Perdu au milieu des flots, une source de lumière jaillit, le marin est toujours content de retrouver l’éclat de lumière que diffuse un phare dans la nuit. On se sent moins seul, et quand il y a encore un gardien dans cette tour de feu, ce qui se fait de plus en plus rare, on a toujours une pensée pour l’homme seul qui prend soin de nous indiquer le chemin, parfois même, on ressent une chaleur qui nous réchauffe le cœur.
Le regretté Bruno Le Floc’h, qui nous a quitté en 2012 aimait le mer, et les quelques histoires qu’il a bien voulu nous faire partager débordait de cet amour, que ce soit de l’aventure avec sa dernière série, Chroniques Outremers aux éditions Dargaud, ou encore ses récits de vie en bord de mer, Au bord du monde, Une après-midi d’été, Saint-Germain puis rouler vers l’ouest…
Avec trois éclats blancs, il s’est intéressé à ces forteresses solitaires qui émergent au cœur de la mer, et plus précisément au moment où l’une d’entre-elle s’ apprête à le faire.
Nous sommes en 1911, un jeune ingénieur débarque dans un petit port de pêche avec la mission de construire un phare. Si vous vous doutez bien que la tâche ne lui sera pas aisée, la passion qui se dégage de ce jeune homme l’aveugle et pour lui, la difficulté du labeur à venir sera une découverte. Ce n’est pas seulement les ennuis liés à l’ acheminement du matériel que la difficulté de la mise en œuvre des travaux auxquels il va être confronté. La rudesse des éléments, cette force incommensurable et infatigable de la mer, les tempêtes ravageuses qui pourraient saper le moral de plus d’un homme, les travaux qui s’éternisent… tout cela est s’en compter la difficulté qu’amène les autochtones quand ils accueillent l’idée du projet.
Voici une œuvre forte, humaine, brute… un récit bouleversant, paru aux éditions Delcourt dans la collection Mirages.
Un autre auteur est capable d’avoir des récits forts en aventure humaine, et parfois même avec un minimum de mots: Chabouté.
Lorsque est sorti en librairie son ouvrage Tout seul aux éditions Vents d’Ouest, la presse l’a encensé. Et pour cause…
Chabouté fait parti de ces maîtres du Noir & Blanc, nul besoin de couleur pour ce dessinateur pour vous captiver dans son récit.
Un homme sort de prison, et face à la difficulté que l’on peut imaginer à sa réinsertion sans avoir besoin de s’étendre sur cette douloureuse expérience, c’est un poste de main-d’œuvre sur un bateau de pêche qu’il vient de dénicher. Le patron est plutôt taciturne et peu expansif, si l’on ressent une légère tension entre les deux hommes, le fait de travailler en silence semble convenir aux deux hommes. C’est pourtant une bien étrange habitude qui va rompre le silence: Chaque semaine, le bateau fait escale auprès d’un phare et le patron charge le jeune homme de déposer une caisse de victuailles sur le quai avec défense absolue de monter jusqu’au bâtiment.
La curiosité étant plus fortes, il va observer de loin jusqu’à apercevoir un jour une personne sortir du phare pour venir chercher la caisse. Le marin va tout de même lui raconter que c’est le fils des anciens gardiens, qui réside depuis sa naissance, sur cet îlot isolé. Il n’a jamais mis le pied à terre et son père ayant été le dernier a quitter ce monde, a donné toutes ses économies au patron pêcheur en lui faisant promettre de subvenir aux besoins de son fils.
Nous découvrons donc un homme qui s’est construit de toutes pièces, avec ce que ses parents ont pu lui enseigner et qui ne connait du reste du monde que ce que la mer a rejeté sur le rocher. Une œuvre poétique.
L’auteur nous proposa par la suite un autre récit maritime, consacré à un jeune garçon issu du milieu agricole et qui s’engagea sur un bateau en partance pour une campagne de pêche, une des plus mythiques pour les bretons: Terre-Neuvas.
Si vous souhaitez découvrir d’autres récits sur ces navires immobiles, voici une petite sélection:
Le gardien du feu de Debois et Sandro aux éditions Soleil.
Le phare de Paco Roca chez 6 pieds sous terre.
Les gardiens des enfers de Alcante et Matteo aux éditions Glénat.
Et un des mes préférés: Mon frère le fou (de Bassan) de Séra aux éditions Futuropolis.