Au premier temps de la valse, je suis seul, mais je t’aperçois…
Et oui, lui aussi se croyait seul, ce bon gros nounours, et puis il les a perçu, revoici toute la clique de joyeux drilles de Jorn Riel, sous la plume de Gwen de Bonneval et le trait de Hervé Tanquerelle. 3e et dernier tome des adaptations des racontars de ces chasseurs livrés à eux même au fin fond du Groenland: Un petit détour et autres racontars, éditions Sarbacane.
Ces hommes coupés de tout se redéfinissent les codes de vies, les rapports aux autres… lorsque votre voisin le plus proche se trouve à quelques jours de traineaux, que les tempêtes prennent des airs de fin du monde, ou encore que votre prochaine nuit va durer un mois, on devine facilement qu’ils puissent « péter les plombs ».
C’est du délire jubilatoire de bout en bout, Hervé Tanquerelle a su trouver de sacrées trognes pour Valfred, William le Noir, Herbert… Ces racontars sont leurs moments de vie, si certains ne sont que de passages, les autres ont un je ne sais quoi d’attachant, ce qui fait que ces trois albums vous porteront, peut-être à vous tourner vers les romans de Jorn Riel qui sont disponibles en format de poche aux éditions 10/18.
Au deuxième temps de la valse, on est deux, tu es dans mes bras… comme Dora.
Une autre suite, celle de Dora de Ignacio Minaverry aux éditions de L’Agrume, ce dessinateur argentin a su séduire rapidement le public français, à la grande joie de cette petite maison d’éditions qui monte, et qui fait du bon boulot.
Dans le premier volume, nous découvrions Dora, jeune femme travaillant à Berlin Ouest, pour le gouvernement américain, alors en charge de trier tous les documents saisis à la fin de la guerre, avant de les restituer au gouvernement allemand. Dans cette logistique administrative, Dora constitue à des fins personnelles, un dossier concernant les personnes déportées, son père faisant partie du lot et dont toute trace a disparu. Ce qui l’amènera plus tard dans sa vie, a être contactée par des personnes au courant de ses recherches, et qui traquent « bénévolement », entendez par là qu’ils n’appartiennent à aucun groupe rattaché à un gouvernement…
On s’intéressait également à Dora en tant que femme, sa personnalité, ses relations amicales mais aussi ses questionnements existentiels ou plus simplement amoureux. Une jeune femme captivante, cultivée, curieuse… on en tomberait amoureux.
Dans cette deuxième partie, qui n’est pas la fin de l’histoire, nous allons nous intéresser particulièrement à sa rencontre avec Geneviève, une gitane. Pour le décor, nous restons dans un contexte historique fort, étant donné que nous nous situons à Bobigny au début des années 60, c’est à dire à l’époque où Papon, Maurice de son prénom, est préfet de police à Paris, et s’occupe avec beaucoup de zèle du FLN. Une partie de l’histoire se déroule dans le bidonville de Bobigny.
Nous n’avons plus qu’une seule hâte, celle d’attendre la suite.
Au troisième temps de la valse, nous valsons enfin tous les trois, Romain Renard, Samuel Beauclair & Melvile.
Romain Renard, c’est l’auteur, j’avais déjà beaucoup aimé son adaptation de polar, Un hiver de glace, dans la collection Rivages/Casterman/Noir. Un auteur qui sait soigner ses ambiances, qui sait jouer sur les effets visuels. Ce n’est pas un auteur exceptionnel à mes yeux, seulement il sait me captiver le temps de ma lecture et me prendre au jeu, y compris avec des histoires policières, qui ne sont pas toujours ma tasse de thé.
Samuel Beauclair, c’est le personnage principal, jaune auteur ayant connu le succès avec son premier livre mais dans une panne de création suite à quelques coups durs de la vie. De son père décédé, il a non seulement repris la carrière d’homme de plume, mais dans sa dépression sentimentale et très arrosée à l’alcool, il s’est également réfugié dans l’ancienne demeure de son père afin de s’y ressourcer et d’y retrouver l’inspiration. C’est sans compter sur les coups de fil de son éditeur et néanmoins ami qui tente vainement de garder contact et surtout s’informer de la progression de l’ouvrage en cours d’écriture.
Melvile, c’est le nom du petit bourg où se situe cette maison familiale, dans une région boisée propice à la chasse, la pêche et les randonnées pédestre, cette ville est bien calme, les personnes s’y connaissent bien et en faisant le tour des commerces locaux, il n’est pas rare de croiser un membre de la famille de la personne que vous avez croisé précédemment. Samuel, en allant faire le plein de bière et de tabac va tomber sur une petite annonce de travaux d’entretiens pour une personne immobilisée des suites d’un accident. Cet homme vit avec sa sœur, et tous trois vont très vite bien s’entendre. Bienvenue à Melvile, pour ce petit aparté.
Et Paris qui bat la mesure, Paris qui mesure notre émoi… Bien qu’il soit effectivement passer par Paris, ce n’est pas La ville qui bat la mesure pour Robert Louis Stevenson, mais bien Long John Silver.
Rodolphe et Follet, un chouette duo pour ce one-shot dans la collection aire-libre de Dupuis consacré à Robert Louis Stevenson, une biographie intéressante qui permet de (re)découvrir la vie et l’œuvre littéraire du romancier, mais sous la forme originale de l’omni présence du pirate dans la vie de l’auteur. Comme tout enfant de son âge, le jeune Robert est fasciné par les aventures de pirates, mais ils faut savoir que dès sa plus tendre enfance, il est sujet à une maladie pulmonaire qu’il faudra bien des années à pouvoir cernée. Du coup, Stevenson a subi les séquelles de cette maladie au point que les délires de la fièvre ont fait germer dans son imaginaire déjà débordant, les pas du pirate boiteux qui résonnent à ses côtés. C’est la conséquence d’une rencontre avec un boiteux dans sa prime enfance au détour d’une ruelle, conjuguée avec le rythme saccadé de l’horloge familiale qui trône au salon qui donne naissance à cette présence qui accompagnera l’auteur jusqu’à la fin de ses jours.
Pour ceux qui ont connu Follet avec les Zingari ou ses autres aventures qui ont déjà traversé plusieurs générations de lecteurs, c’est toujours un bonheur de retrouver son trait si particulier.
Et juste pour le plaisir de vous l’annoncer, le tome 2 de Kililana Song est sorti !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Et il est très bien.