Un si long moment de silence. 1ère partie.

Bonjour à vous chers lecteurs, cela devient si compliqué de trouver du temps pour vous pondre une chronique que voici une petite séance de rattrapage pour les titres parus au premiers semestre. A la librairie on a pu les mettre déjà en avant, voire dans les mains, certains sont déjà devenus tellement emblématique que l’on pourrait estimer qu’il n’est peut-être pas nécessaire de les remettre à l’honneur, mais qu’importe, il faut penser à celles et ceux qui seraient peut-être passés à côté.

Dans mes plus belles découvertes de cette année: Un travail comme un autre, de Alex W. Ihker aux éditions Sarbacane. Je dois reconnaître que la maison d’éditions ne cesse de me surprendre avec quelques perles ces derniers temps, avec entre autre l’année dernière le somptueux Le Dieu vagabond, et non content de nous présenter de chouettes ouvrages par leur contenu, ils font aussi de beaux objets.

Cette histoire se déroule au moment de la grande dépression aux Etats-Unis au début du XX ième siècle. Lui c’est Roscoe, électricien de formation, il rencontre Mary dans un petite ville du fin fond de l’Amérique, alors qu’il sillonne le pays afin d’installer l’électricité pour une grande compagnie et améliorer l’ordinaire des citoyens. Elle, elle a hérité de la ferme familiale, et comme bon nombre de fermiers dans cette situation économique, risque de se faire saisir ses biens. Il n’est pas fait pour la vie de ferme, a tendance d’abuser du petit coup de gnôle, mais va décider de facilité la condition de sa femme en faisant une dérivation pirate et électrifier la ferme, ce qui permet de sauver l’exploitation familiale en l’industrialisant un peu. Seulement son installation précaire va causer la mort d’un ouvrier de la compagnie d’électricité et Roscoe va se retrouver en prison pour meurtre, ainsi commence cette histoire qui va raconter sa détention. Le choix graphique copie volontairement les dessins de l’époque, ce qui vous immerge d’autant plus dans l’histoire.

Toajêne !

Le retour toujours aussi déjanté de Panaccione que l’on soutient depuis ses tout-débuts, avec Bozzetto au scénario et toujours chez Delcourt

Une revisite très tarabiscotée de Tarzan, complètement allumée, où l’on découvre une créature insignifiante, née d’un bouillon de culture, et qui un jour, on ne sait comment voit, reflétée sur le bord de son bocal, le premier Tarzan avec Johnny Weissmuller, et cette phrase culte (genre Phrase Culte) « Moi Tarzan, toi Jane« . Ce petit être qui jusque là, ne jurait que par les tables de multiplications, n’aura à présent qu’une obsession: retrouver Toajêne. Mais une autre destinée l’attend également, les humains sont sujets à une maladie qui fait disparaître une partie de votre corps, un oeil par-ci, un nez par-là… Et il s’avère que c’est notre créature des bains de cultures qui sera en mesure de sauver l’humanité. Mais ce coeur transi cherche l’amour désespérément en sa Toajêne, et dans ces cas là, la dépression n’est jamais loin. Du burlesque et des éclats de rire à n’en pas douter pendant votre lecture.

Gost 111 de Mark eacersall, Henri Scala et Narion Mousse, aux éditions Glénat.

Pour moi qui ne suis pas féru de polars, voilà une histoire qui m’a radicalement accrochée. L’histoire de Goran, père célibataire, séparé car sa femme a de gros problèmes médicaux et ne peut se voir confier la garde de sa fille, même en alternance. Goran n’a pas de boulot, se retrouve dans le cas où le seul hébergement qu’il peut obtenir, c’est dans une cité HLM des moins recommandable, et où la plupart des connaissances que vous pouvez avoir peuvent vous basculer dans les plans foireux. Mais voilà, on a pas toujours le choix, et pour le bien être de sa fille, il va accepter le job qui va l’amener à se faire coincer par les flics. C’est l’engrenage, il n’a pas le choix, si il ne veut pas finir en taule, il va devoir faire l’indic pour la police, avec tous les risques encourus si cela se sait. 

Un récit de vie des plus réalistes, co-scénarisé par un commissaire des services d’investigation, racontant non seulement la vie de Goran, la vie de banlieue, mais également comment tout se déroule au sein de la police, le choix de couvrir ses sources comme de les pressurisées afin qu’elles soient dans une situation inextricables. Pour l’anecdote, il s’avère qu’une des clientes de la Mystérieuse librairie nantaise est la soeur de l’un des auteurs et était enchantée que le libraire chevelu et moi-même l’ayons mis en coup de coeur dès sa sortie.

Peau d’homme de Hubert et Zanzim, aux éditons Glénat également, une publication posthume du scénariste des Ogres Dieux, de Mr Désire et de tant d’autres titres que nous avons aimés et chroniqués. 

Pour cette dernière histoire, il nous prouvait une dernière fois son amour de la littérature et son talent pour lui rendre hommage sous la forme de la bande-Dessinée. Bien évidemment, sa disparition tragique a accentué l’intérêt des lecteurs, mais son talent de scénariste ne faisait qu’augmenter toujours un peu plus ceux qui voulait découvrir sa dernière création. La qualité de cette histoire est telle, que l’album ne cesse d’être en rupture chez l’éditeur.

L’histoire se déroule au Moyen-âge, Bianca est en âge de se marier. Mariage arranger comme de bien entendu, mariage d’intérêt mais pas celui de la mariée. Avant l’événement fatidique, sa tante va lui révéler un secret de famille, dont sa mère s’était bien passée de lui parler car elle voyait cela d’un mauvais oeil. Depuis des générations, les femmes de la famille ont à leur disposition, une peau d’homme, aussi étrange que cela puisse paraître. Et lorsque qu’elles sont en âge de se marier, elles peuvent la revêtir afin de découvrir les secrets de l’autre sexe, et voir le monde du point de vue masculin. Bianca, va profiter de cette opportunité pour découvrir plus intimement son futur époux, et pour le coup, bien plus que ce à quoi elle pouvait s’attendre. Un bijou.