Toujours plus beau !

Le vagabond des étoiles tome 1, Riff Reb’s d’après Jack London, éditions Soleil collection Noctambule.

C’est avec un plaisir immodéré que nous retrouvons l’auteur Riff Reb’s pour une nouvelle adaptation littéraire dans la collection Noctambule de chez Soleil. Il sévit précédemment avec des récits maritimes, Le loup des mers, A bord de l’Etoile Matutine et Hommes à la mer (recueil d’histoires courtes parsemé d’extraits des grands classiques illustrés sur une pleine page). A savoir que pour cette fin d’année, ces trois oeuvres bénéficient d’une publication en intégrale, grand format, mettant en valeur le travail graphique de l’auteur.  

Ce nouvel album est une première partie d’un récit en deux tomes, qui m’a fait découvrir un texte de Jack London que je ne connaissais pas, pour un genre de récit qui m’était inconnu de sa part.

Darrel Standing interpelle le lecteur, c’est à dire vous, il se présente et vous explique quel événement l’a amener à se retrouver dans la prison de St Quentin, dans la baie de San Fransisco (rendue célèbre notamment grâce au concert que Johnny cash y a donné). Responsable d’un assassinat, il est condamné à perpétuité, mais l’ombre de la potence qui plane sur lui vient d’une toute autre affaire. Darrel est ce genre de personne qui croît à cette impression de « déjà-vu », lorsqu’une situation ou une discussion vous semble familière, vous avez l’impression de connaître la suite des événements avant même qu’ils s’enchaînent, vous anticipez la réaction ou les mots de votre interlocuteur.

Mais cela va plus loin, il évoque également les réminiscences de vies antérieures, lorsque l’on est persuadé que l’on a vécu à une époque passée, être contemporains de  certains grands événements de l’Histoire. De plus on va s’intéressé à la vie d’incarcération pour les prisonniers enfermés à long terme, qui voient défiler leurs congénères les uns après les autres, les matons par la même occasion. 

On prend un tel plaisir à lire ce premier tome, de retrouver un maître tel que Riff Reb’s avec ses personnages aux trognes truculentes, que l’on va devoir s’armer de patience, cela tombe bien j’en ai des tonnes à revendre, pour terminer cette histoire très prometteuse de surprises et rebondissements: un délice.

La ballade du soldat Odawa, Cédric Apikian & Christian Rossi, éditions Casterman.

Son dernier album en date, le coeur des amazones, était un chef-d’oeuvre d’une beauté inouïe, Rossi revient sur le devant de la scène avec une nouvelle histoire à l’atmosphère très particulière.

La ballade du soldat Odawa se passe pendant la première guerre mondiale, au coeur des batailles, avec parfois une ambiance oppressante. Parmi les belligérants de cette guerre, la plupart des nations étaient représentées. Les canadiens n’étaient pas en reste, et l’on retrouve chez ceux-ci des indiens, des hommes chargés d’opérations bien spéciales au coeur des tranchées, que ce soit au combat au corps à corps, où bien dans le cas du soldat Odawa en dehors d’un maniement expert du tomahawk, il est également un tireur d’élite hors pair.

L’histoire n’est pas sans rappeler le fameux duel de snipers du film Stalingrad, avec le combat de propagande qui allait avec, tout comme dans le film Unglorious bastard. Si il était courant d’entretenir la communication de par les médias afin de soutenir l’effort de guerre et le soutien populaire, il était d’usage de déstabiliser le moral de l’adversaire, et le genre de légende entretenue sur les prouesses d’un combattant hors norme et sans pitié suscitait la peur chez l’adversaire et était sensé le plongé dans l’effroi et faire baisser le moral des troupes.

Voici comment Rossi et Apikian nous dévoile un récit haletant, alliant une écriture captivante et une mise en images renforçant l’atmosphère pesante. Ils entretiennent la légende du soldat Odawa, tout le mystère qui l’entoure, les longs moments de patience qu’il faut à ce tireur embusqué d’attendre la bonne opportunité pour un maximum d’efficacité.

Ce récit complet en ravira plus d’un, et c’est toujours un réel plaisir de retrouver Christian Rossi au dessin, je citais plus haut Le coeur des Amazones publié chez Casterman, mais je vous conseille tout aussi bien Deadline aux éditions Glénat, que nous avions adoré, un one-shot des plus original qui se déroulait en grande partie pendant la guerre de sécession, la série en collaboration avec Fabien Nury, W.E.S.T. chez Dargaud, mixant avec subtilité, une Amérique sortant de la grande période du Far West avec une part de fantastique, ou encore vous pouvez toujours lire les extraordinaires collaborations RossiLe Tendre disponibles en intégrale reprenant l’histoire de Tirésias et La gloire d’Héra aux éditions Dargaud.

Le boiseleur tome 1 – Les mains d’Illian, Hubert & Hersent, éditions Soleil collection Métamorphose.

Si vous avez aimé Les ogres dieux du scénariste Hubert, il y a fort à parier que vous soyez séduit par son nouvel univers développé encore un fois dans la collection Métamorphose qui n’a de cesse d’offrir des ouvrages étonnants.

Si c’est un premier tome, Les mains d’Illian est un récit complet. Ce qui vous laissera à loisir d’imaginer après lecture, si ce sont ses aventures que nous suivrons dans la suite de la série, ou bien comme dans Les ogres dieux, de découvrir les péripéties des autres résidents de Solidor, la ville où se déroule cette première histoire.

Solidor est une ville isolée géographiquement, une avancée dans la mer, qui lui donne tout de même l’opportunité d’avoir un commerce florissant avec les navires de passage, et qui a la particularité de s’être fait remarquer par sa spécialisation d’oiseaux exotiques. 

Illian est un jeune apprenti sculpteur, en tant que tel, il est hébergé par son maître qui lui offre le couvert, il ne bénéficie pas d’un salaire qui lui permettrait comme tous les habitants de s’acheter un oiseau de compagnie. Il se cantonne donc à son travail, remarquable par ailleurs, qui consiste à réaliser les cages pour les nombreux clients de la boutique, mais toute la gloire et la reconnaissance sont attribuées à son patron. 

Lors de ses rares moments de liberté, il aime à flâner dans les rues de Solidor qui lui offre en spectacle les merveilleux ramages de tous les oiseaux que l’on peut apercevoir ainsi que toute la diversité des chants qui emplissent l’air ambiant.

C’est alors que lui vient l’idée de réaliser avec une chute de bois vouée à être jeter au rebut, une sculpture d’oiseau. La fille de son maître est enchantée par son travail de sculpture, et son père ne manque pas l’occasion pour s’attribuer une nouvelle l’ingéniosité de son apprenti et offre à sa fille la nouvelle création.

S’en suivra alors une suite d’événements qui vont bouleverser la vie des habitants de Solidor et en particulier celle d’Illian. La qualité d’écriture d’Hubert reste sans appel, il sait développer des mondes oniriques, des personnages attachants, et il continue à ponctuer ses histoires par des questions de fond qui renforce tout l’intérêt que l’on peut lui porter. Quant au dessin et à la mise en page d’Hersent met en valeur l’univers que les auteurs vous incitent à découvrir, à n’en pas douter, cette nouvelle histoire va mettre votre patience à l’épreuve.

Un rêve de renard, Minna Sundberg éditions Akiléos.

L’une de mes agréables découvertes de cette année restera l’oeuvre de Minna Sundberg publiée par les éditions Akiléos: Stand Still Stay Silent; un projet de grande envergure dont les deux premiers tomes sont parus en 2019, un récit de Science-Fiction, mêlant la culture nordique et l’ésotérisme (le chamanisme plus précisément) au profit d’une histoire post bouleversement écologique.

Et bien pour cette fin d’année, si vous souhaitez vous offrir un gros pavé de lecture associant culture suédoise, rêverie et humour Akiléos récidive avec ce One-Shot de la même auteure: Un rêve de renard.

Hannu est un adolescent d’un petit village perdu dans les confins de la Suède. Alors qu’une soirée est en préparation et que tout le monde est invité à mettre la main à la patte, la vie en communauté nécessitant que chacun y mette du sien, lui a décidé d’aller flemmarder avec son chien au coeur de la forêt.

Pendant ce temps, certains des esprits de la forêt, les renards en l’occurrence,  sont en grand conciliabule pour une de leur réunion qui se déroule comme chaque dans un désordre bien organisé, tant qu’il y a de quoi manger. Mais bébé renard n’est pas convié, trop turbulent et maladroit, ils lui ont tout de même confié la supervision des aurores boréales, histoire qu’il se sente important et en mesure d’assurer un tâche à responsabilités, et puis de toute manière, il n’y a rien à faire en particulier, les aurores boréales ça roule tout seul. Eh ben il a quand même trouvé le moyen de foirer le coup et de provoquer une nouvelle boulette.

Hannu s’étant absenté, il se trouvait hors du village lorsque celui-ci s’est retrouvé frappé par un éclair, et tous les habitants se retrouvent coincé dans un entre-deux monde. Ce qui lui met la puce à l’oreille que quelque chose ne va pas, c’est lorsque son chien se met à lui tenir conversation. Du coup, bébé renard voit en sort une opportunité de se déchargé de ses responsabilité, et il charge Hannu de réparer ses conneries. Le jeune homme  va devoir enchaîné les missions afin de rétablir l’équilibre et ramener chacun chez soi, sous le péril de voir tout le monde disparaître dans les limbes. C’est une ode onirique, pleine de poésie et d’humour, avec des gags récurrents, permettant de découvrir des pans de la culture suédoise, mis en images d’une manière extraordinaire (rien que ça).

Bon c’est très certainement ma dernière chronique pour cette année 2019, bonne fêtes à vous et bonne lecture.