illustrée à 4 mains. Emmanuel Lepage s’occupe de mettre en images l’histoire principale qui tourne autour de Jules Toulet, jeune artiste à la recherche d’Anna, qui tente de monnayer une place à bord d’un navire contre ses illustrations de peinture.
René Follet quant à lui tient le pinceau de l’artiste Ammôn Kasacz, grand spécialiste de la peinture représentant la Grèce Antique et qui n’est autre que le dénominateur commun qui va rapprocher Jules Toulet de Salomé Ziegler, capitaine de … le suspens est insoutenable … l’Odysseus !
Jules se trouve dans le port d’Istanbul, après quelques temps passés dans cette ville aux charmes ravageurs, l’envie du voyage et du changement est trop grande pour qu’il s’y attarde un peu plus. C’est notamment avec ses talents de peintre qu’il a l’habitude de monnayer un repas ou un hébergement, mais cette fois, aucun capitaine ne souhaite voir à son bord une bouche inutile à la manoeuvre du navire, Jules galère (tient un jeu de mot de mauvais goût, cela faisait longtemps) et traîne sur les quais. Une nuit que ses pensées vagabondes, il s’attarde et s’endort à même les planches et se voit surprit par la pluie, une jeune femme l’invite à se mettre à l’abri à bord de l’Odysseus qui se trouve à quai, surtout afin de mettre au sec les toiles qui se trouvaient éparses à ses côtés.
C’est au gré de la conversation que Salomé et Jules vont évoquer le peintre Ammôn Kasacz, dont la capitaine, pour une raison personnelle cherche à mettre la main sur ses oeuvres consacrées à l’Odyssée d’Ulysse et retrouver la trace du peintre.
Il s’avère que Jules à en sa possession un carnet de croquis du maître ainsi qu’une éventuelle piste à suivre pour le retrouver. Salomé l’accepte donc à son bord moyennant une toile par semaine. S’en suit une aventure à bord de l’ Odysseus et tel Ulysse avant eux, un nombre d’escales et de rencontres improbables.
A n’en pas douter cet album sera l’un des plus beaux cadeaux de fin d’année que les auteurs nous auront offert et que vous pourrez partagez au moment de noël, l’aspect Bande dessinée et peinture se mariant à merveille afin de vous séduire l’oeil: Les voyages d’Ulysse aux éditions Daniel Maghen.
Vous souhaitez prolonger le voyage ? Christopher et Pellejero (l’actuel dessinateur de la reprise de Corto Maltese) nous entraînent dans un road trip bourré d’humour: The long and winding road; aux éditions Kennes, qui ne cessent de nous surprendre agréablement (un de ces quatre il faudra vraiment que l’on s’attarde à vous présenter leurs productions).
Est-ce un hasard ? Il se trouve que notre personnage s’appelle Ulysse, et que son voyage à lui aussi aura tout d’une Odyssée.
L’équipage ne paye pas de mine avec ces trois petits vieux, mais comme toujours il ne faut pas se fier aux apparences, et à défaut d’un cyclope ou d’un Odysseus, il faudra se contenter d’un Van Wolsvagen.
Sunny Time ? cela commence pourtant avec un temps maussade, Ulysse vient d’enterrer son père, un homme qui avait tout du bourgeois étriqué avec une vie morne et insipide, alors quelle surprise lorsque, après la cérémonie, un colis vient à être livré, un message posthume de son père qui lui fait une demande originale.
Dans le carton, Ulysse découvre une collection de K7 audio, des quoi ?? Pour ceux qui n’étaient pas nés et qui ne connaissent pas, imaginez, mais, imaginez fort fort, qu’avant que vous trouviez comme par magie de la musique sur internet, qu’avant les compact disc que vous connaissez seulement sous le nom de CD, et après qu’un groupe de potes se soient rassemblés pour faire de la musique il a existé deux médias, les disques vinyl (anciennement en cire) et les cassettes audio magnétiques . Bref, Ulysse a en sa possession une batterie de K7 des musiques des 60’s et des 70’s, Led zeppelin, les Bee gees, Grateful Dead, les Rolling Stones… A ce stade, sachez que vous avez à la fin de l’album une playlist que les auteurs vous suggèrent.
L’autre cadeau, c’est le Van Wolsvagen de son père, tout ce pan de la vie de celui-ci, Ulysse l’ignorait, tout autant que la demande rocambolesque de porter les cendres du défunt jusqu’au lieu du concert mythique des 70’s de l’île de Wight en Angleterre.
Il va croiser très rapidement le chemin de trois individus, qui étaient présents le jour de l’office funèbre, qui ne sont plus tout jeunes, et qui ne sont autres que les trois autres membres du groupe de rock auquel son père avait participé, ça aussi il l’ignorait. C’est une histoire bourrée d’humour, d’expériences insolites et de rencontres hétéroclites, à mi chemin entre Les vieux fourneaux de Lupano & Cauet, et Cendres de Alvaro Ortiz, Come Prima d’Alfred; le sujet du voyage initiatique après la mort d’un proche n’est pas nouveau mais n’en reste pas moins très originale dans cette interprétation, fous rires assurés et expériences psychédéliques carabinées.
Et si pour finir vous craignez les coups de soleil, quoi de mieux que de dénicher un petit coin d’ombre et pour ce faire pourquoi ne pas profiter de cet énorme vaisseau spatial en stationnement au-dessus du ciel de Tokyo ?
Inio Asano, mon auteur fétiche de l’incomparable Bonne nuit PunPun (à ne pas mettre entre toutes les mains) La fille de la plage (pareil, pas pour les enfants trop sages) … , il revient (Albator, le capitaine corsaire, tin ninin) avec Dead Dead DeDeDeDe Destruction aux éditions Kana.
C’est une histoire d’amitié entre Kadade et Ôran, deux adolescentes, camarades de classe. Nous sommes dans un contexte où un vaisseau est apparu au-dessus de la ville depuis 3 ans, et alors que la tension est palpable pour les services de défenses de la terre, les extra terrestres restent plutôt inactifs.
Ce qui fait que chacun continue sa vie comme ci de rien était, si ce n’est de temps à autre une intervention militaire contre les infrastructures aliens, tout le monde semble s’être habitué à cette présence.
Nous suivons donc nos deux collégiennes dans leur quotidien, leur vie à l’école et dans leur vie familiale, des petites histoires ordinaires dans un contexte extraordinaire. Un univers graphique qui va de pair avec ce type de récit, c’est à dire que Inio Asano a un dessin au trait très fin, agréable à l’oeil, mais d’une richesse et d’une finesse de trait époustouflantes.