Y a pas que les Grands…

Allez, je vous remets l’air pour ceux qui ont oublié (ou ont été traumatisés ou n’étaient pas nés…). https://www.youtube.com/watch?v=_Hix6xAHuDc

Et donc :

« Y a pas que les Grands qui Aiment,

Y a pas que les Grands qui Lisent de l’Indépendant… »

Non, cela m’arrive aussi, non mais ! C’est juste que le Grand, il mitraille de la chronique plus vite que son ombre ! Alors, forcément…

cendresLes éditions Rackham viennent d’avoir la bonne idée de publier « Cendres » d’Alvaro Ortiz. Tout démarre avec les retrouvailles de trois anciennes connaissances, ayant fait les 400 coups ensemble, puis que le temps a éloignés. Sauf que ce groupe d’amis n’était pas un trio mais jadis un quatuor. Et ce quatrième absent et le rendez-vous qu’il a organisé sont au centre de ce périple. Polly, Moho et Pitter, sans oublier Andrès un singe vont avaler les kilomètres et les souvenirs.

Alvaro Ortiz ne nous fait pas miroiter un improbable suspens sur les motivations premières de ce road-movie parfois tendu. Non, il joue rapidement cartes sur table, mais sait se préserver quelques effets de surprise sur le dénouement dont il a su distiller habilement les indices tout au long de l’ouvrage. Le choix narratif – évocation de l’histoire par un des personnages qui fait le point sur cette aventure -, les digressions et les saut dans le temps dynamisent et enrichissent le récit, plus qu’ils ne le ralentissent. Surtout, ils permettent de suspendre notre incrédulité naturelle (un singe qui conduit ? des bikers poilus hommes de main ?), d’accepter toutes ces « anomalies » volontaires et de plonger sans a priori dans cette histoire. Enfin, une force poétique et une élégance indolente dans le dessin, saupoudrées d’une pointe d’humour, entoure ce joli petit album, que, vous l’aurez compris, j’ai aimé.

trouLe deuxième titre « indé » que je vous conseille est « Le Trou« . Un individu trouve un trou chez lui, un trou aux capacités étranges. Face à ce phénomène, il décide de l’amener auprès de scientifiques… Je ne vous en ferai pas des caisses, cet album se voit plus qu’il ne se lit. Cela vient du froid, de Norvège pour être précis et l’auteur O.Torseter pourrait être un lointain cousin de M.A.Matthieu. C’est publié à La Joie de Lire.

 

 

Allez, je reviens dans du « mainstream » avec plein de rouages maintenant, encore que…

douce« Douce, Tiède et Parfumée« , tel est le titre joliment suranné de cette nouvelle série réalisée par Ignacio Noé aux éditions Glénat. Vous vous souvenez certainement des superbes planches de la série « Helldorado » (Morvan & Dufranne, Casterman), peut-être même que certains avaient pu admirer son talent dans des séries aux héroïnes plus dénudées. Qu’importe, découvrez ici la majestueuse délicatesse de ce maître argentin et sa colorisation toute en finesse. Dans une Angleterre victorienne où tout est à découvrir, où les carcans de la « bonne » société sont encore solides, une jeune fille de l’aristocratie londonienne  va tenter d’éclaircir les raisons de l’assassinat de son père. Quitte à y laisser des plumes ! Si ce n’est l’adoption d’un rythme très rapide et d’une fluidité dans la narration qui pourrait frustrer les amateurs de récits plus lents, le scénario surprend par sa fraîcheur et son dynamisme. A découvrir au plus tôt !

 

city hallJe me souviens d’un petit déjeuner angoumoisin et festivalier en 2011 où, en compagnie d’Elsa Brant et Guillaume Lapeyre, j’avais écouté, frétillant, les premières évocations de « City Hall ». Le carton sous le bras, Guillaume Lapeyre partait en pèlerinage pour trouver un éditeur à même d’accueillir cette iconoclaste série. Ce fut Ankama et une belle surprise en librairie. Aujourd’hui, sort le troisième et dernier tome de la première saison de City Hall, un monde où les écrivains ont un grand pouvoir (et donc de grandes responsabilités !) car ce qu’ils couchent sur papier à la capacité de devenir réel. Les autorités ont par conséquent détruit toutes les réserves de papier et imposé l’écriture par le biais de clavier ou de machine, plus manuelle. Malheureusement, un mystérieux Black Fowl terrorise Londres par sa plume habile. Le jeune Jules Verne et son acolyte Arthur C.Doyle parviendront-ils à déjouer ses plans ? Le scénario de Rémi Guérin est habile et efficace, mené tambours battants. On pourrait souvent reprocher une trop grande expressivité dans les réactions des personnages (tel l’inspecteur page 131), une théâtralisation mêlée de trop de pathos et quelques effets de manches que n’aurait pas renié Houdini, mais on n’adopte pas certains codes du manga et passer outre ses caractéristiques les plus « outrancières ». De plus, l’auteur mitraille (comme Gérald) de références et de citations, parfois de trop. Mais qu’est-ce que tout ceci face au plaisir de lire cette explosive série ? Faites-vous plaisir et sautez en marche !

 

cuttingEnfin, « Cutting Edge » aux éditions Delcourt, de Francesco Dimitri et Mario Alberti . Ce dernier, dessinateur italien issu de l’écurie Bonnelli, m’avait fortement marqué il y a dix ans déjà avec « Morgana » aux éditions Humanoïdes Associés, et certaines de ces productions outre-Atlantique. Il m’avait cependant largement déçu pour les pages qu’il assurait dans « Les Chroniques de Légion« . Je suis donc soulagé de le retrouver avec le style élégant de ses débuts français tout en ayant assimilé le dynamisme recherché dans ses œuvres les plus récentes. L’écrivain Francesco Dimitri réalise ici son premier scénario de bande dessinée où tout tourne autour d’un dodécathlon… ! Ah, mais qu’est-ce qu’un dodécathlon ? Pour les non-hellénistes, il s’agit de douze épreuves, ici organisées par la prestigieuse mais mystérieuse Corporation Leviathan (vous sentez venir le piège, mm ?) pour les meilleurs compétiteurs dans leur domaine respectif. Il y a ainsi des scientifiques, des sociologues, des artistes, des sportifs… En accumulant secrets sur silences, saupoudrés de manipulations, enrobés de demi-mensonges et de fourberies, les voilà lancés sur le défi. De tous ces « kalos kagathos », nous n’en suivons que cinq pour une première épreuve qui somme toute semble fort simple… Mais attention au faux-semblant ! Je suis curieux de voir ce que nous réserve la suite (combien de tomes par épreuve ? Verra-t-on les douze ?) mais pour l’instant j’adhère ! Et j’espère que vous aussi.

That’s all folks… Y’a pas que les grands…. hum.

Un commentaire sur “Y a pas que les Grands…

  1. Merci pour ton chronique! La premiere epreuve va terminer dans le tome 2, avec beaoucoup de reponses et nouvelle questions le 21 aout! ( et desolee pour mon francasi ecrit!)
    Mario